
de Yacîioh de la faveur falée fur l’économie animale
, appartient donc prefque en particulier au
Tel marin, foit qu’on l ’adminiftre feul, foit qu’on
le donne mêlé ou diffous dans d’autres corps.
Tous les hommes Tentent également que les
matières falées font irritantes & échauffantes , puif-
que c’eft la fenfation que le fel excite fur la langue
& fur le palais^ I l femble , lorfqu’on goûte
ce compofé naturel , qu’il foit formé d’aiguilles
qui piquent ‘ & bleffent l ’organe fur lequel on
1 applique ; telle eft auffi la manière dont les
phyfîciens expliquent la faveur en général, d’après
^exemple de c e lle -c i, qui eft la plus frappante,
la plus connue, & la plus facile à apprécier. Les
corps falés, pofés fur la peau découverte d’épiderme
, y produifent un fentiment de douleur fem-
blable à celui de la brûlure ; ils irritent, ils enflamment
, ils follicitent i ’expreffion des humeurs
féreufes , ils deffèchent ; & c’eft ainfi qu’ils nettoient
& qu’ils guériffent quelquefois les vieux
ulcères. Comme ils exeitgnt une acîion plus ou
moins vive dans les fibres cellulaires & mufcu-
laires , ils facilitent la diffolution , l ’atténuation,
& l ’intropulfion des humeurs amaffées & arrêtées
fous la peau ; ils font par eonféquent réfolutifs :
telle eft la raifon des bons effets de l ’eau falée
appliquée fur les corrtufions , &c. Reçus dans
l ’eftomac, ils ftimulent les parois de ce vifcère ,
ils aiguifent l ’appétit, ils aident la digeftion , tant
par ce premier effet, que par le commencement
de putréfaftian qu’ils y excitent : s’ils font en trop
grande quantité , ou trop long-temps continués ,
ils deffèchent l’eftomac; ils occafïonnent la maigreur
, la féchereffe, le marafme;ils altèrent les.
humeurs, & donnent naiffance à dés maladies putrides
, comme le prouve l ’hiftoire des voyages
fur mer , pendant lefquels les marins font affectés
du fcorbut , de fièvres putridesmalignes ,
&c.
Parvenues dans les fécondes v o ie s le s matières
falées agitent les fibres vafculaires & organiques ;
elles augmentent les fecretions, fur-tout celle de
l ’urine ; elles excitent à l’amour : fi elles font
trop abondantes , elles donnent de l ’âcreté aux
humeurs , elles rendent les excrétions exceffives,,
elles portent la fepticité dans les fluides animaux ,
elles diffolvent le fàng & la lymphe , & font
* bientôt naître des hémorragies , des taches , des
éruptions à la peau , des démangeaifons des
ulcères.
Ces détails fuffifent pour faire concevoir qu’on
peut tirer un grand parti dés médicamens de faveur
falée , pour ranimer le ton des fibres affor-
blies , pour accélérer le mouvement ralenti des
fluides, pour détruire les embarras commençans-
des vifcères du bas-ventre , faciliter les digeftions {■
exciter les excrétions alvine & urinaire , produite
des irritations utiles , détourner le fpafme d’une
partie, en ftimulant celles fur lefquelles on les
fait agir. C ’eft pour cela qu’on les emploie avec;
beaucoup de fuccès dans les digeftions lentes , dans
les obftruéttons par fuite d’inertie des folides & d’ap-
pauvrilTeraent des fluides , les maladies fcrophuleu-
fes, la paralyfie , & plufieurs autres affeétions
chroniques. Leur application extérieure eft encore
très-avantageufe. lorfqu’il s’agit d’exciter une irritation
prompte, & de rappeler l ’effort de la vie
fur une partie , pour en débarraffér une autre plus
ou moins éloignée.
Dè s médicamens de faveur aqueufe. Je donne
avec Linn-eus le nom de médicamens aqueux, aquofay
a toutes lés- fubftances naturelles qui , contenant
une très-grande quantité d’eau , joignent, au peu
de faveur de ce fluide , la molleffe^la douceur , &
toutes les autres propriétés qui le caraétérifent.
Plus un médicament fe rapproche des qualités fen-
fibles de l’eau, & plus il appartient , pour ainfi
dire , à Cette claffe. Il eft vrai qu’il n’y a que très-
peu de matières <^ui n’aient pas plus de faveur que
i’eau, qui foient auffi légères qu’èilg/1, & qui
jouiffent de propriétés entièrement analogues a
celles de ce fluide. Les perfonnes inftruites, a qui
1 hiftoire naturelle & chimique des différentes eaux
qui couvrent notre globe, a appris que rien n’eft
n varié que la nature & les propriétés de ces
fluides , relativement aux fubftances diverfes que
1 eau eft fufceptible de diffoudre & de s’approprier,
concevront aifément pourquoi, lorfque l ’eau paffe
dans les filières des végétaux & des animaux, elle
perd une partie de fes propriétés, en fe chargeant
des différens principes qu’elle y trouve. Cet éciair-
ciffement annonce qu’on n’entend, par médicamens
aqueux , que ceux auxquels ce fluide communique
fes principales qualités par fon abondance & foa
excès fur les autres matériaux qui conftituent les
fubftances végétales & animales d’on on les tire.
C ’eft ainfi que toutes les plantes potagères, excepté
celles qui ont une faveur acide , ou qui
font aromatiques , les racines jeunes & tendres,
les fruits ;fade£ & fondans , les ti'fanes., les bouillons
légers, le petit-lait étendu d’eau, appartiennent
à la claffe des médicamens aqueux.
Les principaux remèdes de cette nature , qui
peuvent fervir dans tous les cas, peuvent être réduits
aux fuivans : l ’eau de fource, de rivière ; les
eaux minérales infipides ; les racines très-jeunes de
.chiendent,, de falfifix, de piffenlit , de bardâne
de chicorée, de rave; les pleurs de la vigne ; l ’eàu
qui fuinte du bouleau ; les feuilles de laitue , de
fcariole , d’endive , de pourpier , d'épinars , de
chicorée, de p o iré ed e mâche ou graffète , .d’ar-
rocKe, de ’bourrache , de jpubarbe ; les concombres
; les eaux diftillées des plantes inodores ; le
petit lait ; les bouillons de veau , de poulet, de
grenouille ; les eaux diftillées du la i t , de frai de
grenouille.
Toutes les plantes ou fubftances végétales que
je viens d’énoncer , fourniffent , par lexpreffîon ,
une grande quantité de. fuc aqueux, prefque infipidc^
Rarement coloré , fi ce n’eft dans quelques efpeces,
& nelaiffent que très-peu de réfidu après cette
opération. Employées comme alimens , elles ne
donnent que fort peu de fuçs nourriffans ; mais
elles ne portent avec elles que tres-peu de matière
excrémentitielle.
Les médicamens aqueux hume&ent , relâchent,
& ramollifîént J es folides ; ils pénétrent dans les
plus petits canaux vafculaires; ils vont porter leur
propriété relâchante & hume&ante jufqu’aux dernières
fibres cellulaires & organiques. Ceux qui ne
prennent que des alimens de cette nature, font bientôt
affoiblis & incapables de travaux foutenus ; leur
excès peut même donner naiffance à la leucophleg-
malie & â l ’hydropifîe. Ils s’oppofent au mouvement
trop confidérable & â la féchereffe des folides
; ils deviennent par eonféquent antiphlogiffi-
ques, émolliens, tempérans , caïmans. Ils augmentent
la quantité des liquides , ils lavent , pour
ainfi dire, le fang, ils en délayent & étendent la
matière faline : fi cette dernière eft prédominante,
comme cela eft démontré dans plufieurs maladies
chroniques , dont^la dégénérefcence & l’âcreté de
lymphe femblent être la véritable caufe , les remèdes
aqueux calment les fymptômes & opèrent même
la guérifon de ces affections. Ils détruifent en même
temps la vifeofîté & l ’épaifiîffement des fucs animaux
j & ils guériffent de cette manière les obft-
truétions commençantes. Ces effets fur les fluides
les font ranger dans la claffe des délayans, des
apéritifs , des défobftruans , &c. Ils facilitent l ‘é-
vacuâtion des humeurs , & ils produifent des excrétions
critiques , en enlevant-la vifeofîté des fucs,
qui s’oppofe à ces effets-, & en appaifant le ref-
sèrement fpafmodfoue. qui les retarde. Par la même
raifon , ils rétabliffent fouvent les évacuations fup-
primées , & calment les fymptômes fâcheux que
ces fuppreffions ont côutume de faire naître. L ’expérience
a démontré qu’ils font propres â empêcher
les progrès des- concrétions polypeufes , du
marafme , & de toutes les affrétions qui dépendent
de l ’épaiffiffement des humeurs & de la féchereffe
des folides ; ils conftituent en général une des
elaffes de remèdes les plus employés, & il en eft
peu auxquels les jeunes Médecins doivent donner
autant de confiance. Ils en méritent fur-tout d’autant
plus, que leurs propriétés multipliées con-
viënnent dans un très-grand nombre de cas, & que
leur ufage n’ eft prefque jamais fuivi des effets
trop aCtifs & quelquefois dangereux de plufieurs
autres elaffes de médicamens adminiftrés à contre
temps ou avec trop peu de retenue.
Des médicamens de faveur fiche. Quoique la
féchereffe que certaines fubftances excitent par leur
application fur la langue & fur ie palais, ne foit
pas, à proprement parler , une faveur , la fen-
fation qui en réfulte étant capable de produire des
effets très-marqués dans l ’économie animale, j’examinerai
, avec Linneus , les matières qui font
éprouver cette impreffion , dans une claffe particulière.
11 eft peu de corps médicamenteux qui
n’agilfent que par la defficcation & le fentiment
qu’elle produit fur les organes de i ’homnle & des
animaux. Souvent la féchereffe de la langue & de
toute la bouche n’eft que la fuite de l’impreffîon
’d’une des faveurs précédentes , & en particulier des
ftyptiques & de quelques amers. Les fubftances
naturelles fèches & infipides , qui appartiennent au
règne minéral , font beaucoup plus nombreufes
que celles qui jouiffent de cette propriété dans
les règnes végétal & animal. Toutes les terr.es vi-
trifiabies, argileufes, & calcaires, font de cette
claffe. Celles que l ’on compte dans cét ordrb
font toutes compfifcs dans le dénombrement fui-
vant.
Subjîances minérales fèches. Le criftal de
roche, les cinq fragmens précieux , ou le faphir,
l ’éméraude , l ’hyacinthe, le grenat., la fardoine^
l’argile blanche, le bol d’Arménie , la terre de
L'èmnos , la terre de Patna , la terre de Malthe ,
les terres figillées d’Allemagne , la marne blanche
, la craie, l ’agaric minéral, le lait de l ’une,
l ’oftéocolle.
Subjîances végétales fèches. Les bois infipides,
fecs & en poudre; les écorces infipides fèches , les
capillaires fecs , les feuilles de lierre en arbre,
la pouffière de vefle - loup , celle de lyco-
pode.
Subjîances animales fèches. L a corne de- cerf
préparée ; les os de coeur de cerf, de boeuf, &c. ;
les bézoards , les os de la tête de carpe, du brochet,
du merlan; les pierres d’écreviffe, la nacre
de perle, le corail.
L a plupart de ces matières, dont les propriétés
ont été fi vantées autrefois , font aujourd’hui abandonnées
de tous les bons Médecins. On a abfolu-
ment renoncé à l’ufage d.es pierres précieufes, des
terres argileufes, des craies, des bézoards, des os
des animaux , depuis qu’une obfervation plus attentive
& une théorie plus faine fe font réunies pour
démontrer que ces prétendus remèdes , loin de
jouir des qualités cordiale , alexitère , calmante ,
qu’on leur avoit attribuées d’après de faufles opinions
& une philofophie ridicule, font plutôt capables
de nuire par leur fécheiefle, leur dureté,
leur pefanteur, leur infolubilité , ou bien par la
propriété de faire avec l ’eau une pâte , ou une forte
de maftiç épais, qui bouche & obftrue les canaux
& les orifices de tous les vaiffeaux inhalans ou
exhalans des premières voies. Les médecins inb-
: truits n’emploient plus aujourd’hui aucune matière
vitrifiable, aucune terre figillée & calcaire. Beau*
; coup même commencent à ne plus faire que tres-
! peu d’ufage de la corne de cerf préparée , du corail
, des pierres d’écreviffe ; & à mefur© que les
connoiffances chimiques s’étendront parmi les mé-
decins, qu’elles porteront leur lumière fur la matière
médicale , il y à tout lieu d’efpérer qu’on