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ce que l'élévation des lieux peut oceafionner de
variations dans la pefanteur atmofphçrique (64);
& je crois que les médecins qui s’appliquent à la
Météorologie, ne doivent pas ignorer ces matières.
§. 111. Elajliché.
( t°. Eiafticité de Pair démontrée & déterminée
par les phénomènes de f a comptejjibilité, &c. )
En traitant de la pefaftteur fpéc.ifique de Y air at-
mofphérique 8c de la différence des pefanteurs de
l ’aimo{pliere à différentes hauteursainfi que de
la différence de fes denfités, il a été parle de la
compreffibilité & de l’èxpanfibilité de Y a ir , ainfi
que de la propriété qu’il a de. fe dilater & de fe
condenfer, fuivant les différens degrés de chaleur
ou de froid. Quoiqu’il foit très - probable que ces
propriétés ont des bornes, on n’eft pas parvenu
(64) Dans tout cç qui regarde les réfùltats du .calcul
des élévations par l’oblervation barométrique, nous rie
parlons pas des hauteurs àtmofphériques, c’eft-à-dire, de
l ’élévation totale de l’atmolphère au d-ffus du lieu de l’ob-
fervation. La raifbn en eft fimple $ :1a proportion connue
entre les différences des logarithmes fie celles des élévations
des lieux, ne fuffit pas pour la trouver.
En effet, dans le cas où .l'on prend les logarithmes de
l’échelle barométrique divifée par-lignes , on fuppofe que
le premier terme de la progreffion eft fixé à une ligne,
ç’eft-à-dire , que- le lieu où le baromètre feroiç réduit à
une ligne, feroic le maximum de dilatation ou le minimum
de denfité de l’air' atmofphérïque.
Dans le cas où l’on prend les logarithmes dès pouces
dans la même échelle , on fuppofe que le dernier terme
de la progrelfion, celui où l’air ceffe de fe dilater par la
diminution des poids , eft celui où la hauteur barométrique
eft réduite à un pouce;
Cependant nous ignorons quel eft le dernier terme de'
dilatation poffible dans l’air atmofphérïque. Par conséquent
nous ignorons quel eft le premier terme de la progrelfion
dont nous connoiffons ou les différences ou les multiplicateurs.
Les calculs des obfervations n’en font pas moins fùrs ;
car foit qu’on multiplie les termes d’une progrelfion géométrique
par une même quantité t foit qu’on augmente
d’une même quantité les différens termes d’urie .progrelfion
arithmétique , on a toujours dans la première lés mêmes.
quQtiens 4’uri terme à l’autre , & dans la feçonde les
mêmes différences ; en fort.e qu’il eft égal d’avoir les lo-
; garithmes des pouces ou ceux'des lignes de l’échelle barométrique.
La différence des. unes & des autres eft abfo-
lument la même, ainfi qu’on peut s’en aflurer par l’expérience.
De même pour eonnoître les rapports mutuels arithmétiques
ou géométriques des termes d’une progrelfion, il eft
inutile d’en eonnoître tous les termes, mais “feulement
deux ou trois termes fuccelfifs. Mais pour eonnoître le pre-,
mier terme de cette progrelfion, il faut en avoir toute
l’étendue , c’eft-à-dire, favoïr où elle commence. >
C’eft là ce qu’il faudtoit favoir pour eonnoître la hauteur
totale de l’atmofphère', Sc c’eft ce qu’on ne fait pas. On
ne peut y atteindre que par fuppofition, au moins en fe
fervant de la méthodfe dés obfervations barométriques. ,
On l’a calculée par fobfervàtion des ré&aftions' dans
les crépufcules, fie cependant on ri’eft pas' encore d’aeçord
fur les réfùltats de cette méthode. Les uns la font de i j
les autres de zb lieues, fie M. de Mairan, d’après I’obfér-
yation des aurores boréales , prétend la porter à 70 lieues. •
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a les eonnoître, & , comme il eft dit nbite' 64,
c’ eft faute de eonnoître celles de fon èxpanfibilité,
c’eft-à-dire , de la propriété qu’il a d’augmenter
de volume & de perdre de fa denfité par la diminution
des poids qu’il fupporte , qu’on n’a pu fixer
au jufte la hauteur à laquelle s’élève l’atmofphèie
aérienne. Maintenant la confîdératiôn de ces mêmes
propriétés nous aidera à eonnoître & à déterminer
P éiafticité de Y air.
\Jair comprimé tend continuellement à reprendre
fon premier état fi-tôt que la comprellion ceffe.
C ’eft cette propriété qui prouve fon éiafticité.
Il y a dans la propriété élaftique de Y air & de
tous les corps trois chofes à confîdérer, i° . la
faculté de céder jufqu’à un certain point, 20. la
faculté de réfifter jufqu’à un certain degré, 30. la
faculté de fe rétablir lorfque les forces qui les flé-
chiffent ou le§_compriment ceflent d’agir. Les corps
qui ne cèdênt point; ne font point élaftiques ; les
eorps qui ne réfîftent point, ne font point .élaftiques
5 les corps qui ont cédé & qui ne fe réfa-
bliffent pas lorfque les forces auxquelles ils ont
cédé ceflent d’agir , ne font point élaftiques.
Je fuppofe què l’on a la mefure des forces qui
agiffent fiifxun eorps élaftique, p u , ce qui eft de
même , que l ’on connoît les poids qui le compriment;
alors le point auquel ce corps, ceffant
de céder à l ’effort qui tend à le fléchir , fe trouve
par fa réfiftance en équilibre avec le poids du corps
comprimant; ce point, d is -je , donne la mefure
de fon éiafticité. C ’eft cette mefure que l ’oa
appelle force élaftique.
La perfection de Véiafticité dépend , non de
la grandeur de cette force , mais de la perfection
du rétabliffement, lorfque les efforts comprimans
çeffent d’agir. Il eft encore un autre indice de cette
perfection , c’eft lorfque, quelque temps que le
corps élaftique refte dans 1 état de flexion ou de
compreffion qu’il éprouve , i l . confervé toujours le
même degré de réfiftance & la même difpofition
à reprendre Ion premier état.
Ainfi, plufîenrs corps peuvent jouir d’une élafti-
cité parfaite î & cependant avoir des forces élaftiques
très-différentes. -• -.
Quand un corps élaftique eft libre j toutes' les
forces qui font moindres que la réfiftance qu’il
leur oppofe, ne font aucun effet fur lui. Celles qui
font feulement égales à cette réfiftance , reftent en
équilibré avec elle , & ne font encore aucun effet
fenfible. Enfin celles qui rompent cet équilibre
oecafiônrient un degré de flexion proportionné aa
poids excédant qui a rompu'l’équilibre.
La réfiftance des corps élaftiques augmente d’autant
plus que la flexion ou la compreffion qu’ils
éprouvent eft plus grande ; & eette flexion s’arrête
au point ou l'augmentation de cette réfiftance eft
telle , qu’elle fe trouve en équilibre avec l ’excès
de poids qui afoccafionné la flexion. Ainfi, toutes
les fois qu’un corps élaftique comprimé eft dans
l ’état de repos, la force élaftique eft néceffairemenC
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en' équilibre avec les forces qui le compriment.
La condenfation eft pour Yair ce qu’eft la flexion
pour les refforts mécaniques. Elle eft l’effet des
compreffions, & croît avec elles.
"L’air eft dans un état de compreffion habituel
qu’on peut augmenter en augmentant les poids qui
le compriment, & qu’on peut diminuer aufiï par
différens moyens. Mais foit qu’on le comprime
davantage, foit qu’on le dé.chargè d’une partie de
la prefuon qu’il éprouve, l ’augmentation & la diminution,
de la denfité eft toujours proportionnelle
•aux poids ajoutés ou retranchés ; & fon rétabliffe-
ment, lorfque la compreffion ceffe, eft toujours
complet, quelque degré de compreffion qu’il ait
éprouvé , & quel que foit le temps pendant lequel
ileft retté comprimé.' Son élàfîicué eft donc parfaite,.
A l ’égard de fa force élaftique , comme on conçoit
les poids dont Y air eft chargé, & qu’on fait
par l ’expérience que les denfités de l ’air-font exactement
comme ces poids, il fuit néceffairement
que la force élaftique de Y air eft auffi exaéleriient
pomme fa denfité. Ainfi, une même quantité -d’air
chargée d’un poids double acquiert une denfité double
& jouit d’une force élaftique double. On .a déjà
yu, note 47-, les expériences qui prouvent cette
propofition, de laquelle fait immédiatement comme
conclufion néçeffaice, toute la théorie expofée dans
la noie 5 7.
( a°. V'aviations de la fonce élaftique de Vair,
Variations naturelles , variations dépendantes
des mélanges de différens ga^ variations . dépendantes
de la chaleur.'] Cette force élaftique
de l’air éprouve auffi fes variations; mais ces variations
appartiennent à différens états de l ’air atmosphérique.
Il ne faut pas mettre au nombre des
variations de cette force élaftique , les changemens
dans leftmels cette force refte proportionnelle aux
denfités & aux compreffions. Ainfi, fi l ’on pouvoit
s’élever à une telle hauteur que le baromètre ne
marquât que .14 pouces 1 ,12025 lignes , les poids
qui compriment l’air étant fous-doubles, les denfités
feroient fous-doubles , & la force, élaftique
feroit auffi fous-double. Ainfî, les proportions ne
feroient pas changées. Je n'appelle variations que
les cas où cette proportion eft tellement dérangée ,
que les rapports entre lès condenfations & les poids
comprimans ne font plus les mêmes ; en forte que,
par exemple , une force déterminée de compreffion
occafionne dans l ’a ir une condenfation -plus
forte qu’elle ne devroit le faire0 ce qui vient d’une
réfiftance ou d’une force élaftique moindre de la
part de l’a ir ; ou que cette même compreffion occafionne
moins .de condenfation qu’elle n’en devroit
produire , ce qui# annonce dans l’air une plus
grande réfiftance ou une plus grande force d’élaf-
ticité.
( Vaviations naturelles. ) M. Bouguer affure
ïjtlÉDECLNE. T om . I .
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avoir obïervé & conftaté par l’expérieùce du pendule
, qu’à- certaines hauteurs, dans certains lieux,
l ’air éprouve un degré de condenfation plus fort
qu’il ne devroit être d’après l ’obfervation du baromètre
; ce qui prouve dans bes endroits une diminution
dans la force élaftique de l’air, & oçca-
•fioikiè un mécompte dans le .calcul des élévations
des lieux par les hauteurs barométriques. Il ajoute,
que ce genre de-variations,a lieu dans les contrées
européenes beaucoup plus que dans la Zone T ô -
ride ; mais qu’il n’a jamais lieu paffé une certaine
élévation. I l en conclut qu’au deffoiis de cette
élévation , & principalement dans nos climats, les
obfervations .barométriques .ne donnent que très-
infidèlement les .élévations des lieux. Nous avons
vu. cependant que MM. Schuckburg-h & Magellan
prétendent arriver en ce genre à-un degré de pré-
cifioB ' prefque géométrique, pat la feule réduction
exaéte des températures ; ce qui prouvero-it
que les variations obfervées par M. Bouguer font
feulement j occafionnées par la différence- des températures
, . & que par conféquerit il eft poffible de
les calculer.
( Variations, dépendantes du mélange de différens
■ goe^.) Il eft une' autre caufe qui peut oc-
cafionner des variations dans la force élaftique de
l ’a/V; c’eft le mélange des gaz d’une autre nature
avec ceux qui compofent effentiellement l*a/r atmosphérique.
Il faudroit, pour apprécier la., valeur
de cette caufe , avoir des expériences exactes fur
la force élaftique des différens gaz. Tous, à la
vérité , font également fùfceptibles de fe rétablir
parfaitement après la compreffion, à l ’exception
du gaz fulphureux ,,quiçondenfé jufqu’à un certain
point,, prend l ’agrégation fluide ; mais quoique
dans l’ état de gaz tous les. gaz aient une élasticité
égalémènt parfaite , ils peuvent néanmoins
être doués d’une forcé élaftique , différente félon
leur- nature. A cet égard, les expériences ne peuvent
être faites que par la comparaifon établie entre
des volumes égaux, des différens gaz , contenus
dans des tubes fermés', & comprimés par des poids
égaux dans une même température. Ces expériences
n’ ont pas été faites. Déjà cependant quelques
obfervations nous indiquent que la force eiaf-
ticjùe diffère fuivant la nature des gaz j déjà là
différente, denfité de ces gaz , quoique placés dans
une même atmofpKère , & par conféquent comprimés
par un même poids/démontre l ’inégalité
de cette forcé ; mais cette feule obfervation ne
fuffit pas pour en déterminer les proportions. On
croiroit que l’ on pourrait avoir une idée de cette
mefure par la force & la propagation du fon ; cependant
les expériences de Prieftley démontrent
que la propagation du fon eft exaélément en proportion
de la denfité y en forte que le gaz inflam- .
mable ou hydrogène eft de tous, celui qui le
propage le moins , Sc le gaz acide crayeux ou
carbonique, • celui qui le propage davantage. M.
Peralles a donné fur cette matière des expériences
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