
mètre de Réaumur, l ’eau fé pcécipitoit au degré
$ 4 5 que par conféqucnt le degré de faturation étoit
entre y •- & 6 ; d’où Ton peut conclure que Y a ir
avoit une force diffolvante de 7 à 8 degrés. L e $
août d’une autre année , le vent étant au fud, la
température au 19 e degré * le point de faturation
fe trouva au degré 15. Le 11 octobre , au coucher du
fo le il, le vent fud, la température au degré 15 -j, le
degré de faturation étoit au 1 i e. degré. Dans ces
deux cas, Y a ir fe trouvoit également fec, quoiqu il
contînt plus d’eau dans le premier que dans le
fécond. Enfin le 16 , à la même heure, le vent
étant nord un peu fort, la température au degré
1 4 , le degré de faturation fe trouva au degre 3.
Ainfi , Y a ir avoit 11 degrés de force diffolvante le
1 6 oàrobre , tandis qu’il n’en avoit que 4 ou 4 f-
le 11 octobre & le cinq août.
M. Leroi obferve encore que la chaleur de Y a ir , la
force du vent, & fa nature influent principalement
fur cette force diffolvante 3 à l’égard des vents, nous
aurons occafion d’en parler à l ’article A t m o s p
h è r e & V e n t .
Cette méthode, qu’on pourroit appeler la méth
o d e h y g rom é tr iq u e de M . L e r o i , eft certainement
une des meilleures qu’on puiffe employer;
car elle donne une idée plus vraie & plus pré-
cife de l ’ état de Y a ir & de fon humidité , que toutes
les autres qui ont été inventées depuis 3 elle peut
même fervir a faire apprécier plus exactement les
effets des autres hygromètres, plus commodes peut-
être à quelques égards, mais dont l’obfervation &
la marche ne nous donneront jamais qu’une idée
très-imparfaite de l ’état de Y a ir & de l ’eau atmof-
phériques , fi l’on n’établit pas auparavant leurs
rapports avec celui de M. Leroi 3 il eft étonnant
que les météorologiftes ne fe foient pas occupés
plus généralement de cet objet.
Il luit donc de la méthode d’obfervation de M.
L e ro i, 1 °. que Y a ir contiendra d’autant plus d’eau ,
toutes chofes égales, que fon degré de faturation
fera plus élévé: z°. que, quelque quantité d’eau qu’il
contienne, il fera d’autant plus fec, qu’il y aura plus
de diftance entre fon degré de faturation & fon degré
de température 3 & il fera d’autant plus humide,
que ces deux degrés feront moins éloignés l’un de
l ’autre.
Tout le monde connoît l ’expérience par laquelle
M. dé Sauffure effaye fon hygromètre à cheveu.
I l imbibe d’eau l ’intérieur d’une cloche fous laquelle
Il enferme fon hygromètre. Cette cloche, renverfée
fur le mercure, humeCte Y a ir qu’elle contient, & fait
marquera l ’hygromètre le degré extrême de l’humidité.
Dans cet état, toutes les épreuves démontrent
que, quelque quantité d’eau ou de vapeurs aqûeufes
qu’on ajoute a celle-là , l’hygromètre ne marque
pas. une plus grande humidité3.d’où il fuit que
l ’hygromètre de M. de Sauffure n’indique que l’humidité
propre de Y a i r , & non celle qui y feroit fuf-
pendue fans y être diffoute. Il fuit encore de là que
quand Y a ir eft parvenu àfon point de faturation,
il ne peut pas devenir plus humide 3 qu alors
l ’eau lür-ajoutée lui refte étrangère, & que quoiqu’elle
y foit fufpêndue en vapeurs , elle ne s’y diffout
néanmoins pas. Uair ayant ainfi acquis le degré
extrême d’humidité , ou ayant pris toute 1 eau qu'il
peut diffoudre, fi, (ans changer l’appareil, on échauffe
la cloche , alors, fans qu’aucune pàrcelle de l’eau
fe foit dilllpée, l ’hygromètre retourne au fec. Voilà
donc le même air, contenant la même quantité
d’eau, tour à tour humide & fec, c’eft-à-dfce, que
la préfence de l ’eau dans cet air y devient fenfible à
1‘hygromètre , ou ceffe de l’ être , fuivant que la force
de combinaifon & la propriété diffolvante de cet air,.
ou diminué par le froid, ou augmente par la chaleur.
I l fuit donc encore des expériences de JVL de
Sauffure, ainfi que de celles de M. Le roi, quoique
d’un genre bien différent, i° . que la chaleur
augmente la force diffolvante de Y air y a0, que
ce n’eft point la quantité d’etui qu’un air contient,
mais feulement la proportion de cette quantité
avec la faculté diffolvante de cet air, qui le conf-
titue humide ou fec; qu’il eft polfible par conféquent
qu’un air réellement fec à l ’hygromètre contienne
beaucoup plus d’eau qu’un air humide , pour peu
que quelques degrés de chaleur aient tellement augmenté
fa faculté diffolvante, qu’elle furpaffe de
beauc0UP Ie degré néceffaire à la diffolution de
l ’eau qu’il renferme , ou le degré dé faturation^
Qu'an renferme de Y air par un temps^ très-fec
fous le récipient d’une machine pneumatique, 8c
qu’on pompe pour faire le vide 3 a mefiire que 1 ait
reliant fous le récipient fe raréfie , i l fe forme une
vapeur qui s’ épaiffit à chaque coup de pillon, qui
s’abat fur les parois1 de la cloche , & qui fe re-
diffout & fe recombine à l ’inftant qu’on laiffe rentrer
Y air. Ainfi donc , en raréfiant Y air | on diminue, 8c
fa force de combinaifon , & fa propriété diffolvante
on les augmente en le condenfant 3 d’où il fuit qu®
l’eau contenue dans Y air devient fenfible ou ceffe de
l ’être, même à la vue 3 &par conféquent que Y air eft
hufnide ou fec, félon que cet air devient plus rare
ou plus denfe. Cette expérience mériteroit d’être
complétée par la combinaifon de plufieurs genres
d’épreuves hygrométriques.
Beaucoup d’obfervations ont démontré que dans
les froids. dans lefquels Y air eft ferein il fé fais
une évaporation confidérable , & que la neige elle-
même diminue de volume & de poids , & fe diffout
dans Y air fort rapidement. L ’air alors eft
fort pefant. Eft-ce à' la denfité augmentée qu’il
doit l ’augmentation de la force diffolvante, quoique
fa température paroiffe s’y oppofer, ou eft-ii
d’autres propriétés dans Y air qui puiffent augmenter
en lui cette faculté, indépendamment de (a chaleur
& .de fa denfité? C ’eft ce que nos connoiffances
a£tn elles ne nous permettent pas encore de décider.
Enfin qu’on examiné' ce qui fe paffe à notre v.ue
& au deffus de nos têtes dans l ’atmofphère. Souvent,
pat un teiiips très-fec à l ’hygromètie , dans une
température eu douce ou chaude $ par ùir ciel fe*
rein , on voit des nuages errans dans Y air à uné
grande hauteur : fi on les fixe, on les voit diminuer,
s amincir, & difparoîlre 3 en même temps l ’évaporation
des liquides eft; forte & rapide & fi cette
conftitution eft durable, elle règne à la fois dans une
grande étendue de pays. Pour lors le baromètre annonce
dans l ’atmo(phère une grande pefanteur. Uair
fe charge cependant d’une grande quantité d’eau ,
3c l ’on conçoit que dans les pays où cette conftitution
dure une grande partie de l ’année , comme
en Italie -, & dans les années conftamment sèclfts
& chaudes, comme nous l ’avons vu dans l ’année ;
i 1781 , la maffe d’eàu que l ’évaporation fournit à
Yairàoii être immenfe. Elle eft telle, que le froid
de la nuit en précipite une abondante rofée 3 8c
dans cette année 1781, mémorable pour fa féche-
teffe , fa chaleur, & fa fertilité, nous avons vu
lés nuits auffi fraîches & auflî humides qu’elles le
font en Italie & dans tous les pays chauds. Uair
éft donc alors chargé d’une grande quantité d’eau j
cependant i l refte fec & pefant.
Je fuppofe que la conftitution sèche ceffe; ce qui
arrive par quelque changement de-température , au
moins dans la partie fupérieure de l ’atmofphère , &
quelquefois , (ans qu’il y ait eu dans Y air aucun
gouvernent confidétable, ce dont on' juge par la
tranquillité des nuages 3 alors tout change , Y air
devient humide & en même temps léger au baro- ,
fcnètre, l ’évaporation des liquides eft moins rapide,
8c fi Y air eft très-humide., elle-eft prefque nulle.
■ Cependant fi la conftitution sèche précédente n’a
été ni trop longue ni trop extrême, fi le changement
du fec à l ’humide ne s’eft pas fait trop rapidement,
-fi le changement du chaud au froid
n’a été ni trop fubit ni trop grand, le ciel peut
fefter ferein, & par conféquent Y air conferver fa
tranfparence , quoique fouvent cette tranfparence
foit moins nette. Dans cet état donc Y air refte
tranfparent, & cependant il a peu de force diffolvante;
il eft humide à l’hygromètre, il eft léger au
baromètre. '
Pour peu que cela dure, on voit bientôt des
nuages, & fi on les examine dans leur formation
& que Y air foit affez tranquille, oh les voit grof-
fir 3 on en voit fe former où il n’y en avoit pas 3
ils deviennent de plus en plus volumineux 8c fe
prennent en maffe 3 le temps fe couvre : ou bien
il arrive un -effet encore plus remarquable. Uair
étant venu à ce point, humide à l ’hygromètre , léger
au baromètre, d’une tranfparence moins nette , la
lumière du foleil brillant d?un éclat plus blanc &
fur le difque de cet aûre & dans fes reflets , le
foleil fe levant fans nuages-& annonçant en apparence
un beau jour , quelques heures après fon
lever la tranfparence de Y air diminue fenfîblement,
& tout à coup le ciel fe trouve couvert dans toute
fon étendue , fans qu’aucun vent ait pu contribuer
î a ce changement. On voit ici bien clairement l ’effet
ùune vraie précipitation de l ’eau aUnolphériaus
«pie Yair ne peut plus diffoudre; 8c cette précis
pitation fe fait à la fois dans toute l ’étendue de
l’atmofphère. Il eft à remarquer que dans cette
révolution fubite, les degrés de l’hygromètre n’augmentent
pas toujours d’une manière fenfible. Sou^
vent auftf le baromètre ne baiffe pas plus qu’il
n’avoit fait jufqu’à ce moment. Ce lait répond bien
à l ’expérience de M. de Sauffure, qui conftate que
quand Y air a atteint une fois le degré extrême
de fon humidité, l ’addition .d’une nouvelle quantité
d’eau & même la fufpenfion d’eau en vapeurs,
ne fait pas marquer un degré de plus à l ’hygromètre.
Voilà donc un troifième état de l ’atmofo
phère , où Y air déjà humide & léger, fans devenir
plus humide , fans devenir plus léger , devient nébuleux
& perd fa tranfparence.
L ’obfervation journalière de ces trois différeas
étals de Y air atmofphèrique , nous confirme d’abord
les vérités démontrées, par les expériences précédentes
3 enfui Le elle nous préfente un objet partir-
eu lier de réflexions; c’eft la liaifondes phénomènes
de la pelanteur de.1 air avec ceux de fon humidité :■
elle prouve ce que les variations du baromètre
nous démontrent tous les jours , que, toutes chofes.
égales d’ailleurs, Y air eft d’autant plus pefant qu’i i
eft plus fec , & d’autant plus léger qu’i l eft plus,
humide.
Si maintenant on fe rappelle que Y a ir contenant
une même quantité d’eau peut erre fec 8C
humide , félon le degré' de fa faculté diffolvante;
que l’eau dans l’ état de gaz eft plus légère que
Y a i r , 8c que par conféquent le (impie mélange
de Y a ir avec un gaz plus léger que lui devroit
augmenter fa légèreté ; fi l ’on fait attention que
néanmoins il eft démontré, comme on le voit dans
les beaux jours d’été & les longues chaleurs , que
Y a ir peut être fec & pefant, & contenir beaucoup
1 d’eau, il faut conclure qu’alors dans le mélange
de Y a ir & de l’eau il fe, fait une véritable combinaifon,
une pénétration mutuelle des deux fluides*
qui en fait difparoître les pefanteurs fpécifîques*
C ’eft ce que les combinaifons chimiques nous démontrent
arriver évidemment dans une multitude
de mélanges.
D ’où il réfulte que Y a ir chargé d’une mêmé
quantité d’eau pourra, fuivant fa force de combi-
naifon & fa faculté diffolvante, fe préfenter dans trois
états différens. I l peut être fec & pefant , & par
conféquent parfaitement combiné avec l ’ eau qu’il
contient. I l peut être humide 8c léger , fans perdre
fa tranfparence 3 alors l ’eau moins bien combinée
y eft encore diffoute, 8c influe fur la pefanteur
fpécifique. Enfin il peut être non feulement humide
& léger, mais encore nébuleux. Mais alors la portion
d’eau qui forme les nuages, n’ajoute rien à
l ’humidité de Y a i r , parce qu’elle lui eft étrangère,
& ne fait point corps avec lui 3 elle ne change
rien non plus à (a pefanteur, parce qu’elle n’eft autre
chofe qu’un cor|>s étranger fufpendu dans ce fluide
à 1# l^ajÿeiy: oq il lu i eft équipondécable. A o fiv
Ï H t.