
Nous croyons devoir faire obferver ; que lorsqu'il
s’agit de faire voyager àinfi de jeunes chevaux
qui n’ont point encore fervi i l eft prudent
de le s y accoutumer peu à peu en les harnachant
aans. l ’écurie au moins quinze" jours d’avance;
ce qui s’appelle lès mettre dans les barres.
Si l ’on n’a qu’une petite route à faire , l ’accouple
& l ’êftroffe peuvent fuinre.
■ 3°. Accoupler fe dit de deux chevaux qu’on fait
trottèr enfemble à la main , pour voir h leur
allure eft égale. A cet effet, un Seul homme fe
fàifit des rênes des deux bridons ; il les raffem-
ble & les entrelace de façon à n’en faire qu’un
faifceau qu’il tient de la main droite , afin d être
toujours placé à la gauche des .chevaux qui fe trouvent
ainfiJ réunis & accouplés. Pour revenir fur
fes pas, & pour faire changer les chevaux de main
pu de côté, il Suffit que le conducteur paffe entre
eux fans quitter les rênes des bridons , & qu’i l
ramène les têtes vers le centre qu’il occupe ;
les croupes s’écartent néceffairement alors , les
chevaux tournent entièrement chacun du côté op-
pofé , de façon qué celui qui étoit à droite fe trouve
à gauche , '& vice verjâ.
4°. Accouplement, accoupler, s’entend encore
de' l ’affemolage de deux, quatre- ou fix chevaux
bien^égaux de taille & de p oil, pour le caroffe.
I l fe dit auffi de deux boeufs qu’on attache au
même joug à une charrue, pour leur faire labourer
la terre , ou a une charrette , pour les exercer
au* charroi. Columelle, livre a , chap. a , n’approuve
pas la manière d’accoupler les boeufs par
les cornes , lorsqu'ils font fous le joug; il préfère
qu’on les attèle par le cou , parce qu’alors, dit-
il , ils ont beaucoup plus de force labourent plus
profondément, fe fatiguent moins , & marchent de
meilleure grâce. Il y a plufieurs provinces où l ’on
fuit cette,.dernière méthode.
50. Appareiller fe dit plus particulièrement eu
égard à l ’âge , aux qualités , & aux poils bizarres
ou tranchans qu’on choifît le plus reflemblans qu’il
e_ft. poffibie. Un cheval de cinq ans avec un de
neuf# un cheval mou avec un v i f , un poil ale-
zanfavec un bay brun ou un noir , ne feroient
pas bien appareillés.
fl 6°. Affortir fe prend plus généralement pour
le’ choix des chevaux relativement à l ’efpèce de
travail5 auquel on les deftine. Un gros cheval, bien
étoffé , par exemple , ne feroit pas aflbrti pour
U feile ; comme un petit, fvelte & élancé , ne le
feroit point pour le caroffe ou la charrette. Et
en fuppofànt deux chevaux ainfï conformés , parfaitement
égaux du refte quant à la ta ille , le
p o i l , l’âge & l ’ardeur , ils n’en feroient pas moins
mal affortis pour la voiture , non feulement parce
que la vue feroit choquée d’une pareille disproportion
fi commune || chez* nous parmi les chevaux
de fiacre , mais parce que le plus fort ou
plus v if, faifant la plus grande partie du trav
â il, fe ruineroit néceffairement toujours le pre-*
mi'er; il en feroit de même encore f i, dans les
chevaux de pofte', le'bricolier fe trouvoit plus fort
& plus haut que l e cheval de brancard , &c. &c.
Voye\ A chat des,chevaux.
7°. Enfin ™iâàc'càuplêpÊi{k encore le lien dont on
attaché les chiens de chaffe deux à deux ou trois
à trois : oh le fait ordinairement de corde &
crins, parce que lorfqu’il eft de cuir ils s’amu-
fent à le ronger.
Nota. Le n°. z feroit rendu bien plus fenfible
par une gravure , on la trouvera dans le guide du
cavalier de M. de Garfouit ; ouvrage qui m’a
beaucoup fervi pour la rédaction de ce n°.
A C CO U TUM A N C E , f, f. Pathologie. Habitude
, coutume que l ’on prend de faire*ou de
fouffrir une chofe ; penchant acquis par l’exercice
des mêmes fentimens ou des mêmes facultés , par la
répétition des mêmes a étions. Il ne faut pas confondre
l ’habitude avec la coutume ; fa première eft
l ’effet de la fécondé.
Quelques - uns ont diftingué les habitudes en
deux claffes, celles de l’ame & celles du corps;
quoiqu’au fond elles aient touTes leur origine'dans
la difpofition naturelle ou contractée des organes,
leur force & leur énergie s’étendent fi loin , que la
plupart de nos aCtions en dépendent , & font dirigées
par elles. Ce n’eft pas feulement dans l ’état
de fanté, mais encore dans celui dè maladie que
nous en reffentons l ’influence.
De tous les auteurs qui ont traité ce fujet dans
leurs ouvrages , Stahl eft peut-être celui qui y
a donné le plus d’attention, fans doute parce que
cet objet avoit de grandes liaifons avec fon fyf*
tême. On peut même lui. reprocher d’avoir attribué
trop d’effets à cette caufe : le leCteur en jugera
par le tableau fuivant de la doctrine de ce
grand homme.
L ’état- d’un homme qui a contracté une habitude
, dit Stahl (1), eft ou aCtif ou paffif. Dans
le premier cas , cm exécute une certaine entreprife
pour arriver à un but ; dans le fécond , on attend un
événement, des circonftances auxquelles on a déjà
été plufieurs fois expofé. __ *j . .
Deux caufes concourent à produire une habitude :
l ’une eft la fréquence de certaines actions , par
laquelle les organes acquièrent une difpofition
prochaine à les exécuter ; l’autre .eft un foüvenir
confus d’avoir autrefois travaillé à parvenir à une
certaine fin. On peut joindre à ces caufes le fuccès
qu’on a déjà obtenu dans une opération très-importante
, & dont la réminifcencé^ difpofe T ’ame à
, (1) Ces réflexions font tirées d’une diflertatioti intitulée De confuetudinis cjfictrciâ in aelibus vitalïbns, foutenue
en 1705 par Yung , fous la préfidençe dp Stahl,
employer
employer les mêmes moyens que ceux dont elle s’eft
fervie autrefois.
L ’afcendaiit de l ’habitude ne fe fait pas feulement
fentir dans les aCtions volontaires & dans
celles qui né le font pas , 'mais encore dans lés -fonctions
mixtes, comme la refpiration, le fommeil,
& plufieurs excrétions.
La fenfations du froid fournit un exemple frappant
du pouvoir de l ’habitude.. Il paroît vraifem-
blable que, la p.ufillanimité y rend les hommes
trèsrfenfibles, & qu’au Coi..traire ceux qui ont reçu
de la nature une aine courageufe & intrépide ;
n’en fentent pas les effets d’une manière auffi marquée.,
;
Ce n’eft pas feulement le froid qui eft fubor-
donné à l ’habitude ; l ’impreffion plus ou moins
fenfible de la chaleur eft encore foumife à fon influence,:,
on en trouve une preuve, dit Stahl, dans ce
qu’éproùvent les étrangers qui viennent des contrées
méridionales en Allemagne : accoutumés à fe chauffer
en hiver avec des cheminées , ils font incommodés
quand ils demeurent quelque temps dans des
appartemens qui font peu éleves , fort étroits , &
chauffés avec des poêles ; le feu qu’on y allume
fe porte principalement à la voûte. Celle-ci le réfléchit
, & la chaleur frappe avec force ceux qui
font au-deffous. Comme la tête eft la partie expo-
fée immédiatement à fon aCtion, il arrive fouvent que
ces étrangers éprouvent des inflammations des. yeux,
du go fier -, des tumeurs, des douleurs , Sic. ; mais
ils s’accoutument bientôt à ces changemens, & ils
corrigent, par l ’ufage de la bière, la difpofition
inflammatoire de leur fang.
Quant au choix des alimens, perfonne n’ignore quel
eft le pouvoir de l ’habitude. Des fubftances nourricières
, qui auparavant n’imprimoient fur le palais
aucune faveur , deviennent enfuite par degrés moins
défagréables, & enfin l ’eftomac s y accoutume.
Lés mouvemens volontaires dépendent beaucoup
de l’habitude. Rien n’eft plus commun que
de voir des hommes , accoutumés, à vivre dans
l ’inaCtion , fe trouver fatigués, s’ils fe livrent à,
un travail léger : mais en s’exerçant un peu chaque
jour , ils viennent bientôt à bout de fuppor-
ter des fatigues confidérables.
L ’influence de l’habitude eft très-marquée à l ’égard
du fommeil: il fuffit qu’un homme fe foit éveillé
pendant quelque temps à une certaine; heure ,
pour que la même circonftance fe renouvelle chaque
jou r, & le bruit., même très-fort, né l ’éveille
point auparavant.
Les excrétions y & le temps ou' elles ‘ fe font,
dépendent en grande partie de Fhabitudè.: C’éft
elle qui , comme l’on fait, détermine les heures
de la journée oà ccs divers mouvemens s’exécutent.
L es effors qui tendent à produire les excrétions
critiques, font encore , fuivant,Stahl, des effets de
l ’habitude. L-hémoaragie en fournit un exemple:
M é d e c i n e . Tome L
il n’eft point, ajoute-t-ii , d’aCtion vitale à laquelle
on s’accoutume plus facilement qu’à cette
évacuation fanguine.
Quoiqu’en Allemagne les hommes foie-nt expo-
fés à un air froid , qui tend à condenfer les humeurs
, & qu’ils oblervent un régime propre à
épaiffic le fan g , ces circonftances n empêchent pas
qu’ils n’éprouvent des hémorragies de temps à autre :
tant eft grand fur eux,; dit Stahl, le pouvoir de
l ’habitude ! Les menftrues des femmes & les hé-
mofrhoïcîes des hommes femblent encore être affii-
jetties à la loi de l ’habitude.
. ..Les Fecouffes fébriles-que. la nature emploie
pour expülfer des matières nuifibles, peuvent quelquefois
dégénérer en habitudes. La, fièvre tierce polis
en donne tous les jours, une preuve. On fait que
cette fièvre perfévère très-lopg-tëmps , fi l ’on n’a
foin de lui oppofer des- remèdes convenables. C ’eft
fur-tout dans, la fièvre quarte que,l ’habitude ma-
nifefte fon pouvoir ; il arrive ; quelquefois qu’elle
dure un an , deux ans ,_.oü même plus, Ce qu’il
y z de particulier, c’eft que, dans les intervalles
des paroxyfnies , le malade exerce bien fes fonctions
; mais dans lés jours fuivans., ajoute-,t—i l , le
corps , accoutumé au type de la fièvre, ne manque
pas de céder là la commotion accoutumée.
L ’hâbifudé concourt .auffi , faivant Stahl, à produire
les accès de Tépilepfîe. Auffi les Médecins
& le peuple obfèrvent-ils que l ’épilepfîe périodique
, à laquelle on s?aceoutume ainfi, eft plus
difîcile à guérir que toute autre.
Le retour des accès dés affections , hypocondriaques
& hiftéri.ques , paroît être encore du à
l ’habitude , ainfi que plufieurs diarrhées & le té-
nefme.
Stahl rapporte des avorte mens fréquens à la
même caufe. 11 fuffit qu’une femme ait éprouvé
, plufieurs fauffes couches , pour qu’elle y foit expo
fée dans la fuite aux mêmes époques de la. groffeffe.
Les lipothymies & paroxyfines nerveux, fi communs
aux femmes , femblent, avec le temps , dégénérer
en .habitudes.
On fait encore que les faignées habituelles ne
fe fupprinient pas. .impunément , & que ceux qui
ontcoutiime de fe faire tirer du fan g au printemps , ne
peuvent, fans courir des rifques , renoncer brufqué-
ment à cet ufage. La force de l ’habitudeeft telle à
cet égard, que des hémorragies , même produites par
des caufes fortuites,: comme un coup, une chute,
reviennent quelquefois à des temps marqués : Stahl
dit en avoir, oblervé plufieurs exemples.
Il n’eft pas ‘ intitilè d’obferver ici que l ’habitude
qu’on a contractée de vomir , peut être, portée
au point qu’on foit le maître de rejeter , à quelque
moment que ce fo it , les alimens. Il en elt de
même de la fueur, que la volonté feule , dit Stahl' ,
peut quelquefois exciter, comme Bartholin en rapporte
une obfervation dans fes hijloires anatoma-
tiques.
La fuppteffion des cautères auxquels on s’êft