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qu’on ne pût parvenir à la guérifon de^ toutes les
efpèces de maladies* Les maladies, fuivant Maxwel
, n appartenaient point ejjentiellement > au
corps ; mais il nen était aucunes qui ne dépendirent
de Vdffoibliffement ou de Vexpulfion de
Vefprit vital. I l nétoit point auffi d indifpofi-
tion qui put fubfijler long-temps , lorfque cet ef-
prit et oit' dans toute fa vigueur ,* c était lui féul
qui diffipoit tous les maux. C ’étoit lui qui conf-
tituoit la nature dont les médecins n étaient ou
ne dévoient être que les aides. . . • • Il ajoutoit,-
qu’on devoit donc fe propofer dans tous les
ma ux , de fortifier , multiplier, & régénérer cet
ejprie vital. C étoit ainfi qu on parvenait fa cile ment
à guérir toutes les maladies
M. Mefmer ajoutoit aux propriétés de fon pntv
cipe , « qu’avec fon fecours le médecin feroit
» éclairé fur l ’ufage des méàicamens ; qu il per-
» feétionneroit 'leur aétion , & qu’il provoqueroit
» & dirigeroit les crifcs falutaires de maniéré à
» s’en rendre le maître ». Les partifans de lan -
cien magnétifme avoient annoncé auffl le meme
pouvoir dans leur doctrine. Ils avoient penfé, comme
nous avons dit plus haut, que par ce^ moyen ^ on
pouvoit exciter , mettre en j’eu le principe vital
des êtres animés, augmenter fon aftion , exciter
des crifes, & calmer les troubles qu’il pouvoit occafionner
dans les individus. C’étoit un des grands
fecrets des phitofophes , fuivant Maxwel, de fit- voir employer Vefprit univerfet pour porter a une
fermentation naturelle Vefprit vital particulier
à chaque chofe, & de pouvoir également, par des
opérations répétées ,. calmer les troubles & le tumulte
qui pouvaient en réfulter. . . . . S i Ion
vouloir j difoit-il encore , opérer de grands effets,
i l fa lla it ajouter au corps une plus grande quantité
de cet efprit, ou > s’ il étoit engourdi, i l convenait
de le ranimer. . . . Celui , difoit-il enfin ,
qui pouvoit employer cet efprit imprégiie de la
vertu d’Un corps , & le communiquer a un autre
corps difpofé à éprouver du changement, ayoit
le pouvoir d opérer des ehofes étonnantes & mer-
veilleufes. Quant aux médicamens fur 1 ufage desquels
M. Mefmer annonçoit que fa doétrine devoit
éclairer les médecins , les partifans de l’ancien fyf-
tême avoient eu des vues pareilles ; carainfi- que
M. Mefmer, ils avoient admis que les fecours de
la médecine ordinaire pouvoient & dévoient même,
au moins en certains cas , être employés avec leur
agent univerfel ; mais ils avoient cru devoir en faire
nn choix particulier.
« Eu communiquant fa méthode , M. Mefmer
» devoit démontrer, par une théorie nouvelle dès
» maladies-, l ’utilité univerfelle du principe qu il
» leur oppofoît». Nous avons déjà .dit que telles
avoient été les prétentions des partifans de l’ancien
magnétifme. En adoptant pour théorie nouvelle
la production des maladies''par l’affoibliffement ou
l ’expulfion de l ’efprit vital, c’eft-à-dire , de cette
portion de l ’ efpnt. univerfel inhérente & fixée dans
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les différera individus, ils avoient reconnu alors dans
leurs procédés un moyen d’une utilité générale
pour guérir, en un mot, une véritable medecine
univerfelle. I l pouvoit y avoir> difoit Maxwel,
un remède univerfel ,• car en fortifiant l efprit
vital particulier, i l devenoit capable de guérir
toute forte de maladies. I l n’y en avoit aucune »
fuivant lu i, que cet efprit n’eût quelquefois dif-
fipée fans le fecours des médecins . . . . La médecine
univerfelle n étoit rien autre chofe que
Vefprit vital augmenté, multiplié dans un fuje t
convenable.
« Avec cette connoiffance, fuivant M. Mefmer y
» le médecin devoit juger sûrement 1 origine , la>
» nature, & les progrès des maladies, même des
» plus compliquées j il devoit en empêcher 1 ac-
» croiffement, & parvenir d leur guérifon fans ja-
» mais expo fer le malade à des effets dangereux
» ou des fuites fâcheufes, quels que fuffenti âge *
» le tempérament, 8c le fexe. Les femmes dans
» l ’état de greffe lie , & lors des accouchemens
» jouiffoient du même avantage ». Les anciens
s’étoient promis la même sûreté dans 1 emploi de
leurs procédés. C ’étoit en cela , difoit Maxwel,
qu’ on pouvoit fentir toute Vexcellence de la médecine
magnétique, dont les fecours pouvoient être
accumulés, multipliés , fans qu’on eût a craindre
d'occafionner des fuites fâcheufes , ou de
troubler la nature, ce qui nétoit pas également
poffible dans là médecine ordinaire. . . . Dans
cette dernière , fuivant lui', on employait des re-.
• mèdes internes , qui n’étoient pas toujours
exempts de mauvaifes qualités. Dans la médecine
magnétique, au contraire, on ne fa ifo it
ufage que de fecours extérieurs , & qui étoient
toujours pris dans la claffe de ceux qui fo r tifient.
« Cette doctrine , ajoutoit M. Mefmer, devoit
» mettre le médecin en état .de bien juger du dé-
». gré de fan té de chaque individu , & de le p ré -
» ferver des maladies auxquelles il pouvoit être
;• » expofé. L’art de guérir devoit parvenir bientôt
» à fa dernière perfection ». Les premiers auteurs
s’étoient flattés de pouvoir , en fortifiant l’efprit
vital, conferver ainfi la fan té , prolonger la vie ,
& préfèrver même des maladies. Celui, difoit'
Maxwel, qui pouvait fortifier l’efprit vital particulier
, au moyen de Vefprit univerfel, pouvoit
auffi prolonger la vie juj.qu’à un âge très-avancé",
j i Vinfluence des afires ne s’y oppojoit pas. . . ..
Celui qui connoiffoit , ajoutpit-il, Vefprit uniyer-
f ie f & qui favoit en faire ufage, pouvoit éloigner
toute corruption , & conferver à Vefprit vital
fon empire fu r le corps. Par ces avantages , les
anciens avoient cru porter l’art de guérir au plus
haut deo-r'é de perfeétion. C’étoit aux médecins
à voir ,°di fort Maxwel, combien cette méthode-
pouvoit contribuer; à. perfectionner le traitement
des maladies ; car i l n y en avoit aucune , qui*
avec fon fecours,, 11s pût etpe, guérie facilement*.
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On voyoit, par ce premier examen , quelle
conformité la doCtrine de M. Mefmer préfen-
toit avec l ’ancien magnétifme. En defeendant dans
quelques détails, la même conformité fe faifoit
remarquer d’une manière non moins fenfible. C’étoit
dans toutes deux la .même théorie & le
même mécanifme d’âCtion qui avoit*.lieu. Les
anciens avoient cru qu’il s’exhaloit des corps, &
des parties qui en étoient féparées*, une certaine
quastité d’efprits, ou plurô: une portion même de
Pefprit vital- dont les unes & les autres étoient
pourvues, & qui les lioit enfemble par une cor-
refpondanee mutuelle. C ’étoit, difoit Maxwel, une
irradiation réciproque & perpétuelle d’ej'prits qui
les uniffoit & Les lioit , quoiqu’une grande d i f
tance les Jeparât. C’étoit une émijjion perpétuelle
& réciproque de rayons , qui formait cette
chaîne ou ce moyen d'union. Enfin , pour le dire
en peu de mots, de cet enchaînement dépendait
toute la médecine magnétique.
Les partifans de la do&rine de M. Mefmer ad-
mettoient également ces idées ou cette communication.
Pour exercer le magnétifme fur un individu,
M. Mefmer commencoit par le toucher. Cette
condition paroiffoit au moins néceffaire pour qu’il
pût agir enfuite dans l ’ éloignement. Il avoit donc
befoin de fe lier, pour ainfi dire, avec l ’individu,
pour donner au fluide dont il étoit imprégné , la
direction qui devoit lui en faire éprouver les effets.
Il établiffoit donc entre le malade & lui une véritable
communication. Il en étoit. de même des
malades que M. Mefmer plaçoit en cercle autour
de fon appareil j non feulement chaque perfonne
communiquoit en particulier avec cet appareil,
mais toutes enfemble communiquoient & fe tou-
ehoient entre elles. C ’étoit ce que l ’on appeloit
former la chaîne , & M. Mefmer regardoit cette
difpofîtion comme un moyen puiffant de renforcement
pour le magnétifme. Mais n’étoit-ce pas
encore une forte de communication K Le *bul de
cette difpofition ne fémbioit - il pas être dans
l’un & l’autre cas d’établir une irradiation perpétuelle
& réciproque d’émanations , dans le premier
, entre M. Mefmer & fon malade, dans
le fécond, entre les différentes perfonnes placées
autour de l’appareil. Ne difoit - on pas fur-
tout de ces dernières qu’elles étoient liées , enchaînées
par cette irradiation, & que la médecine
de M. Mefmer ou des modernes, & celle des anciens
ou de Maxwel, dépendoient entièrement de
cet enchaînement ou communication invifible & fe-
crète?
On pouvoit porter plus loin la preuve de cette
conformité. 'Cet art prétendu d’agir fur les individus
par la communication dés efprits, ne fe bor-
noit pas pour les anciens à pouvoir changer l’état
phyfique des corps. Ils l ’avoient regardé encore
comme un moyen puiffant d’agir fur le moral, &
de le modifier de plufieurs manières. Ils l ’avoient cru
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fur-tout très-propre à procurer un empire abfolu fur
le coeur des femmes, & ils n’avoient pas balancé
de prévenir fur les abus qu’on pouvoit en faire. I l
nétoit pas prudent, difoit Maxwel, de traiter de
ces objets , à cauje des dangers qui pouvaient
en réfulter ; f i même on s’expliquoit ouvertement
fu r ce p o in t, Us pères , fuivant lu i , ne pourraient
plus être sûrs de leurs fille s , les maris
de leurs époufes , ni Us femmes re'pondre d'elle s -
mêmes. On avoic cru devoir reprocher au magnétifme
animal la même facilité d’en abufer. Les
partifans mêmes de cette méthode avoient cherché
à éclairer le ■ public fur les abus qu’ils croyoient
pouvoir en réfulter , en le confiant d de jeunes
mains , & M. Mefmer ne paroiffoit pas avoir
voulu nier cette vérité. Il fe renfermoit ‘ dans l’indication
des précautions qu’on pouvoit prendre ,
& qui étoient fur-tout infëparables d’un traitement
public , ou fait en grand, pour éloigner les reproches.
Ce n’étoit donc pas feulement dans l ’une & l ’autre
doctrines pour laguérifon des maladies qu’on
avoit cru pouvoir employer le magnétifme. On avoit
penfé dans toutes deux pouvoir également troubler
la fanté, occafionner des accidens, & faire éprouver
des fenfations défavorables & fâcheufes. Maxwel
né vouloit, difoit-il, porter perfonne à des actions
condamnables. S i de la lecîure de fe s écrits
on tiroit de pareils moyens , i l recommandait
(lavoir Vattention de ne pas les divulguer. —
I l avoit obfervé, ajoutoit-il , de très - grands
avantages fit des effets merveilleux du bon ufage
de cette méthode. I l avoit vu auffi l ’abus qu’on
en fa i fo i t , occafionner des maux infinis. On
connoît affez quels moyens on avoit employés fous
ce rapport dans l’ancien magnétifme. L ’art de nuire
par les excrémens étoit fondé fur ces moyens. Les
émanations, difoit Maxwel, s’étendaient fort
loin , & c’étoit par elles que , f i n s le favoir ,
nous étions Couvent affectés de maladies dont
nous ignorions Us caufes. On annonçoit dans le
magnétifme animal le même pouvoir. M. Mefmer ,
difoit-on , pouvoit purger , affliger de la diarrhée ,
tourmenter d’une vive & douioureufe colique, les
individus fournis à fon aétion. On citoit plufieurs
perfonnes dont on racontoit que l ’incrédulité avoit
été ainfi éprouvée & diflipée par M. Mefmer.
Les anciens avoient tiré encore de leur art de plus
grands prodiges. Car par cette méthode , difoit
Maxwel, on ne guériffoit pas feulement les maladies
, mais on pouvoit opérer encore des ehofes
plus étonnantes. On fait affez quels effets merveilleux
ils avoient attribués au lampas vitre ■ au fel
> du fang , fa i fanguinis, par lefquels ils avoient cru
qu’on pouvoit être inftruit de ce qu’éprouvoit une
perfonne habitant un féjour éloigné ou faifant un
voyage. On connoît ce moyen qu’ils croyoient
avoir de faire converfer entre elles les perfonnes
les plus éloignées, au moyen d’un alphabet ma