
fuît l ’énumération. L e bon vieillard ajoute, que
celui qui lui a donné ce médicament , l ’a afluré
qu’aucun remède ne pouvoit lui être compare.
I l en décrit fort au long les vertus & la composition
j il en fait part de bonne foi au public 3
ce qui eft un aéte d’honnêteté dont il' donne Couvent
des preuves. J’ai fouvent admiré le définté-
reffement & la généralité des anciens , qui, pot-
fédant des remèdes qu’ils appeloient Spécifiques ,
auxquels ils attribuoient , quelquefois fans raifon,.
des vertus admirables, & qu’ils vantoient excef-
Sivement, n’en faifoient pas des fecrets réfervés à
eux feuls. Ils ne uégligeoient rien pour fe rendre
habiles dans la Médecine, étant bien pénétrés du
grand avantage qu’elle procuroit à la fociété : c’ eft
pourquoi, foulant aux pieds un vil intérêt pécuniaire
, & confervant la dignité de la proie{fion ,
ils communiquoient librement & généreufement
au public tout ce que leur propre expérience leur
avoit fait découvrir , ou qu’ils avoient appris , par
les obfervations des autres, être capable de combattre
les maladies qui menacent & attaquent fans celle
l ’humanité. T e lle etoit la coutume des anciens ; elle
doit être un exemple toujours préfent aux médecins
qui veulent les imiter par leur- fcience & par leur
vertu.
La phrénélie eft très-exactement décrite par A le xandre
, qui prouve très-bien qu’elle naît de l ’affection
du cerveau , & non pas de celle du diaphragme ,
comme la plupart le croyoient. Lorfque la veine du
bras, à caufe de là mobilité, ne pouvoit pas être in-
cifée, il avoit coutume d’ouvrir celle du front j ce qui,
après lui, a été recommandé par Rhafis, quoique
dans la phrénélie rebelle, il prefcrive quelquefois
le diacode 3 mais il veut <^ue ce foit avec beaucoup
de réfervej & il défend d en faire ufage fi le malade
eft d’u» tempérament phlegmatique , fi la
fureur n’ eft pas véhémente, fi les forces du corps
font abattues. Dans ces cas, en effets les opiats font
toujours nuifibles, & quelquefois funeftes : il donne
à peu près le même avertiiTement a l ’égard de la
pleurélie & de la toux. Si l’on compare ce que dit
Alexandre de la phrénélie & de la pleurélie , avec
ce qu’ont dit de ces maladies Oribafe & Aëtius, on
verra que là doctrine eft beaucoup plus fatisfaifante
& plus développée que la leur. Et Paul, fur ces deux
maladies, ne fait que copier Alexandre.
Les velficatoires que notre auteur emploie, font
la fcille dans la léthargie , la paffe-rage ( lepidiizrn )
-dans l’épilepfiej dans la goutte, l’ail, l ’euphorbe ,
la moutarde , &c..... les cantharides , q u i, dit-il
en faifant écouler une grande abondance de fé-
iolité, procurent un prompt foulagementj mais il
avertit de fuite fort à propos qu’il ne faut pas mettre
fa confiance dans le feul ufàge des remèdes topiques.
I l lo u e , pour la paralyfie, une nouvelle préparation
d’hière, laquelle eft bien ordonnée 5 il défend
d’y ajouter enfuite une autre dofe de Xe^mmenée
; ce qui eft faivi d’une observation' que je
ne trouve point ailleurs, & qui peut être d’une
grande utilité dans la pratique, fi elle eft bien méditée.
« Plufieurs-: ( dit- il ) font cette addition,
» croyant augmenter' l ’énergie purgative du re-
» mède 3 ils ne lavent pas- que par-là on le rend
» moins utiles En effet, notre but n’eft pas qu’il
» foit porté dans les inteftins, mais qu’il foit dif-
» tribué dans les différentes parties du corps., qu’il
» y féjouine , qu’il y atténue les- humeurs & les
» corrige , qu’il ouvre les canaux , qu’ il diffipe
» les pbftruttions des nerfs,, afin que les efprits
» s’y diitribuent fans aucun obftaele ». Et il ob-
ferve que cela doit arriver fpécralement dans les
tempéramens ph le g ma tiques. Chacun peut aifément
faire voir de quelle importance eft cette doélrine,
& combien peut s’étendre le précepte de ne purger
que lentement, relativement à quelques maladies
chroniques 3 car chaque jour l ’expérience
nous apprend qu’il en réfülte des avantages dans
différentes maladies : lors, par exemple, que nous
preferivons les eaux minérales , en particulier celles
de Bath ou le calomêlas. Auffi voit-on que, dans
la douleur de colique , ou dans la paftion iliaque,
les remèdes qui purgent violemment,. & qui agif-
fent trop fort fur les inteftins , augmentent fou-
vent le mal, & peuvent , comme il l ’ obferve ailleurs,
exciter l ’inflammation, à moins qu’on n’é-
raouffe & qu’011 ne diminue leur activité par des
opiats.
Les differens genres de mélancolie font très-
bien décrits par le médecin de Trailesj les forces
de l ’imagination font peintes avec de vives couleurs;
il en rapporte plufieurs exemples, prefque
à la manière d’Arétée. Le traitement qu i l emploie
eonfifte plus dans la diète, les bains, & les
dUfipations agréables , que dans racçumulation
des remèdes 3. mais ce en quoi il diffère des anciens,
c’eft qu’i l ne fait point un fî fréquent uïàge
des ventoufes , des f a n g fu e s& des finapifmes.
Quant à la purgation , bien que les anciens faflent
un très-grand cas de l ’ellebore blanc, Alexandre
donne la préférence à la pierre d’Arménie , qui
ouvre doucement & efficacement le ven tre fan s
avoir à redouter le danger & les autres accidens
qui naiffent de la violence de l-’éllébore. Cette
efpèce de profeription qu’il prononce contre l ’éllébore
blanc s’accorde très-bien avec ce que nous
apprenons par l ’hiftoire de ce temps-là , que ce
médicament, tant préconifé par les anciens, étoit
par la fuite abfolument tombé en défuétude , jufqu a
ce qu Afclépiodote , célèbre par fes connoiffances
dans les mathématiques & dans la mufique,. l ’ait
remis en vogue vers l ’an yoo-, & que par fon
moyen il ait opéré des guérifons étonnantes dans
les maladies opiniâtres. Cependant on voit qu’y^-
lexandre, qui ftorifïoit peu de temps après, en
condamnoit l ’ ufage.
Il établit une excellente règle à l ’égard de la
par©tide j, il veut qu’on faffe une faignée avant
que d’employer les réfolulifs ou les attraâirs :
ceux, dit-il , qui, avant la faignée, fe hâtent de
les preferire , procurent aux malades la fuffoçation.
Il rejette par la même raifon, & avec juftice, les
forts aftringéns & les forts répereuffifs , tels que
la moreile ( Jblanurn ) , l’alun, & c .. . . Il fait
l’énumération des méd’rcamens propres a procurer
la réfolution 3 & de fait, lorfque rien ne s y op-
pofe, il eft toujours plus convenable de travailler
à réfoudre cette efpèce de tumeur, que de 1 amener
à fuppuration. Mais files efforts font inutiles , fi la
parotide ne diminue point, & que la douleur fob-
fifte , il faut tenter tous les moyens capables d exciter
la fuppuration3 on connoît qu’elle fe forme,
lorfqu’il forvient du friffon fans raifon, ainfi que
de la fièvre , lefquels auparavant n’exiftoient point,
& que la douleur eft plus forte. En quoi il^eft d accord
pour l ’effentiel avec Celfe , qui s exprime
ainfi : « A l’égard des parotides , il eft une ob-
» fervation importante à faire : fi elles fe tumé-
» fient fans maladie , il faut d’abord tenter les re-
» folutifs ; fi c’eft à la fuite d’une maladie , les
» réfolutifs font dangereux, il eft plus.a propos
» de les amener à fuppuration & de les ouvrir
» promptement ». ( C el s. lib. vj. cap. 16. ) Alors
en effet la tumeur eft critique , elle delivre
de la maladie Hippocrate dit que les parotides
qui furviennent aux fièvres chroniques, font mortelles
, à moins qu’elles ne fuppurent. Mais lorf-
qu’eiles font long-temps rebelles, & quon ne
peut les faire fuppurer par des remèdes externes,
on en vient quelquefois à bout en les cautérisant.
Seyerinus, & avant lui Valiefius ont exjsofe de
quelle manière ils ont réuffi par ce moyen a guérir
de grandes parotides.
Le traitement que preferit Alexandre dans 1 angine
ou efquinancie , eft très-bien ordonne 3 au
«commencement, il n’approuve que les repereuf-
fifs, rejetant' abfolument toute efpece de rela-
ehans. Il recommande, comme 1 avoit fait avant
lui Arétée, l’antidote diabêfafa (r) , ainfi nomme
de la R u e Sauvage , qui eft un des principaux
ingrédiens de cette compofition, qu il décrit ( lib»
4. c. 1. ). Mais il dit que la faignée eft fur-tout
(1) Pour entendre ce mot que Freiné n’explique point,
il faut favoir qu’il eft compofé de «T/ct, ex prépofnion, &
de {&Yi&a.rct.*
Alexandre, dans la formule, nous apprend ce que c’eft.
Qéfaf# quoi nonnulli harmala vocant , alii agrejiem ru-
tàïnt ctypiov TTsyavov.
Diofcoride : Vocant quidam agrejiem hanc rütam harmala
; Syri , béfâfa ( /3jicrcs<rct ) \ Cappadoces verb , moly.
lib, iij. cap. 48-,
A'étius die la même chofe. ( üb. j. litt. M. fub voce
jttwAv:, moly.
Ainfi diabcfâfa lignifie ex béfafa compofitio : i. c. ex
rutâ fylvejlru Note de M, Goulin.
& indifpenfablement néceffaire 3 il veut même
qu’on la réitère trois ou quatre fois , félon le besoin
, mais ayant l ’attention de ne pas tirer du
fang jufqu’à défaillance. Si ces fecours n’apportent
aucune diminution dans la maladie , il faut ouvrir
les veines qui font fous la langue (bien que C aï-
lias Aurelianus condamne la feétion de ces veines,
comme étant une pratique fuperftitieufe ) , fans
remettre cette opération au lendemain, comme le
preferit Aëtius , mais la faire le jour même. « Tiès-
» fouvent, d it- il, lorfque le befoin étoit urgent,
» j’ai le matin ouvert la veine 3 le foir , celles
» qui font fous la langue , & la nuit, j’ ai ordonné
» du diagrède dans la crème de tifane 3 8c par-la
» je fuis venu à bout, non fans peine , de dilfiper
» la fuffoçation caufée par l’inflammation. Une
» autre fois j’ai fa igné aux deux bras, puis purgé ,
» fans attendre au lendemain. T e lle eft la con-
» duite qu ïl faut tenir , lorfque le danger eft pref-
» fant, & que le mal n’admet point de delai. J’ai
» auffi ouvert avec un heureux fuccès les jugulaires 5
» & chez les. femmes la faphène, lorfquil y avoit
» en même temps fuppreiiion des réglés , ce qui
» a procuré deux avantages, que les réglés ont
» repris , & que l’angine a été guérie ». On re-
corinoît à ce langage un maître habile & un médecin
exercé, tel que fe montre Alexandre dans
tout fon ouvrage. I l faudroit etre injufte pour ne
pas convenir que le traitement qu il dirige eft
parfaitement conforme à la raifon 3 de forte que.,
malgré les grands progrès que la Medecine a faits,,
on peut à peine ajouter quelque chofe a fa méthode.
: - ,
Alexandre parle du tubercule des poumons.,
d’oii naît une difficulté de refpirer , mais fans expectoration
& fans fièvre. G alien , qui fait mention
de cette maladie, dit que^ c’eft une efpèce
de confomption ; elle eft très-fréquente dans notre
pays ( en Angleterre) , fur-tout chez les écrouel-
leux. Quoiqu’elle faffe des progrès plus lents que
la vraie phthifie dans laquelle la fièvre heétique
qui amène la confomption , fnrvient a 1 ulcéré du
poumon, pour l ’ordinaire cependant elle fe termine
en enrouement & en atrophie, & elle menace
d’une mort également certaine. Il rapporter
un fait dont il n’avoit jamais entendu parler , &
qui lui parut très-fur prenant 3 un. calcul rendu par
la toux 3. ce n’étoit point une fîmple concrétion ,
mais une vraie pierre liffe , dure , & qui , jetee
fur la terre., rendoit du fon. Pour m o i.( c’eft Freind
qui parle ) , j’ai vu plufieurs calculs de cette efoèce
rendus par la toux, dont quelques-uns étoient de la
o-ioffeur d’une aveline 3 il n’y avoit aucun fymptôme
de phthifie , quoique la toux exiftât depuis longtemps.
J’ai connu une perfonne qui en différens
temps en rendit ainff quatre ou cinq. Celui dont
fait mention Alexandre, étoit tourmenté de la
toux depuis long-temps , & n’éprouva du foula-
gement qu’après l ’expulfion da c ak u lj cet homme