
dans la goutte & dans quelques affections doulou-
reufes , il y a fouvent dans la journée une exacerbation
que Ton a auffi rapportée à l ’amphi-
merine. On en a dit autant de la fièvre qui fe
montre le foir dans le tabes & la phthyfie-, am-
phimerina purulenta.
Jufqu’ici je n’ai parlé que de l ’amphimerine
fymptomatique : en exifte-t-il une effentielle ? Les
demi-tierces ou hémitrité.es , & autres affections
putridés ou malignes, ont-elles préfenté le type
des quotidiennes ? Je penfe avec M. Gullen qu’il
n’y en a peut-être aucune de cette efpèce , & que
la plupart font des tierces, rémittentes ou cri—
iæophyes.
De même que nous avons reconnu des intermittentes,
erratiques , il me femble que l ’on doit
admettre auffi des erratiques rémittentes ; & dans
cette feétion devroient être rangées plufieurs maladies
aigues , pendant lefquelles on obferve , dans
un ordre irrégulier, des paroxyfmes bien marqués,
précédés de rriflons ou fuivis de Tueur, & qui font
les fragmens d’une fièvre régulière interrompue dans
Ton cours. Les autres paroxyfmes manquent, parce
que certaines circonftances particulières au malade,
ou 1 effet des remèdes, les ont empêchés de paro’ître ,
& ces cas doivent être très - fréquens.
Réfultat & conféquences relatives aux fièvres
rémittentes. Lorfque la rémiffion efl très-marquée
& qu’elle eft précédée d’une manière diftinéte par
lesfymptômes du froid , on donne donc a cette fièvre
le nom de rémittente. Dans l ’état contraire ,
lorfqu’il n’y a ni fueur ni friffon , avec une ré-
miffion très-peu confidérable , on la connoît fous
le nom de continue. Il faut quelquefois apporter
la plus grande attention pour reconnoitre les exacerbations
, qui cependant exiftent toujours. Celles
des fièvres qui cachent fous le type des continues
le caraétère périodique, tendent naturellement vers
l ’intermittence , & c’eft un moyen de les recon-
noître en bien des occafions.
Des praticiens exaCts ont remarqué que les rapports
qui fe trouvent entre les intervalles & la
durée des accès des fièvres intermittentes , font en
raifon inverfe les uns des autres. Dans' la quotidienne
, le paroxyfme eft très-long , & l’intervalle
eft très-court ,'ainfî que le froid. Dans la
quarte, le paroxyfme eft plus court, & l ’intervalle
eft plus long, de même que le froid.
Une remarque de la plus grande importance ,
c’eft qu’il y a une analogie fympathiquè entre
l ’état de l ’eftomac & celui de la peau. Les remèdes
qui agiffent fur une de ces parties , ont
ûne grande efficacité fur l ’autre.
. On a encore obfervé que la diathèfë inflammatoire,
tend à faire difparoître le type intermittent,
pour 'y fubftituer celui des continues, dans lefquelles
la réaftion des .forces vitales a moins d’énergie
çn général que dans les intermittentes.
Lorfqu’on examine avec foin les révolutions
périodiques des accès ou eaaçerbations dans les
fièvres, on s’apperçoit facilement que les périodes
tierces & quartes y dominent, & que cette influence
s’étend même furies jours critiques, qui manquent rarement
de fe rapporter à quelques-uns de ceux des
périodes ci-deffus énoncées ; circonftance qui donne un
nouveau poids à la doCtrine importante des crifes,
Ainfi , depuis le commencement de la fièvre j.uf- .
qu’au onzième jour , on les voit fuivre le type des
tierces 3 , ? ; 7 , 9 , 1 1 ; depuis l ’onzième jour
jufqu’au vingtième , c’eft le type des quartes qui
domine dans l ’ordre fuivant , >en comptant de
-l’onzième jour, 11 , 1 4 , 17 , 2.0. M. Cullen ,
-dont les élémens de. Médecine m’ont fourni cette
dernière réflexion, ajoute , que d’après eey rapprochement
on ne peut pas douter que le vingtième jour
n’ait un grand avantage fur le vingt-unième, relativement
aux crifes qui lui font propres.
Dans les fièvres continues on obferve deux accès
par jour , l ’un vers la fin de la matinée 1 autre
vers le foir. Dans plufieurs des fièvres qu’on appelle
communément du nom de putrides, j’ai quelquefois
remarqué que Vaccès du matin étoit plus violent
que celui du foir ; circonftance que j’ai vu avoir
lieu dans les perfonnes très - nerveufes , lorfque
la nuit avoit été très-agitée, & qu’il étoit fur-
venu une atfgmention dans les accidèns inflammatoires.
XI. Les fièvres continues. Dans celles- c i , i l
n’y a aucune intermiflion; le malade éprouve chaque
jour un ou deux paroxyfmes qui font peu marques ,
& dans-lefquels on n’obferve point les caractères propres
aux accès des intermittentes , c’eft -à,- dire ,
les urines briquetées ,/ le friffon , ou des fueurs
fpontanées, qui Coulent d’elles-mêmes & fans avoir
été provoquées ; circonftance fur laquelle je ne
crois pas -qu’on ait affez infifté «dans le diagnoftic
de ces fortes de fièvres.
- M. Cullen ajoute un nouveau caractère pour
diftinguer les fièvres continues d’avec les intermittentes
ou rémittentes. Ces.dernières, dit-il, recon-
noiffent pour caufe les exhalaifons des marais ; &
les premières au contraire font accompagnées de
circonftances différentes , & dépendent, dans un grànd
nombre de cas, de la contagion animale. Ces xe-
marques font importantes , & elles font juftifiées
par ce que la pratique journalière apprend dans les
grandes villes. J’ai vu fouvent a Paris, foit dans le
printemps , foit dans l ’automne, des perfonnes attaquées
de fièvres intermittentes , dont des informations
exa&es m’apprenoient qu’elles avoient pris
le germe à la campagne , dans des endroits plus
ou moins marécageux. On ne peut donc révoquer
én doute l ’influence de cette caufe ; cependant je ne
crois pas qu’on doive la regarder comme feule & ef-
fentielle ; car je puis affurer que j’ai vu des jeunes
gens, fur-tout du fexe féminin & d’une habitude
très-nerveufe , attaqués de fièvres tierces , & des
vieillards fujets à la 'fièvre quarte de l ’efpèce la
plus fâcheufe, fans 'que ni les uns ni fes autre*
m
À c c
euffent “été expofés aux vapeurs.des marais, ni a
aucune caufe évidente du meme genre.
Les fièvres continuesfoit fynoques , foit typho-
des , ont donc des exacerbations ou paroxyfmes,
comme je l ’ai déterminé ci-devant.
XII. La fièvre hectique. Cette fièvre eft lente &
continue. Elle n’eft point accompagnée de -, purulence
comme l ’amphimeriné des perfonnes attaquées
de phthyfie. L ’ lie étique , proprement dite , eft
quelquefois la fuite des écrouelles, de la vérole ,
de l’hydropifie , des affeétions vermineufes, du ra-
chitis , & de l’obftruction des glandes méfentériques.
Il en eft donc de cette fièvre comme de l ’am-
phimerine ; elle e'ft le plus fouvent, & peut-être
toujours, fymptomatique; elle a pour 1 ordinaire■
deux-exacerbations , l ’une, au milieu du jour, 1 a u tre
le foir. Pendant la nuit, le malade fue 8c s af-
fôiblit, les urines font épaiffes, leur dépôt reffem-
ble à du fou ou à de la brique pilee , & c eft le
matin que les forces fe foutiennent le mieux.
XIII. Les maladies inflammatoires font accompagnées
d’une fièvre continue, dont les exacerbations
font telles que je l ’ai dit a 1 article de ces
dernières.
XIV. Parmi les maladies exanthématiques, plufieurs
font jointes à une fièvre de la feétion des
rémittentes ou des continues, & les exacerbations
fuivront l’ordre obfervé dans ces feétions elles-
itiêfnes.
X V . Avec les profiuvia, les intumefeentioe,
1 es marcores , les ïmpeiigînes , & c ., font compli-,
quées diverfës fièvres continues, ou rémittentes | ou
heétiquës , dont j’ai parlé féparément, & aux articles
defquelles je fuis forcé de renvoyer.
Réfumé. Toute maladie fébrile qui s’étend au-
delà d’un jour , eft un enchaînement d’exacerbations
ou paroxyfmes qui fe fuccèdent dans un ordre
plus ou moins régulier, fur lequel i l refte de
grandes découvertes à faire en Médecine. J’ai réuni
dans cet article ce qu’il importe le plus de con-
noître fur ces fortes de redoublemens, paroxyfmes,
ou accès.
Doctrine des Anciens fu r Us paroxyfmes ou
accès, & fur la nomenclature des fièvres.
Après avoir fait connoître la nature 8c les di-
verfes combinaifons des accès ou périodes fébriles ,
conformément aux obfejrvations des Modernes , j’ai
cru devoir ajouter à cet article un expofé de la doctrine
des Anciens fur le même fujet. Ceux qui font
verfés dans leur étude , favent que c’eft dans les
ouvrages de Galien qu’on peut faire le plus utilement
cette recherche ; il a fallu lire & méditer
tout ce que cet auteur a écrit fur les fièvres, pour
en tirer les réfultats fuivans. J’ai efpéré qu’ils
pourroient offrir quelques avantages à ceux qui
défirent d’avoir des connoiffances nofologiques
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étendues, & qui font curieux de comparer les.méthodes
des Modernes avec celles des Anciens. D ailleurs
je n’ai trouvé nulle part le tableau que je
place i c i , & j’ai penfé que tout ce qui nous rappelle
les anciens obfervateurs étoit précieux & digne
de notre attention.
Fièvres continues.
Les Anciens ont employé très-vaguement le
mot continue dans la defeription des fièvres. Tantôt
ils en ont borné l ’application aux feules fièvres
continues proprement dites ; d’autres fois ils
l ’ont étendue aux fièvres rémittentes ( 1 ).
Dans la fuite , e’eft-à-dire, vers l ’âge de Galien y
quelques Médecins entreprirent d’attacher un fens
plus précis à cette dénomination : ils nommèrent
fynûches les fièvres continues qui parcourent tous
leurs temps fans aucun changement bien notable,
& ils, reftreignirent lé nom de continue aux feules
fièvres rémittentes (i).
Galien adopta lui-même cette dernière diftinc-
tion (3). Voici le nombre des efpèces qu’i l compte
dans chacun de ces deux grands genres.
I. Dans les fynoch.es. i° . Celles qui ont un
accroiffement infenfible; 2°. celles qui ont conftam-
ment la mêmê intenfité -& la meme teneur depuis
l’invafion jufqu’a la crife ; 30. enfin celles
qui décroiflent infenftblement (4). .
II. A l ’égard des fièvres continues, dans le fens
de Galien , c’eft-à-dire des fièvres rémittentes, cet
Auteur les réduit généralement aux trois ordres qui
fuivent, lefquels font précifément les mêmes que
( i ) « Veteres continuas vocant febres quandoque omnea
! » qüæ nullum tempus liberum habent accejjîone : quando-
; » que non omnes quæ accejjîone nunquàm vacant fed folaa
» extraordinein illas quæ omni carentufque ad judicium mu-
» tatione». ( Galenus, in lib. 1. Hipp. de morbis vulgar,
comment, i i j , T. iij. col. 462 , n®. 2.) Edit, de Froben»
in-fol.
(2 ) « Medici quidam juniores quæ non magnam mu*
» tationem habent non continuas , cæterum fynoebos no-
; » minant. = Continuas autem has folas quæ non ve'niuntad
5 integrtiatem & intermittuntfingulis<zcce/7h>,IIfrus” '( I (iem»
ibidem. )
(3 ) te Continuarum . . . . duplex eft fpeçies ; alterà
» éarum quæ à continuo fervore lynochæ appellantur, qua-
» rum univerfum tempus in una conüimitur accejjîone
» quæ à principio ufque ad finem pertingit ; altera earum
» quæ idem cum genere nomen fortiuntur & continuæ ap-
» pellantur, atque in pluribus circuitibus continentur. »
(Gai. de diff. feb. 1. 2. Col. 137, n°. §.ij. C. Froben.)
(4) Earum quæ fynochæ dicuntur tres funt omnes numero
differentiæ. Nam queedam earum à principio ufque ad
finem æquales perdurant. c= Qiioedam paulatim augentur ;•
Tertia fpecies paulatim décrefcir. . . . ( Gai. de diff. feb,
1. 2. col. 137, n°. 2 , §. ij. C.) Edit, de Froben.
‘ te Tres fynochi . differentiae agnofeentes proprium Jîngulis
» ipfarum nomen impofuerunt ; has quidem
id eft , increfcentes, illas verô o^otoW? & ax^etrixdf,
” M eft in eodeui vigore acque tenore perfeverantes 3 alias
” va?ct^ccnxàiy id eft, decrefcentes----- ha omnes in p r im
» j'eptenario dijudisàntur ». ( Gai. Ifag. Colt ?7_&» B» >