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mort, qui termine ces affections , eft prefque toujours
précédée par une efpèce de maladie aiguë ,
dans laquelle les fymptômes d’irritation fuccèdent
à ceux du relâchement. Ajouter; à cela que ,_ dans
la plupart des maladies chroniques avancées, il y a
une légère exacerbation chaque foir , & il faudra
en conclure que ces fortes d’affedions , confédérées
dans toute leur étendue , font un enchaînement de
paroxifmes fébriles plus ou moins longs , qui fe
fuccèdent dans un ordre , à la vérité , peu régulier
, mais fur lequel tant de circonftanees influent,
q u il doit s’enfuivre un grand dérangement entre
eux.-
Dans les affedions nerveufes & douloureufes, on
obferve des paroxifmes. Il n’y a pas jufqu’à celles
de ces affedions ''dont la caufe eft mécanique,
qui y font fujettes ; j’en citerai pour exemple
les calculs des reins, & fur-tout ceux de la veffie :
les douleurs que ces derniers produifent, quoique
la pierre n’ait point changé de place ni de nature
, ne font pas continuelles ; fouvent ellps redoublent
, elles augmentent à divers intervalles,
& , après avoir produit les accidens les plus fâcheux,
elles difparoiflent pour un temps , ou font
au moins très-fupportables. Il femble donc que
le principe , quel qu’il foit , qui préfide à nos
fondions , & qui refifte en nous aux divers agens
morbifiques , agit par intervalles réguliers autant
que les circonftanees le permettent. Il femble
qu’il réunifie toutes fes forces dans certains iuf-
tans , pour lutter avec plus d’avantage contre l’ennemi,
comparaifon que j’empioye avec une forte
de défiance , parce qu’elle n’eft pas exade , mais
dont je me fers par néceflité pour-exprimer mon
idée , & de laquelle il me paroîc qu’il réfulte un
grand fens pour l ’obfervateur.
Si de ces confédérations préliminaires nous revenons
aux accès des fièvres intermittentes , loin
d’y trouver rien d’extraordinaire , nous les voyons
comme une fuite néceflaire des lois auxquelles obéit
l ’économie animale ; lois que nous retrouvons
dans les fièvres continues mêmes , & prefque dans
toutes les affedions un peu durables. A la vérité,
nous ne favons pas de quelle caufe dépendent ces
périodes ; mais nous ignorons de même a quel
principe on doit rapporter ceux de la grofleffe,
des règles, dés cri fes , & de tant d’autres phénomènes.
Qu’il nous fuffife d’avoir réduit la queftion
aux mêmes termes. L e fait étant bien connu , &
fes liaifons avec les lois de la nature bien établies ,
examinons les diverfes nuances & les variétés de
çes périodes.
Laccès ou paroxifme fe divife en trois temps.
Pendant le froid le malade eft pâle , fa bouche
e# fèche , il y a fouvent des naufées &mal de tête;
la refpiration eft entrecoupée , le ventre eft ref-
ferré , les extrémité du corps font refroidies , la peau
pft âpre & raboteüfe, les mufcles font en convuluon,
|a fenfibilité eft diminuée > toutes les artères de
a c c
la furface du corps font contradées , le pouls
eft petit , ferré, & quelquefois très- lent. Dans
la fièvre quarte, le froid eft très-long , & le paroxifme
, toutes chofes égales d’ailleurs, eft plus
court que dans les autres fièvres intermittentes.
Pendant la chaleur, la peau devient rouge, fèche,
& brûlante ; le pouls fe développe & s’ accélère ;
la fenfibilité eft rétablie & même augmentée ; les
excrétions font encore fufpendues ; la tête eft
quelquefois fouffrante. Dans la quotidienne, le
friflon eft court, mais le fécond & le troifième
état font pour l’ordinaire de longue durée.
Dans la fueur, la peau fe détend , fe ramollit,
s’humede; les excrétions recommençent â avoir lieu,
la chaleur & la tuméfaction difparoiflent peu â
peu ; & lorfque la fueur ell terminée , les fonctions
s’ exécutent comme dans l ’état de fanté.
Dans les intermittentes, ces trois temps varient
quant à leur proportions & a leur intenfité. Quelquefois
le délire, l ’apoplexie, l ’hémiplégie, les
convulfions , l ’épilepfîe , la cardialgie , le vomif-
fement, la dyflenterie , divers exanthèmes fe compliquent
avec leurs accidens , & en rendent le
danger très - preflant.
Dans les rémittentes , le froid , la fueur, &
l ’état des urines font les lignes qui font le mieux
reconnoître le caractère périodique des exacerbations.
Un léger friflon dans le dos , aux pieds , ail
nez , au bout des doigts ; une fueur fpontanée
qui termine le redoublement, des urines briquetées
feront des indices affez furs d’une intermittente
mafquée fous l ’apparence d’une fièvre continue.
Les rapports qui exiftent entre les fièvres intermittentes
& les rémittentes font fi grands, que
M. Cullen les a réunies dans la même fedion.
Je les examinerai fucceftivement quant â leurs
accès. Les fièvres continues & les fièvres hedi-
ques ne feront point oubliées, aifin de déterminer
avec foin le retour de leurs divers accès ou paroxifmes.
I . Fièvre tierce intermittente fimple. Le typé
ou caraClère de la fièvre tierce paroît être le plus
répandu', & l ’on ne peut douter que l ’on n’ait
fouvent pris pour des quotidiennes , des tierces
doublées , dont un examen plus attentif a fait
louvent reconnoître la nature.
Dans la tierce intermittente fimple , les intervalles
que l ’on obferve entre chaque paroxifme,
font ordinairement de quarante - huit heures. La
durée des accès eft à peu près de douze heures
dans les tierces légitimes. Lorfqu’elles fe prolongent
J au delà de ce terme , on les appelle
tierces faufles, tertiana fpiirice , noth.ee. La marche
eft moins régulière , & le pronoftic plus
fâcheux.
II. Fièvre intermittente double tierce. Cette
fièvre fe double de deux manières.
i° . Il peut y avoir chaque jour un accès\ dont
les périodes fe répondent alternativement en tierce.
Exemple*
A C C A C G
Exemple. L e premier jour , à midi , commence
un accès de douze heures, avec un friflon modéré.
Le fécond jour , à deux heures , commence un
accès de dix - fe.pt heures , -avec un friflon violent
, &c.
Le troifième jour , l ’accès revient à midi , &
reflemble à celui du premier jour.
Le quatrième jour , il revient à deux heures ,
& il eft le même que celui du fécond jour. ( Ter-
tiana duplex, de Sauvages , tom. 1 , pag. 353«)
M»-Cullen en a tout à fait adopté l’expofition.
z°. Il peut y avoir de deux en deux jours deux
accès dans l ’efpace dé vingt-quatre heures , qui
fe répondent en tierce. Exemple.
Le premier jour , vers les fix heures du matin ,
un accès ; un autre à midi.
Le fécond jour libre.
Dans le troifième jour , deux accès , dont le
premier répond au premier, & le fécond au fécond
accès du premier joiir.
Le quatrième jour libre.
Dans le cinquième , deux accès ■ répondent à
ceux du troifième, &c. ( Tertiana duplicata de Sauvages
, tomi 1 , pag. 353.) M. Cullen a employé
la même divifîon. ,
L ’efpèce marquée F dans la Nofolpgie de M.
Cullen , page 49 , me paroît être une. fièvre
tierce double , tertiana duplex , & par conféquent
devoir être rapportée à celle marquée C , pag.
48 du même auteur ; donc elle diffère en ce quelle
eft rémittente.
I I I . Fièvre triple tierce intermittente. Dans
cette fièvre , il y a chaque jour un accès dont
les périodes font celles de la fièvre tierce ; & de
plus, de deux jours l ’un , il furvient un nouvel
accès, dont la marche eft aufli celle de la tierce.
Exemple.
Le premier jour il y a deux accès , comme
dans la tierce doublée , tertiana duplicata.
„ Le fécond jour il n’y a qu’un accès.
Le troifième jour il y en a deux , qui répondent
à ceux du premier jour.
Le quatrième jour il n’y en a qu’un , qui répond
à celui du fécond jour. Tertiana triplex,
de Sauvages, tom. 1 , pag. 383.
IV. Fièvre quarte intermittente fimple. Les
'intervalles qu’elle laiffe entre les accès font environ
de foixante-douze heures. La durée ordinaire
dés accès eft de fept, huit, ou dix heures.
V. Fièvre quarte intermittente double. Cette
fièvre fe double de deux manières.
i° . Dans chaque révolution de quatre jours,
le troifième eft libre , & dans chacun des autres,
i l y à un accès dont la période eft celle de la
quarte. Exemple.
Le premier jour un accès. _
Le fécond jour un accès.
Le troifième jour point d * accès.
Le quatrième jour un accès qui répond à celui
dn premier jour. "
Médecine. Tome I.
Le cinquième jour un accès qui répond à celui
du fécond jour.
Le fixième jour point d’accès.
Le feptième jour un accès qui répond à celui
du quatrième.
Le huitième jour un accès qui répond a celui
du cinquième.
Le neuvième jour point d’accès , &c. Quar-
tana duplex , quarte double. Sauvages, tom. 1 , B iM i # ................. , - z°. Dans chaque quatrième jour il y a deux
accès , fans qu’il y en ait aucun dans les jours
intermédiaires. Exemple.
Le premier jour deux accès.
Le fécond jour point d’accès.
Le troifième jour point d’accès.
Le quatrième jour deux accès , dont le premier
répond au premier, & le fécond au fécond accès
du premier jour, & ainfi de fuite. Quartana duplicata
, quarte doublée. Ici je ne fais que commenter
Sauvages , comme M. Cullen l ’a extrait.
V I . Fièvre quarte intermittente triple Dans
cellerci il y a chaque jour ün accès , dont les
périodes font celles de la fièvre quarte. Exemple.
Le premier jour un accès.
Le fécond jour un accès.
Le troifième jour un accès.
L e quatrième jour un accès qui répond à celui
du premier jour.
Le cinquième jour un accès qui répond a celui
du fécond jour.
Le fixième jour un accès qui répond à celui du
troifième jour.
Le feptième jour un accès qui répond à celui du
quatrième jour, & ainfi de fuite. Sauvages, tom. 1 ,
VII. Fièvre quotidienne. Ses intervalles font de
vingt - quatre heures ; les accès font de quinze ,
feize , dix - huit heures ; ils excèdent rarement ce
dernier terme. S’ils s’étendoient à vingt-un , vingt-
deux, ou vingt-trois heures, il ferôit très - difficile
de diftinguer alors cette fièvre des rémittentes : elles
font très-rares ; les doubles tierces font beaucoup
plus communes ; les enfans & les jeunes per-
fonnes font ceux qui l ’éprouvent le plus fouvent.
En général, le froid & la chaleur ont peu d’inten-
fité dans cette fièvre. On ne la voit guère que
dans l’automne.
Primerofe a admis mal à propos une intermittente
quotidienne & double , puifqu’aiors il n’y
a point d’apyrexie diftinde , & qu’une pareille
fièvre doit être rapportée aux rémittentes. A plus
forte raifon n’y a-t-il point de quotidienne triple.
Primerofe admettoit aufli la combinaifon de la
quotidienne avec les tierces • & les quartes : ua
grand nombre d’auteurs ont été de fon avis; mais
f obfervation n’a point juftifié cette conjedure.
Sous un autre afpeét, on peut divifer la fièvre
quotidienne en univerfëlie & en partielle. Cette