
quelques opérations douloureufes & longues, qu’il
feroit difficile ou impoffible de pratiquer s’il étoit
debout & libre, ou fixé dans le travail. Cette dernière
machine, devenant inutile ou nuifible dans plufieurs
circonftances, ne laiffe pas d'ailleurs à l’artifte la
facilite de tourner ranimai malade à fon gré &
lur tous les fens , comme lorfqu'il eft par terre.
Lorfqu on fe propofe à’abattre un cheval, il
faut lui préparer un lit de paille très - épais y d’environ
huit pieds en carré , fur un terrein uni : on
le place fur.le bord de ce li t , de façon qu’étant
abattu, la partie malade fe trouve à la portée de
1 operateur. On met les quatre entravons autour
des paturons , la boucle de chacun d’eux tournée
au dehors, non feulement pour la facilité de la
défaire, mais encore pour que l ’ardillon ne bleffe
point les parties voifines , & de façon que leurs
anneaux fe trouvent à la partie postérieure des
paturons de devant & à la partie antérieure de
ceux de derrière, vis-à-vis les uns des autres; On
attache un^ lacs d environ dix ou douze pieds de
longueur à l ’anneau de l ’entravon qui a été mis
au pied d,e devant oppofé au côté fur lequel
1 animal doit être renverfé 5 on paffe enfuite lau-
îre extrémité de ce lacs dans l ’anneau de l’entra^
von placé ^au paturon de l ’extrémité postérieure ,
qui, avec 1 antérieure, dont nous -venons de parler
forme un bipède latéral ; de 1 1 , ce même lacs doit
cheminer dans 1 anneau de l’entravon fixé à l ’extrémité
poftérieure répondante à celle-ci, traverfer
celui de l’entravon de l ’extrémité antérieure répondante
a la première , & enfin paffe r dans l ’anneau
de celui qui eft a cette même première extrémité &
auquel le la c s a d’abord été attaché. Dans cet état,
plufieurs hommes placés hors de la p ai l l e d e
forte que l ’animal fe trouve entre eux & ;lle , fai-
fiflaht ce qui refte de ce lacs , & réuniffant leur
force en^ le tirant, rapprochent infenfiblement les
quatre pieds, & en préparent ainfi la chute. Plu^
fieurs hommes poftés au côté oppofé,. c’eft-à-dire
fur le lit meme , 1 un a la tête , d’autres à l ’enr-
colurè , au garot , & à la queue , l ’opèrent & 1 effectuent. Il eft certain que fi elle n’étoit due
qu a l effort fobit de ceux qui font chargés de
réunir peu à peu les quatre extrémités, elle ferait
très - dangereufe. C ’eft aux derniers à. tirer
1 animal a eux, après que les autres ont agi : fi
les ,uns & les autres agiffoient enfemble ., il en
refulteroit inévitablement un ébranlement funefte
dans toute la machine. Dès que le cheval eft à
bas ,, l ’effentiel, eft .fferr fixer la tête'à terre , de
maniéré qu’il ne puiffe la relever 5 tel eft l ’office
d’un feul homme qui doit pefer &. s’appuyer
fortement fur la partie fupérieure de l ’encolure ou
for la tête même , fi le cheval eft fort & .vigoureux
; mais elle doit toujours être enveloppée
dune couverture & repofer for une bonne-quantité
de paille mife & glifféefous e lle , dans, la jufte
crainte que l’animal ne fe bleffe. On arrête' en- l
fuitie le lacs , en en paffant l ’extrémité -libre de I
dehors en dedans par - défions la réunion des quatre
anneaux des entravons, & la ramenant de dedans
en dehors dans l ’anfe formée alors par ce même
lacs : une poignée de paille placée dans cette anfe ,
forme un point d’appui fur lequel cette efpèce
de noeud eft fixe folidement & de- manière que
les quatre pieds demeurent réunis. Un feul homme
fuffit pour maintenir ce lacs pendant l ’opération.
On peut encore , fi l ’on a peu de monde , le
faire jjaffer fous le corps de ranimai, & le ramener
aux pieds-, où 'on l ’arrête fermement dans l ’anneau
de l ’un des entravons par-un noeud coulant,
ou bien on le fixe à un poteau ou à un anneau
placé à proxi mi t éa
Nous avons ^ dit que la partie malade devoff
etre a la portée de l ’opérateur ; quelques détails
a ce fujet le mettront à même de varier les differentes
maniérés de fixer les extrémités relativement
aux opérations qu’i l fo propofe de pratiquer.
Dans l’opération de la caftratîon, la réunion’des
quatre extrémités déroberoit à l ’opérateur les parties
for -lefquelies il doit travailler. On eft donc
contraint , après avoir dégagé un des pieds de
derrière de l ’èntravon , qui l ’uniffoit aux autres, de
l ’amener jufqu’à l ’épaule , pour mettre ces partie«
à découvert : on y maintient ce pied par le moyen
i d’une plate-longé qui, fixée dans le paturon,,
paffe par fon autre extrémité fous l'encolure , revient
par - deffus le garôt , faire un ou plufieurs
tours autour du canon , & eft maintenu par un*
aide ou arrêté par un noeud coulai^ autour d’êlle-
niême* ^.
Quand rl eft queftion d’appliquer le cautère
aiftuel fur une ou plufieurs jambes, on ne les met
pas autrement à la portée de la main de l ’artifte.
Ainfi , fi l ’on fe propofe de cautérifer un bipède-
diagonal , par exemple , on amène le pied de
l ’extrémité poftérieure-fur le bras du même coté,
& on l ’y fixe fermement ; lorfqu’i l s’a g it de la
jambe antérieure , on en-pdrte ou on en arrête le
pied fîir-la- jambe proprement dite de l ’extrémité'
poftérieure que l ’on vient de cautérifer, qui a été
rémife dans l’entravon & réunie aux autres après
l ’opération. Le fe.u appliqué ainfi à l ’une extérieurement
& à l ’autre intérieurement , & i ’extré-
mité antérieure remife auffi dans l ’entravon , on-
retourne l ’animal for le côté oppofé , & ,on opère
de nouveau, comme on vient de le faire, c’eft-à-
dire qu’on amène alors le pied de- l ’extrémité
antérieure for la jambe poftérieure dû même côté
& le pied de l ’extrémité poftérieure-fur le bras
de l’extrémité antérieure , formant alors avec.celle-ci
le bipède diagonaal.
Lorfqu’i l s’agit d’opérer une feime , un javart
encorné,. & c , on a l ’attention R'abbatre l ’animal
,du côté oppofé au mal, afin que , placé^au-deffus
il foit à la portée de la main. S i ,, par exemple-^
un javart occupe le quartier interne du pied- de
derrière du côté gauche , on l ’abat fur ce côté ,
& on amène le pied malade diagonalement for
le bras de l’extrémité antérieure droite , comme
nous venons de le dire pour la cautérifation ; fi
au Contraire il eft placé fur le quartier externe
de ce même pied , on abat l’animal du côté droit,
Sc on amène le pied fur le bras de l ’extrémité
antérieure du même côté. Pour faciliter la pro-
greflion de l ’extrémité fur celle à laquelle elle
doit être fixée, ceux qui font chargés de maintenir
le lacs fe portent en le tirant fermement &
en fe rapprochant de la ligne du corps de l ’anim
a l, du côté oppofé à celui où les autres aides
dirigent l ’extrémité à opérer. Ils fe maintiennent
dans cette fituation jufqu’à ce qu’elle foit fixée &
même pendant l ’opération, s’il eft nèceffaire. Dans
tous ces cas, i l faut faire attention que la plate-
longe foit placée affez bas à la partie inférieure
de l’encolure pour ne pas comprimer la trachée
artère , gêner la refpiration , & peut-être fuffo-
quer le malade. Sa. forme large & plate doit la
faire préférer aux lacs proprement dits, que plufieurs
employent indiftin&ement.
Il eft encore quelques règles générales à fuivre
pour débarrafler l’animal de fes liens , qu’il feroit
imprudent d’enfreindre , & que nous allons
tracer ici.
Lorfque l ’opération eft finie , celui ou ceux
qui tiennent le lacs l ’abandonnent. On déboucle
o abord les entravons des extrémités placées inférieurement
, la liberté du mouvement de, ces extrémités
étant gênée par le poids du corps, l ’animal
ne peut s’en défendre & bleffer ceux qui l’entourent.
On paffe enfuite. & à la fois à ceux des
extrémités placées fupérieurement,. on retire les
quatre entravons, qui de'cette manière reftent toujours
arrêtés enfemble par le lacs : fi une des extrémités
a été fixée particulièrement avec la plate-
longe ,. on faifit cet inftant pour la dégager. Alors
celui qui a maintenu la tête, aide l ’animal à fe
relever ; pour cet effet, il le foutient avec le licol
ou le bridon, en fé portant du côté oppofé à celui
for lequel il eft couché & en ramenant la tête
& l ’encolure du côté du corps : cette efpèce de
point d’appui eft d’autant plus nèceffaire , que
Ibuvent les jambes étant engourdies par la fituation
gênante où elles ont refté pendant l ’opération ,
les premiers mouvements qu’il fait font impuif-
fants , & la tête, fans cette précaution , peut retomber
& heurter le terrein avec plus ou moins
de violence. Lorfqu’i l eft relevé , on ôte la couture
, on le carefie , on lui parle ,, on le bouchonne
, s’i l en a befoin , <5v , &e.
I l eft indifpenfable de ne pas abattre un animal
lorfqu’on foupçonne que leftomae & les ir.teftins
font farcis d’aliments ,, ou immédiatement après
avoir mangé; la commotion qui réfolte de la chiite ,
la gene dans laquelle fe. trouvent les vifoères du
tas-ventre, par la réunion des extrémités, les
^ffoçts violents qu’il fait pour. fe. débarrafler, la
douleur de l ’opération , , peuvent fofoiter des
tranchées plus ou moins violentes, l’inflammation
des intèftins , & quelquefois J a rupture "du ventricule
ou du diaphragme. (Nous entrerons dans
les détails de ce qu’il eft nèceffaire de faire pour
prévenir ces accidents , en parlant des précautions
qui doivent précéder & fuivre les opérations.)
(M . H ü Z A R D . ) '
A b a t t r e v ün c h e v a l . Art vétérinaire.
C’eft encore une expreflion confacree dans les
foflfes vétérinaires , pour fignifier üaétion de le
tuer. Il eft deux manières de Y abattre. Dans la
première , on lui plonge un couteau au poitrail,
vers le haut de l ’elpace que laiffent entre elles les
'deux premières côtes , le dos de. la lame tourné
en demis , on le ramène en agrandiflant l ’incifion
inférieurement ; on coupe de cette manière l ’aorte
& la veine cave antérieure. La prefteffe du coup
eft telle quelquefois, parmi les gens habitués à cet
exercice ,■ que la lame du couteau n’eft même pas
enfanglantee. Les flots de fang qui jailliffent auffi-
tô t , laiffent à peine l’animal for pied quelques
minutes ; il chancèle & tombe. Il arrive affez
conftamment que dans cet inftant il hennit avec
plus ou. moins de force & à plufieurs reprifes,
même après être tombé. Nous croyons devoir affiner
ici que le préjugé affez général où l ’on eft
que les chevaux pouffent for l ’inftrument qui doit
les percer, & vont , pour ainfi dire , au devant
du coup_, eft abfolument faux : fi au lieu dé
le faire entrer aufll précipitamment,. on alloit par
gradation, on les verroit fe reculer & s’y fouf-
;traire, comme lorfqu’ils font piqués par les éperons
ou par tout autre corps. On remarque dans
certains chevaux une horripilation très - fenfiblc
dans ce moment, & quelques autres reculent avec
vivacité., même avec effroi , auffi-tôt que le fang
jaillit. La deuxième manière Rabattre eft encore
plus expéditive. Un homme armé d’une maffe
dont la bouche, plus étroite que celle des bouchers,
forme un tranchant obtus, placé en face de l’animal1
, lui en décharge un coup fec entre les deux
oreilles , à la partie fupérieure des pariétaux , près
l’occipital ; il eft atterré fur le champ , & à
peine fait • il quelques légers mouvements. Il y
a une autre manière Rabattre les chevaux ; elle
eonfifte à plonger un ftilet à la nuque, de façon
que la pointe du poignard pénètre dans la moelle
epinière, entre la première vertèbre du col & le
grand trou de l ’os occipital. \Voye\ M o r v e .
( M. H ü Z AR D. ). '
A b a t t r e l’e a u. Art vétérinaire. Lorsqu’un
animal revient du travail couvert de fueur,
qu’elle lui ruiffèle de toutes les parties du corps ,
& forme une écume abondante aux endroits qui
ont' effuyé le frottement des harneis , il feroit
dangereux de le laiffer expofé à l’action de l ’air.
Quelle que foit la température de ce dernier, elle