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contenue dans l ’acide nitrique. Pour le gaz nitreux,
i l appartient tout entier a cet acide dont prefque
tout l ’oxygène a paffé dans l ’acide oxalique &
dans l ’acide carbonique. Ain fi des deux principes
qui fe réparent pendant i’aârion de l ’acide nitrique
fur la fubftance muqueufe, il n y a que le principe
du charbon qui puifïe.appartenir à cette fubf-
tance.
La bafe de l ’acide facchar-iu ou oxalique eft donc
unie dans les fubftances muqueufes végétales au
principe' du charbon ( au carbone. )
L ’analyfe des gelées animales , c’eft-à-dire , des
fubftances animales les plus analogues aux fubftances
muqueufes végétales , offre les mêmes produits;
mais outre cela il fe dégage dans le commencement
de l ’analyfe un peu de mofette ou
ga\ argotique , dont par conféquent la bafe eft
contenue dans les gelées animales, & y eft combinée
au principe du charbon & à la bafe de l ’acide
oxalique.
Phénomènes de Vanalyfe des fubftances animales
alcalefcenfes & de la fubftance végétoa
ni male par Vacide nitrique.
Dans les fubftances animales alcalefcenfes, c’eft-
à-dire , dans toutes les-fübftànces de la nature de
la fibre mufculeufe & de la partie fibreufe du fang,
la première fubftance qui fe dégage eft la mofette
ou l’air phlogiftiqué de M. Prieftley ( le ga\ agote. )
Cette mofette eft unie à plus ou moins de gaz
acide crayeux ( ga\ acide carbonique ) , & en
même temps il fe fépare de la liqueur une matière
graffe concrète donc on a déjà parlé. Après
ce dégagement, l’acide faccharin {Vacide o xalique')
n’ eft point encore formé, la fubftance animale
n’éft encore que difïoute dans l ’acide nitrique qu’on
pourroit en iéparer en le neutralifant par un alcali
fixe. Cet état d’inaétion eft un phénomène
particulier aux fubftances animales , & qu’on ne
remarque pas dans l ’analyfe dès fubftances muqueufes
végétales. Un léger degré de chaleur fait ceffer
cette ina&ion; il fe fait alors une effervefcence ;
le gaz nitreux fe dégage , & l’apide oxalique fe
forme comme dans l ’analyfe végétale. Mais il
refte un réfidu qui ? fi l ’on en fépare tout l ’acide
formé, fe trouve être du phofphate calcaire avec
excès d’acide phofphorique. C’eft probablement
cet acide phofphorique & ce phofphate calcaire,
inaltérables l ’un & l ’autre par l ’acide nitrique , qui
retardoient fon a&ion fur la fubftance qui aoit former
l ’acide oxalique.
L ’analyfe de la fubftance végéto-animale eft ab-
folument la même dans tous les points, & n’en
diffère que par les proportions ; parce que le dégagement
de gaz azote, la matière graffe concrète
, & le rendu falin phofphorique font moins
confîdérables que dans les vraies fubftances animales
, c’eft-à-dire, dans la fibre animale & la
fubftance fibreufe du fang.
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Différence des phénomènes de ces deux ànalyfes,
& différence phyft que des fubftances animales
& végétales.
Ces dernières fubftances donnent donc, ainfi que
les premières, du gaz ' acide crayeux ( ga^ acide
carbonique ) , & la formation de l ’acide oxalique
y eft accompagée, comme dans les autres , d’un
dégagement de gaz nitreux proportionnel à la
quantité d’acide qui fe forme. Mais leur analyfe
en diffère en plufieurs points.
i° . L ’a&ion de ,1’acide nitrique s’y fait en deux
temps bien marqués, par la fufpenfîon qu’éprouve
l ’aftion de cet acide avant de former l ’acide oxalique.
z°. C ’eft dans le premier temps que fe dé-
ga le-gai acide carbonique , & il fe dégage
en quantité moindre que daqs l ’anâiyfe des premières
fubftances. 3 °. C’eft aufli dans ce premier
temps què fe dégage la mofette ( le ga\ a^otê)
qu’on ne retire point des fubftances muqueufes végétales
, & qu’on ne retire qu’en très-petite quantité
des fubftances animales gélatineufes. 40. C ’eft
encore dans ce premier temps que fe fépare la
matière graffe concrète qui ne paroît pas dans la
première analyfe. 50. C ’eft dans le fécond temps
au Contraire , que fe dégage le gaz nitreux par
la formation de l ’acide oxalique, & cette formation
a befoin d’ être aidée par une augmentation
de chaleur. 6°. I l refte un réfidu que ne donnent
point les fubftances muqueufes végétales , & qui
ne.fe retrouve qu’en très-petite quantité dans les
fubftances animales gélatineufes; ce réfidu eft 1 acide
phofphorique & le phofphate calcaire.
Il réfulte de là que les fubftances animales en général
font plus compofées que les fubftances végétales ;
& d’abord , en comparant les fubftances des deux règnes
dont l’analyfe a le plus d’analogie , les gelées
animales ont de plus que les fubftances muqueufes végétales
la combinaifon d’une certaine proportion de
la bafe de, la mofette ou d'azote ; enfui te la matière
fibreufe animale, comparée à la matière glutineufe
végétale, eft au moins combinée à une plus grande
proportion des principes qui caraétérifent leur analyfe
commune : enfin les fubftances qui font ca-
raétérifées par la fécondé analyfe , & que les chi-
miftes ont appelées animales par excellence, font
évidemment beaucoup plus compofées que les
fubftances appelées effëntiellement végétales , qui
font les fubftances muqueufes fermeïitefcibles, ca-
ra&érifées par la première analyfe. Eh effet, la
bafe de l ’acide oxalique , qui eft commune aux unes
& aux autres, & qui dans les matières muqueufes
végétales ne paroît combinée qu’avec le feul
principe du charbon , eft combinée dans les matières
animales, i° .à une quantité de principe d*
charbon ( de carbone ) , moindre à la vérité èn général
que dans les matières végétale?; r°. à la bafe
de la mofette - ( Va\ote ) , & c eft là leur principale
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différence ; 3°. à unè matière graffe concrète d?une
nature particulière ; 40. à dei’acide phofphorique &
du phofphate calcaire.
Nature chimique de la bafe de Vacide oxalique
commune aux , deux analyfes.
Si l ’on pouffe les recherches plus loin , &.qu’on
veuille' ànalyfer cette bafe de .l’acide oxalique
commune aux fubftances végétales & animale? , il
paroîtra, fuivant ce qu’ont annoncé MM. Layoi-
fier,. de Morveau , & c ., quelle fe réfout en deux
fubftances ; i ’une eft la bafe du gaz inflammable
( Vhydrogène ) ,; l ’autre, eft le principe du charbon
(te .carbone). M.. de Morveau regarde l’union de ;
ces deux fubftances • comme formant une huile.
M. Lavoifier croit que Ces principes ne font point
dans la bafe de "l’acide' oxalique fous forme hui-
leufe, mais qu’ils y font unis l’un & l ’autre a.
une certaine quahticé de la bafe de l ’air vital
( d’oxygène ) , infuffifante pour les acidifier, &
qui en fait, félon fon expreflion, un double oxide,,
une combinaifon ternaire, compofée d’oxygène,
d’hydrogène , & de carbone. > Que cette combinaifon
ne fe change en huile que quand l’équilibre
des proportions eft rompu de manière à ën feparcr
la bafe de l ’air vital ( /’oxygène-)', & à 'donner naif-
fance à l ’huile, qui n’eft qu’une combinaifon binaire
/formée par l ’uni on de la bafe du gaz inflammable
( de Vhydrogène ) avec le principe du charbon
(le carbone).' "•
Mais la manière la plus connue dont1 la côm-
binaifon de cette bàfë oxalique -fe- rompt eft celle
qui a lieu dans, les.diftiilations 'ordinaires , 011 cette
fubftance, 'dans les analyfes végétales ,- fe partage
en huile âcre,, en gaz inflammable charbonné, &
en acide huileux. Cet acide', quand il eft féparé
de fon huile l&'analyfe , finit par-fe changer en
acide carbonique pur. Ce qui fe comprend aifément
d’après là compofitio'n connue :de là bafe oxalique ;
& dans les matières animales, la combinaifon de
la bafe de la mof#S| avec l e gaZ' inflammable ,
donne nàiffance à l ’alcali volatil .( l’ ammoniaque ) ,
qui, combiné à l ’acide carbonique & à l ’huile ,
donne un fel ammoniacal huileux, ou carbonaie
•ammoniacal chargé d’huile.
Au refte , cette bafe prife à part eft abfolument
la même , & compoiée des mêmes principes dans
les fubftances animales & végétales.
Transformation des fubftances Végétales en fub ftances
animales.
Quels que foient donc la nature & l ’état de
cette-bafe ; commune r des ? corps nutritifs , comme
elle exifte également dans les. fubftances végétales
& dan’s les fubftances animales-,s quelle y èxifte
combinée avec: difféïexites proportions: du principe
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du charbon ; que d’ailleurs les fubftances végétales
ont prefque toutes , même pour lés qualités extérieures;
leurs analogues dans les fubftances-animales,
il eft évident que celles-ci ne font autre chofe qu’une
combinaifon des fubftances végétales avec de nouveaux
principes. En conféquence, on paroît1 en
droit de conclure que la transformation des fubfe
tancesi .végétales en fubftances animales , ou i’ani-
malijation , qui eft le produit de la nutrition ,
confifte en ce que les fubftances végétales , en perdant
une portion,> de leur principe charbonneux,
s’nniffent avec la bafe de la mofette \ ( ïa \o te ) , &
qu’il s’y forme, >on ne fait pas encore comment,
une huile concrète analogue au blanc de baleine,
du pholphore, & des fels phofphoriques.
Nuancés différentes & différentes proportions
quèpréfentent les cçmbinaifohs principales de's
fubjtances yégétales & animales'..'
Cette transformation a des nuances ,; & ces
nuançès paroiffent confifter Uniquement dans la proportion
des partiesi Ceci,donne naturellement naif-
fance à un certain nombre de réflexions qui font
comme ; les ■ corollaires de ce qui a été dit précédemment.
i° . Les analyfes dont nous venons de donner
l ’idée abrégée , -né comprennent qu’une partie des
fubftances communes aux deux'règnes', & par conféquent
ne forment pas encore le complément des,
nuances qui mènent dë l’un à l’autre.
2°. La. véritable différence entre les huiles végétales'
animales n’eft pas encore déterminée, &
nous nfe pouvons par conféquent pas1 dire en quoi
confiftè ï ’ânimalifation dans cette forte de fubftânce.
30. Il n’y a pas non plus de travaux affez fuivis
fur la fubftance èxtraélive favonneufe, tant végétale
qu’animale. Et malgré l’importance de cette
matière, nous ne poiivons rien avàncèr quifoit.bien
démontré par rexpériencè.|
4°. ,Un des objets;qui méi;itoient le plus Éa.tten-
tion des çhimiftes, mais qui ,a, échappé j.ufqu’ici
à toutes leufs: ; Recherches',- eft la différence des
parties volatiles & aromatiques des végétaux ,&
des animaux -ainfi que -celle d’une partie de leurs
principes actifs , & de leurs principes vénéneux, loit
ftupéfians, foit irritans , foit corrofifs. Ce feroit un
des,,points .les plus effentiels.à .connoître dans les
phénomènes deTanimalifation.
5°. Néanmoins pe que -nous a„vons acquis de
cohnoiffances fur la glu parades, fubftances. nutritives
', c’eft-à-dire,, fur les fubftances Fermentefci-
bles ou, putrefcibles des deux règnes , ou en général
fur celles qui ont .pour bafe la bafe de l’acide
oxalique,, forme un enfemble confidérable & un
i point important & principal dans l’étude de l ’éco-
i no mie, comparée , végétale-& animale.
;é:°. I l paroît, d’après ces connoiffançes, qns