
attend les mêmes effets de la verbijîna germa-
nica. ( V . JD.)'
A C É P H A L E , JPhyf. méd. On donne ce
nom aux animaux qui naiffent fans tête ; je ne parlerai
pas dans cet article d'une claffe d’infeéles qu’on
fait être ainfi organifés. Mon objet eff de con-
filérer quelles font les différences qu’on obferve
dans les monftres qui apportent en naiffant ce
vice de conformation , quoique d’une etpèce qui ne
manque jamais de tête dans iordre naturel : je m’occuperai
iur-tout des particularités qu’on a recueillies
fur les enfans monftrueux, j’indiquerai aufli ,
lôus le nom d’acéphale, les foetus nés fans cerveau
, foit qu’ils aient ou non r en naiffant ,
quelques parties de la tête , comme la bafe
du crâne bien ou mal formée, & une partie de
face plus ou moins confié érable.
Il paroit , d’après les recherches de quelques
anatomiftes célèbres, tels que Bonet, Valfalva ,
& Morgagni, que cette ftru&ure défeélueufe eft. de
deux elpèces ; i’une comprend les foetus dont le
cerveau a été déforganifé pendant la groffeffe ( &
Morgagni eft porté à croire que c’eft la feule qui
exifte) ron range dans l ’autre elpèce ceux qui,
outre l.abfence du cerveau , ont encore les os
de la tete & ceux de la colonne épinière mal
configurés.
Valfalva dit qu’une femme avoit eu des enfans
des deux fexès, les uns & les autres parfaitement
bien portans : elle mit au monde deux filles, toutes
deux lourdes j 1 une avoit vécu peu d’années j mais
fa foeur avoit treize anslorfque la mère devint ëncore ..
groffe : elle eut des chagrins continués" pendant
tout le temps de la geftation. En comparant les
mouvemens de 1 enfant qu’elle portoit, avec eè-ux
des précedens , elle les trouvoit à peine fenfibles $
elle crut merr.e, vers la fin de là groffeffe , que
le foetus etoit mort. Cependant elle mit au monde
une petite fille d’un alpeét hideux , & dont le
haut du corps reflembloit à un crapaud. Cet enfant
n avoit point de cou ; Ion menton étoit appuyé
fur le milieu de la poitrine , à peine éloigné d’un
travers de doigt du cartilage xiphoïde 5 les yeux
etoient bien faits ; mais les oreilles , plus baffes
qu elles ne doivent être, touchoient aux épaules.
L a bouche étoit ouverte , ’.la partie fupérieure du
nez raanquoit abfolument, ainfi que le front. Je
pafferai fous filence les autres vices de conformation
', pour me reftreindre ici aux particularités
relatives à la ftru&ure de la tête.
On trouva , dans cette dernière partie , une con-
fufion d’organes impoffible à décrire 5 les os du
crâne , & la cavité qui réfulte de leur affemblage,
manquoient abfolument : on reconnut feulement
des- portions offeufes d’une forme monftrueufe, les
unes petites, & les autres plus grandes, confufément
mêlées avec des fubftances charnues qui fe fer-
voient mutuellement d’adhérence. Il n’y avoit point
flç cerveau j on apperçut des petits corps qui
avoient allez de reffemblance aux quatre éminences
connues fous le nom de nates & teftes : cette reffemblance
, au refte , n’étoit qu’extérieure ; car
leur ftraCture n’avoit rien de commun avec ces
parties ; elles repréfentoient à l ’intérieur un tiffu
dune nature intermédiaire entre les organes fpon-
gieux & glanduleux. Si cette petite hile eût eu
un cerveau , elle auroit vécu1 ; mais elle auroit
été fourde comme fes fceurs, parce que l ’ouverture
qui donne paffage aux nerfs qui fe rendent
â l ’oreille , étoit entièrement fermée par une membrane
très- folide, en forte qu’il étoit impoffible
que le plus petit filet pût s’y itiférer. On né
trouva pas non plus l ’origine des nerfs ni la moelle
épinière , quoique le bas-ventre , la poitrine , &
les extrémités fuffent .pourvus des nerfs qu’on y
rencontre ordinairement. Les nerfs cruraux étoient
d’un volume très - confidérable 5 mais en fuivant
leur trajet vers la colonne épinière , on les trou»
voit très-grêles , & ils s’aminciffoient a proportion
qu’ils fe rapprochoient des vertèbres, dans lef-
quelles ils paroiffoient s’implanter, quoiqu’on n’ap-
perçût point de moelle épinière dans ces os , &
pas même de cavité pour la contenir.
Morgagni çite l ’exemple d’un foetus qui étoit
né .fans cerveau & fans moelle épinière. La colonne
vertébrale étoit mal conformée , tant par
rapport à la fituation des os les uns avec les autres
, que relativement à la configuration de chacun
d’eux. Ambroife Paré confervoit la figure d’une
petite fille née fans tête : comme cet enfant n’a
point été Ouvert , il eft impoffible de connoître
la conformation des parties internes. Si on en juge
par. la figure qu’il en a. donnée , on croit recon-
noître * fur l ’extrémité des épaules, deux éminences
qui forment les oreilles. Le cou manque entièrér
ment j on ne voit à fa place qu’une très-petite protubérance
: du reftè le corps , vu par-devant, eft
très-bien- formé ; mais vu par-derrière , les éminences
qui font fur les épaules préfentent chacune
une cavité qui eft probablement celle de, l ’oréille.
Au 'milieu du dos , il y .a, un appendice percé
par fort extrémité, qui parôît avoir quelque reffemblance
avec un nez ; au-deffus, & dé chaqUè
côté, un oeil affez mal fait. Cette conformation
vicieufe n’eft-t-elle qu’un déplacement ? le cerveau
eft-il logé à la place des vertèbres dorfales ?
les parties de la tête font-elles contenues dans la
poitrine? C’eft.ce qu’on ne peut pas décider, puisque
ce monftre n’a pas été ouvert.
.La fécondé efpèce d’acéphale mérite aufli d’être
examinée avec foin : je parie des enfans qui naiffent
fans cerveau, & dont l ’intérieur de la tête
préfente les tracés d’une maladie qui a détruit ce
vifcère.
Une petite fille mourût un inftant après fk
naîffance j fon corps étoit bien conformé , & de la
grandeur convenable ; le deffus de la tête étoit
très-déprimé: on enleva les tégu mens auxquels ad-
héroit fortement fine membrane très-épaiffe j on ne
trouva
trouva point de cerveau ni de cavité propre à le
Contenir. On apperçut feulement une véfîcule placée
à la partie antérieure de la bafe du crâne, & qui
ne contenoit qu’une férofité jaune j derrière cette
Véficüle , & tout à fait ifôlée, une autre partie
qui occupoit le fiége de la moelle alongée, &
qui étoit-du Volume d’un noyau d’amande : peut-
être tènoit-elle lieu du Cervelet.
• Morgagni penfe que cet état tiroit fa fource
d’un hydrocéphale qui avoit confirmé la fubftance
du cerveau ; il appuie cette conjeélure des remarques
fuivantes : c’eft qu’il reftoit encore quelques
portions d’eau , & que la maffe la plus volumi-
■ neufe avoit. pu s’écouler par des ouvertures particulières.
On jugé d’avance qu’il étoit éffentiel
de défîgrfer cès ouvertures , & a’en conftater l ’exif-
tence. Morgagni croit donner à fa doélrine un caractère
de vérité, en citant l’obfervation d’un enfant
dont le cerveau avoit fait hernie par une ouverture
faite dans l ’os occipital. Le péricrâne s’étoit
alongé, & contenoit toute la fubftance cérébrale.
On conçoit aifément, ajoute cet auteur , que les
membranes, chargées d'un poids confidérable , ont
pu fe rompre & laiffer échapper tout ce qu’elles
xenfermoiênt. On ne peut pas défavouer que l ’hydrocéphale
n’ait quelquefois détruit prefque entièrement
le cerveau de quelques' fujets déjà avancés
en âge ; & on -.comprend que le même accident
doit être aufli l ’effet d’une femblable maladie ,
quand elle attaquera le foetus : mais il paroît que
Morgagni a donné trop d’extenfion à cette propou-'
lion. Quoi qu’il en foit, le nombre de foetus qui
11e préfentoient à leur naiffance qu’une maffe d’hy-
datides, au lieu de cerveau , donne un degré de
certitude aux conjectures de ce médecin. On ne
doute pas non plus qu’une férofité amaffée dans
le crâne, de quelque partie qu’elle ait tiré fa
fource , ne puiffe empêcher l ’accroiffement du
cerveau, ou le détruire complètement s’il avoit
déjà acquis un certain volume. Les eaux , amaf-
fées dans l ’hydrocéphale , empêcheront donc aufli
le développement des os du crâne , en forte que
leur formation paroîtra interrompue dans fon commencement.
Cette déforganifation n’eft pas bornée
à la boîte offeufe qui environne le cerveau. La
preffion , exercée pat l’amas d’eau contenu dans la
tête , mettra aufli obilacle au développement des
•os de la face g en forte que la tête fera prolongée
en largeur , fans avoir la hauteur convenable.
Morcrnagni confervoit dans fon cabinet lé fque-
lette d un foetus mort d’hydrocéphale dans lé fein
de fa mere : la tête forrnoit une capacité au moins
trois fois plus eténdue que celle d’un enfant de
neuf mois , tandis que les os du refte du corps ne
paroiffoient pas avoir acquis les dimenfions de ceux
.des foetus de le.pt mojis. Sans mefurer la hauteur de
la tête , le refte du corps n’étoit pas de la hauteur
ft’un enfant de cinq mois. ,
Quand pu a trouvé les relies d'une férofité amaffée
M é d e c iu z < W f ê ’ h
dans le crâne, & qu’une portion de celte eau a
féjournédans la cavité de la colonne épinière,dont
elle a détruit la moelle après avoir conlumé le cerveau
, on ne peut pas révoquer en doute que le
défaut d’organifation de la tête ne foit dû à
la maladie du foetus : ce fera donc cette efpèce
d acéphales., qui ne feront devenus tels que par
accident. Quoique Morgagni , comme je l ’ai déjà
dit plus haut, foit très-porté à croire que les autres
leur reffemblent, & que leur imperfection
organique dépend des mêmes caufes , je ne fuis
pas du même avis. Pour que cette propofition fut
généralement vraie , i l auroit fallu donner des
preuves de l ’exiftence de l ’hydrocéphale dans tous
les fujets acéphales : or lien n’eft fi peu prouvé '
que cette affertion ; d’ailleurs la différence de ftr.uc-
ture qu’on a remarquée dans la colonne vertébrale
de quelques foetus-, dans laquelle on ne trouvoit
aucune trace de la cavité qui contient ordinairement
la moelle alongée , prouve que , dans les
premiers temps de. i ’organifation du foetus , i l y
avoit déjà un vice d’organifalion très-défeélueufe,
qu’on ne peut pas imputer aux maladies du cerveau
$ car la moelle alongée auroit été créée
gavant la deftruétion de ce vifcère , & par confisquent
la cavité dans laquelle elle étoit renfermée
, auroit fubfîfté après la formation des ,dé-
fordres de la tête. Morgagni a bien fenti la force
de ces obfervations, en convenant qu’il ne s’étoi,t
pas ditpenfé de rendre compte de ces phénomènes,
quoiqu’ils détruififfent fon iyftème : on a vu aufli
plus haut qu’il eft obligé d’avoir recours à des
fuppofitions multipliées , pour donner à fon opinion
toute la vraifemblance qu’i l vouloit y trouver lui-
înême.
L ’obfervation rapportée par Ambroife Paré
ne laiffe point de doute fur l ’exiftence des, vrais
acéphales , c’eft-à-dire , des foetus qui naiffent fans
tête , malgré qu’on ne puiffe rencontrer aucune
fuite d’hydrocéphale. On a d’autres exemples encore
plus pofitifs de cette imperfection, dans- des
auteurs célèbres j car on ne trouve point dans les
foetus dont ils flous ont laiffé la defeription, cette
apparence de nez & d’yeux qu’on obfervoif au dos
de l’enfant deifiné dans les ouvrages de Paré. Je
ne crois pas non plus qu’011 puiffe attribuer à l ’hydrocéphale
l’abfence des vertèbres cervicales dans
les foetus qui n’avoient point une tête marquée,
ou dans ceux qui, apportant cette partie en naiffant
, l ’avoient entièrement défigurée , petite, &
fans cavité propre à.contenir le cerveau, malgré
qu’il ne fubfill.ât aucun veftige. d’hydrocéphale.
’ Je n’ai pas cru devoir multiplier les exemples
qui. tendent à confirmer mon fenliment fur les deux
efpèces d’acéphales dont j’ai donné l ’hiftoire ; les
obfervations que j’ai rapportées fuffifent , ce me
femble , pour donner à cette doClrine Je caraClère
de vérité dont elle eft fufceptible. Je conclus , d’après
les foits cités ci deffus , qu’il exifte deux fortes
a acéphales } lès uns formés fans tête ou fans