
{buffle plus conftamment le vent du fud , qui vient
du Salira, & q u i, dans toute l’étendue de cette
région , porte , lorfqu’il fouffle , l ’ardeur la plus
incommode & la plus trifte féchereffe. J’ai déjà
remarqué que les rivières qui arrofent la quatrième
région, fortant toutes du mont Atlas , &
ayant par conféquent leurs fources beaucoup en
deçà du tropique, n’inondent point la Barbarie par
des débordemens réguliers ", comme l'Egypte; que
ce pays n’a de greffes eaux que par la fonte des
neiges au printems, & par des pluies abondantes
en automne, & que ces débordemens ne font que
momentanés. J’ai parlé d’un limon 'femblable à
celui du N i l , que roule le Mejerdah , fleuve qui
coule du royaume d’Alger dans celui de Tunis j
& des accroiffemens qu’a pris la côte vers fon
embouchure , femblables aux atterriffemens qui ont.
formé en Egypte le Delta , à l ’embouchure.du Nil.
j ’ajouterai ici que la plus grande partie du ter-
rein qui forme le baliîn dè Barbarie , eft fertile
depuis le royaume de Tunis jufqu’à l ’extrémité occidentale
de ce baffin ; que lés ; montagnes y font
couvertesJie pâturages, & que les; plaines, quand
elles font arrofées , y rapportent beaucoup, & rap-
porteroient davantage fi elles étoient mieux cultivées.
Cependant , du côté de Tripoli & dans toute
cette partie qui joint l ’Egypte, le terrein eft bien
moins riche , fi ce n’ èft très-près de la mer. Les
montagnes y font séchés & arides , comme celles
d’Egypte , dont elles font voifines> En général , le
fond du terrein en Barbarie eft fabionneux de
ce côté; mais dans les endroits où les montagnes
joignent davantage la. côte, il eft crayeux ,
comme on le voit dans, une. partie de la côte de
Tunis, dans celle de Bizerte , au cap Serra &• au
cap Blanc ( Vqye\ Sh aw). 'Or i l faut fe fouve-
nir que les montagnes de Barbarie font une çon^
tinuation des montagnes occidentales de l ’Egypte ,
dont la bafe eft de même calcaire.
D’après cela, -i l eft aifé de fcntir qu’i l faut né-
çeffairement faire plufieurs divifions. dans la feule
région de Barbarie ; il faut d’abord la djvifer, félon
fa longueur, en deux parties.. L ’une plus éloignée
de la mer , plus élevée , plus njontagneufe, qui
forme les fommets de l’Atlas ; i’aatre , plus baffe,
plus voifine de la mer, parfemée à la vérité de
quelques montagnes, mais moins hautes, R entre
lefquelles font des étendues confidérables de pays
plats , comme les vaftes plaines de Metijah. dans
fefquelles eft ‘bâtie Alger, Cette partie eft necef-
fairement plus chaude ; l’autre offre un climat
beaucoup plus froid, & dont les habitans naturels
font blancs , tandis que les habitans de la partie
baffe, font bafanés, quoique d’ailleurs leurs femmes
& leurs enfans foient , à ce qu’on dit , .du plus
beau fang & de la plus belle couleur. On peut
encore, dans un autre feus, divifer.la Barbarie en
trois parts, d’orient en occident. L ’une s’étend de
l ’Egypte au royaume de Tunis , dans toute l ’étendue
du golfe que les anciens appeloient Sinus
jyniqiSo C’eft la partie la plus aride : elle coin?
munique avec la partie maritime occidentale St
fabLonneufe de l ’Egypte. Cette partie de la Barbarie
eft , plus fréquemment que les autres, ex-
pofée aux ravages de la pefte. La fécondé divi-
lion feroit renfermée entre la côte de Tunis & la
pointe de Ceuta, vis-rà-vis Gibraltar : c’eft la portion
de cette région la plus arrofée , la plus fert
i l e , -& la plus heureule. Enfin la trorfiéme Sc
la plus, occidentale eft c'elle qui efK baignée par
l ’Océan dèpuis Ceuta jufqu’au cap Bojador. L ’extrémité.
de cette partie , entre le cap Non & le
cap Bojador, eft aride, fabionneulè , & eft.ordinairement
jointe par les géographes au Sahra ou
au Bilédulgérid.
Du capJJojador, ou même , fi l ’on veut, du cap
Non (car l ’extrémité de l’Atlas, peut avoir à. peu
près cette étendue!), c’eft-à-dire , environ du vingt-
fixième ou du vingt neuvième degré de latitude
Nord , au cap Tagrin , ou à l’extrémité de la Sierra
Léona ou montagne des Lions, vers le neuvième
degré , s’étend le troijième baffin. Ce baffin
contient un vafte pays fermé au. np.rjd par l ’extrémité
de l ’Atlas , au fud par la montagne-des
Lions, &, qui ne feroit par conféquent- qu’une'
région, fi, coupé en deux par le fleuve du-Séné—-
g a i , il n’offroit des .deux côtés, de ce fleuve des
contrées aufli différentes l’une de l ’autre par la
nature .de leur f o l , que par la figure & lés. mçeurs
de leurs habitans.
Au deffus du Sénégal eft un pays aride, fa -
blonneux , inculte , rempli de forêts de gommiers ,
peu- connu des européens , qui fe font contentés
d’établir fur les côtes un petit nombre de comptoirs
; maintenant abandonnés, qui fervoient d’entrepôt
pour le commerce de la gomme. Ce pays,
prefque inâcceffible, eft réuni au Sahra par les
géographes; mais il en eft féparé , fuivant M«
Buache , par la chaîne qui s’étend du mont Atlas
au Sierra, Léona , .& contient le défert appelé
Zanaga-. Il eft à peine habité par des peuples écrans.
de la.race des Arabes, La féchereffe y eft
exeeflive ; la rivière d’Ouro. ou d’Or & celle de
Saint-Jean, dont on connoit tout au plus les embouchures,
font prefque les feules qui coulent dans
ces contrées condamnées à une éternelle ftérilité.
T e lle eft la cinquième région,
6. Le Sénégal -forme , vers le feizième & lç
dix-feptième degré de latitude nord:, la limite fep-
tentrionale d’un ' pays plus fortuné, renfermé, dans
le même baffin que - la; région précédente ,- ponimé
par les géographes- Guinée feptentrionale ; &
qui , quoiqu- entièrement fabionneux , fur - tout
vers les côtes , & brûlé de même par le foleil le
plus ardent, eft. arrofé périodiquement, du mois
de juillet au mois d’oétobre, par les inondations
que caufent le Sénégal & la rivière de Gambie,
fleuves auffi préçieux a ce pays.que le Nil l ’eft
à l ’Egypte, L^époque de ces ,débordemens, & celle
des pluies abondantes qui tombent en,même temps j
fe rencontrent, comme je l’ai déjà dit , avec lç
tempç dç le plus ch^ud, celui du tetouï
du foleil vers l’équateur. C ’e'ft auffi vers ce temps
qùé les lacs fe rempliflent ;& tous.,, comme on
peut le' voir dans la carte Buache jointe au
voyage de M. Adanfon , fe deffèchent dans les
mois d’hiver; ce qui eft précifément le contraire
de ce qui arrive dans le Sahra , fitué hors des tropiques
, où les lacs afsèchent pendant l ’été, 8c
fe rèmpliffent pendant les mois d’hivefV En effet ,
ici les mois d été font la faifon des pluies. La
terre, brûlée Si defféchée avant ce temps, pâroît
fe renouveler entièrement alors ; elle fè couvre
de richeffes; & fans ce bienfait de la nature , eût-
elle été jamais habitée par des hommes ? Si' l’on
confulte encore la carte dreffée par M. Buache,
avec les obfervatioüs de M. Adanfon, on voit que
le ; fol du Sénégal , ou dé la Guinée feptentrionale
, fe divife en plufieurs bandes parallèles. Celle
qui règne1 le long de, la côte eft entièrement fa-
blonneufë , Sc prefque fans mélange ' d’aucune
pierre. A dix lieues environ du bord de la mer,
le fol toujours fabionneux devient mêlé d’argile ,
& forme une nouvelle bande qui , au nord &
dans la région, précédente , s’éloigne beaucoup
plus de' la mer ; en forte • que la première bande1,
purement fabionneufe, & d abord profonde de dix
lieués. feulement, 1 s’agrandit en cet endroit, & acquiert
une profondeur d’environ cinquante lieues vers
le cap Blanc. La fécondé bande , oft le fable eftmêlc
d’argile , eft repréfentée dans le Sénégal d’une
profondeur d’environ cinquante lieués ; en forte
que la troïfième bande argiieufe, montagneufe ,
& pierreufe , fe troüve commencer environ à foi-
xante lieues de la côte. G’eft dans cette dernière bande
que fe trouve le royaume & la ville de Galam ,
après laquelle on rencontre la première càtarââe
du Sénégal, au delà de laquelle on n’a pas pénétré.
La fécondé bande , ou le fable eft mêlé à
l ’argile , & dans laquelle eft fitué le ^comptoir
françois de Podor, eft plus riche & plus fertile
que la première qui eft entièrement fabionneufe;
mais par tout la chaleur eft excelfive. Le fable ;
exaârement brûlant , fait monter le thermomètre
^au-deffus de foixante degrés de la graduation de
^Réaümur , & à l ’ombre même , les variations dé
' la chaleur., dans le temps le plus chaud de l ’année
, ne font point au-deffous du vingt-deuxième
degré,,& s’étendent en juillet & en août jüfqu’aü
trente-quatrième. Mais ce qui caradlérife principalement
cette région , c’eft que , dans la partie
occidentale & feptentrionale de VAfrique , c’eft
la première qui tu>us offre cette race d’hommes
f i . différens de nous par la couleur & les traits
du vifage , qui , dans quelque climat qu’on les
tranfporte, engendrent toujours des hommes noirs,
pourvu qu’on* ne les- mêle point avec- des racés
étrangères ou . abâtardies. Les rives du Sénégal
femblent.tracer , dans cette latitude fepteritrioriale
la ligne qui les fépare du reffe des hommes ; &
de l’autre côté de l’équateur à l ’occidênt, la zone
qu’ils occupent fe termine au cap Nègre fous
une latitude méridionale à peu près femblable „
c’eff-à-dire , que cette zone s’étend à l ’occident
du dix-feptième degré de latitude nord , au pareil
degré de latitude fud. Je ne répéterai point ici
l ’hiftoire des vents qui foufflent fur la côte : ori
peut la lire dans le §. IV. Terminons donc la
ïixième région de Y Afrique au cap T agrin , c’eft-*
à-dire, à l ’extrémité du Sierra Léona,
7. La feptième région fera.fôhnée par la côte
de Guinée j nommée Guinée . méridionale y relativement
au Sénégal , qui a été nommé Guinée
feptentrionale ; & haute Guinée. , relativément à
la côte du. Congo , qui eft de l ’autre côté de
l ’équateur , & que quelques-uns Ont appelée baße
Guinée. C,etle région comprend toute cecte côte parallèle
à l ’équateur, qui s’ëtënd d’occident en orient ,
du cap Tagrin aux frontièrés;du royaume de Benin
qui fe termine fous la ligne. C’eft la partie la
plus féptentrionaîe du quatrième b a fin. Les côtes
de Malâguëttè , d’Yvoire , la côte d’Or , les
royaumes d’Ardre , de Juida , de Benin, font renfermés
dans’ cette étendue. - Ces pays ., bornés -au
nord par la chaîne du Sierra Léona, baignés'àü
midi par l ’Océan, ont au plus dent lieues de profondeur.
Leurs rivières, peu comparables, pour Yé-
tendue de leurs cours;,- aux fleuves du Sénégal & de
Gambie , font du moins très-multipliées , & leur
procurent une fertilité bien achetée-dans quelques
endroits par Tinfalübrité d’ün air chargé de brouillards
; les nègres d’une partie de cette côte paffent
rarement l ’âgé de cinquante ans. -Mais cette infà-
lubrité eft plus-grande vers le ^royaume de Bénin,
d^Ardre &- de Juida , où les rivières 's’étendent
beaucoup 3 où la rive-eft ti-è s-baffe & bordée de
plufieurs langues de terfe qui forment des îles
longues & parallèles à la côte , & .qui gênent le
libre écoulement des fleuves dans la mer ; au lien
que les mêmes caufes & les mêmes effets n’ont
.pas lieu dans^ les côtes d’O r , d’XVoire, & de Ma-
laguette : cette difpofition phyfique de la côte dé
Guinée fe trouve encore d’accord avec là divifîbn
géographique qui -donne aux côtes d’Ardre , de
Juida , & -de Bénin, le nom de Guirtéè orientale i
& à celles dé Malaguette d’Or , 8c d’Yvoire-/ le
nom de Guinée occidentale. Mais je m’étendrai
davantage fur -les caufes & les effets de cette' iti-
lalubrité dans le §. X de cet article.
L’équateur devoir néceffaîremènt influer dans lç
partagé des*' régions - dè Y A f r iq u e . Au c delà de
cette 'ligne , tout'dévient inverfe , Bin fluence /du
foleil , l’ordre des* faifons , l’inclinai fon de-'l’aiL
gu il le ai manf ée i
. 8. Sous ,ce . nouvel hémifphè.re 1 es r côtes de
Loangö de C o n g o , d’Angola, ,8c de Benguele,
terminent la. zone des .nègres , & occupent la partie
moyenne- du -qu atrièm e b a ß in . Je fais -de cette
partie la huitième région de Y A f r iq u e ; elle .eft
bornée à l ’éft , dans les terres / pat" des peuples
barbares & féroces'1, les Jîagga's,' &c: ; à l’ôueft
par la mer. Elle eft ài-rôfée:& régulierrrneiit inondée
dans la faiioh des pluies , c-slVà-dîte depuis