
attachés 6c collés enfemble par une fùbftânce
auflî tenue que celle de la tranfpiration elle-même :
ainfi , dans les inflammations , les huiles gluti-
neufes font certainement préjudiciables ; & au lieu
de 'diïlipèr l’enflure , elles la tournent en :pus ; &
fi elle eft près d’un o s , il y a grand rifque qu’il
• n?en foit carié.
Les 5 mêmes obfervations ont'été faites à l ’égard
des fotts fuppüratifs » employés d’abord dans le
panaris , quand la tumeur èft profonde & près
d’un ôs ; & dans ce cas même A'ètius indique
une méthode différente. Nos chirurgiens fort fen-
féinèht pratiquent une incifion le long de la tumeur
fur un côté du tendon; ce qui épargne au ma-,
lade de grandes douleurs , & le tire du danger.
La cire eft mife au nombre des fuppuratifs par
Celfç , & il n’y a pas de doute qu elle ne foit
<je ce genre ; cependant combien peu eft - elle
employée aujourd’hui dans les emplâtres difcuf-
fîfs ou réfolutifs ? Les gommes & les réfines , bien
qu’elles foient des fubftances complexes, Sc quelles
aient un mélange de parties pénétrantes, contiennent
cependant quelque ,chofe de trop glutineux,
comme A'ètius lui-même le reconnoît ; elles fem-
blent plus propres à fermer les pores qu’à les
. ouvrir. Audi Fallope , qui a mieux fu que bien
.des auteurs, diftinguer les difeuffifs des fuppuratifs,
croit que les gommes ne conviennent point pour
réfoudre. Fabrice de Hildenfournitplufieurs preuves
des mauvais effets de l ’emplâtre ftipique de Para-
celfe , lequel étoit fi fort vanté dans fon temps
pour le traitement des plaiês ; & il attribue ces
. mauvais effets à la grande quantité de gomme qui
y entre , & qui augmente , dit - i l , l ’affluence
des humeurs à la partie fur laquelle il eft appliqué.
Ainfi, dans les phlegmons , les emplâtres gommeux
, appliqués trop tô t, augmentent l ’enflure &
la douleur : car quand on raréfie & qu’on attire
les humeurs, Sc qu’en même temps on bouche les
pores, de forte qu’on empêche la diîfipation , on
eft fi éloigné d’avancer la réfolution, que l ’on
met la nature dans un travail abfolument différent,
qui eft celui de la fuppuration. Si l’on examine
la compofîtion des emplâtres & des onguens qui
font à préfent en vogue , je crains que la plupart
ne méritent çetie eenfurè. La pratique dés
anciens étoit fans doute plus fîmple & plus uniforme.
Hippocrate a certainement bien entendu
l a Chirurgiè ; .cependant, il ne dit rien des emplâtres
dans fes ouvrages ; i l emploie feulement
quelquefois le cérat, &c même fort rarement. Les
onguens dont il fait mention n’avoient rien qui
approche de ce à quoi nous donnpns actuellement
ce nom; e’étojent ou de fimples huiles ou des in-
fufions d’herbes faites dans de l ’huile. Nous voyons
que fa méthode pour réfo.udre, eonfîftoit entièrement
en fomentations; méthode qu’il a cru peut-
^tre plus propre à extraire la. vertu des plantes,
Sc à la faire paffer dans les vaiffeaux où eft rla tuy
raeur.
Dans le temps de Celfe , on aypit travaillé
davantage fur la matière médicale; Sc cpmme le
principal mérite de cet auteur confifte dans la
partie chirurgicale de fes écrits , l ’on voit auffi
que lés applications extérieures forment la partie
effendelle de fon livre. Cependant ; fi^nous exa-
.minons les émolliens qu’il décrit pour, procure^
la réfolution, nous trouverons qu’il y^ntre unç
moindre proportion d’huile , de jgr-aiffe , ou de
cire , que dans nos recettes modernes* La çoiripo-
fition des remèdes étoit encore poujfée plus loin
dan»le temps d’Andromaque, & plus perfectionnée
dans celui de Galien. Après eux , l ’on a même fait
beaucoup d’additions à cette partie de la Pharmacie ,
comme on peut l’apprendre à’ Aëtius. Cependant ,
quoique .déjà l ’on mêlât enfemble beaucoup de fubftances
fimples, elles n’étoient point oppofées; car,
ou il n’y avoit aucune des fubftances graffes mêlées
avec les difeuffifs ( comme on peut le remarquer
dans plufieurs formules décrites au cinquième chapitre,
&confeillées pour la cure des écrouelles par
Léonides , qui eft un fort bon juge ) , ou fi 1 on
y en mettoit pour la forme, on les eprrigeoit par
une plus grande portion d’ingrédiens chauds. On
verra , après avoir fait cet examen, que ces réglés
n’ont pas été fi bien obfervées dans les âges
fuivans , particulièrement dans, la compofition des
onguens. Peut-être que ce que Zweifer ôbferve
fur i’onguént d’Agrippa, fera appliqué avec juf-
tice à la plupart des autres dont on fe fert pour
réfoudre : les fucs, dit-il , ou les racines bouillies
, réufliiont mieux fans cire ni huile. C’eft
pourquoi, dans bien des cas où l ’on emploie à
préfent des onguens réfolutifs ou fortifions , Hippocrate
ne fe fervoTt que de fomentations d’herbes
infufées dans de l’eau. On retrouve la même fîm-
plicité dans l ’emplâtre de Nechepfo » dont A'ètius
fait mention : ce ne font que les feuilles de cyprès
, broyées & trempées dans du vin nouveau de
la fécondé cuvée : i l le recommandé comme un
admirable difeuffif dans les écrouelles , & il affure
qu’il les guérira en fept jours ; il regarde même
ce remède comme une efpèce -de fpecifîque pour
cette maladie; il ajoute, qu’en y changeant ou
y ajoutant quelque chofe, on fera plutôt .du mal
que du bien.
Il eft certain que , dans toutes les eompofitions
réfolutives, le mélange des matières glulinéufes
femble contribuer moins à leur efficacité qu’à leur
confiftanee; Ceci peut fe dire particulièrement des
onguens & emplâtres mercuriels, qui répondroient
mieux au but qu'on fe propofe de réfoudre , fi le
mercure étoit mêlé feulement avec le faindoux ,
comme le faifoit Fallope , ou avec de la térébenthine
; au lieu que, fuivant la méthode ordinaire
, i l eft enveloppé fans raifon dans un amas
de matières glutineufes ou mucilagineufes , qui,
en bouchant les pores, ne fervent qu’à empêcher
le
le mercure d’opérer, & l ’éteignent à proprement
parler.
A l ’égard des emplâtres pour réfoudre , Galien
en défapprouve la forme même qui eft trop dure,
& ne lui permet pas de céder ; c’eft pourquoi,
dans les phlegmons qui ont befoin d’être réfbus,
i l ne confeille que des linimens , comme moins
capables de boucher les pores*
Les emplâtres ex fuccis , décrits par A'ètius ,
font d’une confiftanee convenable, lorfque les fucs
des plantes font bouillis dans de l ’huile feulement.
Cependant dans les enflures ,. nommées oedèmes,
les emplâtres font convenables , Sc peuvent être
regardés en quelque' fens comme une forte de
•bandage ou de comprefïe qui repouffe les humeurs
dans leurs canaux, & le.ur rend leur cours accoutumé.
On voit par-là quelles font les meilleures méthodes
pour la réloludon , lefquelles nous (ont
indiquées par la nature & par ceux qui ont mieux
fil l ’interpréter ; & d’après ce qu’on vient de dire
fur ce fujet , on pourra aiféiqent, je penfe , fe
former une jufte idée de la. fuppuration.
Pour la produire, il faut tellement boucher les
pores , qu’il ne puiffe paffer d’air à travers la
peau , & qu’en même temps les humeurs foient
raréfiées & attirées au point que , par la grande
diftenfion qu’elles caufent, elles déchirent le tiffu
des vaiffeaux , & paroiffent enfuite en forme de
pus , lorfqu’elles font extravafées & digérées. Il
arrive de là que lorfqu’on ouvre trop tôt une tumeur
, la matière étant encore crue, on l ’empêche
de mûrir. C’eft pourquoi ces remèdes, qui
ont été regardés comme de mauvais difouflifs ou
réfolutifs , font les meilleurs fuppuratifs : auflî
Galien dit qu’ils doivent être effentiellement com-
pofé? de parties groffières ; & Celfe croit que
le tetrapharmacum qui eft compofé de poix, de
graiffe , de réfine & de cire , eft le plus efficace
de tous les fuppuratifs ; ainfi , dans les plaies, la
matière eft enfin amenée à digeftion par l ’application
des remèdes emplaftiques. Et comme on
a obfervé , à l ’égard de la réfolution, qu’on ne
doit y employer aucune-matière bien vilqueufe;
de même, pour la fuppuration , on ne doit mêler,
dans les remèdes , aucune fubftance qui foit trop
réfolutive ou déterfive , par la raifon que donne
Houlier, qu’on ouvre les pores qui doivent être
tenus fermés.
Il n’eft que trop d’exemples malheureux qui prouvent
que, quand l ’intention étoit de faire fuppurer, on
employoit des remèdes vraiment difeuffifs ; car fi la
matière tend d’elle-même à la fuppuration, tout
ce qu’on fait pour réfoudre ne fert qu’à la détourner
de fou iffue naturelle, & par conféquent ne
fait que prolonger la cure , & quelquefois la fait
manquer entièrement. I l eft clair au contraire
que fi l’on travaille à la réfolution, il faut en
même temps fe fervir de tous les remèdes intérieurs
, pour vider les vaiffeaux Sç diffiper les obftruc-
M éd e c in e . Tome I .
lions qui s*y font formées, comme A'ètius l ’inculque
à toute occafîon ; autrement, au lieu d’obtenir
la réfolution, on portera la matière à fup-
puration. La nature eft toujours fîmple & uniforme
; & l ’a r t, pour réulfir , doit toujours tendre
au même but ; & certainement, fi cette partie
de la Chirurgie étoit mife par les maîtres en cette
branche de l ’art dans un meilleur jour , fi les
effets des applications extérieures étoient mieux
éclairés , rien ne pourroit nous donner plus de
lumières fur la vertu & les opérations des remèdes
intérieurs.
Plufieurs autres chofes particulières , relatives a
la Chirurgie , & qui fe trouvent dans A 'ètius: %
méritent notre attention. Il y a auffi quelques pafi-
fage.s qui pourroient nous fournir des penfées Sc
des vues dans notre propre profeffion. Je n’en
donnerai qu’un exemple , dans une règle qu’i l pofê
fur la pratique , & qui eft très digne de notre imitation.
Le chapitre , ou au moins une partie , eft
dans Hérodote , & traite des exanthèmes ou des
éruptions cutanées de toutes les efpèces, qui font
fuivieS/de fièvre , ou qui furviennent après une
fièvre, particulièrement celles qui excitent de la
démangeaifon , & paroiffent fur la peau comme
des morfures de puces.
Dans ce cas, d i t - i l , la nature eft furchargée
de fucs viciés. S’ils rie font pouffes au dehors par
quelques évacuations, comme le vomiffement ou
les felles , ils peuvent fe porter fur les parties
vitales, Sc produire le plus grand danger. C’eft
pourquoi au commencement, fi la fièvre eft forte,
la première chofe qu’il confeille eft la faigtiée.
Je fais que c’étoit une opinion commune alors
comme a préfent , qu’une éruption à la peau s’y
oppofe ; & la raifon quon en donne ordinairement
eft la crainte que l ’humeur ne fe porte de la
circonférence au centre.
Mais il feroit aifé de faire voir, par les règles
de l ’économie animale , combien cette manière de
raifonner eft fauffe , & comment en plufieurs cas ,'1
lorfque le fang eft trop abondant, ou qu’il eft
vifqueux, on atténuera les parties en diminuant la
quantité , & on lui donnera plus' de liberté pour
circuler : ainfi l ’éruption , au lieu d’être repouf-
fée , s’avancera d’une manière plus douce. C’eft
pourquoi dans l ’éryfipèle, dans la petite vérole ,
dans la rougeole , dans la fièvre pourprée , & c .,
fi les fymplômes font violens , Sc affectent la
tête, les poumons, ou quelque autre partie , juf-
qu’à caufer une grande douleur , on reconnoitra
par expérience qu’il eft très-raifonnable de fai-
gner; en effet, bien que j’aye fouvent fait cette
expérience , je n’ai jamais- obfervé qu’aucune éruption
fut réprimée par la faignée, lorfque la maladie
demandoit ce traitement. Dans les affections
inflammatoires , & particulièrement dans les érysipèles
, 011 voit fouvent , par expérience, qu’en
faifant des fcarifications fur la partie , lorfque
les membranes font chargées Sc épaiflies, on en