
emportées par les vents vers TAbiflînie , annoncent
exactement, par leur nombre & par leur volume ,
la quantité de Taccroiffement qui doit fuivre : alors
1 atmofphere , égaie dans fa température, éprouve
dans fa compofiiion un changement manifefte ; &
ce n eft qu a ce changement qu’on peut attribuer
un phénomène fur lequel infiite.Profper - Alpin :
une motte de terre, réfervée à part, & fans aucune
communication avec le fol, augmente tous les joiirs
de poids , en proportion de raccroifTement du Nil.
Le fécond été finit avec le mois d’août ; mais Taccroiffement
du N il ne Te termine qu’à la fin de .
feptembre , c’efl- à - dire, après l ’équinoxe , avec
l'été aftronomique. Alors le N i l , élevé quelquefois
jufqu’à vingt-fix coudées au-deffus de Ton niveau
ordinaire, couvre des deux côtés de Ton lit-
les plaines de l ’Egypte j mais pour qu’il protiuiie
cet effet , il Tuffit qu’il ait atteint la hauteur de.
dix-huit coudees. T e l eft l’état de cette heureufe
faifon, aùfll précieufe par les richeffes dont elle eft
Ie £ape > que pur. 'la falubrité dont, elle eft la
eaufe. En effet , le premier Touffle des vents-été-
fiens diflipe toutes les maladies ; & la pefte même ,
quelle que Toit (a Tureur & l’étendue de les ravages,
eft conftamment arrêtée au foiftice de juin. De ce
moment, juTqu’au mois de feptèmbre, la mort ne
reçoit plus de viélimés que celles- que^ lui immolent
la vieilleffe , les accidens , ou d’anciennes incommodités.
Les trois faifons qui partagent Te refte de Tannée
, repondent fà peu près au temps que la
divifion aftronomique a conTacré chez nous à l’automne
& à l’hiver. Le mois de feptembre & celui
d octobre , par la douceur & l ’égalité de leur tem--
pératùre , forment une faifon preTque aufli Talubre
que la précédente, celle que Profper-Alpin appelle
1 automne de l ’Egypte. Cependant, quoique
les maladies y foient rares , .elle n’eft pas a l’abri
de la pefte , qui s’y déclare quelquefois dès le
commencement dà feptembre. Le N il croît encore
dans le courant de ce mois , ainfi que je Tai
dit , mais décroît en oftobre. Au mois de novembre
, auquel Profper - Alpin fixe le commencement
dé l ’hiver, q ui, félon lui , finit avec le
mois de-décembre , ou s’étend tout au plus j;uf-
qu a la mi-janvier , les terres , abandonnées des
eaux dû N i l , reçoivent les femençes. Cette faifon
eft remarquable par une température plus inégale,
fouvent froide, quelquefois très-chaude , toujours
sèche & fans pluie dans les lieux éloignés de la
mer. Mais for la côte , à Alexandrie , à Rofette
( Raffît) , à Damiette, il pleut abondamment
pendant cette faifon, Tuf- tou tau mois dé novembre.
Au Caire on ne eonnoît point ces pluies ;; elles
vents commence * tavcc le foiftice. Dans Je châp. i on
trou vela dareduy , au lieu d,e celle du 17 , foit que d'ans
cet enoroit Profper-Alpin ait fuivi la correction grégo-,
xjen ne ,foît qu’il y air eu unç omhEonf typographique3
car partout ailleurs on lit 17.
font remplacées quelquefois par des rpfees r pals
ce qui fur-tout contribue à Tinfalubrité de cette
faifon , d’ailleurs inégale , c’eft la fraîcheur de»,
puits , doutant plus fenfible , que les corps
ont été plus, dilatés par la chaleur du jour»
Aufli les maladies catarrhales font - elles tres-
Tréquëntes en Egypte durant toute cette faifon»
Le printemps de l’Egypte répond prefque entièrement
à notre hiver : i l commence dans le mois
de janvier , & fe termine au mois de mars. Cette:
faifon, douce & plus égale que les précédentes,
eft remarquable par le renouvellement de la verdure.
Le pe.u d’arbres qui fe font dépouillés- de:
leurs feuilles pendant un petit nombre de jours ,
la vigne , le figurer, le pêcher, le g-renadier, &£. ,
les reprennent en cette faifon. Enfin les blés Ternes
en n o v em b re& dont les épis fe montrent
à la fin de décembre , font mûrs 8c fè récoltent
au mois dé mars. D’ailleurs cette faifon , moins
inégale que celle qui la précède & que celle qui«
la fuit , eft aufli plus falubre qu’elles y elle n efls
cependant pas exempte des ravages de la pefte.
T e l eft, fuivant Profper-Alpin, Tordre des Tarions
de l ’Egypte. Il les a confédérées en médecin;<
& quoique la divifion aftïonomique’ foit pour
l ’Egypte la même que pour nous , puifqu’elle efir
commune à tous les pays fitués en deçà du tropique
du cancér , j’ai cru devoir infifter fur-tout ici
fur la divifion médicale, parce qu’elle eft tout entière:
fondée fur Tobfervation des influences phyfiques, qui
font le feul objet dont je m’occupe en ce moment.-
La pefte enfin, ce fléau des côtes méridionales-
de la méditerranee, offre à Tobfervateur une multitude
de problèmes auffi importans que difficiles-
à' réfoudre. Elle paroît dans toutes les faiforis, excepté
dans la faifon du fécond.^ été , ou de l ’été'
aftronomique. Elle eft plus .meurtrière dans le-
printemps , 'ceft-à-dire-, dans cette faifon que Profper
Alpin appelle le premier été ; & cependant,
quelque grands que foient Tes rayages , ils seffent
entièrement dans le mois de juin , & ne commencent
jamais avant celui de feptembre. Plus elle-
commence de bonne heure , plus elle dévient fu—
rieufe, plus elle immole de vùftimes- : le vrai ,
le feul préfervatif eft l’entier ifôlement 5 & le dogme?
de la prédéftination en faifant négliger aux turcs
les précautions- qui garantiffent les Francs, multiplie
parmi, eux les ravages. Quand la pefte règne
, toutes les- maladies fporadiques ceffent „
& particulïèreraent l a , petite vérole ; elles:
ne reparoiffent que quand elle eft finie. Cette;
affreufo maladie eft fouvent apportée dé dehors „
& quelquefois auffi elle paroît naître dans l ’Egypte
même. Mais, fouvent apportée de Grèce, de Syrie,
& de Barbarie, elle n’eft jamais plus furieufe &
plus funefte que quand elle vient de cette-dernière
contrée. 'C e lle qui vient de Syrie ou de
Grèce eft toujours plus douce & plus bénigne.
La terminaifon de cette affreufe épidémie eft auffi
incompréhenfible que Ton origine. On a conftaté
qu’il étoit faux qiie l a pefte fponfanéc revînt périodiquement
tou$ les’ fept ans. Tous les. ans le
N il, par fa retraite , laifle en plu fleurs endroits
des eaux ftagnantes, & les canaux mêmes ne leur
donnent pas toujours un libre écoulement. Le voi-
finage de ces eauxcaufe conftamment des maladies ,
cependant on a été quelquefois plus de dix
ans fans que la pefte ait paru en Egypte. On ne
peut donc guère attribuer la pefte ni aux eaux
ftagnantes , ni au limon qui refte après la retraite
des eaux du Nil. Les chaleurs font fouvent ex-
ceflîves ,& fouvent caufent des maladies affreufes , fur-
tout quand elles font accrues par le fouffle confiant
ffes vents méridionaux. Mais premièrement la pefte
■ commence fouvent avant le règne de ces vents ; fecon-
dement, les chaleurs lie font quelquefois pas moins
fortes aux mois de juin , de juillet, & d’août , que
dans le premier été; & fi pour lors les vents feptentrio-
naux pouvoient être regardés comme deftruéteurs de
lapefte, pourquoi, foufflant fouvent affez long-temps
pendant les intervalles que laifTent dans le premier été
les différentes reprifes des vents méridionaux, pourquoi
, dis-je , n en modèrent-ils pas alors la violence
f Eft-çe la fécherefle qui caufe ce fléau,?
Pourquoi donc la haute Egypte en eft - elle
moins fouvent ravagée ? Profper - Alpin affure
que , dans un temps oit à' peine s’étoit-il écoulé
quelques années entre 'chaque épidémie de pefte
dans le Delta , le Saïd avoit été plus de quarante
ans fans en éprouver les atteintes. Doit-on
accufer l’humidité jointe à la chaleur ? Pourquoi
la faifon la plus humide & la plus chaude a la
fois eft - elle la feule à Tabri de Tes ravages ?
Sont-ce les chaleurs qui la diflipent & la détrui-
fent ? Les chaleurs du premier été font fouvent
plus brûlantes que celles du fécond. Je viens de
dire que les vents feptentrionaux ne diminuoient
point fes ravagés dans les intervalles que laiffent
les vents méridionaux du printemps ou du premier
été ; 8c fi nous en croyons le témoignage de Lind ,
moins sûr à cet égard que celui de Profper-Alpin ,
la ’ pefte ceffe avant_ que les vents feptentrionaux
foufflent, & même avant que le N il Ce déborde.
D ’ailleurs , les accroiffemens du- N il font trop
foibles dans leur origine, & trop infenfibles dans
le temps même où la pefte n exifte déjà plus .,
pour qu’on les regarde comme capables de diffi-
per un fi terrible fléau. Cependant , comme je
Tai déjà dit , la qualité de l ’atmofphère chano-e
alors. Tout cela nous démontre qu’en vain cherche
t-on la caufe des événemens qui nous frappent
dans tel ou tel changement fimultané, il fau-
droit les chercher dans un concours incalculable
8c inappréciable de phénomènes , dont fouvent une
grande partie eft fouffràite à nos regards. Profper-
Alpin croît' que la péfte naît fpontanéaient dans
l ’Egypte apres la retraite du N il | lorfqu’il a
pane les bornes ordinaires de la crue , & qu’il
eft parvenu à vingt-cinq ou vingt-fix coudées au-
delTus de Ton niveau : mais Tur quoi fonde-t-il Ton
affertioh ? La mal-propreté de la ville du Caire
n eft pas non plus une caufe bien démontrée de
ce fléau. Mais un autre problème bien important,
relativement à la contagion, eft celui-ci. On fait
que..les miafmes de la pefte , incapables d’être
tranfportés par l ’air feul , s’attachent cependant
aux moindres corps, & font portés d’un endroit
à un autre par un animal , Ton poil , une
goutte -d eau , un atome de pouffière. ( Voy* Nlém.
de la foc. roy. de Me'd. an. 1777 , 1778, kift. pag.
307 & 308.) On fait encore , qu’nneTois adhérens
aux corps capables de s’en imprégner, ils s’y con-
fervent avec toutes leurs propriétés pendant un
temps confîdérable. Le commerce des Echelles
en a fourni plus d’une trille preuve. Comment
fe fait - il donc que ces miafmes, reçus de tous
cotes dans les meubles & les habits des turcs, s’y
éteignent au mois de juin , ! & deviennent incapables
de reproduire l ’épidémie, même quand la faifon
antipeililenûielle eft paffée?
Au refte , ces obfervations , communes à la plus
grande partie de l ’Egypte , font modifiées fuivant la
difpofîtion phyfique des différens endroits de ce
grand pays. On fent aifériient combien d’obfer-
vations différentes doivent fe préfenter , i°. furies
côtes arrofées par des pluies abondantes, fur-tout
en' novembre 3 z ° . dans le Delta , traverfé par une
multitude de canaux , & par - là d’une température
affez douce & fort humide, fur-tout à i ’eft ,
du côté de Damiette , où le terrein , moins éieyé ,
eft plus aifément inondé, plus conftamment ar-
rofé , & prefque en tout temps ail niveau des eaux
du fleuve & de .la mer j 30. dans la région dix
Caire, plus sèche que le Delta; 40. enfin dans
la haute Egypte, plus aride encore, mais qu’on
doit divifer en deux parties , l ’une le long des
rives du N i l , plus habitée, plus fertile , couverte
tous les ans 'par les débordemens de ce fleuve ;
l ’autre déferte , montagneufe , peu connue, prèf-
que fans eaux, & ne produifànt que des palmiers.'
Toutes ces différences , en diverfifîant les. températures
, doivent auffi imprimer aux hommes un
caraétère relatif aux lieux qu’ils habitent, & fou-
mettre leur fanté à des variations proportionnées
aux influences qu’ils éprouvent. Mais je n’entrerai
point ici dans des détails dans lefquels il me fe-
roit difficile d’avoir - toujours Tobfervation pour
guide. Je rappellerai feulement que la pefte pa-
-roît infiniment rare dans la haute Egypte; quelle
n’y exifteroit probablement pas fans la communication
de fes habitans avec ceux de la baffe ; &
j ajouterai un mot fùr Tinfalubrité d’Alexandrie,
parce que Profper - Alpin & les voyageurs modernes
s’accordent entièrement fur ce point.
Alexandrie , bâtie fur les ruines de l’ancienne ,
mais plus éloignée de la mer, à caufe de la retraite
infenfible de la Méditerranée, eft foutenue,
dit-on , for des. milliers de colonnes. Leurs intervalles
forment des efpaces fouterrains dans lefquels
fe ramafle l ’eau excédante du N il , qui y