
& qui connoifloient cette méthode , fe font guéris
eux-mêmes par cette efpèce de cautérifation qu’ils
lui âvoient vu pratiquer ».
Le procédé employé par M. Lecomte dans cette
efpèce tfadujlion, eft le fuivant. Suppofons que la
partie qu’il s’agit de briller fo it , par exemple ,
un cancer à la lèvre. On place alors le malade
en face du foleil , dont les rayons , raffemblés à
travers le verre lenticulaire qu’on tient fixé fur
le milieu de la tumeur, brûlent c e lle - c i avec
beaucoup d’aétivité , fans que les parties voifines
. fe fentent de la combuftion , comme il arrive par
le fer rouge , lorfque la groffeur & la forme de
l ’inftrument ne font pas proportionnés à la partie
affe&ée. On reconnoît que le cautère folaire a
pénétré aufli avant que l’étendue du cancer le demande
, par une douleur plus ou moins piquante
& lancinante, qui eft beaucoup plus aifée a fup-
porter que celle qui eft produite par le fer
rouge. « Lorfque le cancer eut été cautérifé
» par le feu folaire , ajoute M. Lecomte dans
» l ’obfervation que nous citons , j’appliquai une
» compreffe trempée dans une eau fpiritueufe $ &
» dès le lendemain je trouvai la plaie vive &
» vermeille avec beaucoup de diminution. J’em-
» ployai le même traitement pendant quinze jours,
» tous les jours où le foleil fe mohtroit, & j’ai
» eu^ l ’avantage de voir la plaie diminuer , deve-
» nir de plus en plus vermeille 5 & enfin , en trois
» femaines , je fuis parvenu à guérir radicalement
» le malade ».
» La méthode de cautérifer que j’ai employée
& que je propofe aujourd’hui, continue M. Lecomte
, guérit plus aifément que les autres ef-
pèces de cautère aétuel, & prefque fans déperdition
de fubftance , avantage confidérable , ob-
ferve très-judicieufement ce chirurgien , lorfque la
tumeur carcinomateufe , ou toute autre maladie
qu’on Je propofe de détruire par /’aduftion ,
occupe les lèvres, les paupières, ou quelque autre
partie délicate ».
L’ effet du cautère aftuel folaire e f t , dit le
même chirurgien , une efcarré blanche , de la
grandeur d’une lentille. Cette efcarre tombe aifément
du matin au foir , effet qui n’arrive jamais •
par la cautérifation avec le fer rouge , puifque
dans ce dernier cas la chute de l ’efcarre eft toujours.
plufieurs jours à fe faire par une fuppuration
lente.
Maladies pour la guérifon defquelles i l convient
de pratiquer /’aduftion par le moyen du verre
ardent.
Ce n’a été jufqu’ici que dans le traitement des
tumeurs chancreufes , ou boutons cancéreux â la
lè vre, qu’on a fait ufage du verre ardent pour
brûler la partie malade, autant du moins que nous
l ’apprennent les obfervations faites à ce fùjet par
JW. Lecomte. Il eft très probable que ce moyen
pourroit remplacer aufïî âvantagêufemeat r dans*
plufieurs cas , les autres manières de pratiquer
ladu/îion , expofées dans cet article , principalement
lorfqu’il importe de pouvoir circonferire ou
étendre exactement la cautérifation , comme, par
exemple, dans le traitement des ulcères, pour la
guérifon defquels on a coutume de recourir aux
efcarrotiques.
Chaleur actuelle , jimple ou inflantanée , communiquée
par le moyen du feu ordinaire ou des
charbons embrafés..
Parmi le grand nombre des moyens de guérir
employés par les gens du peuple ,, & dédaignés
ordinairement par les gens de l’art, il s’en trouve
quelquefois qui. fbnt très-dignes de fixer l ’atlert-
tion des médecins ,. & q u i, pour devenir excellent,,
n’ont befoin que d’être employés avec méthode*
De ce genre eft la chaleur aétuelle fimplepn>-
pofée, dans ces derniers temps , par M. Faure , 4
l ’académie royale de Chirurgie , pour le traitement
d’un grand nombre de maladies externes ou
locales , & recommandée par cet habile chirurgien
, comme un moyen auffi doux dans fes effets *
qu’i l eft énergique. Tout le monde fait quelle
eft la confiance que le peuple a toujours eue, & avec
raifon , dans remploi d’une chaleur aufli forte
qu’on peut l’endurer , pour la guérifon des engelures.
C’eft de ce principe, quoiqu’il ne le dife
point, que M. Faure femble être d’abord' parti
pour tenter le même moyen dans une multitude
de cas dont les circonftançes lui ont paru être en
quelque forte analogues. « Lorfque j’eus, dit-
il ( 1 ) , expérimenté fon bon effet, j’en con-
feillar l ’ufage à tous ceux & celles qui avoient
foît des engelures , foit de petits maux aux mains
& aux doigts. Tous furent guéris en peu de temps*
Cela réuffit auflr 3 merveille a une perfonne
qui avoit une grande engelure fur l ’une de fes
joues. I l falloit , ajoute M. Faure , attendre ài
temps & des circonftances à employer ce moyen
dans différons autres 'cas plus eonfidérables ». L e
hafard le fervit favorablement quelque temps
après, & il eut depuis un grand nombre d’occafîooé
de fe convaincre de plus en plus de l’efficacité
fïngulière de ce procédé. Voici les propres termes
dans lefquels Fauteur a décrit (2) là méthode :
nous préviendrons feulement que c?eft la chaleur
des charbons embrafés qu’li a prefque toujours employée
, & qu’il la préfère à celle q,ui réfulte de
la combuftion des matières inflammables ordinaires.,
telles que le feu d’une bougie ou d’une lampe ,
parce que , dans ces derniers cas, la dire & ion de la
flamme fe fait de bas en haut plutôt que de côté*
(1) Mena, de l’ académie royale de Chirurgie, tome 1,
pag. 834.
(2) Ibidem , page ?3<î*
Procédé de M. Faure pour communiquer la
chaleur aéluelle aux parties foujfrantes.
« Ce que j’appelle . . . . l ’exercice du charbon
, dit M. Faure , confifte à l ’approcher & à
l ’éloigner alternativement , pour en reffentir là
chaleur la plus forte fans fe brûler, ce que le
malade pourra répéter Couvent pour accélérer fa
guérifon. _ / ï '
» Pour favoir avec quelque précilion quel étoit
le degré de chaleur le plus favorable au traite-
ment des plaies & des ulcères , j’ai tenu à côté
de la partie un thermomètre de Réaumur, & j ai
vu que l’ulcère fe détergeoit & couloit lorfque
la chaleur étoit montée depuis le trentième juf-
qu’au quarantième degré j ce qui eft pourtant relatif
à la fenfîbilité du fujet & à l’état aftuel de
la partie.
» La fenfîbilité , ajoute tout de fuite l ’auteur,
doit donc diriger tout le traitement (1) »•
Les avantages qui réfultent de l ’emploi de la
chaleur actuelle, a'dminiftrée comme on vient de
le dire dans le traitement des ulcères , font, fuivant
M. Faure (2) , i° . le prompt dégorgement
de la partie malade , & fa guérifon beaucoup
plus prompte que dans les méthodes ordinaires,
le malade fe fentant toujours foulagé quelques-
inftans après l ’opération , & quelquefois même
pendant qu’elle a lieu. 20. La facilité qu’i l y a
de Remployer dans tous les temps & prefque dans
tous les lieux. 30. La répétition fréquente qu’en
peut faire le malade pour accélérer fa guérifon.
40. L ’économie des emplâtres & des onguens, celle
des linges , la vingtième partie de ceux qui font
employés communément étant plus que fuffifante,
parce qu’il ne faut mettre immédiatement fur l ’ul-.
cère qu’un vélin ou un papier huilé , pour éviter
le collement ôu le frottement. On recouvré le
tout d’une compreffe.
Maladies pour la guérifon defquelles on peut
appliquer avantageafemènt la chaleur actuelle
, fuivant la méthode de M. Faure,
par /exercice du charbon.
C’eft fur-tout pour la guérifon des différentes
efpèces d’ulcères que M. Faure a recommandé l’application
de la chaleur actuelle ; mais il eft aifé
de fe convaincre, par le réfultat des expériences
rapportées dans'fon mémoire , que ce moyen n’eft
pas moins utile dans le" traitement de plufieurs
( ‘i ) .ce On aperçoit à l’oeil -(impie , .dit M. Faure ,
qu’au moment que la chaleur fe fait fencir aux environs
de l’ulcère, fa furface fe recouvre d’une rofée fine dans
les endroits qui ne font pas ouverts , & d’un véritable écon-
lement dans les endroits qui font percés de quelques trous
fenfibles.
(2) Ibidem, page 847» & alibi pajjîmk
affeftions locales , ou maladies externes d’un ca-
raôrère trés-différent.
C ’eft par l ’application des briques chaudes,
obferve d’abord cet habile chirurgien , que l ’on
foulage les douleurs rhumatifmaies j c eft dë meme
par la chaleur que' l ’on excite auprès des mamelles
, qu’on réuftit fur - tout à faire dilTipér ,
par écoulement , la trop grande quantité de
lait.
En général M. Faure penfe (ï) ejue dans les
maladi es locales , eau fées par quelqu un des cinq
vices connus, tels que les virus cancéreux, pfo-
rique , véroliqué, fcrophuleux, & feorbutique ,
l ’ufage de la chaleur aftuelle eft peu convenable.
Mais cette règle'doit fouftrir des exceptions.^
Fauteur a employé lui-même utilement cette méthode
dans plufieurs cas de cette nature , comme dans
le traitement des tumeurs enkiftées, froides , &c. (2),
& pour la guérifon des tumeurs appelées cancers occultes
( 3 ) , dans le traitement de quelques daf-
(1) Page 821 du rom. 3 des Mémoires de 1 Academie
royale de Chirurgie.
(2) I b id em , p a g . 8 4 5 .
(3) «* Il feroit important , dit M. Faure ( Mem, déjà
cité , pag. 84s ) , d’effayer cette méthode ( l’ufage de la
chaleur, actuelle ) fur les cancers quelconques, ©ccuites ou
ulcérés, & fur la grande Solution de continuité qu’occa-
fipnne l’amputation de cette tumeur aufein, pour prévenir
le retour défefpérant de cette maladie , quijufqu’ici n’a pu
être guérie par aucune méthode avouée.
L’obfervation xlij, que l’ auteur a confignée dans fon
mémoire, nous paroît propre à encourager les praticiens
dans les effais que l’on propofe ici d’entreprendre. Nous
nous faifons un devoir de la rapporter. « La fervante de
M. . . . , prêtre de Saint . . . . a commencé l’ufage de
la chaleur inflantanée à J’occafion d’un cancer occulte a
la mamelle gauche, ou’ii occupoit prefque tout entière,
ayant fur la fùpeihcie une extubérance de la longueur de
deux pouces , 8c de la largeur de fept ou huit lignes , dans
laquelle on fentoic une fluftuation qui annençoit une ouverture
prochaine. La douleur étoit grande depuis dix. ou douze
jours, On s’étoit adrefté à plufieursperfonnes de l’art, pour
que la malade put recevoir quelque foulagement dans une
maladie qui duroit depuis huit ou dix mois, quoique
fans'dérangement de flux menflrtlel. Les diverfes consultations
que l’ on fit fe bornèrent à confeiiler I extirpation...»
Et ce fur à cette époque que la ma acic vint^ à moi. Sachant,
par ma longue expérience , qu’après 1 extirpation ,
nous avons fouvent le chagrin de voir la maladie fe reproduire,
je lui confeiltai d’expofer fa rumeur à la chaleur d un
charbon ardent, obfervant de fe bienchau er , mais de ne
point fe brûler. Je 1 ui confeillai auflr l’infolation , dans
la vue que ce moyen pourroit peut - erre exciter une
inflammation artificielle capable de détruire la rentrance
opiniâtre de cette maladie.'. . . Je trouvai une g'-ande axillaire
fort gonflée , fort douloureufe , 8- collee à la-tumeur
principale. La malade n*e t aucune peine à fe déterminer
au traitement qu’on lui pfopofoit. . . . Sa déceimination
fut bientôt récompenfée par l’ent ere ceflation de la douleur
, laquelle n’a reparu depuis que de loin en loin , ne
fe faifant fentir que dans de petites parties fein malade,
8c difparo’ffant au monui.r que la malade appro-
choit le charbon des parties douloureufe-. Dès le premier
jour, h glande de i’aiilelle diminua fenfiblement. Les jours