
îï|.f A C T parts la perfonne qui a pris de l ’a i l , de manière
a la défendre du contaét & de l’impreffiondes molécules
contagieufes -, comidè-' cela a lieu pour les
fumigations de tabac & de toutes les fubftan,çes
aromatiques , fi recommandées, comme des prophylactiques
affuréâ, par tous V ies .'médecins qui ont
écrit fur la pefte. "Les fubftances alliacées font
encore très-propres à calmer les fymptômes produits
par les vents , en facilitant leur expulfion.
On leur a auffi reconnu la propriété de tuer les
vers.
D e s médicamens d'odeur fétide. Les plantés
qui ont une odeur affez fétide pour qu’elle faffe
fuir les animaux., & dont Linneus compare l ’effet
odorant aux exhalaifons que répand le bouc , odo-
res hircinï, n’ont été que peu employées comme
médicamens.
Quelques efpèces d’orchis , l’herbe 'à Robert,
le millepertuis fétide , plufieiirs champignons , &
entre autres i ’efpèce de morille que les botaniffes
connoiffent fous le nom de phallus impüdiciis , ■
font très r reconnoiffables par leur çdeur forte. &
rebutante. Le principe odorant qui s’exhale de ces
végétaux , ne peut que nuire à l ’économie animale.
Boerrhaave allure même que l ’odeur de quelques
champignons eft prefque mortelle.
L ’expérience a appris que cet efprit refteur
avoit une action particulière fur les organes de la
génération, & qu’il excitoit à l ’amour. 11 paroît
agir fpécialement fur les nerfs, comme toutes les
autres matières odorantes, & produire un engour-
diffement qui affecte particulièrement le cerveau.
En général , les fubftances qui ont cette efpèce
d’odeur , femblent appartenir plutôt a la clafîe des
poifons qu’à celle des médicamens.
D e s médicamens d'odeur vireufe. Quelque dé-
fagréable que foit lfodeur dont il vient d’être question
, fes effets ne la rapprochent point encore
de celle que l ’on appelle vireufe, odor te ter, &
dont le nom défigne la propriété vénéneufe. Tous
les* végétaux , dans lefquels exifte cette dernière,
font des poifons très - dangereux , dont l ’art a
cependant fu tirer les plus grands avantages.
On doit compter dans cette claffë, l ’opium ,
tous les pavots , la douce amère , la morelle, la
jufquiame , la belladone , le Jlramonium , la mandragore
, l ’aconit ,1 a ciguç.
Dans tous ces corps l’odeur vireufe eft à nu,
elle eft fufeeptible de produire én conféqùence
des effets très- prompts & très-énergiques : mais
elle exifte mafquéè par quelques autres principes
odorans plus ou moins aromatiques , dans un grand
iiombre d’autres plantes. C’eft ainfi qu’on la rencontre
dans les femences d’aneth , de coriandre ,
dans les fleurs très - odorantes des liliacées , du
jafmin , de la tubéreufe , du fafran , des rofes,
quoique plus cachée , elle n’en exerce
A c T
pas moins fa puiffapce fur les nerfs des animaux,
comme je l ’ai déjà dit plus haut, en examinant
les divifions des odeurs, dues au do&eur Lorry.
L ’odeur vireufe arrête & détruit Yaciion des
nerfs , elle engourdit ces organes ; fon action eft
bientôt fuivie de la diminution & de la ceffation
même du mouvement & du fehtiment. C’eft ainfi
qu’elle calme les convulfions , qu’elle appaife les
douleurs , qu’elle procure un fommeil plus ou
moins profond. Lorlqu’elie eft très-forte , ou lorf-
qu’elle agit très-long-temps , elle eft capable de
donner la mort aux animaux. Cependant cette
action engourdiiTante n’eft pas toujours confiante
dans les médicamens d’odeiir vireufe. Quelquefois.,
au lieu de calmer & de difliper les fymptômes
nerveux , ils en excitent de plus confidérables,
ou de nouveaux qui n’exiftoient pas. C ’eft ainfi
que l ’opium , employé pour détruire des douleurs,
a plufieurs fois occafionné des convulfions , des
tremblemens, des étouftemens , le délire , & c. Les
effets ^de ces remèdes font donc fiibordonnés à
l ’état & à la mobilité des nerfs des perfonnes
auxquelles on les adminiftre ; & il ne faut les
donner qu’avec beaucoup de circonlpeâion.
L a prudence eft même néceffaire dans leur application
extérieure, & elle n’eft jamais à l ’abri
de quelques aocidens plus ou moins funeftes, lorf-
qu’ell.e eft faite inconfidérément. Une feuille de
belladone , appliquée fur le globe de l ’oe il, engourdit
les filets nerveux de l ’iris,, fait dilater la
prunelle , & produit une véritable paralyfïe dans
cet organe. On a vu des gouttes fereines être la
fuite d’une pareille application. On ne doit la
faire qu’avec la plus grande réferve dans la goutte,
le fquirrhe des mamelles , les tumeurs écrouelleu-
fes, l ’ophtalmie ,Tes hémorroïdes , dans lefquelles
elle a été recommandée.
D e s médicamens d'odeur nauféeufe. L ’odeur
nauféeufe n’eft pas facile a décrire. C ’eft une
efpèce de fétidité jointe à une fadeur particulière,
qui affaire défagréablement les nerfs de l ’eftomac.
On trouve cette odeur dans toutes les racines purgatives
, dans les feuilles & dans les fruits qui
jouiffent de cette propriété. Telles font,
Les racines d’hellébore blapc & noir, de çaba*
re t, de rhubarbe fraîche ; les feuilles de féné ,
de gratiole, de tabac ; les fleurs de muguet, de
ptarmique, de pêcher ; les fruits de coloquinte,
de concombre fauvage , de féné ; les follicules j
quelques gommes réfines purgatives.
L ’odeur nauféeufe exifte auffi, & même avec
beaucoup d’énergie, dans toutes les fubftances animales
qui fe pourriffent. Une très-petite quantité
doeuf pourri, reçue dans l ’eftomac, excite bientôt
un vomifïement qui femble être un effort critique
que la nature met en jeu pour fe débar-
raffer de cet ennemi. Il paroît que ce principe
odorant accompagne-conftamment la propriété émétique
& purgative dans les végétaux, St qu’il eft
A c T
même en grande partie la caufe de leur action
fur l’économie animale. Cette affertion eft démontrée
par le féné , puifque l ’efprit reéteur qu’on
en retire par la diftillation jouir d’une vertu purgative
très-forte , & que l ’odeur qui , s’exhale de
Ion infufion ou de fa déco&ion, fuffit feule pour
produire une purgation à beaucoup de perfonnes.
C ’eft fans douté par un pareil principe que le
bois du fophora '■ purge les hommes qui le coupent
& qui le fcient, comme s’en font affurés des
©bfervateurs .dignes de foi (; i ).
Lorfque les médicamens d’odeur nauféeufe pénètrent
dans les fécondes voies, ils divifent Tes
humeurs ', ils les agitent, ils portent une irritation
fenfible fur tous les émonttoires, & ils deviennent
diurétiques, diaphoniques , emménagoges1 $ &c.,
fuivant les organes qui font les plus fenfibfés. St'
les plus difpôlés à recevoir leur impreffion. ;
A r t i c l e I I .
De /’a&ion générale des, médicamens, relative à
leurs propriétés chimiques.
On doit diftinguer foigneufément les. propriétés
chimiques de. cèlles qui ont été examinées' juf-
qu’ici , & qui ne confiftent que dans des qualités
extérieures ou fenfibles. Le réfultat de ï'aiîion àe
ces dernières ne préfente jamais qiï’üri changement.
dans la £brme , la pefanteur, le mouvement,
l ’étendue , l’agrégation , &c. Tout ce qui tient au
contraire aux propriétés chimiques , offre des'altérations
plus grandes; c’eft la nature intime des
corps,, qui eft changée lorfque.çes' propriétés ont
réagi les unes fur les autres : alors la faveur , l ’oV
deur , la. çpnfîftance, le' tïflu ou là forme intérieure
, Taltéra$jlité par le feu , par les menf-
trues, font entièrement différentes de pe qu’elles
étoient d’abord»
Ces phénomènes & ces altératj.ons font occafîon-
n.ées par une foirce inhérente dans tous les corps ,
qui n’y devient fenfible , que lorfqu’ils font extrêmement
divifés, & que les chimiftes, ont appelée
affinité de compofition, parce que fon réfultat eft
lanaiffance d’un corps eompofé, nouveau, & différent
de ceux quLout fervi à le'former. Cette
force exifte dans tous? les corps ; , & elle a lieu
dans le plus grand nombre.des opéitations défia nature.
La plupart des phénomènes1 de l ’ économie animale
, la digeftion, la nutrition , la refpiration,
les fecrétions, la formation du fang , celle de la
lymphe , la décompofition des humeurs dans les
diverfes maladies qui les affe&ent, offrent des chan-
gemens continuels & variés dans les fluides , qui
(*ÿ Voyez le Journal de Paris , année 1779 , A oû t}
Septembre , Oftobre , nos. 213 , 228 , 230, 24s ,
« 7* ; ' ' ,
A G T ijp
font dus à l ’affinité ou à la tendance que les corps
ont pour fe combiner les uns avec les autres. Il
ne faut point confondre ,,à la vérité, ces forces chi-
ihîques des corps animés , & les changemens qu’ils
en éprouvent, avec ce qui fo paffe dans nos laboratoires
, & ne voir, dans les phénomènes de la
vie , que des effervefcences , des acides , des alkalis ,
des férmèntafions , des digeftions. Ces idées , enfantées
par les premiers médecins chimiftes, font
rejètées par ceux des favans qui s’occupent aujourd’hui
de la Chimie ; & aucun d’eux ne compare
plus les organes animaux aux filtres , aux
matras , aux alambics. Mais fi les erreurs des Sylva
us: des Tackenius , des. Vieuffens , font entièrement
oubliées , l ’affertion de Juncker, qui re-
gardoit la Chimie comme prefque tout à fait inutile
à Ta Médecine, a été affez détruite par les-
ouvrages de Boerrhaave ,• qui s’eft fervi des phénomènes
chimiques pour l ’explication des altérations
& des changemens des fluides , avec plus de fuccès
qu’il ne IV fait des forcés méchaniques, pour ex-,
pliquer le mouvement des folides.. Perfonne ne nie
aujourd’hui que la digeftion des alimens, la concrétion
de la lymphe & de la partie fibreufe , qui
a lieu dans la nutrition , le paffage des matières
falines fans altération de T’eftomaç dans les humeurs
, la formation de plulîeuiis fels particuliers
dans les fubftances animales , celle du favon biliaire
, la décompofition putride des fluides , la
concrétion de l ’urine arrêtée dans fes couloirs, l ’a -
cefcence &. la coagulation du la.it qui engorge fes
canaux & le tiffu cellulaire voîfin., le ràmollifTe-
ment &. la diffolution de la partie falj no-terre ufe
des o s , ainfi qu’un grand nombre' d’autres phénomènes
qui ont lieu dans les ‘maladies ne foient
produits par l 'action chimique, qui a né.çeffaire-
ment lieu entré des fluides & des folides mis en
contaét les uns avec les autres. Si l ’on ne peut
s’empêcher, ^admettre l ’exifteuce de l ’attraâion
chimique & des altérations qu’elle occafionné dans
les humeurs.;& les organes des animaux, confîdé-
rés dans l ’état de fauté & dans les maladies , i l
eft- indifpenfable de l’admettre également dans Y action
des médicamens, de reconnoître quels font
les effets des remèdes dus à cette force , & quelles
lumières l ’obforvatîon fournit fur cet objet. Egalement
éloigné du fol enthoufiafme des premiers
médecins chimiftes, & du mépris outré de. quelques
modernes., qui ont abfoluraent rejeté' les connoif-
fances chimiques de la Médecine ; je crois que
cette fcience j appliquée avec la prudence ,& les
reftriélions convenables aux phénomènes que l ’on
obferve dans l ’effet des médicamens , peut contribuer
x en rendre l’adminiftration plus certaine &
plus heureufe. Poux prouver cette affertion, j’examinerai
ici :
i°. Quelle eft l ’énergie chimique des médicamens
appliqués à l’extérieur.
20. Quelles font les altérations que ces corps
éprouvent de la part des humeurs animales, & celles