
» de la matière nutritive des animaux dans la jeu-
» neffe ; auffi y reconnoît- on davantage le ca-
» raftèxe: des alimens ».
■ Différences des fe x e s. ( P . 378. )
« Le fexe imprime au (H Tes différences. Dans
» le bas âge des animaux, à peine connoît - on
» quelque diverfité dans les chairs & dans les hu-
» meurs des différens fexes. Cette différence fe
» développe petit à petit ; même avant que.
» les organes de ces fexes foient en état d’agir,*
» la nature commence a former ces différences.
» En général, les femelles des animaux partici-
» pent davantage de la conftirution de l ’enfance,
» par la molieffe de leurs parties, par la nature
» de leurs humeurs, qui font toujours moins affi-
v milées , & ont moins d'altération que celles
ii des mâles. Ce qui conftitue l ’effence de leurs
»‘ parties nutritives , eft donc une quantité confi-
» dérable de mucilage ; mais d’un mucilage moins
» çuit . . . . & qui par conféquenl a les prin-
» cipes moins atténues par le mouvement, moins
» condenfé par l’a&ion des vaiffeaux ».
« Cependant il faut diftinguer dans le fexe les
». différences de l ’âge dont nous avons parlé, &les
»' différences des exercices* Les fibres des femelles
» fe durciffent ‘par l ’âge & par l ’exercice : par
» l ’exercice , leurs humeurs acquièrent plus de
» denfîté; mais jamais, dans les femelles , la pro-
» portion des folides àùx liquidés n’eft auffi con-
» fidérable que dans les mâles. . . . Leurs parties
» folides offrent moins de réfiftance aux dents &
* à l ’aélion des agens de l ’eftomac ».
Animaux châtrés. ( P . 580. )*
« Il eff encore une autre différence que nous
* devons ranger avec celle dès fexes ; c’eft celle
» des animaux châtrés , q u i, étant mâles par eux-
» mêmes, ont perdu les organes diftinétifs de leur
» fexe. La femence ne fe repompe plus dans les
2 fécondés voies & les animaux privés de ce
»- liquide précieux n’ont ni la force, ni l’impétuoftté,
ni la vigueur des pallions qu’ont ceux
» qui n’ont pas foùffert cette opération. De cette
» feule circonftance dépendent les différences
» énormes -qui fe trouvent entre le boeuf & le
»-> taureau ; mais nous ne rapporterons que celles
» qui font liées avec la matière nutritive. Leurs
» fib.es confèrvênt. la molieffe , la foupleffe , &
» la flexibilité de fenfance. Au lieu de la femenee
» qui fortifie évidemment, il fe fait un épanche-
» ment confidérable de graiffe dans toute l ’habj-
» tude du corps , dans lés ‘membranes des ’mufcles
» de des vifcèrés, en Un moi, dans toute l ’étendue
» du tiffu cellulaire , qui.eft prodigieüfe. Cette.
». .graiffe épanchée feirt;encore a cohfcrver la fou-
» pleffe de ces fibres, en même temps qu’elle entre-
» tient la foibleffe refpe&ive jufqu’à, un grand
» âge. L ’exercice peut durcir ces fibres & leur
» donner une grande folidité , en les approchant
» de plus en plus les unes des autres ; mais fi on
» fait fuccéder la tranquillité à ces travaux ,• il eff
» étonnant combien la nourriture abondante , qui
» n’eff plus achetée par la fatigue & par la peine,
» produit d’épanchement dans le. tiffu cellulaire;
» c’eft ce que l ’on voit évidemment dans les en-
» grais des boeufs., que l ’on fait après les avoir
» fait travailler long-temps au labourage y car dans
» tout ce temps ces animaux ne font nullement
» propres à nous fournir une nourriture fucculénte y
» mais fi-tôt qu’on les alaiffé repofer, & que la
» graiffe s’eft épanchée dans le tiffu cellulaire, ils
» redeviennent alors auffi agréables & auffi bons
» â manger qu’ils l ’étoient auparavant ; la graiffe
» a affoupli leurs, fibres, & en a.rendu la divifion
» bien plus facile. Au refte, les animaux châtrés
» ont les humeurs moins âcres & moins atténuées
» que les animaux mâles qui n’ont point fouftèrt cette
» opération ; plus atténuées que les petits des ani-
» maux dans leur enfance,. ayant un mucilage plus
» -formé, plus égal dans fes parties, que celui
» de ces jeunes animaux. Les animaux châtrés ne
» perdent pas leur perfpirabilité, & par confequent
» amaffent moins de matières exerémentitielles que
» les femelles. De là dépend proprement l ’égalité
» des parties dans le mucilage , qui fait le me—
» rite dé ces animaux , & qui en rend l ’ufage plus
» agréable & plus utile ».
Obfervations fur la légèreté attribuée par Hip-
. pocrate à la chair des jeunes animaux.
« Toutes les différences que nous avons anndn-
» cées jufqu’à préfèrït, font proprement les diffé-
» rences naturelles, & la diftinétion .en a. été bien
» marquée chez tous les anciens; mais * pour bien
» entendre leur ftyle , il faut fe reffouvenir de ce
» que nous avons dit ailleurs, que ces pères de
» la Médecine jugent des propriétés dès fubftances.
» nutritives, par leur a&ion évidente-& parleurs
» effets conftans. Ainfi, les, mucilages-qui ont les
» parties les plus égales,. à un certain degré d’atté-
» nualion, font ceux qui nôurriffent davantage (8p)|
(So) Ce mot de parties égales fi fou vent employé par
M. Lorry, ne préfente pas toujours un feris bfen clair.
L'égalité d’un mucilage ne paroîc devoir être autre chofe
que l'uniforoiité & l’homogénéité des parties qui compofenc
toute fa maffe. Or certainement le mucilage peu atténué,
vifqueux , gluant , a cette homogénéité autant que la gelée
pe.’ fecblonîiéé II faut donc confiderer ici cette différence
des. mucilages qui fournirent peu ou beaucoup d’exerémèns
évidens, & qui par confisquent nôurriffent plus ou moins
pa: faite ni ï-nt, comme dépendante de l’état de ce mucilage »
&r du- degré de fa combinaifon. Il eft' très-vrai-que le mucilage
animal, parvenu à' l’état de gelce, de quelque manière
qu’il ait atteint cette proportion , ne forme prefque
plus d’eicccémens, & nourrit bien, & qu’ayant d’être ai-
» ce font auffi ceux qui fourniffent le moins d ex -.
» crémens évidens. Hippocrate remarque que les
» animaux les plus jeunes, ont un mucilage plus
» Léger, c’eft à-dire, qui excite moins de peian-
» teur dans l ’eftomac , & qu’ils dépofent cependant
» davantage par le bas-ventre. La première de ces
» propriétés dépend du peu de feimete de leur
» mucilage ,& du.peu de parties fondes desquelles il
» . eft enveloppé ; & la féconde, du peu d égalité de
» leurs parties : Agninoe ovillis- finit leviores
» carnes, hoedinae cap nuis , quia exangues^ ma-
» gis & humidæ ;ficcâ enim & valida natuiaani-
» mantia cùm tenera funt fper alvian fecedunt ;
» citm ver à adoleverint y non item. Item ficuora
» fu n t , dit-il plus loin , qucB inoetatisvigore
» funt conjlituta iis quae admodum vetujtajunt
» & juvencula , mafcula quam foemihea , caf-
» trata quant, non cajirata. Les autres auteurs
» grecs ont fùivi Galien & Hippocrate pas a pas ,
» & n’ont rien ajouté à ce que ces maîtres avoient
» dit fur les différences dont il s’agit ici 5 Galien
» lui même a copié Hippocrate : cependant je ne
» conviendrai pas avec Hippocrate de la legerete
» du mucilage des jeunes animaux 5 car , quoique
» les folides foient beaucoup plus fouples dans
» les jeunes animaux & dans les^ femelles , que
» dans les animaux déjà parvenus à leur jufte §l^n"
» deur , cependant ce ne font pas ceux qui font plus
» aifés à digérer. (81 ). En effet , outre que lés
» humeurs n’ont point , autant que les viandes
» faites, l ’égalité des parties qui caraétérife le mu-
» cilao-e proprè à nourrir, i l faut remarquer que
» le mucilage végétal n eft pas entièrement defuni
» dans ces animaux j la bile n’a pas autant dac-
» tivité pour agir fur cette efpèce de inaftic , &
» pour le diffoudre ; auffi s’en faut - il beaucoup
» que ces chairs foient auffi aifées à digérer que,
» celles, des femelles, ni que celles des animaux
» châtrés, fur-tout fi on laiffe paffer cette pre- » m ière enfance dans laquelle .1 animal n a -vécu
Poiffons [ P . 384.);
« Mais iLfaut s’arrêter, fur un genre d’animaux , f
rivé à ce point il eft fouvent. d’unç tfigeftion plus pénible
, &'fur-tout lâche le ventrp fenfibiement. ÏL a cet effet,
d’autant plus marque.,' qu’il eft plus éloigné du point où
il devient parfaitement gélatineux.' Voye\ la noté 78. -
(Si) Hippocrate n'à pas dit indiftiiîôement que le mucilage
de tous les jeunes animaux étoit léger ; il l’a dit des^
chairs de l’agneau, '.du chevreau, & du veau, & en général
de tous les animaux dont les adultes ont la chair,
scche & refiftante, x«« la - ^ ^ y f i c c u ê valida. Mraij quand
il , parle ‘des chairs du jeune pofe, & én général des chairs
qu’iljapjicile exceflîvement humides ; f EsÀüv ovret,
c’eft-à-diré, qui ont un mucilage vifdde &C glaireux 5 alors'
il. dit .qu’elles font lourdes, , &, quelles purgenj: en caufant
des fpurmens dans le. venue, r<t$<loçu -Cependantla
remarque de. M, Lorry eft jufte , au moins pour,,un grarid
nombre de tempéramens, I l en eft beaucoup qui nç fup-
portenç pas, par exemple ,• 4a chair de l’agneau,
» dans, lequel ces différences ne font pas auffi mar-
» quées que dans les.autres j ce font les poiffons:
» la raifon pour laquelle ces différences le 1 aillent.
» moins apercevoir chez eux, c’eft que leur vie
» nous eft moins connue que celle des autres ani-
» maux j que l ’extrême foupleffe de leurs fibres,.
» & l ’élément dans lequel ils habitent, en entre-
» tiennent rhumiciiré, & les font’ parvenir à une
», extrême yieiïleffe , dont nous ne connoiffons pas
» eqeore les bornes. D’ailleurs , la promptitude
» avec laquelle ces animaux pourriflent , nous met
» moins en état de conclure fur les différens pto-
» grès d’altération qu’ils peuvent avoir reçus.
Différences dépendantes du genre de vie.
■ ( P . 384.)
•. « Les différences dont on vient de parler font
»• néceffaires j i l en eft d’autres qui peuvent va-
». rier dans chaque efpèce. Ces différences fe ré-
» duifent au genre de vie & à l’exercice que font
» les animaux. C ’eft principalement du genre ■ de
» vie & des différentes efpèces à’aiimens dont.
» ufent les animaux, que M. Boerhaave a fait dé-.
» pendre la différence de leurs chairs & le degré.
» d’altération qu’elles portent avec elles dans les
», humeurs du corps humain : ainfi , il a diftingué
» les animaux en deux daftes. Les uns ufent pour
» leur nourriture d’un mucilage déjà atténué dans
» le corps' des autres animaux y les autres ufent
» fi triplement £ ali mens tirés immédiatement des
» végétaux. Les animaux qui fe nôurriffent d’autres
». animaux, doivent néceffairement avoir reçu de
» la nature des, parties bien . plus atténuées y
» les animaux dont ils fe nôurriffent, ont néeef-
»; fairemerit les^parties plus groffières,qu’eux, &
» capables de fift>ir une nouvelle altération : c’eft
».• ;une conclufion néceffaire fans doute j mais il
)>■ faut remarquer que cette divifion ne s’étend pas.
» fi loin dans la matière nutritive , que M. Boer-
| » haave nous l ’a infirmé; car, à l ’exception de
■ „ beaucoup de poiffons,"de quelques oifeaux aqua-
» tiques qui vivent d’infeétes , & qu’on.fert ordi-,
» nairement fur nos tables ,1e gibier , qui porte avec
» lui le caractère le plus parfait d’atténuation , fe;
» nourrit d\ilimens végétaux. Il eft vrai .cependant
» que ces animaux libres, & . vivans dans les
» champs, des végétaux qu ils choififfent, femblent
' » fur-tout s’attacher aux végétaux les plus fecs ,
» les plus aromatiques , qui par conféquent ont
» les principes les plus atténués. L e fumet agréa-
» ble qu’exhale leur corps, 5c qui les fait trouver
» délicieux aux hpmrpés, dépend fouvent de l ’odeuc
»' des plantes dont ils fe npurriffent. Mais la na-
' »i.ture de leur mucilage paroît dépendre plutôt de
» là cphftitution de leurs corps , du genre de vie
» qu’ils mènent, & de l ’exercice qu’ils font, que
» de leurs t alimens ; car fi vous nourriffez dans
» le repos ces animaux, & que vous les v c o u -