
différentes qu’on leur attribue , & fuivant les ufifoes
auxquels ils font propres. I l expofe avec foin &
avec clarté les cas ou il faut employer les remèdes
qui forment la plus, grande partie de cette claffe,
c eft-à-dire, ceux qui .font deftinés à .réfoudre les
tumeurs, ou a en faciliter la fuppuration; il n’eft
pas moins exaft à en décrire les formules. Il
parle a cet egard en homme véritablement inf-,
trait j nous allons mettre chacun en état , d’en
juger.
a Lorfque les tumeurs ne font que commencer
» & qu’i l y a encore un peu de fenfîbilité , nous
» avons recours aux emoliiens, qui font en même
» temps légèrement refolutifs ; il y en a qui ont
» la propriété d amollir & de réfoudre. Car ceux
» qui réfolvent puiffamment, & qui le fontpromp-
» tement fans amollir, diminuent * il eft vrai, ma-
» nifeftement la tumeur, mais ils en rendent le
» refte incapable d’être fondu. En effet’ , les hu-
» meurs les plus tenues étant réfoutes, celles qui
» font abfoluraent tërreufes & groffières, demeu-
» rent fortement adhérentes : c’eft pourquoi il faut,
» en ce cas , employer les remèdes qui peuvent
» tout a la fois .amollir & réfoudre. Nousfoifons
» donc ufage d abord des émolliens, nous paffons
»enfuite à celui des refolutifs, & nous les unifo
» fons peu à peu aux émolliens. Cependant il'faut
» confidérer la difpolition aétuelle du malade , &
» 1 état de la tumeur. Si l’on a bien reconnu l ’un
» & 1 autre , on n’aura à la vérité qn’une connoif-
» fonce conjecturale , mais cette connoiffance éclai-
» rera néanmoins : le premier jour, on appliquera
» d’abord des émolliens; le fécond & le troifième
» jour étant écoulés , on jugera facilement s’il faut
» augmenter ou diminuer l ’atlion du remède ».
Mais paffant enfoite à la différence des réfolu-
tifs 8c des fuppuratifs, il donne plus d’étendue à
fon explication.
« Ceux qui ont décrit , dit - il , les vertus
» des médicamens compofés , ont appelé at-
» tracïifs quelques emplâtres, & difeuffifs, quei-
» ques autres ; mais ils ont attribué â quelques«
» uns l ’une & l ’autre propriété ; car ces deux
» propriétés ont entre elles beaucoup d’affinité :
» les attra&ifs 'attirent du fond de la tumeur , &
» les difeuffifs enlèvent les parties attirées. En effet,
» les remèdes qui attirent , difeutent ou réfolvent
» auffi ; & ceux qui réfolvent, attirent également :
» la vertu réfolutive prédomine, à la vérité y dans
» les remèdes difeuffifs ou refolutifs, 8c la vertu
» attraârive dans les attraftifs. C ’eft pourquoi, lorfo
» qu’ôn fait un emplâtre, on y mêle tantôt de l ’écume
» d'argent (Jpuma argenti) , tantôt de la réfine,
» tantôt de l ’huile , tantôt de la cire, tantôt de
» la poix , fubftances qur ne pofledent point ,
» d’une manière bien marquée , la propriété, dif-
» euffive ni attra&ive ».
Néanmoins, en traitant en particulier des mêmes
.emplâtres relativement à leur manière d’agir ,. il
fie débite plus que des chofes incertaines & confufes
j il détermine affermai qüels font ceux qui
refoiveut, 8c, ceux qui excitent la fuppuration ; fou-
vent même il recommande le même emplâtre,
pour remplir ces deux indications; & ce qu’ il dit
des emplâtres difeuffifs eft tout à fait extraordinaire,
pour ne pas dire abfurde : il. en eft un qu’il qua-r
lifie de difquffif admirable, c’eft celui qu’il appelle
helladicum $ il a la puiflance , dit-il ., de
diffiper les abcès dans lefquels le pus eft tout
formé. Mais je ne crains pas d’affirmer qu’il n’y
a point de médicament qui puiiTe opérer ce changement
merveilleux dans les abcès qui doivent
leur naiffance à une inflammation. Car comme fou-
vent aucun remède ne peut empêcher la formation
du pus dans une tumeur, ainfi, lorfque la fuppuration
eft une fois établie , je crois fermement qu’il
n’y a point d’autre moyen de guérir le mal, que
de donner iflue à la matière purulente. Comme
ceci a befoin d’une plus grande explication, je
vais entrer dans quelque détail , puifqu’iâféWwx
m’en fournit l’occafion.
Comme dès le commencement de la Médecine
on a employé des remèdes externes , & que dans
tous les îîècles ils ont été en grande eftime , on
pourroit penfer , avec quelque raifon , qu’on n’a
rien laiffé à défirer fur-tout ce qui regarde leur
ufoge & leur application. Point de maladies plus
fréquentes que les tumeurs humorales ; cependant,
fi 1 on confuite les ouvrages tant des anciens que
des modernes , fur la Chirurgie ( quoiqu’ils fe
foient appefantis en'voulant réduire les humeurs
en efpèces & en claffes) , on trouve fur leur
ufoge tant d’embarras & de confufion , qu’il n’y
a qu’incertitude & fur les indications & fur les
remèdes. Je m’arrêterai feulement aux deux manières
les plus ufitées de traiter les tumeurs , la
réfolution & la fuppuration , manières très-rdiffé-
rentes l ’une de l’autre , & abfolument oppofées.
Si un médecin vouloit &. conduire d’après les
livres , il feroit fouvent très-embarraffé de fe décider
pour la réfolution ou pour la fuppuration j
mais fi le parti qu’il faut prendre à cet égard n’eft
point équivoque , on eft dans Fincertitude néanmoins
fur les remèdes qu’on doit employer pour
parvenir au but qu’on défire : en effet, le remède
que tel écrivain regarde comme très-propre à procurer
la réfolution, eft vanté par un autre comme
ayant la propriété de favorifer la fuppuration :
cependant, fi l ’on vouloit faire ufoge de la lumière
que donne' l ’Anatomie , pour connoître la
texture de la peau , on pourroit avoir une idée
précife de la nature & dn mécanifme de ces deux
opérations. Pour bien concevoir çe que nous voulons
fovoir , il faut fuppofer d’abord que les diffé-
rens fluides qui forment les tumeurs, font encore
contenus dans leurs .propres vaiffeaux : mais une
obftruétion furvenant dans les artères capillaires,
foit par quelque vice du fong, foit par quelque
caufe extérieure , les humeurs , qui dévoient circu-
culer, demeurent ftagnaotes daas la partie affc&ée ;
par une affluence continuelle, diftendent les
vaiffeaux, & les portent fi loin au delà de leur
état naturel, qu’elles excitent une enflure. Telle
étant la manière dont fe forme une tumeur, on
voit clairement ce que l’on doit fe propqfer en
travaillant à réfoudre ; c’eft en premier lieu d’our
vrit les pores , afin de faciliter , par la tranfpira-
tion , l ’excrétion d’une partie de la matière fura-
boridante ; 8c en fécond lieu , de broyer, pour ainfi
dire, 8c d’atténuer les humeurs. ( non feulement
par des remèdes excernes, mais encore par des remèdes
internes ) , afin de rappeler leur cours ordinaire
dans les vaiffeaux capillaires; Mais il faut
s’occuper eh même temps de- ces deux indications;
car fi- l ’on ne s’occupe que de la première , e’eft-
à-dire, d’ouvrir les pores, il arrive , comme l ’a
très-bien' remarqué À'éiius , qqe la maùère la plus
tenue- étant exhalée , le refte-devient plus compacte
ou plus glurineux , & fortifiant l ’obllruétiom,
il augmente l ’épaiffeur des membranes. Ainfi, de
l ’application de ces remèdes , qui excitent une
tranfpiration exceffive, parce qu’ils font trop chauds,
& qu’ils réfolvent puiffamment, il arrive que la
tumeur s’endurci fiant , il fe forme - un- fquirrhe
incurable : c’eft de'cette manière que dans quelques
fièvres , & principalement dans celles qu’on
nomme lentes ,* le fong acquiert plus de v-ifeo-
fîté & plus de difpofition à la ftagnation , lorfqu’on
a fait un trop grand ufoge des diaphoniques', &
aucun des évactians. Un traitement fi mal- ordonné
& fi déraifonnable , non feulement ne foulage.
point l ’afFeétion primitive , mais il eft au
contraire la fource de plufieurs autres affeétions
beaucoup plus graves que la première.
Si l ’on examine cet objet un peu plus attentivement
j on reconnoîtra bientôt combien eft mau-
vaife la définition que quelques auteurs d’inftituts
de Médecine ont donnée de la réfolution , en di-
font que c’eft une évacution infenfible; fons ajouter
, ce qui n’eft pas moins néceffaire, que c'eft
une atténuation des humeurs. MaisA'ètiuSy & Guill.
Fabrice de Hilden après luidans la vue de hâter
la réfolution , unifient toujours aux remèdes réfo-
lutifs un peu des émolliens , afin de modérer
l ’a&ion des premiers , & d’empêcher qu’il ne fe
faffe par la peau une trop violente & trop prompte
diffipation. G’eft dans la même vue que certains
auteurs praticiens recommandent beaucoup un mélange
de remèdes fpiritueux & huileux , non feulement
pour diffiper l ’enflure, mais encore pour
adoucir la douleur. Notre expérience nous -apprend
auffi combien dans ce cas l’huile de térébenthine ,
& toutes les huiles chimiques font utiles^ elles ne
font autre chofe que des efprits enfermés , & ,
fuivant le langage ordinaire, concentrés dans quelque
fubftance oïéagineufe , comme on peut le
prouver par cette raréfaction fi prompte qu’y produit
le feu après des diftillatiôns réitérées. Ces
huiles, débarraffées des parties les plus vifqueufes ,
font converties en efprit, & en reçoivent le nom.
Il eft donc important d’aMénuef-en même temps
qu’on diffipe. Pour cet effet, les applications dans
lefquelles il y a un mélange de meçcure, font les
plus utiles difeuffifs ou réfolutifs. Le remède com-
pofé principalement de cinabre, eft celui qui eft
le plus recommandé par Alexandre; pour diffou-
dre les concrétions caufées par le . rhumatifme .on
la gô.utte 4?»^ les jointures. E)ei ';même oane raan-
queroiit pas de. voir , des effets pareils , fi l ’opium
ou le: camphre qjui font pèut,-être les deux, fubf-
tançss; les, plus atténuantes que nous ayons, entroient
.davantage ; dans les compofitions réfolu-
tiv.es, ; è’un autre côté, i l faut prendre garde, en
voulant , atténuer , de ne pas fe fervir des chofes
qui, bouchent ou. obftruent les pores. Les huiles
qui font très-glutineufes , font de cette efpèce ;
c’eft pourquoi Aëtius, au fujét de l ’emplâtre per-
fique qu’il décrit 8c recommande extrêmëméht, a
grand loin d’obferver qu’il ne faut pas vërfer d’huile
fur la partie. Galien dit expreffément que les>
huiles'bouchent les pores, & en conféquehce i l
confeille l ’ onétion après le bain , afin qu’on ne
tranfpire pas trop ; & l ’huile de maftic eft un remède
qu’il eftime beaucoup contre les grandés
fueurs, parce qu’il obftrue les pores. -
Sur le même principe , Ccel. Aur,elianus s’oppose
à l ’application He l ’huile' de rofés dans un
accès de phrénefie ; c’étoit plutôt apparemment
pour la même raifon que les athlètes, parmi les
anciens , avoient accoutumé de s’oindre tout le
corps d’huile , que pour la raifon qu’on, en donne
communément , fovoir , pour donner moins de
prife for eux à leurs-adverfoires ; la vifeofité de
l ’huile les rendant gliffâns , leur donnoit: par-là
moyen d’échapper de leurs mains. La tranfpirâ-
tion étant arrêtée , i l y avoit une plus grande
abondance de fong & d’efprits pour les nlufcles;
ce qui donnoit à ces athlètes plus de forcei & plus
de vigueur durant ces exercices:. Pour cette raifon
peut - être on attibue communément à Hérodi-
ctis l ’invention de l ’onction , lui qui le premier
a preferit-des remèdes pour les athlètes., Hippo •
crate & Galien défendoient l’ufoge des huiles
8c des graiffes dans les plaies récentes & dans les
ulcères, par cette raifon ~ qu’elles retiennent au-
dedans la matière qui devroit fortir, ce qui occa-
fionne fouvent des chairs fonguenfes. Auffi Fabrice
de Hilden , dans la Compofitioji.de fon onguent
égyptrâc, fi fort loué par lui 8c par d’autres pouf
la cure de la gangrène , quoiqu’il ne foit plus
fi fort' en vogue aujourd’hui!, n’y foit entrer ni
huile ni graifie; & c’eft avec raifon qu’il recommande
, dans cette même vue , de prendre garde
quç la farine de fèves & de lentilles , avec laquelle
il le fa it, ne foit point trop bouillie , de peur
qu’elle ne contracte de la vifcofïîét, & ne fopprimela
tranfpiration de la partie. La raifon en eft claire
à quiconque connoît l ’anatomie de îc'es parti es >;
car les feuillets de l ’épiderme font rangésl’un
defftts l ’autre , de manière qu’ils font fouvent