
vivant, par • M. Blagden & les autres phyficiens
qui le font, occupés avec lui de- cet objet.
Obf. i . Ils ont obfervé que les oeufs fe durciffoient
entièrement, & que la chair fe cuifoit &feféchoit dans
l ’étuve sèçhè, chauffée au z 60e degré de Fahrenheit
( lo i £ Réaum, ) , dont cependant les hommes ont
fupporté là chaleur fans incommodité pendant un
temps affez long. Donc la. coagulation des matières
animales par la chaleur n’a pas dieu
dans Vhomme viv'ànt. ( Journ. de phyfique, fup-
plément, année 1778 , t. X I I I , p . n é . ) '
Obf. 1. Que l’eau placée dans une chaleur fupé-
rieure à celle de l ’eau bouillante, comme dans 1 air
échauffé à 260° Fahr. ( 101 £ Réaum.), n’atteint pas
ce degré & ne bout pas tant qu’elle eft en pleine
évaporation, mais qu’elle augmente fenfiblement de
chaleur & qu’elle bout bientôt fi l ’on intercepte
Ion évaporation par une couche d’huile ou de cire
fondue ; ce qui prouve que l’évaporation diminue
le degré de chaleur que les fluides aqueux prendraient
fa n s elle dans un air très-chaud, & quelle
en retarde l ’ébullition. ( Ib. pag. 126, )
Obf. 3. Que Vhomme placé dans différens
degrés de chaleur fupérieurs à fa chaleur naturelle,
y fubfifte fa n s que la chaleur naturelle
de fon corps foie fenfiblement augmentée. E l l e
y c h a n g e a u m o in s t r è s - p e u , p u i f q u e , d an s l e s
d e u x e x p é r ie n c e s f a i t e s d an s l ’ é tu v e h u m i d e , c e t t e
c h a le u r , q u i n a t u r e l l em e n t é t o i t d e $7° Fahr.
( 1 8 j RSau. ) , n ’ e f t m o n t é e q u ’ à i o o ° Fahr.
( 3 0 j f sRéau.) 5 q u e d an s u n e d e s e x p é r ie n c e s f a i t e s
d a n s l ’ é tu v e s è c h e à u n e c h a le u r d e 2 1 1 ° Fahr.
( 79 7 Réau. ) , e l l e n ’ e f t m o n t é e q u ’ à 2 8 ° Fahr.
( 2,5) j Réau. ) ,* & q u e d ans l e s a u t r e s e x p é r ie n c e s
f a i t e s a u f l i d an s l ’ é tu v e s è c h e , o u l a c h a le u r de
l ’ é tu v e é t o i t à z ê o , 2 2 0 , z6o° Fahr. ( i o i £ ,
83 v> 101 9 Réau.) e l l e n^eft p a s m êm e m o n t é e fe n f
ib l em e n t d ’u n d e g r é . L a c h a le u r h u m a in e a é t é m e -
fu r é e e n a p p l iq u a n t l e th e rm o m è t r e t r è s - e x a é té m e n t
à l a p e a u & fo u s l a l a n g u e . . . C e p e n d a n t d a n s l a m êm e
é tu v e d e z 60“ q u o iq u e l ’ e a u e n p l e in e é v a p o r a t io n
n e b o u i l l î t p a s & n ’ a t t e i g n î t p a s l a c h a le u r de
l ’ é t u v e , e l l e s’ é l e v a n é a nm o in s à u n e c h a le u r 'b i e n
fu p é r ie u r e à c e l l e du c o r p s h u m a in . . . . d ’o ù i l f u i t ,
I °. que la chaleur de l’air ne f e communique
point au corps vivant, même dans la proportion
de leurs denjités réciproques $ mais qu’elle efi
détruite à f a fu r face ,* z°. que ce n e fip a s à la feule
évaporation des liquides, mais à une propriété
particulière de fon organifme,.que le corps humain
doit la confèreation de fa chaleur naturelle
au milieu d'une atmofphère beaucoup plus
chaude que lui. ( Ib.pag. 1 5 3 , i f j , 12.3 , 1 2 4 ,
I I 6 , T 2.7. ) •
O b f 4. Que dans cette extrême chaleur la pré •
fence d’un certain nombre de pèrfonnes, & même
d’une feule , fait baiffer fenfiblement le thermomètre
, & par confisquent la chaleur de Y air environnant}
& que cet effet ? toujours remarquable,
eft fouvent Confîdérâble, à mgins que la chaleur
ne foit bien foutenue-, comme elle le fut dans
l ’étuve chauffée à zéo° Fahr. ; d’où il fuit que
■ cette propriété de notre corps, de détruire la chaleur
dans l ’air , fa n s s ’échauffer lui-même fenfiblement
en rai fon de fa denfité, a fo n e f f e t ,
même au delà de la fu r face du corps ,. à une
certaine diftance. ( Voye\ pag. 15 4 , MS > &
lZ-5. ) • ;■ f
O b f 5. Que la refpiration'n’a point été affeétée,
& n’eft devenue ni prompte ni laborieufe, même
dans i ’air échauffé loit au degré, foit au delà du.
degré de l ’eau bouillante, fi ce n’eft dans l ’expérience
faite après un ample repas dans la chaleur
sèche de z6o° Fahr. '( toi. Jr Reau. J. Ce n eft pas
tout j mais quoique dans l ’infpiratiom, 1 air extérieur
qui pénétroit dans’ la poitrine excitât en paffant par
les narines un fentiment douloureux d’ardeur & de
cuilîon, l 'air expiré immédiatement après , pa-
roiffoit froid & excitoit la même fenfation que
caûfe ordinairement le contaét d’un cadavre. D où
il fuit que cette propriété du corps humain de
conferver fa chaleur naturelle & de détruire celle
de l'air plus chaud que lui , fan s s’ échauffer
par-là fenfiblement, exifle également dans lë
poumon , ainfi qu’à la furface de la peau. f P ag.
155, 1 5 6 , 1 1 3 , 1 1 4 . » u s » &<•’• ) I m m
Obf. 6. Que dans la première expérience a 1 etuve
humide , les veines groffirent beaucoup, & la fur-
face du corps devint fort rouge , ^avec une. vive
fenfation de chaleur; ce qui ne paroît pas avoir eu
lieu à ce point dans la feconcîe expérience. Dans les
expériences faites dans l’ étuve, sèche échauffée jusqu’
au 210 à z i i ° , on n’éproüva aucune anxiété;
mais M. Blagden eut un peu de vertige , & les
autres eurent des trembïemens dans les mains | avec
beaucoup de langueur & de foibieffe, qui n eurent
aucune fuite fâcheufe. Cependant dans les, autres
expériences , à l ’exception de celle où M- Blagden
éprouva de l’oppreflion , qui pouvoit etre attribuée
à la plénitude-de l ’eftomac , 'il n y. eut d autre fentiment
que celui de fatigue, il paroît meme quà
la fin ce fentiment n’eiit plus lieu. Il faut d ailleurs
déduire de ces fymptômes les effets que peut
produire l’approche d’un poêle de fonte & de fon
tuyau chauffés au_rouge , & qui particulièrement
portoient au vifage & aux jambes une ardeur fort
douloureufe. Néanmoins on voit dans ces obferva-
tions que la chaleur exceffive de l’air occajîonnoit
un véritable fentiment d irritation dans fon con-
■ tacl avec la peau., & produisit une imprejpon.
fentibleftr les nerfs, quoiqu’elle parût elle-même
fe détruire dans le contact du corps. ( Lieux cites.,
Obf. 7. Que le pouls s’accélère d’une manière
remarquable dans toutes ces expériences; & cet effet
eft variable dans fon intenfilé, peut-être en ration
de l ’impreftion que la chaleur fait aufli fur les autres
organes. Dans la première, expérience , od la chaleur
humide étoit montée à n o 0 bahr. ( 39 5
Réaum. .le pouls battoir !■ 45 fois ™ une minute
, c’eft-à-dire , que fa vîteffe etoit plus que
doublée. Dans la fécondé expérience , od cependant
la chaleur étoit à 130 Fahr?\ 43 §R éa u .) ,
mais od elle paroît avoir été moins incommode,
il ne battoit que 116 fois dans le même efpace de
temps. Dans les expériences de MM. Banks 8c
Solander, dans une chaleur,sèche de 2.100 , 2.11°
Fahr. C7S j , 79ÏRJUU.) , il-parut battre <u à
joo fois dans une minute. Dans celle où M. Blagden
entra tout habillé dans une chaleur sèche, de 260° ,
Fahren. ( lo i j Réaum. ) , mais od il éprouva une
forte oppreflion , ie pouls battit 144 lois. Enfin
dans celle1 où il entra nu dans une etuve seche
chaude à 2.200 Fahr. ( 83 je Réau. ) , mais où il
éprouva de la fatigue fans oppreflion, Ion pouls battit
13 6 fois. I l fuit delà que la chaleur de l ’air, quoique
détruite dans fon contact tant a l extérieur. qu a.
l ’intérieur du corps, par la propriété de notre orga-
nifation , porte cependant une irritation fenjible
fur lé coeur, ainfi que Jur les nerfs, comme fu r les
organes extérieurs de notre corps- ( Lieux cités. )
Obf. 8. Que dans i ’étüve humide , le corps ruif-
feloit d’eau de tous côtés. Mais que dans i ’étuve
sèche cet effet étoit bien différent. Dans 1 étuve seche
chauffée à no,° & z n ° M. Banks fut le feul qui
fita abondamment, M. Blagden & les autres n’eurent
que de la moiteur. Dans l ’étuve seche à z6o°
Fahr. ( lo i j Réau. ) , où M. Blagden éprouva
tant d’opreffion , il ne parle point dé fueur ;
dans l ’étuve sèche chaude de zzo° Fahr. (83 £
Réaii.) , la fatigue & la fenfation'défagréable qu’il
éprouva d’abord furent diminuées , & il fe fentit
très-foulagé par la fueur qui furvint au bout de
cinq à fix minutes ; dans les autres épreuves , il ne
parle plus de fueur. En même temps M. Fordyce
a remarqué qu’on fupporcoit un bien plus grand
degré de chaleur dans l ’étuve sèche que dans l’é-
tuve humide, comme il paroît par les effets rap portés
obf. 6 & 7. Mais pour juger ce qu’on doit
conclure de ces obfervations, il faut faire attention
à une expérience de M. Fordyce, qui fit apporter
dans l’étuve humide chauffée au 130° Fah.
( 43 J Réau. ) , une bouteiLle pleine d’eau chaude
au ioo° Fahr., c’eft-à-dire, au même degré que
fon corps dans la même étuve. Aufli-tôt 1 eau
ruiflelafur les parois extérieures de cette bouteille ,
comme fur le corps de M. Fordyce lui-même.
D’où il fuit que dans l’étuve sèche, quand la
fueur furvient, elle efi une véritable évaporation
& une exfudation de nos liquides , mais que
dans Vétuve humide , l'eau qui ruiffelle fur le
corps eft moins de la fueu r , que l'eau même de
l'air condenfée fur la peau, comme fur un corps
plus froid que l'air environnant qui tient cette
eau en diffolution, exa&ement comme il arrive
en été lorfqu’on tire des vafes d’un lieu froid ; à
peine font-ils dans l’air chaud qu’ils fe chargent
aufli-tôt d’une abondante humidité. ( Pages 153',
124 , &c. ) '
Obf. 9. I l faut encore faire attention à l ’ôbfer-
ration fuivante, que la chaleur des milieux dans
lefquels l ’homme eft plongé , eft d’autant plus
infupp or table pour lui que ce milieu eft plus denfe
& exige par conféquent une plus grande quantité
de chaleur pour être chaud à un même degré.
Qu’en conféquence l ’homme qui fupporté dans
Y air une chaleur de 260° Fahr. ( 101 j Réau. ) ,
fupporté à peine une chaleur de 1 3©0 Fahr. ( 43
jj Réau. ) • dans l ’efprit-de-vin reélifié.j dans l’huile j
une chaleur de iip ° Fahr. ( 43 3 Réau. ) ; dans
l ’eau, une de 123° Fahr. ( 40° £ Réau.)', enfin
une chaleur de 1170. Fahr. ( 37 7 Réau. ) dans
le mercure. ( p. 15 6. ; Ce fait explique pourquoi
l ’on ne peut fupporter dans i ’étuve humide une
aufli grande chaleur que dans l’étuve sèche , &
pourquoi l’étuve humide, quoique beaucoup moins
chaude, a augmenté la chaleur naturelle du corps
plus fenfiblement que ne l’â fait l ’étuve sèche.
C’eft que l ’homme , inondé de l ’eau qui ruiffelle
fu r fon corps dans l’étuve humide r fe trouve
réellement comme plongé dans un fluide plus
denfe que n efi l’.air, ù dont par conféquent la
chaleur, quoique moindre, eft plus infupporta-
ble. Au contraire, dans Vétuve sèche, le corps
n’eft plongé que dans l'air, & quand la fueur
furvient, elle foulage en produifant deux effets,
celui d'une véritable évaporation , qui eft de modérer
la chaleur., & celui d'humecter & de détendre
la fibre, séchée & crifpéè par la chaleur
ardente de l’air qui la brûle. Ces réflexions appartiennent
naturellement à l ’enaroit où nous par~-
lerons des différens effets de la chaleur humide &
de la chaleur sèche ; mais je n’ai pu les féparer des
autres expériences avec lefquelles elles font liées
ic i, & qui appartiennent au moment préfent.
O b f 10. MM. Blagden, Fordyce, & c ., ont
obfërvé dans les mêmes expériences, que quoiqu’ils
fortifient rapidement de ces étuves pour entrer dans
lin air froid au mois de janvier, les effets de la
chaleur exceffive fur le pouls & fur la peau fe font
foutenus encore long-temps ; que le pouls ne s’eft
ralenti que par degrés, & n’a été rétabli dans fa
mefure naturelle qu’au bout de deux heures de
temps ; eftfin qu’aucun d’eux ne fut incommodé de
ce paflage fubit, qui, dans une chaleur modérée,
produit fouvent des effets dangereux. Il paroît
fuivre de là que les effets d’une chaleur excefjiveJur
nos corps étant moins aifément détruits au
dedans de nous par le froid extérieur & fu b i t ,
cette alternative eft réellement moins dangereufè
que celle du froid & du chaud dans des termes '
plus modérés , dont nos corps fuivent plus
j promptement & fentent par conféquent plus vivement
les viciffitudes. Cette vérité fait concevoir
pourquoi les Rufles ne fe trouvent pas mal de l ’u-
fage où piufieurs d’entre eux font d’entrer dans l ’ean.
froide, ou de fè plonger dans la neige au fortir de
leurs étuves , dans lefquelles ils éprouvent une chaleur
égale & même fupérieure à celle de l ’étuve humide
de M. Fordyce j & cette confédération nous fera
encore utile dans un autre endroit de cet article.