
Nous rapporterons ici une obfervation qui
tend à prouver que ce même alcali fix e peut être
au (fi employé avec fuccès dans les écoulemens
morveux.
M. Fleury, vétérinaire aux mines de Poullaven,
près Carhain , en Baffe-Bretagne , au défaut d’a lcali
volatil, a tenté de lui luppléer Valcali fix e
dans le traitement d’un cheval âgé de fix ans, ayant
les glandes de deffous la ganache engorgées, la
membrane pituitaire chancrée, & jetant une matière
d’un blanc verdâtre , par le nazeau du même côté,
depuis plus d’un mois. Il l ’a fait prendre à la dofe
de deux gros, qu’il a fucceflivement portée àlîx pendant
le premier mois ; il a continué cette dole un
autre mois, & il a redefcendu graduellement à la
première pendant le troifième mois, au bout duquel
le flux étoit ceffé , les ulcères de la membrane
pituitaire cicacrifés, & l ’engorgement des
glandes difparu. Il le fit prendre fous la forme
d’opiat, uni avec la poudre de racine d’aulnée,
dans une très-petite quantité de miel; il y joignit
les fumigations émollientes, les injeétions deau
végéto-minérale dans le nazeau , & les onftions
d’onguent d’althéa fous la ganache. A l ’époque
ou il me communiquoit cette obfervation ( zo mars
.1785 ) , long-temps après le traitement, le cheval
jouiffoit toujours d’une bonne fanté.
L a leflîve des cendres des végétaux eft un moyen
prefque univerfellement a Ta portée des vétérinaires ,
pour le procurer Y alcali f i x e , fur-tout pour les
ufages extérieurs ; on paffe cette leffive, avec laquelle
on peut lotjonner & nettoyer les ulcères
farcineux ; on y ajoute l ’eau-de-vie lorfqu’il faut
déterger & fortifier en même temps. Cette leffive
ainfi aiguifée eft employée fréquemment à Paris
pour fécher les eaux a u x jambes , après un traitement
intérieur convenable. ( M. H u z a r d . )
ALCA L IN S . ( Remèdes ) .( Mat. méd. ) On
donne en général le nom de remèdes ou raédica-
mens alcalins, à toutes les efpèces cPalcalis, &
aux cendres des végétaux brûlés qui contiennent
des fels de la même nature. Comme cette claffe
de matières a des effets généraux qui tiennent entièrement
â leur nature alcaline , i l étoit néceffaire
d’en faire aulfi une claffe particulière de médica-
mens. Voye\ les mots A l c a l i s . ( M. d e ^EdsjRt
ç k o y . )
A LC A L ISA T IO N . ( Mat. méd. ) Toutes les
fois qu’une opération de Chimie pharmaceutique
quelconque fert à développer, à extraire , ou à
mettre â nu une fubftance alcaline , & fur-tout un
des alcalis fixes; cette opération eft une vraie alca-
lifation. Ainfi, en brûlant des bois, des plantes ,
en faifant détonner du nitre, en calcinant du tartre,
on opère une alcalifation. On croyoit autrefois
que dans ces circonftances l ’alcali fixe fe formoit,
éc le mot alpalifation exprimoit alors cette pro-
iiuétion alcaline. Aujourd nui le plus grand nombre
des chimiftes penfe que l ’alcali fixe qu’on
obtient par tous ces procédés u’eft que féparé ou
extrait des fubûances qui le contenoient tout entier
avant cette opération. L a nature formé cependant
fans celle les alcalis, & fous ce point de
vue, Tacalifation eft une de fes opérations; mais
l’art n’eft encore parvenu ni à concevoir & expliquer
les phénomènes & la caufe de cette formation,
ni à l’imiter. Au refte, cet objet eft plus
du reffort de la Chimie que de la matière médicale;
& on le-trouvera difeuté dans le diétion-
naire de cette fciencc. ' ( M. de F o u r c r o y . )
ALCALISER , ALCALISÉ. ( Mat. méd. )
A lca li fe r fe dit 'des opérations que Ton fait pour
extraire les alcalis fixes des différentes fubftances
qui le contiennent, & le mot alcalifé exprime
Tétât des corps qui ont fubi ces opérations; ainfi,
Ton dit alcalifer du nitre, ^alcalifer du tartre
& du nitre , du tartre alcalifé.
N. B . Les mots alcalifation , alcalifer, alcalifé
, s’employent aufli quelquefois pour défî-
gner des liquides & des boiffons aiguifées avec
des alcalis ; mais l ’ufage de ces mots, pris dans ce
fens , eft aujourd’hui très-rare. ( M. DE F our-
croy. )
A LC AN N A . { Jurif de Méd.) C ’eft le nom
d’une drogue qui fert" à la teinture, & dont on
tire utje huile d’une odeur très-agréable , qui eft
de quelque ufage en JYiédecine. On donne à cette
huile le nom d’huile de cyprus , qui fe donne
aufli quelquefois a la plante. Cette drogue nous
vient d’Egypte & de quelques autres endroits du
levant. Les botaniftes cféfignent fous le nom de
troëfne d’Egypte, liguftrum Ægyptiacum , la
plante qui donne cette teinture. E lle 'n ’eft point
dans le tarif de 1664 pour les droits d’entrée & de
fortie des drogues ; mais elle paye par approximation.
( M M. V e r d i e r . )
A L C A N N A . Hygiène,
Partie II, Matière de Vhygiène , ou chofes
appelées improprement non naturelles.
Claffe II. Applicata, chofes appliquées à lo
furface du corps.
Ordre II. Cofmétiques , fards<
Valcanna. Alhenna arab.
Lawfonia fpinofa ramis fpinofis, Lin. Cyprus
des anciens & de Diofcoride. Cyprus alcanna
( R um p h h e rb . amb. ) Rhamnus malabaricus
mail-anfehi dictæ fimilis è Madarafpatan.
(Plukenet Phytograph. pi. zo , fig. 1 , p. 318.)
Oxyacanthoe affinis malabarica racemofa fub•
flavo flore. ( Commelin. notes fur l’hort. ma-
lab. ) Mail-anfchi ( Rheede hort. malab. ) Ço-
pher. ( Heb. ) JDrumlacca ( Malays ) forujim
( Sénég. )
Cet arbriffeau 3 que M. Adanfon met dans la
famille
famille des ciftes, eft remarquable par fes feuilles
& fés fleurs. Les_premières donnent une teinture, ou
jaune, ou d’un rouge v if, & couleur de feu , probablement
fuivant la çoncentration de leur partie
colorante. Celte couleur adhère fi fortement a 1 e-
pîderme, aux cheveux, & aux ongles, qu’elle ne
s’en Va' que par le renouvellement de ces parties.
M. Adanfon ayant mis de cette teinture aux ongles'de
fes pieds, la.conferva pendant cinq mois
entiers, efpacè de temps qui fut néceffaire au renouvellement
entier de fes ongles. Cette propriété
Ta fait .employer comme fard par un grand nombre
de peuples qui s’en fervent encore aujourd’hui.
Les acides avivent -ce«.le couleur & la rendent plus
tenace: le favon, & par conféquent les alcalis ,
au rapport de Belon, là rendent d’un rouge, noirâtre"
aéfagréable. Les feuilles d’alcanna ont en
outre un goût acide, aftringent, & amer.
Diofcoride parle du cyprus, comme donnant aux
cheveux une couleur fauve ; couleur fort eftimée
des anciens & dès orientaux. En Egypte , les
hommes s’en teignent les ongles, & les femmes
s’en /teignent, au fortir *du bain , les mains , les
pieds, les cheveux , le ventre. C ’eft de même l’u-
fage en Per’fe , au rapport de Belon. Les payfans
de l ’Afie s’en teignent les cheveux. Les perfonnes
libres parmi les indien? & les macaffars:, & fur-tout
les jeunes gens s’en teignent les ongles. Tout le
monde le fait au Sénégal. On fe lert ou de la
poudre féchée ou des feuilles fraîches ; mais celles-ci
teignent mieux & plus folidement. Le commerce '
de cette fubftance eft confidérable au Caire , & on
l’envoie de là à Alexandrie'& à .Conftantinople ,
pour toute la Turquie , la Valaquie , &c, ( V .
Adanfon, âne. encyclop. ,'fu p p l., art. alcanna.) Si l’on veut chercher quels pourraient être lès
effets de cette efpèce de fard fur Ta peau, indé- *
péndammenfde la teinture qu’elle lui donne , on '
pourra croire qu’ elle l ’affermit a raifon de fa qualité
aftringente , & qu’elle peut avoir quelque
avantage pour diminuer le relâchement que Tu- '
fage des étuves & des bains doit communiquer à la
peau. Cet. effet ne peut avoir lieu que dans le cas
où les Egyptiennes s’en fervent pour teindre là
peau du ventre , car Y alcanna ne peut être regardé
comme doué d’aucune utilité dans la teinture des I
cheveux & des ongles, des mains ou des piëds.
Il paroît, par 1 article inermis fuivant, que Talcanna a la même propriété & les mêmes ufages
que Y alcanna épineux. Ici nous’ avons fuivi
M. Adanfon, qui nous a paru préférable, parce qu’il
a vu la chofe fur les lieux mêmes , & qu’on ne.peut
le foupçonner de s’être trompé fur la plante qui lui
a fourni cette teinture. ( M . H AL LÉ. )
A lcanna. ( Mat. méd. ) On diftinguoit autrefois
deux efpèces d’alcanna dans les boutiques ,
Tune connue fous le nom d’alcanna .vera, l ’autre
fous celui d’alcanna fpuria.
La première efpèce, ou Y'alcanna vera, eft 1&
Mé d e c in e . Tomi I .
rtiaaccinuem dl’autniefo leifupmè c e d e t r o e n e , liguflrum Ægypmis
, d e G . B a u h ih ; Lawjonia iner
de L in n e u s . C e v é g é t a l c r o î t d an s l ’ In d e ,
l ’ E g y p t e , l a S y r i e . L e s tu r c s & l e s m o r e s n o m m
e n t c e t t e r a c in e k e n n a ; i l s l ’ em p l o i e n t c om m e
c ô fm é t iq u e ; i l s f e fe r v e n t a u f l i d es f e u i l l e s ; l e s
F em m e s C o lo r e n t l e u r s _ o n g l e s en r o u g e a v e c l a
r a c in e . I l p a r o î t q u ’ o n s.?e n f e r v o i t a u f l i p o u r t e in d
r e l e s c h e v e u x , & q u e l ’ a r b r e q u i l a fo u r n i t e f t
l e cy p r u s d e P l i n e , a v e c l e s f e u i l l e s d u q u e l o ii
p r é p à r o i t l ’ o n g u e n t c y p r i e n . O n fe f e r v o i t a u t r e fo i s
d e c e t t e r a c in e p o u r l e s m a la d ie s d é s f e m m e s , &
f u r - t o u t l e s a f f e & io n s h y f t é r iq u e s ; e l l e é t o i t r e g
a r d é e a u f l i c om m e u n a f t r in g e n t a f f e z p u i f f a n t ;
e l l e ' e n t r ô i t d an s T e s o n g u e n s r o u g e s , l e s p o m m
a d e s , l è s t e in tu r e s f t o m a c h iq u e s , l è s d é c o d i o n s
a f t r in g e n t e s ; o n n ’ e n f a i t p lu s i f u f a g e , & e l l e n ’ e f t
m êm e p lu s d ans le c o m m e r c e . . U alcanna fpuria e f t la r a c in e d ’ o r c a n e t t e , q u i
e f t r em a r q u a b le p a r fa b e l l e c b u l e u r r o u g e , q u ’ e l l é
ç om 'm u n iq u e f a c i l em e n t à l ’h u i l e & à to u t e s l e s
fu b f ta n c e s g r a f f e s . O n a fo u v e n t d b n n é l a r a c in e
d ’ o r c a n e t t e p o u r Y alcanna Fera. Voye\ l e m o t
O r c an ett e. (M . d e F o i/ r c r o y . )
A L C É E . ( Mat. méd. ) Valcée^ e f t l e n om .
d’ u n g e n r e d e p l a n t e s à fle u r s p o l y p é t a l e s d e l a
f a m i l l e d e s m a lv a c é e s . o u c o l u m n i f è r è s , d o n t i l y
■ a p lu f ie u r s e fp è c e s , & d o n t l e c a r a d è r e e f t d’ a v o i r
u n c a l i c e e x t é r ie u r à fix d iv i f îo n s , & 1 in t é r ie u r a
c in q o u f ix . L in n e u s r a n g e c e g e n r e d ans l a m o *
n a d e lp h i e p o l y a n d r ie .
\Jalcée' rofe , dont il eft queftion ic i, étoit une
miuve, de Tournefort, malva rofea, fo lio fubro-
turido. Linnéus l a nomme alcea rofea , fo liis
Jînùaro angulofis. ' . > /
C e t t e p l a n t e d e s p a y s m é r id io n a u x s’ é l è v e d e
c in q à h u i t p i e d s , c om m e u n a j b r i i ï e a u ; fè s f e u i l l e s
f o n t a l t e r n e s , l o b é e s , c r é n e l é e s , a r r o n d i e s , & v e lu
e s . L e s fle u r s r o f e s o u v a r ié e s & d o u b lé e s p a r
l a c u ltu r e , fo n t p o r t é e s p a r d e s p é d o n c u l e s c o u r t s
a u x a i f f e l l e s d e s f e u i l l e s , & f o rm e n t , p a r l e u r d i f -
p o f i t io n fu r l a t i g e , u n é p i l â c h e & t r è s - T o n g ,
O n c u l t i v e c e t t e p l a n t e d an s n o s ja r d in s , à c a u fô
d e l à b è a u t é d e fa f l e u r ; e l l e y e f t c o n n u e f o u s l e s n om s d e mauve rofe, pajfe-rofe, rofe trémière ;
e l l e f le u r i t à l a fin d e l ’ é t é , & fa fle u r d u r e u n e
p a r t ie d e T à ü t o m n e . ^
L e s fle u r s fo n t e m o l l ie n t e s & a d o u c i f fa n t e s c om m e
C e l l e s d e l a m a u v e ; o n p e u t l e s e m p l o y e r a u *
m êm e s u f a g e s . ( M. d e F o u r cr o y . )
térAinlaicréeye m, aMtièarlev am -é dailccaelae.. )L . ( Médecine Vémonfirations
élémentaires ae OBno ltiàtn diqanusè l eàs JlD’ué
fage des élèves de l’école royale vétérinaire,
q u e l e s f e u i l l e s d e Y alcée o n t l e s m êm e s v e r tu s
q u e c e l l e s d e m a u v e & d e g u im a u v e , & q u ’ o n le s ;
e m p l o i e a u d é fa u t d e c e l l e s - c i ; q u e fa r a c in e e f t
iW p i r g a t i f T iy d r a g o g u e t r è s - fo r t * q u i fe d o n n e
M m m m