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on n en doit pas moins conclure que l ’impreifion
du feu, appliqué immédiatement fur les os de la
tête, pane trop facilement & trop virement jufqu’à
la dure-mère , & qu’il ne faut jamais y avoir
recours. pour aucun des cas marqués dans les citations
de M. de Ha'èn.
Mais gardons-nous d’outrer les conféquences ,-
& de profcrire toute application du feu fur la
tête' ; car ce moyen de guérir, fagement admi-
niftté , eft un des plus puiuans qu’on puifle mettre
en oeuvre. S’il a été fi funefte aux deux malades
de M. de Haéti & au mien , c’eft que, de tous les
procédés des anciens pour cette application, nous
avions par malheur fuivi celui qu’il falloit éviter
, qui eft de mettre l’os à nu , pour le
toucher immédiatement avec le fer rouge ( 1 )0 .
Les faits que nous venons de rapporter jufti-
fient, jufqu’à un certain p oint, l ’avis de San&orius-
Sanctorius , & de Zecchius , qui fe font élevés
contre l ’application du cautère aéluel dans les endroits
des futures , & dans ceux où l ’offification
eft en même temps plus longue à s?achever entièrement
., comme fur la région fyncipitale. Elles
prouvent encore que , dans quelque cas que ce foit,
on doit fcrupaleufement s abftenir de faire pénétre
le feu trop profondément fur le crâne. Les
obfervations fuivantes, dont nous fommes aufli redevables
a M. Pouteau .( z ) , feront voir qu’en
cautérifâ'nt la tête avec des fubftances embrafées
moins actives que le fer rouge ; par exemple, en
fuivant le procédé des égyptiens , on n’a pas à
craindre qu’il en réfulte fur les organes eflentiels
à la v ie , les fuites funeftes que nous venons dp
rapporter , quand même l ’aétion du feu pénétre-
roit jufqu’au crâne.
Obfervations propres à démontrer qu'on ne
court point , en fuivant la méthode des
- égyptiens , le mime danger que lorfquon
• f e fe r t du fer rouge pour cauiérifer la tête.
ï 6rc. O b s e r v a t i o n ,
Goutte fereine.
« M. Cologne , maître en Chirurgie à Bour-
g oin, petite ville du Dauphiné, in envoya, au
printemps de 1772; , un maréchal ferrant de la
même ville , attaqué de la goutte fereine , avec
de violens maux de fête : ‘i l avoit à peu près
Soixante ans. L ’ayant déterminé à fouffrir l’applid’après
mes propres recherches, eft en général beaucoup plus épaiqfluee dcaenttse lreésg iqouna ddruu pcèrâdnees que dans l’homme, ( V . D . ) { 1 ) (Euv.pojlh. de P ou teau tom e 2 , fur les avantages
& les inconvéniens du fer rouge appliqué fur le fommèt de
fa tête yp. 37 & fuiv.
i z) <Éuy. pofth. ç. 2, p. 5 j & fuive_
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cation du feu fur le fommèt de la tête , après
avoir fait rafer les cheveux dans une étendue convenable,
je fis brûler un cylindre de coton à la
réunion des futures fagittalé & coronale. Un emplâtre
noir fut tout l ’appareil ; & aufli-tôt après
je renvoyai le malade à fon auberge, diftante de
cinq à fix cents pas , lui recommandant de fe
contenter de quelques loupes pour tout aliment.
Vingt-quatre heures après , le malade revint, très-
content de ce que fon mal de tête étoit diflîpé,
& fur-tout de ce que , paffant au fo le il, il avoit
pu débrouiller quelques mots d’une lettre qu’il
avoit tirée de fa poche. J’ai ignoré les fuites ultérieures
de cette brûlure, relativement à fes bons
effets j mais la ceflation fubite de la douleur de
tête habituelle étoit bien propre à écarter toute
crainte de voir des accidens pareils à ceux qui
avoient fuivi l ’application du fer fur les os de
la tête mis â nu. L’obfervation qui fuit fera beaucoup
plus amplement détaillée , &.fans doute plus
concluante ».
I Ie. O b s e r v a t i o n .
Epilepfie.
« Jeanne B u r e l, femme d’un ouvrier en foie, demeurant
quai Saint-Benoît â L y o n , dans la mai-
fon des dames de Saint-Benoît, fut mariée a dix-
neuf ans ; à vingt, les règles parurent pour la première
fois , & en petite quantité : depuis ce temps*,
elle n’a eu que des pertes blanches ; elle a toujours
été ftérile, & fujette à des attaques d’épi-
lèpfie.
Elle' croit que fi l ’évacuation périodique de font
fexe ne s’eft montrée chez, elle qu’une fois en fà
vie , c’eft qu’étant dans cette époque critique , elle
eut l’imprudence de traverfer une rivière les jambes
dans l ’eau , & ayant d’ailleurs aflez chaud,
après une marche de quatre lieues. Aufli fut-elle
bientôt affaillie par des douleurs dans les reins ,
avec des urines quelquefois teintes de fang , $c
par des douleurs de rhumatifme très-aiguës dans
le bras & le côté droit.
L e 17 feptembre 17 7 1 , je fis brûler fur le Commet
de la tête de cette femme , dans l’endroit défigné par
Çelfe, un cylindre de coton du diamètre d un écu
de trois livres ; elle avoit alors trente-fix ans, &
les premiers accès épileptiques dataient du mois
de novembre 1756,
Le 18 , après un fommeil beaucoup plus tranquille
qu’à l ’ordinaire , car fon mari fe plaignoit
d’une agitation de fa part qui le réveilloit fou-
vent en furfaut, fa tête fe trouva moins obfédée
des douleurs habituelles , & fur-tout d’une forte-
d’hébétinrde , qu’à fon réveil la malade défignoit
par le njot de pefanteur.
L à tête ayant été très-long-temps à nu pendant
la brûlure, il furvint un rhume de cerveau, pendant
lequel
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lequel le mari s’aperçut de quelques retours de
ces mouvemens qui agitoient, comme on l ’a d it,
fa femme pendant le fommeil : ces mouvemens
ont celle avec ce rhume.
A la chûte de l ’efcarre , l ’os s’eft montré à
découvert dans une furface égale à celle du cylindre :
la fuppuration a été long - temps & fanieufe &
abondante j, tant qu’elle a duré, la lanté a été parfaite.
La cicatrice achevée, la tête n’a cas été
aufli libre , mais les accès épileptiques ne font
pas revenus. La malade, d’ailleurs, m’a (1) alfuré
que fi quelque accès reparoilïbit, elle reviendroit
lans peine au feu.
J’écris ceci en juin 1773 j cette cicatrice, au
relie , n’a été clofe qu’après trois mois , & i l y
a eu une exfoliation aflez épaifle de la première
table de l ’os ( 2 ) ».
Ces deux dernières obfervations , comparées
avec les trois précédentes, démontrent bien clairement
que les anciens ont eu raifon de préférer
les cautères les moins aélifs , lorfquüls
avoient des parties eflentielles à ménager ; avantage
que préfentent inconteftablement les diverfes
méthodes fuiviés encore de nos jours par la plupart
des nations de l ’Afrique & de lyAfîe , &
dont Je rendrai fuccelfivement un compte détaillé.
z°. Procédé des égyptiens modernes ( 3 ).
La feule efpèce de cautère aéluel qui foit en
ufage parmi les égyptiens , confifte à brûler fur
la partie où l ’on fe propofe de faire Yadufiion,
une petite pyramide formée avec une fuffifante
quantité de coton & une bandelette de linge.
Cette Bandelette eft longue d’une coudée fur une
largeur de trois doigts; elle fert à envelopper
le , coton ; oh . aflujettit enfuite le tout avec un
fil de foie , ou , comme le recommande M.
Pouteau , on. arrête la bandelette par quelques
points d’aiguille. Le cône, ou la pyramide , qui
réfulte de cette ftru&ure , a une demi - coudée
de hauteur : élévation très-confidérable , puifque
la plus petite coudée eft d’un pied & demi. Vo-
le ut efque ( ægyptii ) inurere aliquam partem cor-
ports jfumunt Lineam petïam , cubiti longitudine
lut itudineque trium digitorum, atque gojjypii ju f -
tcim quantitatem ; quod totum lïneâproediclâpetiâ
uivolvunt, ac filo feriço ligant ad formant py^
ramidis , ipjhifque latiorem extremitatem urendæ
parti applïcant, probe que cuti adærere Jludent ;
alterumque caput vel extremum . . . . ,. quod
(0 M, Pouteau.
( 2 ) Tiré des Cffiuv, poflh. de Pouteau, t. 2 , p. j j - ic fuiv,
tio(r u3 m' yV op.y e9i7 d&an sf uPivr,o fPpaerri s- ,A 1lp6i+n6 , , Dine-4 0M. edicinâ oegyp-
Mé d e c in e . Tome I.
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femi-cubid longitudine à cute d ijla t, imprimis
fuccendentes igniunt , comburique permittunt
quoufque fafciculus ille ex linecî petiâ atque
gojfypio omnino crematus fit. (P ros. A l p . toco
d ta to . )
La manière de placer cette pyramide & d’y
mettre le feu , .eft donc la même que celle que
les japonois fuivent dans l ’application du moxa.
C ’eft par fa bafe qu’elle doit être pofée fur les
chairs.; l ’opérateur , ou un aide , la maintient en
place , s’il eft befoin , avec des pinces ; on en
allume enfuite le fommèt , & elle continue
de brûler jufqu’à ce qu’elle foit entièrement confirmée'.
Pendant tout le temps que dure la combuftioa
de la pyramide , on touche les environs de la
brûlure avec une pièce de fer , dont la fraîcheur
fert à empêcher qu’une chaleur trop vive, n’y détermine
une trop forte inflammation.
Le panfement des efearrés fe fait enfuite avec
la moelle des animaux.
11 ne faut pas croire , dit Profper-Alpin, que
cette manière de cautérifer ne foit pratiquée que dans
l ’Egypte. Les arabes, ajoute-t-ii , au moins ceux
qui habitent fous: des tentes, & généralement tous
ceux du défert , n’en fuivent pas d’autre; & ils
y ont même très-fouvent recours. On verra, pat
les détails dans lefquels j entrerai au fujet de la
méthode admife par ces derniers peuples , détails
qui m’ont été fournis par Kæmpfer (1 ) r oa que
cette aflertion eft peu fondée , où qu’au moins
indépendamment du procédé dont il vient d’être
fait mention, ils en ont encore un autre , qui en
diffère à la vérité très-peu.
30. Méthode 'de plufieurs nations barbares,
Plufieurs nations barbares , allure également
Profper-Alpin , fuivent la méthode des égyptiens •
mais ils l ’ont Amplifiée. Parmi eux Yadufiion te
fait avec de petits rouleaux de linge qu’on brûlé
fur les parties.
40. Méthode des arabes , des perfes , & d’une
partie des peuples du Mogol.
« En Arabie , en Perfe, & dans toutes les con-
» trées de l ’empire du M o g o l, où la religion de
» Mahomet a pénétré , on n’emploie , dit Kcemp-
» fer , pour faire l ’application du feu dans les
- » maladies qui exigent ce genre de fecours , qu’un
» morceau de toile de coton colorée en bleu par
» le paftel. On forme avec cette toile un cylin-
» dre très-ferré , de deux pouces de longueur fur
» un demi - pouce de largeur. On pôle ce cy-
» lindre fur l’endroit qui doit être brûlé ; l ’on met
( 1 ) Ameerucat. exotic, Fafciculiij, pag. ySp, Lenigovis
1712, in-4°» & »
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