
bouchées , jufqu’à ce que les malades en faffent
ufage.
Le doéfeur Nootli a imaginé un appareil de
verre très-ingénieux pour aciduler l ’eau ; ii a été
perfectionné par MM. Parker & Magellan : il
confifte en trois vaiffeaux de criftal d'une forme.
agréable , qui s’ajuftenc les uns dans les autres ;
le premier, ou celui du bas qui forme le pied
de l’appareil, eût deûiné à contenir le mélange
"efFçrvefcent. Il a deux tubulures , une fur le
côté pour y jeter l ’alkali Sc Y-acide ; l ’autre, dans
ion milieu, pour recevoir le fécond valè : celui-
ci eft arrondi comme un petit ballon ; fa partie
inférieure , qui s’ajufte avec le premier ., ell en
fprme de coi alongé ; Sç .dans le col eft placé
un bouchon de criltal d’environ deux pouces de
longueur, qui eft perforé d’une douzaine de canaux
d’une finefle extrême. Ces petits canaux lâiftent
paffer le gas , fans recevoir l ’eau dont on remplit
la moitié de ce ballon. La partie fupérieure
de ce fécond vaifleau reçoit dans fa tubulure la
tig e du troifième vafe, qui eft d’une forme alon-
g é e , & qui fe. termine par le bas en entonnoir
recourbé : celui-ci , qui eft terminé en haut par
une tubulure fur laquelle s’ajufte un bouchon de
çriftai , lie fert qu’à poucher l ’appareil & à recevoir
l?air chaffé par l'acide crayeux qui en prend
la place ; on le débouche de temps en temps.
Lorfqu’on a mis dans le vaifleau inférieur de cet
appareil., l’alkali & l ’acide , on voit Yacide crayeux
traverser l ’eau fous la forme de. petites bulles,
après avoir pafle par les efpèees ct’e filières du
bouchon perforé : cet acide fe combine peu à peu
avec l ’eau qui s’en fature. Cet appareil eft d’un
prix trop confîdérable & en même temps trop
fragile , pour pouvoir être employé dans les pharmacies.
Venel s’y prenoit autrement pour aci luler l ’eau,
Sc faire par conféquent une ëfpèee d’eau gafeufe
artificielle. I l corobinoit un acide avec un fel
alkali ordinaire , ou une terre alkaline dans une
pinte d’eau ; il faifoit cette combinaifon peu à
peu , afin que le fluide élaftique , dégagé par
l'effervescence, fut diflout à mefure par l ’eau. Ce
procédé, qui conftitue fa découverte , étoit tout
entier dans Hoffmann ; mais ni l ’un ni l’autre de
ces chimiftes ne favoient que ce qui fe dégageoit
d’un alkali pendant fon effervefcence avec un acide,
fut un nouvel acide; & Venel croyoit que c’étoit
de.l’air. Par ce procédé, l ’eau ne fe charge pas,
à beaucoup près , d’une aufll grande quantité d’acide
crayeux , que par ceux que nous avous fait
connoître,.
Après avoir acidulé une eau, on peut y diflou-
dre les différens corps que contiennent les eaux
minérales , & fur-tout le fer ; il fuflfit de jeter dans
cette' eau un peu de limaille de fer , de la laifler
féjourner une demi-heure ou une heure dans une
^outeilie bien bouchée , & de la filtrer promptement.
Cette eau a toutes les propriétés des eaux
gafeufes & .ferrugineufes, comme celles de Spa ,
de Pyrmont , &c.
On peut aufli difloudre dans l ’eau, à la faveur
de l’acide crayeux furabondant, une affez grande
quantité de magnéfie , relativement à la diffolu-
bilité ordinaire de cette fubftance Câline terreufe.
M. Butini, de Genève, a propofé , dans de très-
bonnes recherches fur la magnéfie, de faire une
eau minérale magnéfieune a 1 aide de 1 acide
crayeux ; il aflure qu’on peut difloudre ^ plus de
trois gros de magnéfie par livre d’eau acidulé. Ce
fait mérite toute l’attention des Médecins , & cette
nouvelle efpècë d’eau minérale pourroit être d’un
ufage fort avantageux dans plufieurs circonftances ,
& fpécialement comme laxative , &c. ( M.. DE
F ourcroy. )
A C I E R , f. m. Mat. méd. Voye\ F e r <
(AT. de F ourcroy.)
A C M É . Terme qui vient du grec , pointe.
Il eft particulièrement en ufage pour lignifier^ le
plus haut point ou le fort d’une maladie. C eft
la violence des fymptômes portée au plus haut
degré. I l eft néceffâire, dans le traitement des maladies
aiguës, de faire attention à cet état ; car
c’eft le moment le plus critique du combat qui
fe fait entre la nature & la maladie. Le- médecin
doit tout préparer dans le commencement de
la maladie , pouf faire en forte que la nature
foit. vitforieufe ; mais- dans le fort du combat ,
il doit refter fpe&ateur * & n’agir qu’autant qu’il
s’apperçoit que le mal l ’emporte ; dans toute
autre circonftance il doit craindre qu’en voulant
aider la nature i l ne la contrarie , Sc n’empêche
par-là les môuvemens favorables à une heureufe
terminaifon. ( M. Caille. )
A C M E L L E ou A C M E L L A . Mat. méd»
Linneus , dans Tes Species , appelle cette plante
verbefina aemella. Dans fa matière médicale ,
il la diffingue par la phrafe fuivante : Spilanr-
thus aemella , foliis ' ovatis ferratis , caule
erecïo, floribus radians. Elle eft placée dans
la fyngénéfîe polygamie égale. Il dit qu’elle eft
amère , balfainique , anodine , atténuante , diaphonique
, diurçtique , emménagogue, & qu’elle
peut être employée dans l’hydropifie, l’ifchurie,
le calcul , la goutte , les fleurs blanches , la
pleuréfie. Foyec le mot A çémïï-lla. ( M. DE
F ourcroy< )
A C O. f. m. Hygiène. Poiffon qu’Aldrovande
dit être fort commun dans l’Egypte, la Lombardie,
le lac Como , & d’une nourriture excel^
lente*
Extrait du mot A c o , anc. Enc. fupp. ( V . J?.)
A CO N IT . Man méd, U aconit eft un genre
1 1
A C O
3b plantes qui renferme fept à huit efpèees > pref-
que toutes indigènes en Europe , Sc qui ont en
général une qualité vénéneufe. Ce genre, eft rangé
par Tournefort dans la onzième claffe des plantes
à fleur poiÿpétale irrégulière , ou parmi les anomales,
& dans la fécondé feétion ,de cette fclafle ,
dont le caractère eft d’avoir un fruit multicapfu-
laire formé par le piftii. Linneu? a placé ce
genre déplanté dans la Polyandrie Trigynie.
Toutes les efpèees de ce genre doivent être
regardées comme fufpeétes en Médecine, & ont
une âcreté plus oir moins vénéneufe. Cependant
on a recommandé l ’ufag.e du napel ou aconit bleu ,
Sc fpécialement I celui de l ’aconit falutifère ou
anthora : on a même regard^ce dernier, comme
l ’antidote de Y aconit ordinaire ou tue-loup; nous
examinerons ce qu’il faut penfer de ces opinions,
en traitant de chacune de ces efpèees.
I. Aconit tue - loup. Aconitum lycotlonum.
L . Cette plante , qui eft commune dans les provinces
méridionales delà France, & qui fe diftiLigue
des autres efpèees par fes feuilles larges pai-
méès à trois ou cinq lobes pointus & incifés, con?
tient un fuc très-âcre , & qui eft un poifon fort
dangereux ; c’eft fpécialement la racine dont l ’effet
eft le plus à craindre, quoique toutes les parties
de la plante participent plus ou moins de cette
qualité délétère; on a toujours regardé cette plante
comme un poifon redoutable , & on n’en a jamais
fait ufage en Médecine. Les vomitifs , les adoti-
ciflans, & les acides végétaux en • font les vrais
remèdes. Autrefois on la mêloit avec des alimens,
pour empoifonner les loups , ce qui lui a fait
donner fon nom.
I I . Aconit falutaire ou falutifère. Aconitum
falutifeium anthora , ou antithora, aconitum
anthora, L . Cette efpèce Y aconit , dont les
feuilles font palmées, multifides, & plus étroites
que celles des autres , les fleurs jaunâtres & velues
en ^ehors , croît dans les Alpes , en Suifle, en
Italie , en Provence , & dans les Pyrénées. Elle
a été regardée comme le contrepoifon de la précédente
: c’étoit l’ufage de fa racine que l ’on re-
commandoit à cet effet. Cette racine eft charnue,
un peu en fufeau , de la groffeur du doigt, &
garnie de chevelu ; elle eft grife en dehors, &
blanche en dedans, marquée de douze points dif-
pofés en cercle lorfqu’on l ’a coupée tranfverfale-
-ment. Elle n’a point d’odeur; fa faveur eft amère
& acre ; elle corrode & brille la gorge lorfqu’on
la mâche : cette faveur fubfifte encore après qu’elle '
a été défféchee. On ne bornoit pas la qualité de
cette racine a ette 1 antidote de Y aconit tue-loup ;
on la croyoit encore propre à détruire les effets
de tous les autres poifbns, & même ceux des fièvres
peftilentielles , de la pefte , de la fièvre maligne ,
ro. ! chydr°Phobie 5 &c* On la rangeoit parn?i les
fébrifuges & les anthelmintiqiies. C ?eft en raifon
de c^s prétendues vertus qu’elle entre dans la
M éd e c in e . Tome B
A C O ï 2
compofîtion de l ’orviétan & de l ’eau générale.
Mais aujourd’hui fes propriétés font très - fufi-
peâes , & l’on ne ladminiftre plus à l ’intérieur.
|
I I I . Aconit napel, aconit bleu, ou Amplement
napel. Aconitum napellus. L .
Le napel eft une efpèce Y aconit à fleurs bleues,
dont les feuilles font palmées , découpées profondément
, étroites, Sc marquées d’un fillon en deflus.
Elle croît dans les lieux frais des montagnes, ea
France , en Suifle, en Italie. Cette plante verte
eft très-vénéneufè , Sc .produit des effets très-dangereux.
On . en trouve des exemples dans les
auteurs. Son âcreté eft te l le , qu’elle brille Sc excorie
la bouche Sc le palais. Quinze grains de fa
racine fèche , donnés à un chien, ont occafïonné
l ’étranglement, des'évacuations fortes par lé haut
& par le bas , accompagnées de foiblefles , de
convulfîons, Scc. L’animal a réfifté à. ces effets.
Un autre chien', à qui Courten a donné les feuilles
& les femences de - napel, n’eu a point éprouvé
de mal.
Les anciens regardoient cette plante comme un
poifon très-dangereux, & n’en faifoient point ufage
en Médecine. Storck l ’a confeillée & employée
avec fuccès dans plufieurs maladies rebelles ; mais
i l paroît , fuivant la remarque de M. Bergius ,
que l ’efpèce Y aconit recommandée par Storck n’eft
point le napel , mais Y aconit à grandes fleurs ,
aconitum cammarum de Linnéus., qu’il croit être
plus âcre que celui-ci. Quoi qu’il en foit, il paroît
que les diverfes efpèees a aconit font toutes
âcres , Sc doivent jouir à peu près des mêmes
vertus.
On a recommandé le napel dans le rhuma-
tifme , la goutte, la feiatique, les fièvres intermittentes
rebelles , les pertes chroniques, Scc».
On' le regarde comme fudorifique , diurétique,
pénétrant, incifîf, &c.
Le fuî exprimé -des feuilles de cette plante eft
brun , d’une odeur défagréable , d’une faveur âcre
& un peu ftyptique : épaifli en corffiftance de miel r
il acquiert une^faveur falée. C’eft de ce fuc épaifli
en extrait qu’on s’eft fervi avec avantage en A lle magne
Sc en Suède. M. Bergius , médecin de ce
dernier pays , dit en avoir obtenu de bons effets dans
les rhumatifmes i les fièvres intermittentes rebelles
Sc accompagnées de leucophlegmalie , les feia-
tiques , les pertes chroniques. I l l ’a adminiftré
en commençant par un grain , & en augmentant
jufqu’à douze grains, deux ou trois par fois jour. I l
en a donné, dans les fièvres quartes , jufqu’à cinq
grains toutes les deux heures. M. Collin l ’a aufli
preferit avec fuccès- à un demi-gros; par jour. M.
Blom remarque avec raifon qu’il produit des effets
même affez marqués à une petite dofe , & qu’i l
eft toujours prudent de commencer par de très-
petites quantités.
En général les plantes âcres & vénéneufès qui