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jnieres voies , de forte qu’ils n’ont plus leur premier
caractère en parvenant dans le tiffu vafcu-
laire. C eft ainfi que les acides ne paiTent point
avec leur acidité dans le torrent de la circulation
ci dans le tiffu cellulaire , & qu’ils n’ont plus
leur propriété coagulante. Les alkalis , au contraire
, paroiffent conferver en grande partie leur
nature: auffi ils agiffent avec plus d’énergie fur
lés humeurs. r 6
5- IV* JD es cLivijîons des médicamens, tirées de
leurs propriétés chimiques.
Plufîeurs médecins ont tellement compté fur
les propriétés chimiques des médicamens pour la
guerifon des maladies, qu’ils ont divifé les fubftances
naturelles, employées en Médecine , d’après
la différence de ces propriétés. V o g e l, dans fes
Généralités fur la matière médicale , dit qu’i l y
a deux moyens de reconnoître les vertus des médicamens
; l ’un fondé fur l ’impreffion qu’ils font
fur les organes du goût & de l’o d o r a t l ’autre fur
la connoiffance exatte des principes chimiques que
1 on en retire par l ’analyfe ; & il paroît faire autant
de cas du fécond moyen que du premier.
Comme chaque corps de nature chimique diverfe
a> manière propre & particulière d’agir fur
1 économie animale. , ce célèbre auteur indique
les différentes claffes des médicamens con-
fideres fous ce point de vue ; i l les réduit à quatorze
; favoir, les fels acides , les fels alkalis, les
fels neutres , les fpiritueux, les fulphureux, les
huiles graffes, les huiles .efîentielles, les réfines ,
les graiffeux , les fàvonneux, les gommeux , les mu-
cilagineux, les terreux , & les gélatineux. I l exa
mine enfuite les effets généraux que chaque claffe
produit fur l’économie animale. Suivant lui , les
acides augmentent le ton des fibres, & les endur-
ciffent; s’ils font pris trop fouventouen trop grande
quantité, ils excitent.l’appétit , ils épaiffiffent
les humeurs , ils en arrêtent le mouvement trop
confidérable, ' ils s’oppofent à leur dégénérefcence
putride , & ils neutralifent l’alkali qui s’y forme
dans plufîeurs maladies. En paffant ainfi' en revue
lés treize autres claffes des corps chimiques, il
affigne les vertus & les propriétés médicinales que
chacune préfente. Comme dans l’éxamen des faveurs
le même objet a déjà été traité, on n’y reviendra
pas davantage ici. Je me contenterai de faire remarquer
l ’analogie qui exifte entre la faveur &
la nature chimique des corps dans lefquels on
les obferve; analogie qui prouve qu’on peùtfefervix
avantageufement deTune & de l’autre pour reconnoître
les propriétés médicamenteufes des fubftane.es
naturelles.
M. Çartheufer, un des meilleurs auteurs de matière
médicale, a tiré les divifions de fon ouvrage
des différences chimiques qui exiflent entre les
corps médicamenteux ; mais fes claffes ne font pas
affez tranchées & affez diftinétes ; ce qui ne doit
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être attribué qu’au peu de progrès des recherches
chimiques entreprîtes jufqu’aétuellement fur les
médicamens. I l divife ces derniers en feize fec-
tioris. Il range dans la première les corps terreux ,
infipides , terréo-gélatineux, tels que les çpquilles
d’oeufs , celles d’ huîtres , les perles, les os de fèche,
le corail, la corne de cerf, les os des animaux,
l ’ivoire , les bézoards,, &c. Tl comprend dans la
fécondé les fubftances douces, fades, mucilagineufes,
& gélatineufesj il y traite des racines de mauve,
de ‘ guimauve , de grande confoude , du falep , des
graines de fqpugrec , de l ’orge , de l ’avoine, du
r iz , du fagou , des gommes , dè la vipère, de
l ’iéthyocolle , &c. La troifième feétion contient
les corps doux ou d’une faveur très-légère , & qui
font remplis d’huile graffe, comme les amandes,
les pignons , les piflaches, les femences de courge,
de citrouille, de melon , de concombre, de laitue
, de pourpier , de-pavot, de lin.; les olives,
le cacao , la cire , le la i t , le beurre , le blanc
de baleine,les graiffes de divers quadrupèdes , &c.
L a quatrième feétion renferme les acides doux,
les ofeilles, le citron , le limon , l ’orange , les
tamarins , le tartre , le vinaigre , le petit lait
aigri.
Dans la cinquième, il traite des-alkalis, fok
fixes', foit volatils.
Dans la fixième i l—parle dés fels neutres ,
& en particulier du nitre , du fel marin , da
fel de Glauber,. du fel ammoniac, 8c du borax».
Dans la feptième , il comprend les médicamens
auftères & ftiptiques : telles font en particulier les
racines de tormentille & de biftorte , l ’écorce &
les fleurs de grenade, les baies de myrte, le cachou
, le vitriol, & l’alun.
La huitième feétion renferme les fub&amçes médicamenteufes
d’une faveur douce & fucrée. Il-y fait
Thiftoire des racines de polypode & de régliffe ,
des fruits de carouge , de la caffe, des raifins ,
des pruneaux , des febefles , des jujubes , des dattes ,
des figues, du fucre -, de la mâné , 8c du miel.
Dans la neuvième , i l range les médicamens
âcres. & altérans- I l compte dans cette claffe les
racines de fcille , de pied de veau , de pimpre?-
nelle blanche de pyrètre, de raifort, & d’hellé.-
bore blanc ; les feuilles dè cochléaria , de cref-
fbn , de capucine ; les fommités de marum & d’arnica
; la lemençe de finapi, l ’euphorbe, & les
cantharides. Cette feétion ne préfente point une
divifion chimiqué auffi exa<fte &. auffi précife que
les précédentes ; ,on y trouve des fubftances- de
nature fort différente les unes des autres : cette ob-
fervation eft encore plus applicable aux feétions
fuivantes-
. En effet, dans la dixième , l’auteur n’a égard
qu’à la faveur des fubftances médicamenteufes , qu’il
appelle amères, ou un peu amères ; & ce n’eft
qu’en raifon de celte propriété, qu’il range dans
cette claffe les-racines de gentiane rouge, de dictante
blanc , de trèfle fibreux, d’ariftoloche, & dè
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fcrophulaire y le fimarouba , le bois appelé colu-
hrinum, les feuilles de fcordiurn , d’abfinthe, de
chardon bénit-, de trèfle aquatique; les fommités
de petite centaurée & de fumeterre; les femences
de chardon bénit, & de chardon marie.
C ’eft encore d’après la même propriété, ou l ’im-
preflîon que plufîeurs médicamens font fur les premières
voies, plutôt que d’après leur nature chi-
.mique, qu’eft établie la- divifion qui cohftitue la
onzième leétibll admife j>ar M. Çartheufer. Il dé-
figne les médicamens qui la compofent fous le
nom de fubftances âcres & amères, & fous celui
de fubftances purgatives & émétiques* ,11 admet,
dans cette claffe les racines d’hellébore noir , de
turbith , de bryone, de mechoacan , d’hermodattes,
d’ipécacuanha , de jalap , de rhubarbe , de fe-
nega ; les feuilles de férié , l ’agaric , la coloquinte
, l ’aloes , la fcamnVonée & la gomme
gutte.
Dans la douzième feétion, deflinée à l ’examen
des médicamens vaporeux , enivrans , & narcotiques
; il traite du tabac /des fleurs de fureau , du
fafran, & de l ’opium.
La treizième feétion , qui comprend les médicamens
balfamiques & aromatiques , elt encore
beaucoup moins chimique que la plupart des précédentes
: plus les fubftances qui y fojit comprîtes
font ôombreufes , & moins leur nature chimique
comparée préfente d’exaétitude. On trouve dans
cette fie dion les racines de zédoaire, de gingembre,
de curcuma , dè fouchet, de galanga , d’iris
de Florence , de calamus aromaticus , ' d’aùnée ,
de ferpentaire de Virginie, de valériane, d’impcca-
toire , d’angélique , de livêche , de meum , de car-
line ; le fpicanard, le fpica-celtica, le jonc odorant.
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L ’auteur y place encore les feuilles d’Inde ou
malabathnifn, de meliffe , de citronnelle , dé ba-
filic, de, mènthe , de romarin , de fàuge , de marjolaine
, de thym, de ferpolét, d’origan , d’hÿf-
fope , de matricaire , dé fariette , de rhue , de
botrys , de tanaifie , de camomille. On y trouve
les bois de faffafras , de gayac , d’aloes, de fantal
citrin , de: Rhodes , de cèdre , de genièvre, de
lentifque ; 'les écorces de citron , d’orange , de
cafcarille, de cannelle ., de caffia , de géroflée, de
Culilawan , de Wenter. Elle contient auffi les fleurs
de lavande, de fouci , de giroflée , les doux de
gérofle ; les baies de laurier , de genièvre ; la vanille
, l ’amome , le cardamome , le poivré , les
cubèbesles femences de fenouil, d’anis, de coriandre
, de rhue, de tanaifie -, d’ache , de perfil,
de carotte , de carvi, de cumin , d’ammi , d’a-
neth,de livêche; enfin^cette feétion renferme en-
tore le ftirax le benjoin, le baume du Pérou,
le liquidafnbar , le baume de la Mecque , le
miàftic, l ’oliban , la réfine-élemi , celles de genièvre
& de lierre, la tacamahaca , 1^ myrrhe f ia
gomme ammoniaque , le galbanum , le bdellium ,
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le fagapenum , le ladanum, -l’affa foetida , & les
matières odorantes animales, telles que le cafto-
reum , le mufc, la civette, enfin les bitumes,
& en particulier le fuccin, le pétrol , le piffaf-
phalte. Ce dénombre ment fuffit pour démontrer
que les propriétés chimiques ne font point le
feul guide que M. Çartheufer a fuivi dans j ’hif*
toire de cette claffe de médicatriens, puifqu’il s’en
faut de beaucoup qu’i l y ait un rapport bien marqué
entre là nature chimique des fubftances qui la
compofent.
La quatorzième feétion , quoique moins comr ,
pliquée que la précédente olfre encore le même
défaut d’analogie chimique entre les médicamens
qui la__ conflituent. On s’aperçoit aifément de ce
defaut par la multiplicité de noms & de propriétés
qu’ils expriment , que l ’auteur a employés pour
faire le titre de cette feétion. 11 défîgne tout à'la
fois les fubftances qu’il y place fous les noms
d amères , d’auftères dé balfamiques , d’un peu
âcres , de douxV, de mixtes. Il femble , en parcourant
l ’hiftoire de cette claffe de médicamens ,
qu’elle ait été-inftituée par M. Çartheufer pour
y difpofer des fubftances qui n’ont pu être rangées
dans les claffes précédentes. Auffi les matières
qui vont être indiquées font-elles très-différentes
les unes des autres , & préfentent-elles beaucoup
de variétés dans leurs qualités phyfiques & chimiques.
Telles font les racines de pyvoine , de
nériuphar, de garance, d’orcanette , de contrayerva,
de benoite, de bardane î, de piffenlit, de tuffilage,
de domptevenin , de pareira-bravay de fquine,
de falfepareille, de perfil, de fcorfonnaire, de fa-
ponaire , de chicorée , de pétafîte , de ginzin,
ninziu , le lichen; les-feuilles de véronique , de
. bétoine', de lierre terreftre, de germandrée , de
chamoepytis , de thé , de teucriurrf, de raifin
d’ours, d’armoife , de branc-urfîne , d’aigremoine ,
de pied de lion, de marrube blanc, de mouron ;
les fleurs de muguet, de pêcher, de tilleu l, de
.primevère , de pivoine , d’oeillet , de rofes-, de
bleuets , de coquelicots, de bourache; le guy de
chêne, le quinquina , le bois néphrétique, le
fantal rouge, la réfine de fang-dragon, le cher-
mès , la cochenille , les cloportes , & les vers de
terre.
Dans la quinzième feétion , M. Çartheufer rano-e
les médicamens fées , fulfureux , inflammables, &
métalliques; il y \tiake de la poulfière combufti-
ble de lycopode , du " foufre , du mercirre, du
cinabre, de l ’antimoine , du fer, de la pierre hématite
, de la rouille martiale , des terres bolai-
res, & des ocres.
La feizième feétion , qui termine l ’ouvrao-e de
ce favant médecin , eft uniquement confacrée à
l ’hiftoire des eaux. Il y traite fucceffivement de
l ’eau fimple , de l’eau de la mer, &des principales
efpèces d’eaux minérales.
On voit, d’après' ces détails , que l’intention de