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Vacide du vinaigre eft alors de tous les acides
celui qui pafîe le plus aifément , à caufe de la
vertu tonique. L ’ufage où io n elt d’unir ces acides
au lucre pour en faire dès firops, eft très - bon ;
les àcides végÆtàdix fur-tout s’y combinent très-
bien , étant déjà unis à. des fubftances analogues
au fucre j mais fi l ’on goûte un firop fait avec
jim acide minéral, en le comparant avec un firop
végétal, on fent dans le premier une dureté & une
âpreté qui femblent prouver une combinaifon beaucoup
moins parfaite dans l ’un que dans l ’autre.
D ’après ce que je viens de dire , i l eft aifé de
conclure à quelles conftitutions, dans quels cas,
dans quels temps , & dans quelles circonftances les
acides font convenables ; pourquoi ils réunifient
moins aux enfans qu’aux adultes , pourquoi ils font
d’un ufage plus général dans les pays chauds que
dans les contrées froides & humides , dans l ’été
que dans l’hiver ; pourquoi les tempéramens bilieux
s’en accommodent mieux que les phlegmatiques.
En général, toutes les circonftances qui peuvent
contribuer à augmenter l ’abondance & l ’âcre té de
la bile , ainfi qu’à faciliter la putréfafrion des
humeurs , exigent l ’ulàge des acides ; & la nature,
toujours attentive à mettre l’inftlnçt- à côté du
befoin , le remède à côté du m a l a multiplié
les fruits acides dans les pays & dans les faifons
dans lefquels ils font les plus utiles $ & lorfque
les caufes qui en-néceflîtent l ’ufage viennent à fe
développer., elle ne manque pas d’en faire naître
en nous le goût & le défîr. ( M. H a l l é . )
A C ID E S . Voye\ A c r im o n i e , B o i s s o n .
( M. H ü z a r d . )
A C I D U L E , Matière médicale. Le mot
acidulé exprime, en matière médicale, la qualité
légèrement acide que l ’on donne aux médicamens.
C ’eft ainfi qu’on ajoute aux décodions ou aux
infufions une petite quantité d’acide vitriolique,
pour leur donner une faveur acidulé , & pour
leur communiquer une partie des vertus des acides.
Ces boifions font en général tempérantes, rafraîchi
{fautes , antiphlogiftiques , antiseptiques. On en
fait un grand ufage dans les fièvres aiguës & fur-
tout dans les maladies bilieufes.
Souvent les médicamens acidulés 'font préparés
avec les végétaux qui jouiflent de cette propriété,
comme l’ofeille , la grofeille , l ’épinevinette, les
perifes , le citron , l ’orange , le verjus, &c. j elles
font fort utiles, & on en fait un ufage très-avantageux
dans les maladies des faifons chaudes $ elles
çonftituent aufli des boiflons ordinaires, agréables
& rafraîchiflantes , dont l’ufage entretient la fluidité
& l ’écoulement de la bile , & eft très-propre à
prévenir les altérations de la fanté, qui ont pour
caufe l ’altération de çette humeur. ( M. d e
p O U R C 'R O Y . )
A C I D U L E S ( eaux minérales ) , Maâ
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tière médicale. On donne ce nom à des eaux minérales
qui ont une faveur piquante aigrelette, qui
rougilfent la teinture de tournefol , & qu’on appelle
aufli eaux gafeufes, eaux fpiritueufes , eaux
aérées ; elles font, en général, vives , fraîches ,
Sc pétillantes ; il en fort une grande quantité de
bulles j elles deviennent plus fenfibies pari agitation:
expofées à l ’air, elles perdent aflez promptement
leurs vertus. Toutes les eaux doivent leurs caractères
& leurs propriétés à un acide particulier, dont
il a été fait mention au mot A cide c r a y e u x j
c’eft le même qui cxifte en grande quantité dans
la craie & dans toutes les matières calcaires : on
ne connoît bien leur nature que depuis les travaux
de MM. Black & Prieftley.
Aux caràfrères que nous venons d’indiquer , il
faut joindre les propriétés fuivantes , qui lerviront
à faire diftinguer ces eaux de toutes les autres..
Elles précipitent l ’eau de chaux en craie & la
diflolvent lorfqu’on en met une plus grande quantité
y elles donnent beaucoup de bulles par l ’agitation,
par la chaleur , & fous le récipient des
machines pneumatiques : ces bulles font l ’acide
crayeux pur ; elles précipitent le foie de foufre ;
elles troublent l ’eau de favon , & en féparent
l ’huile. Toutes ces propriétés fe trouvent réunies
dans , les eaux de Se ltz , de Saint-Myon, de Cha-*
teldon , de Sv/albac , &c. Froye\ ces articles.
La plus grande partie des eaux minérales aci~
dules font en même temps plus ou moins ferrugi-
neufes, comme celles de Spa , de Bufiang , de
Pougues, de Pyrmont, &c. Il ne fera queftion ici que
des propriétés des eaux acidulés pures & fans
mélange de fer.
Les eaux .gafeufos ou fpiritaeufes ont toutes
les propriétés générales des .acides légers ; elles
donnent du ton à l ’eftomac, en ftimulant fes fibres.$
elles calment l ’effervefcence des fluides ; elles corrigent
l ’âcrêté de la bile ; elles s’oppofent à fa
dégénérefcence putride. Leur afrion ftcondaire fe
porte fur les nerfs & fur plufieurs émonfroires :
c’eft ainfi quelles font toniques, fortifiantes, an-
tifpafmodiques , diurétiques.
On conçoit, d’après cet énoncé, dans comble*
de cas on peut les employer avec avantage. Elles
conviennent dans plufieurs maladies de l ’eftomac
dépendantes de la foiblefie des fibres de ce vifcère,
de l ’inertie des fucs gaftriques , & dans les affections
qui tiennent aux mauvaifes digeftions, qu’on
fait être la fuite de ces dérangernens. Elles ont
d’heureux fuccès dans les maladies bilieufes & putrides
, dans le foorbut , &- dans les fièvres de la
même nature. On les adminiftre avec avantage
dans plufieurs maladies des voiès urinaires , telles
que le gravier des reins, les ardeurs d’urine, les
ecoulemens gonorrhéiques anciens. Elles font fort
utiles dans plufieurs affefrions de la matrice , Sc
fur-tout dans les engorgemens de ce vifcèré. On
les preferit aufli dans les fleurs blanches , dans
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la diminution & la fuppreflion des règles ; enfin
leur ufage eft fouvent avantageux dans les maladies
hyftériques & hypocondriaques , dans quelques
elpèees d’hémorragies. On les donné en bouffon
à la dofe de plufieurs verres dans la matinée $ on
les adminiftre aufli en lavemens, lorfqu’il eft né-
ceflaire de corriger la putridité des fucs qui crou-
piflent dans les gros inteftins : fouvent on les preferit
fous l’une ou Pautre forme à la fois. On
peut aufli les employer en douches, en fomentations
, &c.
Comme ces eaux font fufceptibles dé s’altérer
très-promptement , & de perdre leur acide par
l ’expofition à l ’air lorfqu’on veut les tranf-
porter, il faut les mettre dans des vaifleaux bien
bouchés , & ne point les expofer à la chaleur,
ni même aux rayons du foleil j on rifque alors
de voir brifer les bouteilles par la dilatation du
fluide élaftique acide. Pour les faire voyager , il
eft indifpenfable de chsifîr une faifon froide j on
doit aufli prendre garde que les va fes qui la renferment
ne foient pas trop agités. Tous ces in-
convéniens ont fait chercher les . moyens de les
imiter par l ’art, & la Chimie pofsède aujourd’hui
plufieurs procédés très-propres à remplir cet objet,
comme on peut le voir à l ’article A ciduler,
{ M. DE F o ü c r o y . )
A C I D U L E R . Mat. médic. Aciduler une
hoiflon , c’eft, en matière médicale, y ajouter une
quantité d’un acide quelconque, fuflàfante pour lui
donner une faveur aigrelette.
Ce mot fe dit aulli d’une eau que l ’on fature
d’air fixe ou d’acide crayeux. Par ce procédé , on
imite les eaux acidulés ou gafeufes artificielles.
Comme l ’eau chargée d’air fixe eft recommandée
au jourd’hui par beaucoup de médecins dansles maladies
putrides & dans un grand nombre d’autres affections
, il eft néce flaire de faire connoître les
moyens que l ’on employé pour préparer cette
boi ffon.
Les appareils .deftinés à cette préparation peuvent
être très-variés dans leur forme. M. Prieftley
confeille de fe fervir d’une fimple veflie qu’on
attache à une bouteille, dans laquelle on met le
mélange effervefeent $ cette veflie , remplie de
l ’acide crayeux, fert enfuite à le verfer & à le
diffoudre d^ns l ’eau : ce moyen eft fimple , mais
i l n’eft pas très-aifé à exécuter. D ’ailleurs la veflie
donne toujours un goût défagréable à l ’air fixe.
•Voici la manière la plus fimple d’opérer , après
celle du dofreur Prieftley. Un baquet muni d’une
planche portée à quelque diftance du' bord , &
plongeant dans l ’eau dont on a foin de le remp
lir , quelques bouteilles xontenant deux pintes,
de l’eau pure , un flacon percé fur l’épaule , pour
y ajufter un tube recourbé j tels font lés uftenfiles
Amples que l ’on peut fe procurer prefque partout
pour aciduler dè l ’eau. La planche ou tablette
, placée à un des bouts du baquet, doit être
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creufée en entonnoir vers la face inférieure : cet
entonnoir fe termine par un trou qui s’ouvre à la
face fupérieure de la planche , & il eft deftiné
à recevoir le bec du tube recourbé , & à faire
paffer l ’acide aériforme dans l’eau des bouteilles que
l ’ on tient renverfées fur cette planche. On met de
la craie ou du fel fixe de tartre dans le flacon tu-
bulé;' on y verfe de l ’acide vitriolique ; on le
bouche fur le champ, afin que le gas acide qui
fe dégage par l ’effervefcence , pafle , par le tube
recourbe , dans la bouteille pleine d’eau , & déplace
un volume de ce fluide égal au ifien. Lorfqu’il
y a dans la bouteille une quantité de cet
acide égale en volume à celui de l ’eau , on enlève
le vaiffeau de deffus la tablette, on le bouche
, on l ’agite fortement en tenant le col en
bas ; par ce moyen le gas eft abforbé ,~ & l ’eau
acidulée.
Si l ’on étoit voifin de cuves en fermentation
& de braffeurs , on pourroit aciduler de l ’eau
encore plus Amplement. 11 fufnt d’agiter de l ’eau
dans la partie fupérieure des cuves, remplie d’acide
crayeux , de la tranfrafer , de la mouvoir avec
des mouffoirs, pour l ’en imprégner, & même l ’en
faturer._
Si 1 on n’a pas cet avantage , & s’il faut cependant
en préparer une plus grande quantité , pour
le befoin de plufieurs malades , comme cela a lieu
dans un hôpital ; on peut fe' fervir avec avantage
du procédé décrit dans les eflais fur l ’art d’imiter
les eaux, minérales par M. Duchanoy. Pour
cela on établit fur une table un tonneau percé
d’un trou par en haut , pour y mettre de l’eau ,
& même à fon fond une canule de bois qu’on ferme
avec un bouchon; On le fait déborder de deffus
la table , afin que fa canule inférieure porte dans
un petit cuvier rempli d’eau , qui puifle contenir
celle dont le tonneau eft rempli j alors on débouche
la canule, on y introduit, à travers l ’eau
du cuvier , le tube de la bouteille deftinée à contenir
le mélange effervefeent, afin d’y faire palier
l ’acide crayeux. A mefure que celui-ci monte en
bulles dans le tonneau, l ’eau qu’il déplace tombe
dans la cuve ; mais comme celle-ci eft très-petite,
afin de rendre l ’appareil plus commode , elle
s écoule par un canal pratiqué à quelques pouces
du bord de cette cuve , & eft reçue dans un baquet.
On doit prendre pour ce baquet la moitié d’un
tonneau égal à celui qui fert pour l ’opération ,
parce que, lorfque ce baquet eft rempli de l ’eau
ïbrtie du tonneau , on juge qu’il y a aflez d’acide
dans l ’apareil. Alors on bouche la tubulure du
tonneau , on le renverfe fur la table , & on le
fait agiter fortement par deux hommes , comme
cela fe pratique lorfqu’on veut le laver. Ua
quart d’heure ou tout au plus une demi-heure
de cette agitation fuffit pour aciduler complètement
l ’eau du tonneau , & l ’on doit enfuite recevoir
cette eau , & la diftribuer dans des bouteilles
de verre ou de grès que l ’on tient bien