
préfervative eft un point fort important à examiner,
& par lequel on-terminera cet article.
Quels font les moyens de prévenir Valtération
de Vair dans les hôpitaux ?
C i n q u i è m e q u e s t i o n .
L e ventilateur eft l ’inftrüment à employer dans
le befoin urgent, c’eft la pompe pour l ’incendie :
mais pour prévenir la corruption de Yàir ; c’ëft-
à-dire, pour avoir une maffe d’air toujours mobile
8c pure | parce quelle eft fans cèffe renouvelée,
il faut avoir recours à des moyens plus
doux, plus fimples, & qui foient pris dans la
conftruCfcion & dans la difpofition du lieu dont on
vèut écarter le méphitifme. Pour la conilruCtion,
là hauteur des falles do*it être de 15 à 16 pieds,
8c il faut qu’elles foient élevées de trois pieds
au moins au deffuS du Toi, qu’elles foient toujours
plafonées ,/&jque lés crôifées foient larges , placées
en haut, & jufqü’au niveau du plafond, pour
que les vapeürs putrides qui s’élèvent puiffent
for tir facilement, & ne trouvent aucun r'élervoir
ni foyer au deffiis du courant. Les' crôifées oppo-
fées accélèrent la circulation de Y air ; les portes
grande^ & doubles1 en doivent introduire une grande
maffe; mais, outre cela, comme il eft démontré que
Yair fixe plane vers les régions inférieures, on pratiquera
des trapes aii niveau du fo l, qui , étant
ouvertes en différens temps , laifferont échapper cet
air dangereux. Cependant , comme les grandes
ouvertures font encore quelquefois infuHuantes ,
& qu’on ne peut pas toujours les pratiquer , à
raifon de l ’intempérie dé la fâifon, ou parce que
le local ne le permet pas, on peut mettre en
uîàge , dans les falles des hôpitaux , divers autres
moyens qui’ reropliïfent les mêmes vues avec plus
ou moins d’efficacité. De ce genre font les Ventoufes
3 les p oêles, & quelques autres machines
plus compofées.
Les ventoufes font-de plufîeurs efpèces; les
unes font des conduits cylindriques d’un demi pied
de diamètre, pratiqués dans l ’épaifffeur du mur ,
recevant Y air du dehors par une large ouverture ,
mais ne lui permettant de fortir qu’à travers les
mailles d’un- cercle de. fer-blanc divifé en rayons
obliques & concentriques : on en pratique auffi aux
crôifées , mais fans cylindre. C’eft. un moyen d’introduire
par degré, & d’une manière infenfible ,
une petite quantité A’.air atmofphérique ï les autres
font des cônes renverfés , faits en bois, en maçonnerie
ou en tôle i la grande ouverture eft dans
la patie fupérieure au deffus du to it, & la petite
répond dans les falles. I l faut proportionner le
diamètre -des ventoufes au befoin A’air. On peut
encore modérer la vîteffe de l ’introdu&ion de Y air
dans les falles , foit par des wafifthas-, foit par
de petites trappes qui refferrent ou qui augmentent
à volonté le diamètre de. la partie de la ventoufe
qui répond dans les falles. Les ventoufes
apportent donc un air frais, propre à{ renouveler
celui qui a perdu les qualités A*air refpirable ,*
& produifent d’ailleurs une mobilité^ favorable à
la circulation de Y air extérieur. Pour que Cette
mobilité foit plus aCtive, & puiffe fe communiquer.
à tous les points de l ’atmofphère, il eft à
délirer que l ’ouverture de la ventoufe foit baffe.
Ainfi, l ’on voit qu’en, combinant enfemble les ouvertures
inférieures , & des crôifées dans les parties
fupérieures, en a des ventoufes naturelles.
Les poêles agiffent en raifon inverfe des ven-
toufés, mais produifent le même.effet; car U?
abforbent Y air d.e la fa lle , ils néçeffnent par con-
féquent Y air extérieur de s’y précipiter en plus
grande quantité 8c avec plus de vîteffe ,. ce qui
revivifie , la portion méphitifée.
La machine de Sutton eft compofée de la ven-“
toufé &. du poêle ; c’eft un foyer adapté vers- la
petite extrémité d’une ventoufe, 8c qui, en prenant
pour aliment,.l’^zir contenu dans cette ventoufe ,
y attire -une plus‘grande quantité de ce fluide que,
celle, qui. s’y feroit précipitée. Sutton l’avpit imaginée
pour purifier l ’int,éi;içur des vaiffeaux.j en.
abforbant Y air de la cale., & en appelant dans
cet endroit une plus grande quantité A’air extérieur
à' chaque inftant. On peut faire la .même .choie
dans les hôpitaux, en laiffant plonger la grande
-ouverture d’une ventoufe.dans 1 endroit où 1 air eft.
corrompu , & en, faifant du. feu dans le corps de
cette ventoufe , ou a fôn extrémité. C ’eft dans
cette idée que M. Duhamel avoit établi une petite
cheminée au deffus du. plafond de la laUe
Saint - Landry, à l ’hôtel-dieu de. Paris , en faifant
conftruire cette cheminée dé manière qu’elle
n’eût d’autre aliment que Y air d’une ventoufe dp.
6 pieds de large dans le bas, 8ç de deux dans le
haut. Ainfi, la machine de Sutton ,. adaptée pour
purifier une falle d’hôpital , ou tel autre endroit
infeCt, n’eft autre chofe qu’upe ventçufe dont la
grande extrémité eft en bas , & qui devient forr
tement abforbante par l e , moyen d’ùn poêle pu
d’une cheminée placée vers la petite extrémité.
• Mais quelle que foit l'efficacité de cette cenfe
truétion, ou de cette difpofition primitive des falles
deftinées à loger des malades, i l eft encore bien
d’autres attentions particulières pour que Y air qui
y règne ne foit, pas contraire a leur fan té : nous
ne pouvons ici que les indiquer. La chaleur doit
être fort modérée & très-peu au deffus de celle
néceffaire pour. diffiper l ’humidité. ( I l y a , relativement
au froid & à la chaleur * des exceptions
fort importantes à faire pour les enfans nouveaux
nés. VoyeT^ enfans trouvés ). Les convalefcens
doivent être féparés des malades , & il eft encore
plus néceffaire de mettre les bleffés. dans une
falle particulière. Dans un hôpital de Paris, où
le local ne permettoit pas de féparer les bleffés
des fébricitans;, ou obfervoit que les premiers étoient
fouvent frappés de maladies malignes, & que ..le»
aiitres éprouvoient plus de complications qu’on ne
flevoit en attendre. Onnadoptera pas certaine place
8c certain lit particulièrement pour y placer les -malades
les plus gravement affeCtés, & par conféquent
les'plus propres à corrompre Y air ; on aura le plus
<rrand foin de .veiller à tout ce qui pourroit favo-
rifer 1 a mauvaife odeur , & de l’éloigner. Les malades
n’auront pas leurs habits ; les rideaux de lit
feront de toile, les chaifes feront nettoyées & bien
fermées, & lés latrines feront difpofées de manière à
11e donner aucune odeur 5 on balayera fréquemment,
fur-tout après les repas & les panlémens; on y jettera
de l ’eau ’avec la plus grandè circonfpeCtion, 8c 1 on
employera de préférence le fable pour nettoyer les
planchers. _
Pour prouver d’une manière plus frappante l ’efficacité
des moyens, préfervatifs, on pourroit citer
plufieurs hôpitaux dignes de fervir d’exemple. L ’hôpital
de Lyon a à fon centre un dôme qui fert comme
dé gr^ide ventoufe ; l ’hôpital des invalides des
Greenwich, à Londres , eft auffi propre & auffi fa-
lubre qu’un monaftère de femmes. Mais le modèle
de tous les hôpitaux de l ’Europe , pour la conf-
ïruCtiori, eft l ’hôpital de Saint-Louis à Paris. Les
falles font établies fur des voûtes , & font sèches;
lès offices en font voifin's, mais féparés par des
galé|jes aérées, où Yair fe renouvelle avec, facilité ;
les falles font hautes 8c voûtées ;lé s f éroiféès, au
lieu d’être placées immédiatement au deffus dès
^naïades , remontent vers le toit en' forme de grande
lunette ; au milieu de* chaque corps de bâtiment,
il y a Un grand vflftibule très-commode pour le feç-
vicè , & le plafond de çe veftibule , ouvert dans fon
milieu, forme un excellent ventilateur; les latrines
font placées hors des falles , mais néanmoins à leur
portée. Les fièges de commodité1 font placés dans
les angles , affez éloignés des murs, pour, qu’ils
fuient à l ’abri de l ’infeilion } 8cqu’on ait pu établir
une ventoufe qui règne dans toute la largeur deTa
foffé : enfin , pour avoir des preuves étonnantes dé
l’effet des foins préfervatifs, il faut voir le changement
merveilleux qu’ils peuvent opérer dans les en
droits ou la contagion eft la plus à craindre. Au depot
de Saint-Denis , les dortoirs font peu élèves & mal aérés ; il y régnoit conft animent autrefois une maladie
ép idém iq ue des plus meurtrières ; la p ro p re té , là
ko line nourriture, & la difcipline y ont été établies ;
• la* maladie contagieufe a difparu ; la mortalité y
eft très-peu de chofe ; & ce lieu d’horreur eft devenu
plus falubre que la moitié des hôpitaux de France.
Ces.cinq queftions fur Y air des hôpitaux peuvent
egalement convenir à ceux'de terre & de mer. S’il
exiftè quelques petites différences , lés voici. Dans
les hôpitaux établis fur les- ports de mer pour recevoir
les malades nouvellement débarqués Yair
frais , fec , &.vif eft principalement néceffaire ; les
bbiffbns doivent être acidulées, & quelquefois.fortifiantes
; les malades doivent être vêtus chaudement;
lè r végétaux doivent abonder dans les bouillons &
dânsies apozemes ; la chaleur des falles doit être un
peu plus élevée & les fumigations acidulées ou aromatiques
plus multipliées. 5>i l’on forme un vaiffeau
hôpital, comme font les espagnols , il faudra avoir
foin de placer les malades le ’ moins profondément
! que l ’on pourra, de pratiquer des féparations qui
empêchant que trop de malades ne fe trouvent réunis,
de pratiquer pour chacune des chambres une ventoufe
qui s’ouvre le plus haut poffible ; de faire de frequentes
fumigations avec lé vinaigre ; d’éviter l ’humidité;
d^expbfer les linges & les vêtemens à Yair\
de faire ûfage de drefrhe; enfin de fe fervir du ventilateur
ci-deffus'décrit, 8c de la machine de Sutton. t*q
A ir atmosphérique. ( Mat. tnéd. )
U air que l’homme refpire doit être cônfidérépar le
médecin , non feulement comme un compofé de deux
fluides élaftiques fort différens, dè véritable æ/V ou à3air
v ita l, le feul fufceptibie d’entretenir la . combuftion
& la refpiratiori , & dë gaz azotique ou mofette qui ne
peut fervir ni à l ’un ni à l’autre de ce,s,phénomènes.,
mais encore comme mêlé de différentes, matières étrangères
en vapeurs. Il eft aifé de' fentir que ce fluide qui
paffe tànt de fois dans les poumons, & à l ’aélion.duquel
le fang eft fans ceffe expofé, doit avoir fur l ’économie
animale un effet relatif aux différens principes
dont il eft chargé. Il ne s’agira point ici de démontrer
l’ufage de Yair dans ^a refpiration , & de
fes propriétés , pour ainfi dire, physiologiques. Cet
Objet fera traité fort en détail dans le dictionnaire
d’Anatomie & de Phyfiologie ; nous ne préfenterons
que les réfultats obtenus par les phyficiens modernes
fur cet objet ; & nous examinerons dans cet article
les divers effets que Yair peut produire dans les diffé-
renîes cîaffes. de maladies qui attaquent l ’homme.
On fait aujourd’hui , i° . que Yair atmofphérique
ne fert à la refpiration qu’en raifon Aejéair.
vital qu’il, contient ; a°. que ce fluide eft le plus
ordinairement un compofé de z-8 parties A’air v^ital,
& de 7 a de . gaz.azotiqué , en poids fur cent parties ;
30. que ni lTiin ni l’autre de ces..deux fluides ne paffe
dans les vaiffeaux,& dans le fang ; 40. .que l ’un d’eux,
Y air vital*, eft altéré gar la refpiration qu’il, fé
changé en -acide,carbonique dans les poumons ; 50,
qu en çoniéquënce Yair expiré eft plus pefaut que
Yair atmofphérique, & que lorfqu’il a été totalement
épuifé par ia refpiration ,-ce fluide.eft un mélange de
gàz azotique & d acide carbonique. Quant à la théorie
de ce changement,, aux preuves par lefquelles il
èft démontré;, & à fes avantages po(ur l ’entretien
' de la vie & 'de la. fauté , ces objets feront traités
dans la Phyfiologie ; j’obferverai feulement i c i ,
d’après les rcfullats. très-exactement établis .par
l ’expérience, que le principal, ufage de Yair dans
la refpiration eft de donner de la chaleur an fang,
& d’enlever à. ce liquide une fubftance qui forme,
aveç la bafe de Yair vital, l ’acide carbonique., rejeté
avec le gaz azotique par l ’expiration. Cette
connoiffance acquife fur l’ufage de Yair dans la
rëfpiralion ,. fait concevoir l ’efpoir que dans les