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dénoncé au gouvernement , qu’il réformera fans
doute, au grand contentement des citoyens; il y
en a qui n ont pas encore franchi ce pas, mais
qui n’en font pas éloignés , & le feront bientôt,
li l’on n’y prend garde ; il y en a où les admi-
niftrateurs n’ont aucun pouvoir,: ou n’en veulent
pas avoir j & cette confiance aveugle eft d’autant
plus nuifible , que ce font les hôpitaux les plus
mal régis. On connoît, en Normandie , une maifojn
hofpitalière, où depuis long-temps les adminiftra-
teurs n’avoient aucun crédit ; les malades y étoient
infiniment mal foignés. On a ôté aux reiigieufes
la manutention ; 1 ordre s’eft rétabli, & l’hôpital
eft en très-bon état. Enfin il y a un affez grand
nomore de maifons hofpitalières , crû, pour éviter
les foins de la geftion intérieure , le bureau paye
un prix fixe par journée de malade. C’ëft là pré-
cifément où tout va mal , & où les reiigieufes
s emparent de l'aucorite.
On entrera dans de plus grand détails aux mots
H ôpitaux monastiques , & des Religieux de
LA CHARITÉ.
A l ’égard des individus attachés au fervice
de ces afiles, leur efpèce offre des variétés cn-
rieufës.
On doit mettre au premier rang les reiigieufes
îlofpitalières de faint Auguftin , - qui font multipliées
à un point incroyable.
Viennent enfuite les fceurs de la communauté
de fàint Vincent de Paul, nommées-vulgairement
fceurs grifes. Elles (ont prefque en auffi grand nombre
que les premières.
’ Tl y a en outre-des foeurs de faint Thomas de
Nevers , de faint Maurice dé Nancy , qui reffem-
blent beaucoup aux foeurs grifes.
Enfin il y a des dames de fainte Marthe, qui'
ne font aucun voeu , & qui n’ont que l’habit de
reiigieufes.
Après cela , on ne diftingue plus que par la
robe, dans chaque hôpital, des filles plus ou moins
dames ou fermantes , qui y ont été-placées par
les bureaux d’adminijiation fous des conditions
particulier^ ou à gagés.
; A l ’égard des hommes , on ne trouve en communauté
que les frères de la charité qui fervent
réellement les malades ; car s’il y a quelques autres
religieux hofpitaliers , ils gèrent plutôt les
bi ens & leur maifon , qu’ils ne loignent les ma-
Jades. . '
Dans toutes ces maifons , il y a • des hommes
pour les gros ouvrages, qui prefque par-tout font
connus fous le titre d’infirmiers , & dans certains
lieux , fous celui de frères.
- Le fervice dans les grands hôpitaux , pour les
approvifionnemens & les affaires du dehors, eft
confié ou à des prêtres ou à des laïques , fous lés
titres de procureur, d’économe , qui ont fous eux
différens employés à gages.
3°. Pour ce qui concerne le, traitement des malades
, il paroît qu’on s’en eft moins occupé que
A D M
de toutes les autres parties du iervicè, quoi-
qu’aflurément il foit l’objet principal. 11 n’y a qu&
les hôpitaux militaires & de la . marine où la
règle foit bien exactement obfervée à cet égard ,
ainfi qu’on le verra au mot Réglement des hôpitaux.
Dans tous les autres , fi l ’on en excepte
trois ou quatre , les médecins fur-tout n’ont pref-
1 que aucun pouvoir : leurs ordonnances font à peine
' exécutées pour ce qui concerne les remèdes , &c
fouvent même elles ne font pas écrites. Il en eft
de- même pour le régime des malades , qui eft
généralement confié aux reiigieufes., foeurs ou do-
meftiques , & qui ne s’écrit point.
Il en réfulce que prefque jamais un médecin
d’hôpital ne peut fe rendre compte d’une.maladie,
que les malades ont des rechutes fréquentes ,
& qu’il en périt beaucoup qu’on auroit pu
fauve r.
La caufe principale de ces abus eft dans l’autorité
dont les. reiigieufes ’& les foeurs fè font
emparées , dans la confiance aveugle qu elles
infpirenc , & notamment dans la perfuaflon; où
l ’on eft qu’elles fe çônnoiffent en maladies.
A la vérité les médecins, apparemment dégoûtés
par le peu de fuccès de leurs repréfentations
ou par la manière dont ils font traités,.ne réclament
plus contre un ufage auffi pernicieux ; &
comme ils font en général mal payés , mais
qu’ils Craignent néanmoins de perdre leur place,
iis laiflent les chôfes à peu près comme ils les
ont trouvées.
On ne peut croire qu’il n’arrive tôt ou tard
quelque révolution dans cette partie du fervice,
& il feroit bien à défirer qu’on ne confiât pas à
des filles ignorantes par état, & qui ne doivent
que fervir les malades, le foin de diriger le régime
, de préparer les remèdes , & même de faire
la Chirurgie.'
Un adminiftrateur éclairé , qui étoit confulté fur
cet objet., avoit propofé de réduire toutes ces
filles à leur fervice perfonnel envers, les pauvres ,
de fixer l ’heure des vifites des officiers de fanté
chaque jour.; de faire écrire , fur un cahier, les
ordonnances du régime & des médicamens ; d’avoir
un apothicaire , gagnant maîtrife , dans chaque hôpital
de malades , & de fixer aux officiers de
fanté un traitement proportionné â leu» peine. Il
croyoit qu’un médecin & un chirurigien poùvoient
être payés æ raifon du nombre des lits dans chaque
hôpital. Voye\ O fficiers de santé des hôpitaux
, Règlement des hôpitaux.
A D M I R A B L E . Adjeél. Médecinç. Epithète
que des chimiftes ont. donnée , par hyperbole, â
quelques-unes de leurs comp offrions : tel eft le
fel admirable de Glayber. Qn l’a, appliqué généralement
à,toutes les pierres, fa&içes médicinales.
En voici une dont M. Lemeri donne la defcription,
à caufe de. fes grandes qualités.
A D O
Pulvérifez, mêlez enfemble du vitriol blanc,
dix-huit onces j du lucre fin , du falpêtre,de chacun'
neuf onces; de l ’alun , deux onces ; du fel ammoniac
, huit gros; du camphre, deux onces. Mettez
le mélange dans un pot de terre verniffé; humeC-
tez-ie en confiftance de miel avec de l ’huile d’olive
; puis mettez fur un petit feu ; faites defie-
cher doucement la matière jufqu’à ce qu’elle ait
pris la dureté d’une pierre. Gardez - la couverte;
car elle s’hume&e aifémentw
On obfervera de modérer le feu dans cette operation
, à caufe de la volatilité du camphre ; mais,
quelque foin que l ’on y apporte , il s’en diffipe
toujours une grande quantité. On en ajoutera , a
caufe de' cela , quelques grains dans la pierre , lorf-
qu’on s’en fervira.
Cette pierre eft déterfive , vulnéraire , aftiingénié
; elle réfifte à la gangrène , arrête le fan g;,
étant appliquée fèehe ou diffoute. On l ’emploie
dans les cataractes, e n collyre ; contre les ulcères
fcorbutiques : on ne s’en fert qu’à l ’extérieur.
Ancienne Encyclopédie , article de M. Van-
dette(Je. ( H. D . )
A D O L E S C E N C E . Hygiene.
Adolefcence & régime de V adolefcence.
Partie I. De l'homme fa in -, conjidere comme
fujet de l'hygiène.
. SeCtion II. De l'homme fain , conjidéré individuellement.
Ordre I. Différence des Ages.
Partie III.. Règles de l'hygiène.
Divifion II. Hygiène privée.
Seütion III. Régime particulier aux différens
individus.
Ordre I. Régime des âges.
L ’adolefcence étoit comptée , chez les anciens ,
depuis 14 ans jufqu’à 25 pour les hommes; depuis
12 jufqu’à 21 pour les femmes ; ou , pour
parler un langage plus conforme aux lois de la
nature , Y adolefcence s’étend depuis le terme où
s’annonce la puberté , jufqu’à celui où finit l ’ac-
croiflcment; ceft-à-dire , que Y adolefcence eft tout
le temps que la nature emploie à la perfection
du .corps..
Dans cet efpace de temps , l ’homme fent fe
former en lui un nouvel ordre de fenfations , qui
.doit un jour lui faire éprouver de nouveaux plai-
firs & de nouveaux befoins. Cependant le refte de
fon corps n’eft pas encore au degré de perfection
qu’il doit atteindre , mais il y tend de jour en
jour ; fon efprit devient auffi , par dègrés , plus
capable dé réflexions & d’étude , & fufceptible de
s’ouvrir à de plus-grandes idées ; & l ’ame commence
à fentir avec plus de force & d’énergie.
A D O 1 $> 1
• Voilà donc quatre chofes qui cara&érifent la
révolution de Y adolefcence ; le développement des
organes fexuels ; le complément de la croiflance
dans les autres parties du corps ; la perfection
des facultés intellectuelles ; & celle des facultés
que nous attribuons à l’ame , & qui renfermé le
germe des paffions.
Aucun de'ces objets ne doit échapper au médecin.
A l ’égard du développement des organes
fexuels, on n’a rien à faire , lorfqu’aucun dérangement
ne trouble la marche & le progrès de la
nature. Il eft feulement important d’empêcher, le.
jeune homme de fe livrer à des abus, qui, nés
d’un fentiment imparfait, ébranlent un corps mai
affermi, & le privent d’une fubftance qui doit encore
être employée au profit de la machine. Quant -
aux préfervatifs phyfiques & moraux de ces abus,
voye% ce qui en eft dit à l’article A bus de so i-
même. Qu on.évite tout ce- qui peut, amollir le
corps , échauffer l’imagination, porter dans le
fang une âçrelé, & fur les nerfs une irritation dan-
gereufe. Mais qu’on fe garde bien de l’ufage dangereux
de ces remèdes capables de refroidir &
d’arrêter les fources de la reproduction. Dans l ’état
naturel, un régime doux & fimpie., .une vie fru •
gale & exercée fuffifent , & tiennent lieu de tout.
Les bains peuvent encore être utiles ,. & même né-,
ceffaires , pour modérer un aiguillon trop v if, qui
feroit naître des défîrs prématurés. . Mais de tout
les préfervatifs , les meilleurs font les foins mêmes
qu’on donne à la perfection du corps & de JL’ efprit
.O
n affermit & on perfectionne le corps par les
exercices , l ’efprit par les réflexions & par l’étude.;,
mais il ne faut pouffer ni les exercices , ni l ’étude
jufqu’à la fatigue. Le corps , épuifé de . fatigue
perd le reffort nécefîaire à Ion développement, en
acquérant une rigidité qu’on prend mal à propo.s
pour de la force : témoin la vieilleffe anticipée.,
qui, dans nos champs , courbe & durcit avant le
temps ceux que la pauvreté oblige à entreprendre ,
dès la jeuneffe, des travaux d’une force ou d’une
durée peu convenable à leur âge. De même quand
r'efprit eft fatigué , il, s’affoibift , il perd la faculté
de produirè , & peut à peine recevoir même
les idées qu’on lui préfente. Ainfi , une application
ou. trop forte ou trop longue devient également
nuifible. Les études trop prolongées ont encore
un autre inconvénient. L’efprit ne peut fuffire à
une attention trop long-temps foutenue ; l ’imagi-r
nation s’égare ; le corps , oifîf & replié fur lui-
même , échauffe des. organes naiiTans & fenfibles, &
l’abus- prend- bientôt fa fource dans les précautions
mêmes qu’on prend pour l ’éviter. Il eft donc utile
que les exercices dii corps & ceux de i ’efprit
fe fuccèdent dans de juftes proportions. Et ces proportions
font relatives aux facultés & aux befoins
de chaque individu.
Le choix des exercices, & des études mérite encore
une attention particulière. Parmi les exerd