
pide.s produifent. Aber.crombius , en- particulier, a
tâché d’exprimer ces fenfations d’après des effëts
connusse analogues à Timpreffïon que chaque favetir
préfente à l’efprit. Suivant lui , les acides pénètrent
la langue fans chaleur ; les corps doux oignent
cet'organe , en y excitant un lentiment de
plaifir ; les corps gras y produifent la même onction
fans plaifir :; les falés' nettoient & détergent
la langue, (ans y caufer de reflerrement ; les
amers au contraire la nettoient, en y laiflant une
fenfation d’exafpération ; les âcres femblent la corroder,
en réchauffant ; les ftyptiques la deflechent,
en la reflerrant ; les matières infîpides la parcourent
fans la plus petite irritation. Quoique ces définitions
foient allez vraies , & que tout homme
puiffe s’en alfurer par lui-même, elles ne font pas
alfez multipliées pour donner une idée exa&e de
beaucoup d’autres faveurs bien diftinétes des huit
qu’il a examinées. J’en dirai autant des effais faits
par plufieurs. auteurs , & en particulier par We-
delius & N ico la ï, pour reconnoître des fubftances
chimiques & autant de fels particuliers , comme
les caufes des diverfes faveurs. Les aperçus qu’ils ont
donnés prélentent bien en effet un rapport très-marqué
entre certaines, faveurs & quelques principes
ialins , tels que les faveurs acides.& falées ; mais
les amers , les aftringens , &ç.. , les ont toujours
embarraffés ; à plus forte raifon fera-t-il encore
plus difficile de déterminer la nature des faveurs
mixtes ou compofées, pour la définition delquelles
Cartheufer a été fouvent obligé d’entaffer plufieurs
épithètes qui rendent les titres de quelques ferions
de fon ouvrage très-obfcures.
Linnéus réduit à dix claffes les faveurs des mé-
dicamens ; il les' oppofe deux à deux ; fàvoir, les
doux & les âcres, les gras & les ftyptiques, les
acides & les amers, les vifoueux & les falés,
lés aqueux & les fecs. I l eft fort- fin^ulier que les
peuples de Malabar , dont la Medecine paroît
d’ailleurs affez groflière, reconnoiffent depuis longtemps
fix claffes de médicamens , d’après les fix
faveurs bien diftinétes ; fàvoir, les acides , les doux,
les falés , les amers, les âc.res, & les aftringens..
Grundler , millionnaire danois , qui voyagea en
1-708 dans le Malabar, nous a donné l ’extrait du
Vagadafajlirum, livre où toute là Médecine de
ces peuples eft contemîe.
Toutes les faveurs qui ne peuvent pas fe rapporter
entièrement aux dix claffes que j’ai énoncées
, paroiffent être compofées de plufiéurs d’entre
elles : telles font un grand nombre de matières
végétales. L a partie odorante modifie encore fin-
gulièrement les faveurs. Malgré ces difficultés , il
eft très-avantageux, pour la connoiffance des médicamens,
d’examiner quelle eft 11 action des corps
fàpides appartenant à chaque claffe fur l’économie
animale.
D e s médicamens de faveur douce. On range
parmi les fubftances douces les racines de polypode,
de régliffe ; tous les fruits fucrés & bien
murs, les carrouges , les figues , les dattes •, les
raifiss, le fucre.-
Quelques matières animales , telles que le la it,
le lucre de la i t , le miel.
Ces remèdes doux relâchent les folides , calment
les douleurs & les mouvemens déréglés qui
les agitent ; ils facilitent l ’expeétoration & ap-
paifent la toux , &c. j ils adouciffent l ’acrimonie
des humeurs , il les renouvellent promptement,
& fervent très-bien à la nutrition. I l paroît même
que la matière fucrée eft une des plus' nutritives.
U 11 ufage approprié & continué des alimens &
des médicamens doux , entretient la fanté & prolonge
la vie.. Ils conviennent aux fujets-fecs &
maigres-, aux vieillards ; ils nuifent aux perfonnes
dont les fibrès font molles & relâchées , & particulièrement
aux enfans. ,
Des médicamens de faveur âcre. Les matières
âcres corrodent les folides avec plus ou moins
d’aétivité. Elles font irritantes, ftimulantes, échauffantes
; prifes en grande quantité ou pendant longtemps
, elles détruifent & rongent les fibres ; ce
font de véritables poifons : appliquées à l ’extérieur
, elles agiffent comme rubéfiantes , véfica-
toires.,-cathérétiques , révulfives , attractives , &c.
Leur vertu pénétrante & incjfîve leur donne la
propriété de divifer les humeurs froides & inertes.
Elles deviennent fudorifiques, diurétiques, emmé-
nagogues , béchiques, incifîves , &c. , en raifôn
des organes que le principe de la vie met en (Cc-
ti'on pour les rejeter hots du corps. Elles font utiles
en général aux malades dont les fibrès font molles
& peu actives , chez lefquels les humeurs blanches
dominent & âffoibliffent les mouvemens vitaux.
On compte particulièrement dans cette claffe
les alkalis concentrés , les fels neutres terreux dé-
liquefcens , lés fels métalliques y les racines de pied
de veau, de bryoné , de pyrètre, d’ellébore blanc, de
gingembre, de galanga , de raifort, defcille; l ’ail,
l'es-oignons, les porreaux y lés feuilles deperfiçaire,
dp renoncule, de cabaret, de foldanelle, de vermicu-
laire brûlante, dé tithymale,.de cochléaria, de capucine,
les écorces de fureau, d’hyèble, de garou ;
les fleurs d’arnica , les femences de finapi j l ’euphorbe
, la gomme gutte, les cantharides.*
11 eft aifé de voir, d’après ce léger dénombrement
, que l ’expreflion âcreté convient à un grand
nombre de fubftances , & que la faveur âcre préfente
un grand nombre de modifications & de différences
très - fenfibles dans les matières qui en
jouiffent.
Des médicamens de faveur grafe. Les corps
gras doivent cette faveur à un principe huileux
, doux , fade , que les chimiftes appellent
huile douce , & qu’on peut en retirer par l ’expref-
fion. Telles font les pulpes de certains fruits , &
toutes
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toutes les femences émulfîves ; les amandes ,. Jes
piftaches, le cacao, les noix , les nojfettes', la
pulpe des olives , la graine de lin , de pavot , de
concombre , de melon , la graiffe des animaux.
Ces fubftances doivent être, fraîches &' récentes ,
pour jouir de toutes leurs propriétés. Lorfqu’elles
font expofées à un air chaud & humide , leur
huile fe rancit , & leurs qualités deviennent ab-
folument oppofées à celles qu’elles avoient auparavant.
Les corps gras ramolliffent & détendent les
fibres ; ils les rendent flexibles y ils calment les
douleurs produites par la tenfiou 8c l ’éréthifme ;
ils modèrent & appaifent celles ‘des inteftins y ils
lubréfient la trachée artère y ils diminuent la fé-
chereffe de la toux & l’afpérité de la gorge dans
les maladies du poumon & dans les angines; ils
facilitent la chute des efearres ; ils déterminent
l ’évacuation , des humeurs amaffées dans les premières
voies. La graiffe produit des effets .analogues
fût les org^nès des animaux vivans qui
en font plus ou moins chargés. Les hommes gras
font en général portés à la joie; les vieillards &
les hommes fecs font au contraire trilles & fâcheux.
Comme les corps gras affoibiiffent Y action
tonique & relâchent les fibres, on conçoit
pourquoi les perfonnes très-graffesfe laffent facilement
& ne peuvent point fe livrer à (les travaux
violens., & pourquoi l ’abus des huileux rend
fuj'ets aux hernies les italiens, les efpagnols, &
plufieurs moines qui en font un ufage excefff.
Ils émouffent les fluides âcies , ils font très-pro •
près à .arrêter les dangereux effets des poifons
reçus dans l ’eftomac & les inteftins. C’eft par la
même raifon qu’ils font utiles dans les douleurs
néphrétiques, le s .calculs des reins, la ftrangurie
& la dyfurie que ces corps étrangers occafion-
nent ; ils procurent aufli la liberté du ventre.
Des médicamens de faveur Jlyp tique. Les
ftyptiques refferrent fortement les fibres de la
bouche , lorfqu’on les goûte, & ils exercent une
action femblable fur toutes les parties folides du
corps humain. Quoique les acides combinés avec
un corps fec & terreux , tel que l ’argile , produifent
affez conftamment une fubftance acerbe ou
aftringente, on ne peut point en conclure , avec
plufieurs auteurs qui ont voulu rechercher la caufe
des faveurs dans les combinaifans chimiques , que
l’afttiélion occafionnée par les végétaux foit due
à un compofé analogue , puifqu’i l n’y a encore
aucun fait chimique , dans l ’analyfe de ces fiibftan-
ces, qui- puiffe autorifer cette affertion.
Les médicamens ftyptiques principaux font , les
les terres bolaires, les fels alumineux, les vitriols
de fer & de zinc; les racines de feiftorte, de-tor-
mentille, de quintefeuille ; les écorcéssde taraa-
• rife , de câprier, d’aune , de frêne , la noix de
galle; les feuilles d’argentine, de centinode , de
plantain ,r de cyprès , de myrte , de chêne ; [ les
Méd e c in e . Tome T.
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fleurs de rofes rouges , de grenade , de fumach ,
les nèfles, les coings , les noix de cyprès , le*
prunelles , l ’églantier , les poires fauvages , les
lues (d’acacia, d’hypocifte, le fangdragon , le cachou.
Toutes ces fubftances, rapprochent les fibres qui
conftituent ' les parties folides du corps humain,
comme on l ’oblerve même fur les peaux des animaux
morts ; elles en afferma fient & en durci fie nr
le tifiu ; elles ferment les orifices des vaiffeaux,
en augmentant leur ton & lèur force irritable;
elles font Conféquemment toniques , fortifiantes.
Elles arrêtent les hémorragies ; elles épaiflifient
les fluides ; elles en modèrent le mouvement, la
fermentation, & l’évacuation : on obfervera que
tous les remèdes qui ont cette elpèce de faveur,
exigent beaucoup de précautions dans leur ad mini
ft ration , & qu’ils font fouvent plus nuifibles
qu’utiles.
De s médicamens de faveur acide. Les acides
ont un grand nombre de propriétés qui varient
fuivant leur nature & leur état de concentration.
En général, iis ftimulent les folides, ils en détruifent
& en diflolvent peu à peu le tifiu , ils
commencent par les refferrer &c les durcir; leur
long ufage defsèch’e & maigrit.
Ils coagulent les fluides , fur-tout la lymphe ;
ils decompofent la bile , en s’emparant de fon
alkali , & en précipitant fa réfîne; ils calment le
trop grand mouvement du fang , & ils rafraîchif-
fent ; ils s’oppofent avec beaucoup d’énergie À la
putréfaction ; ils tempèrent la foif & la chaleur
interne ; ils excitent la fecrétion reinale & le flux
de l’urine : en épaifiiflant certainès humeurs , ils
en arrêtent l ’écoulement immodéré : appliqués à
l ’extérieur , ils font propres à empêcher les progrès
de l ’Inflammation & de l ’obftruétion dans le
tifiu cellulaire. Les médicamens de cette faveur
font très - multipliés ; voici l ’ordre dans lequel je
crois devoir les difpofer pour la matière médicale.
Acides minéraux aêriformes. Acide crayeux
.ou air fixe, acide fulphureux , efprit de fel fumant
ou gas acide, marin.
Acides minéraux liquides. Acide vitriolique
acide nitreux, acide marin ordinaire.
Acide minéral concret. Sel fédatif, ou acide du
borax.
Végétaux acide s. Feuilles d’ofeille , d’alléluia ;
fruits d’épine-vinette , de grofeille, de cerife , de
verjus , de citron, d’orange.
Acides végétaux fecs. Sel d’ofeille , crème de
tartre.
Acide végétal fermenté. Vinaigre.
Acides animaux préparés, Lait aigri , acide
des fourmis , acide des abeilles.
11 eft peu de faveur qui foit plus générale que