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Pour les expanfîons de l ’air par la chaleur, JVL
Schuckburgh trouve qu’elles font exa&ement entre
elles comme lés élévations , c’eft-à dire, qu’elles
croiffent à mefure qu’on s’élève au deffus du niveau
de la mér. Ainfi ,- plus Üair devient rare par la
■ diminution de là prefjion atmofphérique, plus fon
expanfibilité efi grande y ce qui eft prqcifémeut le
contraire de ce qui a été oBfervé pour le mercure,
dont l ’expanfion eft d’autant plus grande qu’il eft
plus eondenfé, & que" la prèflion atmofphénque
îur fa furfâce eft plus confidérable. M. Schuckburgh,
par fqs calculs , trouve que pour un pied angiois
d’élévation au deiTus du niveau de la mer, l ’ex-
panfion de l ’air doit être par chaque degré du
thermomètre de Fahrenheit de 0,06243 de pied
angiois ; & , en ramenant ce calcul aux mefures
Françoifes, poor un pied français en élévation, on
auroit par chaque degré du thermomètre de Reaumur
une expaiifion de 0^005467.5 de pied, ce qui
fait pour 100 pieds d’élévation 0,54675 , où plus
d’un demi pied par chaque degré du thermomètre
de Réaumur ; & en prenant la hauteur barométrique
moyenne de 28 pouces, telle qu’elle eft en
général à Paris , par conféquent, en fuppofant une
élévation de 29 toifes ou de 17*4 pieds au deffus
du niveau de la mer, il fuit qu’à cette élévation
chaque degré du thermomètre de Réaumur don-
Voici comme on peut fe fervir de ces deux tables.
D’abord, pour corriger les hauteurs barométriques , il
faut partir d’une température déterminée, io° par exemp'e3
c’eft fur cette température qu’a, été dreffée la table des
dilatations du mercure. Cela pote , il fuffit pour corriger la
hauteur du baromètre , de retrancher de la hauteur barométrique
qu’on a, le nombre qui lui correfpond-, autant de fois
que la température du baromètre m'arque de degrés au
deffus de so°., ou d’ajouter la même quantité- fi la température
de l’air eft inférieure. Ainfi j pour la hauteur barométrique
de 28 degrés, il faudra ajouter-ou retrancher
,00638188 autant de fois que la température du baromètre
marquera de degrés au-defious ou au deffus de I4
température moyenne de xo degrés,. L’on aura par-là une
hauteur barométrique conftamment proportionnelle.
A l’égard des élévations des lieux, ayant une fois celle
qu’indique la hauteur barométrique exa£te, voici'comme
ïl faut s’y prendre pour la rectifier. Il faut partir de même
d’une,température déterminée, &- celle de o ou du terme
de la glace eft celle fur laquelle a été dreflée la table précédente
des dilatations de l’air. Cela pofé, on ajoutera ou
'on retranchera à la hauteur trouvée par le baromètre, le
nombre qui lui correfpond autant de fois qu’on aura de degrés
au deffus ou au deffous de zéro. Ainfi, pouf la hauteur
Ü074 pieds, on ajoutera^ $134$ multiplié par le nombre de
degres que donnera la température de l'air au deffus de
zéro; par ce moyen l’on aura la véritable hauteur. En effet,
Ja chaleur, en dilatant la çoionne atmofphérique & l’éle-
• vanr, fait que le lieu dont on cherche la hauteur' répond
à un point de cette colonne , inférieur à celui auquel il
répondcoit fi elle étoit moins dilatée ; & cette quantité-
•retranchée de la partie inférieure-de cette colonne, &'ajoutée
à fa partie fupérieure, fait que celle-ci pèfe davantage fur le
baromètre, qui, par confcquent indique-une élévation moindre
qu’il ne devroic dans- l’état ordinaire. On rétablit le
calcul exaGt en ajo itant à cette élévation ce qui lui man-
-q«e. {Voyez çhap. I I , art, 1,5* II > n°, 7» )
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nera une expanfion de o 1345vpiet!s françois;
& dans une température de 10 degrés au deffus de
zéro , on aura dans cette colonne atmofphérique
de 174 pieds , une exj^nfion qui excédera de
9 >5 ï 345 pi^s ou de 9 pieds & demi la hauteur
naturelle de cette colonne au terme de la glace.
En forte que pour doubler l ’expanfion de l’air ^ lorf-
que le baromètre m arq ue 28 pouces de hauteur
moyenne , ou, ce qui eft la m êm e chofé , pour fo us-do ubler fa denfité, il faûdroit une chaleur de
183 degrés & près d’un fixième. Cette chaleur
n’exifte nulle part naturellement, & les animaux
ne la fupporteroient pas long-temps.
L ’expanfion de l ’air eft le feul effet qu’on puiffe
attribuer à la chaleur fur ce fluide élaftiquej car
fa décompofition ne dépend pas de la chaleur feule,
mais du çontaét des corps fufceptibles de le dé-
çompofer à l’aide de là chaleur ; & quand l ’air
eft ainfi expofé feul à une forte chaleur, cette
chaleur eeffante, il fe retrouve tel qu’ il étoit auparavant
& fans aucune altération.
Cependant le^mélange des fubftances" que la chaleur
peut _ réduire en vapeurs altère Vair. Mais
cette confédération appartient à d’autres endroits
de cet article, & à dmtres articles de ce dibtion-
naire. Le plus fimple de ces mélanges eft celui
des vapeursx, purement aqueufes & qui communiquent'
à-l’air ce que nous nommons fon humidité
, donj^nous allons parler,
§. II. D e l ’humidité & de la féchereffe conJidérécS
dans Viiirt
( i °. Ce qu’on doit entendre par Vhumidité &
la fécherejje de l’ air. ) Nous n’entendons ici par
humidité de Y air que la préfence fenfible d’une
certaine quantité' d’eau étendue dans le fluide
atmofphérique, fans nous occuper des vapeurs
étrangères qui pourroient d’ailleurs en altérer la
pureté.
Je dis que l ’humidité eft la préfence fenfiblç de
l’eau dans l ’air-y parce que'nous verrons que l ’eau
peut être dans l ’air en afTez grande quantité, fans
y être fenfible par les lignes qrdinair.es de l ’humidité;
& alors l ’air n’eft p o in t humide. C ’eft un
des faits les plus intéreffans à établir pour la con-
noiffance des phénomènes atmpfphériques, & fur
lequel on n’avoit point affez infifté jufqu’à pe qu’il
eût été démontré par M. Leroy.
La féchereffe de l ’air1 Ce trouve définie par la d éfinition même de fon humidité; 6c pour que l’air
foit fec, il fuffit que l ’eau qu’il contient ne donne
point de lignes fenfibles de fa préfence. , ■
(2 0. E ta t de l’eau qui perd par. la chaleur
fon agrégation liquidé. ) L ’eau ' qui perd l ’agrégation
liquide pour prendre une agrégation
plus rare, peut être confidérée dans deux états; l’un
eft celui de vapeurs , l ’autre eft epluj de gaz eu
de fluide élaftique. L ’eau
A I R L’eau fe réduit en vapears à différentes températures
, mais elle ne paffe immédiatement de l ’état
de liquide à celui de gaz abfolûment invifible &
parfaitement élaftique, que dans le degré de l ’ébullition.
Cependant les vapeurs en fe mêlant à l ’air
paffent infenfiblement à l’état de gaz par une dif-
fblution fucceffive , & difparoiüent à nos yeux.
L a diftinétion de ces deux différens états eft très-
importante ici.
Les vapeurs de l ’eau font plus légères que l ’air
atmofphérique qui nous environne , puifqu’elles
s’y élèvent affez rapidement, Sc qu’elles s y fou-
îiennent à une affez grande élévation. L ’eau, dans
l ’état de g a z , eft encore plus légère, mais il pa-
roît qu’alors elle s’unit promptement avec l’air f
6c s’y combine intimement, comme nous le verrons
bientôt.
( 3 0. Diffolution de Veau par Vair, au moyen de
Y évaporation infenfible. ) L ’air diffout prefque
continuellement une certaine quantité d’eau par l ’évaporation
infenfible ; mais ordinairement la lenteur
de cette évaporation eft telle , qu’elle échappe à
nos feus, quoique la diminution confidérable des
liquides expofés à l’àir, 6c qui le touchent par
une grande furface , nous démontre qu’elle eft très-
«réelle. C’eft que la diffolution de l ’eau dans l ’air
le fait en même temps que fon évaporation , &
toe laiffe pas à la vapeur aqueufe le temps de s’a-
maffer affez pour être fenfible à nos yeux. Si par
le moyen d’une chaleur plus forte l ’on accélère
l ’évaporation, de manière qu’elle fe faffe plus
vite que ne peut fe faire la diffolution, les ,vapeurs
deviennent fenfibles ; elles le deviennent au fil
fi la propriété diffolvante de l ’air eft diminuée,
comme i l arrive l’hiver à la bouche des puits profonds
, dont le fond eft au 10e degré de Réaumur,
tandis que l ’air eft en haut au degré de la glace
ou à dés degrés inférieurs. Mais lorfque l ’évaporation
fe fait en même temps que la diffolution
& dans une même température, l ’évaporation eft
infenfible. La faculté diffolvante de l ’air varie donc fuivant différentes circonftances ; .& la mefure
de l ’évaporation infenfible fuit les degrés de cette
propriété.
( 40. Expériences & obfervcitions qui confiaient
les différens états de Veau contenue dans
Vair t & les rapports de ces états avec la féchereffe
& V humidité atmofphérique s . ) Cette faculté
diffolvante de l ’àir & fes degrés n’ont jamais été
mieux déterminés qu.e par les expériences ingé-
nieufes de feu M. L e ro i, médecin de la faculté
de Montpellier. ( Voye\ Mélanges de Phyfique
& de Médecine. Mémoire fu r la fufpenfion de
Veau dans Vair. ) I l partoit d’une expérience bien
fimple , celle par laquelle nous voyons tous les
jours des vafes qui fortent d’un lieu froid, ou qui contiennent
de l’eau refroidie ou de la glace, fe couvrir ,
fur leurs parois extérieures de l’humidité dont l’air
eft chargé, & que fon refroidiffement par le contaéfc
de ces vafes , le met hors d’état de retenk en diftpidÉDEClNg.
Tom. L
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ltftian. Il prenait un balon de verre bien fec &
neuf, qu’il bouchoit & lutoit hermétiquement ; il le
plongeoir dans une eau très-refroidie, 8c obfervoit
que dans toute l’étendue du contaét de l ’eau, l ’inr
térieur - de Ion balon fe couvroit de gouttelettes
d’eau condenfées, mais que fi-tôt que le vafe s’é-
chauffoit, les gouttes difparoiffoient , & le vale
redevenoit fec. Enfin il alloit encore plus loin ; il
déterminoit exa&ement le degré de température de
l ’atmofphère, & prenoitde l ’eau refroidie au point
de faire précipiter promptement l ’humidite de 1 at-
mofphère fur le vafe dans lequel elle étoit con-r
tenue ; il déterminait le degré de froid de cette
eau; il la laiffoit échauffer dun demi-degré, alprs
il la tranfvafoit dans un autre vaiffeau, & de demi-
degré en demi-degré, tant que le vaiffeau fe couvroit
d’humidité , il la tranfvafoit toujours , jufqu’à
ce qu’elle ne fut plus allez froide pour rendre
fenfible l ’humidité de l ’atmofphère. Il remarquoit
à quel degré exactement cela arrivoit ; il appeloit
ce degré, le degré de favuration de Voiry & l ’on
fent bien que conféquemment l ’intervalle entre ce
degré & celui de la température atmofphérique
pouvoit ê:re regardé comme la mefure de la force
diffolvante, c’eft-à-dire, de Ja féchereffe & de l ’humidité
de l ’air.
ï l y a donc deux chofes à confidérec dans cette
manière d’obferver l ’humidité de l ’air ; 1 . le degré
de facuration; 2°. la diftance de ce degré au degré
de température.
Le degré de faturation peut donner jufqu’à un
certain point une idée de la quantité d’eau que
l ’air peut contenir, & plus ce degré fera élevé,
plus l ’air fera réputé contenir d’eau. Mais il fautbien
diftinguer dans l ’air la quantité d’eau qu’il contient,
de fon humidité, comme 011 le verra bientôt.
L ’intervalle entre le degré de faturation 8c celui
de température donne, comme i l vient d’êtrè dit,
la mefure de la force diffolvante ; & par conféquent
celle de l’humidité & de la féchereffe; en
forte que l ’air a d’autant plus de force diffolvante,.
c’eft-à-dire, eft d’autant plus fec, que cet intervalle
eft plus grand ; & il eft d’autant plus humide ,
que cet intervalle eft moindre , indépendamment
de la quantité abfolue d’eau qu’il peut contenir
d’ailleurs.
Ainfi, le même air peut contenir beaucoup d’eau
& être très-fec, ce qui arrivera , fi à la fois le degré
de faturation fe trouve haut, & l’intervalle entre
ce degré & celui de la température très-confidéra-
ble ; & réciproquement un même air peut contenir
peu d’eau, & être humide, & cela aura lieil
fi en même temps le degré de faturation eft bas
& le degré de température très-près de celui de
faturation. Quoique M. Leroi ne foit pas entré
dans ces détails dans fon ouvrage , ces faits, n’en1
font pas moins la conféquence néceffaire de fes
expériences.
Par ces expériences, il trouva que, le 5 oârobrô
1752 , lq chaleui étant de 13 degrés au thecmo»
ï y y