
décembre jufqu’en avril, tant par les pluies mêmes
que par les déborde mens d’un grand nombre de
fleuves , dont les plus confîdérables font le Zaïre
&c le Coalisa. Ce pays- eft fertile , falubre même
en quelques endroits, très-infalubre dans quelques
autres , mais non pas autant que la côte de Guinée
orientale. La rive aufii eft en général bien moins
baffe; elle eft efearpée en quelques lieux. J’ai déjà dit
que c’étoit vers la côte d'Angola , & dans le temps
où le foleil eft dans fon retour auftral, que le
faifoient , par des orages très - fréquens , les décharges
éle&riques de cette partie méridionale &
occidentale de l ’Afrique 1 comme les décharges
de la portion feptentrionale fe font de l ’autre
côté dé l’éqüateur à la hauteur & à quelque distance
de la Guinée occidentale pendant le retour
boréal ;* quelques géographes placent auffi, près
du cap Negro, un volcan qu’on nomme monta- fne Noire , & qui eft voifin de la baie dess
êcheurs.
9. Le refte du quatrième baffin, depuis le Cap^-
Nègre jufqu’àla région du Cap de Bonne-Efpéran’ce,
c’eft-à-flire , jufqu’àu delà du Cap des Voltes , ne
formera ici qu’une feule région(i),quoiqu’une partie
de cette région fe trouve entre les tropiques, &
l ’autre au delà. Celte pofition doit certainement
produire des différences ; mais ces pays font fi peu
connus, qu’on n’en peut établir J a diftinéiion fur
aucune obfervation précife, mais feulement d’après
des théories probables, dont une partie fe peut
fuppléer par ce qui a déjà été dit. Cependant la
partie nord de cette neuvième région paroît avoir ,
tant pour les lieux que pour leurs habitans, de
l ’analogie avec les royaumes voifîns des nègres
d’Angola & du Congo. Cette partie eft occupée par
le royaume, dit de Mataman, & des peuples qu’on
appelle Cimbebas. L a partie fud, plus montagneufe,
doit être fujette aux mêmes températures, à peu
près, que le Cap de Bonne-Efpérance. Il paroît aufii
que le pays eft conftruit comme la région du C ap ,
c’eft-à-dire, coupé de-vallées & de montagnes qui
forment autant de diftriffks dans l ’étendue defquels
font établies diverfes tribus. Dans cette partie, les
montagnes commencent à s’avancer jufqu’à la mer,
pc à en border le rivage. On n’en fait pas beaucoup
davantage fur cet article.
Quoi qu’il en foit, c’eft là que commence ce que
les géographes appellent la race des C'affres, nom
donné par les Arabes à des peuples qu’ils fuppofent
idolâtres. Car on dit que telle eft chez eux la
lignification du mot Coffres. Sous çette dénomination
font compris, comme nous le verrons, des
peuples phyfiquement très-différens ; car déjà il
femble que le royaume de Mataman n’eût pas dû
(1) Il eft aifé de voir que la divifion qui fépare là
neuvième région de la huitième, n’eft pas parfaitement
tracée* Pour la diftinguer mieux , il faudrait mieux ÇOQQOÎ-
rrç & les pays & les hommes qui les habitent.
être compris dans le pays défigné par le nom de
Caffrerie : mais j’effayerai de réduire la lignification
de ce mot, & de le faire répondre à des dif-
tinélions plus phyfiques & plus importantes, relativement
au point de vue dont je m’occupe. 11 fera
queftion de cet objet dans un autre lieu.
Ici il me fuffira de dire que les peuples qui
habitent la partie méridionale de la neuvième
région , ainfi que ceux de la région du Cap de
Bonne - Efpérance & de celle de Natal jufqu’à
la rivière de Mauica ou du Saint-Efprit, ont
tous, dans leur manière de vivre , dans leurs
affociations , dans leurs ufàges, une analogie qui
peut les faire regarder comme appartenant à une
même race. Les géographes en général les difent
noirs ; mais il eft de fait qu’ils le font plus par art que
par nature , du moins les Hottentots : & indépendamment
de quelques obfervations peu certaines
que rapporte Tavernier , & d’après lefquelles on
pourrait croire que les enfans des hottentots, élevés
à la manière des européens, deviendraient blancs
comme eux; Kolbe, qui a vu les chofes de près ,
& qui paroît les avoir vues^avec attention & exactitude
, affure que le hottentot , blanc en naiffant ,
ainfi que le petit nègre, prend, au bout de douze
jours, une couleur olivâtre générale , ainfi que le
nègre prend au bout du même-temps la couleur
noire. Voilà une obfervation qui caraétérife bien
une couleur nationale.
Si donc on reftreignoit la dénomination de Caf-
frerie aux pays méridionaux de VAfrique, occupés
par les hommes olivâtres , qui ne font noirs que
par des qnduits artificiels , on diviferoit cette extrémité
de VAfrique en trois régions, la Caffrerie
occidentale, qui forme la partie méridionale de la
neuvième région dont je viens de parler, la région
du Cap de Bonne - Efpérance , & la Caffrerie
orientale.
10. La région du Cap de Bonne-Efpérance répond
à l’extrémité de la chaîne qui fépare les badins
inclinés vers l ’océan, de ceux qui penchent vers la
mef*des Indes : fes bornes peuvent être placées à
l’occident, au-deffous du Cap des Voltes ; à l ’orient,
vers la rivière Sans-fin, au-deffus de la baie du lac.
Ce pays eft tout coupé de montagnes, & le rivage
de la mer en eft bordé dans toute fon étendue. Il
en eft d’extrêmement fertiles, & plufieurs font couvertes
d’excellens pâturages ; les vallées ne font
pas moins riches quand elles forint fuffifamment
arrofées, mais la pareffe des hottentots laiffe à
la nature fout l ’honneur de cette fertilité, tandis
que l ’induftrié européenne a fait de l ’extrémité
méridionale de cette région, & fur-tout delà vallée
de la Table & de celle de Stellehbosh, une des
plus riches contrées de l ’univers. En général, le
terrein y eft argileux & gras, crayeux dans quelques
endroits ; noir, rouge , diverfement coloré,
métallique ou fablonneux dans d’autres. Les eaux
y font douces dans beaucoup de lieux , faumâtres
falées dans plufieurs autres ; indépendamment
ïftême des vagues que le vent de fud-eft éleve für
les côtes méridionales , & qui inondent les vallées
•de cette partie , les eaux de pluie elles-mêmes en
féjournant fur le terrein, prennent au bout de quelque
temps une falure défagréable , & laiffent en
s évaporant un fel qui criftallife , & qui, dans les
grands étangs qui le forment ainfi dans la faifon
pluvieufe, forme un objet confîdérable, & de commerce
& d’utilité pour les ufages économiques.
Je ne répéterai pas ici ce que j’ai déjà dit des vents
& des faifons du Cap ; je renvoie au §. IV ; je
remarquerai feulement qu’à cette extrémité de V A -
jr iq u e , fous la latitude fud de 35 degtés, la chaleur
eft bien moins forte en général, & dure moins
long-temps dans là grande forcé qu’en Barbarie, de
l ’autre côté de l ’équateur, dans la latitude nord
de 37 degrés.
11. Ce que j’ai nommé la Caffrerie orientale,
forme la partie méridionale du cinquième b affin
Je l'Afrique. La terre de Natal en fait une grande
partie, le refte eft la terre de Fumos, de Nao-
netas'f de Zanguana, &c. Quelques voyageurs
appellent les habitans de Natal bafanés , les
autres les difent noirs, (v. diét. géog. de Thonfi
Corneille ). Kolbe , qui n’en parle que par ouï
dire, les dit noirs, & ayant une peau luifante &
éblouiffantè au foleil, par les reflets qu’elle envoie;
en forte que, comme ces peuples ont beaucoup de
chofes communes avec les Hottentots , particulièrement
par rapport au fuif dont ils le pétrifient
les cheveux ; i l eft très-probable qu’ils font auffi
ufage d’enduits 'pour fe couvrir le corps; que par
•conléquenc ils ne font noirs que par art, & bafanés,
ou plutôt olivâtres, par nature, comme les
Hottentots. Leur pofition fous une même latitude ,
leur expofîtion aux mêmes vents, au moins aux
vents de fud eft, femble ajouter un peu de folidité
à cette conjecture, qui eft au moins très-probable.
L ’étendue de cette région peut être déterminée ,
en prenant fa limite méridionale à la baie du lac.
Pour la limite feptentrionale, il ferait naturel de
la porter jufqu’au tropique & au cap dés courans.
A cet endroit, les courans , qui vont du continent à
l’île de Madagafcar, femblént déjà faire une divifion
naturelle ; la côte, qui eft entre la rivière de Ma-
nica & le cap des courans , eft d’ailleurs fi différente
par la féchereffe, de celle qui fuit, qui va du tropique
•au détroit de Mofambique & qui eft beaucoup
plus riche & plus fertile, que la divifion maritime
femble en quelque forte fe continuer jufques fur la
terre ; enfin la différence générale des pays fitués
entre les tropiques, & de .ceux qui font hors de
cette zone, femble rendre cette limite d’autant plus
fenfible aux yeux du phyficien obfervateur. Cependant,
d’un autre côté , la rivière de Manica,
ou du Saint-Efprit, qui prend fa fource entre les tropiques,
mais qui porte fes eaux au de là, pourrait faire
reporter la limite feptentrionale de cette onzième
région plus loin de l ’équateur ; d’ailleurs les géogra-
phesréuniffent le royaume d’Inhambane, placé entre
M é d e c in e . Tom e l.
l ’embouchure de cette rivière & le cap des cou-
rans, avec ceux de Sabia, de Sofala , de Mono-
motapa. Quoi qu’i l en; fo it , c’eft d’après l ’obfer-
vation des vents, la nature des lieux , & le caraétere
phyfique des habitans , qu’on doit fixer les bornes
phyfiques de cette région, qui ne nous font pas
allez connues pour rien dire de plus à cet égardv
Cette onzième région diffère de celle du Cap,
en ce qu’elle eft formée près de la mer d’un pays
plat, uni, couvert en partie de forêts, & que ce
n’eft qu’à une certaine diftance des côtes qu’elle
commence à devenir très-montagneufe. Il faut cependant
remarquer que l’étendue des pays plats
qui forment la partie baffe des baffins orientaux,
eft beaucoup moins grande en profondeur que celle
des baffins occidentaux, parce que la chaîne des
monts Lupata fe porte beaucoup plus à l ’orient
qu’à l’occident, ainfi qu’on peut le voir dans toutes
les cartes, & fur-tout dans celles de Delifle & de
Buache. La partie montagneufe de la région de
Natal eft coupée de vallées très-fertiles , à ce
que difent les voyageurs ( Dapper, Dampier, &c. y
& ce pays ne laiffe pas que d’être arrofé par plu-
fîeurs rivières qui, fe réunifiant, forment quelques
fleuves affez confidérables, depuis le fleuve Sans-
fin jufqu’à celui du Saint-Efprit.
Les limites de la onzième région font auffi
celles que j’ai fuppofé terminer les pays de l ’extrémité
méridionale de VAfrique habités par des
hommes bafanés ou olivâtres, auxquels je propofe-
rois de donner exclufivement le nom deCaffres. Cependant
les contrées dont il va être queftion, portent
auffi chez les géographes le nom de Caffrerie.
Celui même de Caffrerie pure eft donné
encore à tous les royaumes qui vont jufqu’à la
côte de Zanguebar , parce que ces peuples ne
font point encore altérés par le mélange des Européens
& des Arabes. Cependant ces peuples font
abfolument noirs, & fi l ’on ’adoptoit l ’idée de ré-
ferver le nom de Caffres aux africains méridionaux
olivâtres , il faudrait défîgner ceux-ci fous
le nom de noirs orientaux , ou, fi l ’on veut, de
Caffres noirs.
12.. Quoi qu’il en foit, la douzième région forme la
partie feptentrionale du cinquième baffin ; c’eft la ré- }
gion de Monomotapa. Elle s’étend depuis le Tropique
ouïe cap des courans, jufqu’au détroit de Mofam-
bique. Là elle eft bornée par des montagnes qui s’avancent
vers le détroit, & qui paroiffent être un
détachement des monts Lupata. Cependant la partie •
qui eft entre ce terrein & la rivière de Zambezé, eft
comprife par la plupart des géographes dans la
côte de Zanguebar. Beaucoup de fleuves arrofent
toutes ces contrées ; mais le. plus confidérable de
tous eft le Zambezé, ou le Cuama, qui eft le N il
de cès contrées. Il a fes débordemens réguliers
dans les mois de la faifon pluvieufe qui le rencontre
avec le retour auftral du foleil à l’équateur.
Ces pays font très - fertiles , . unis & plats
vers les côtes, & en quelques endroits très-hu