
elles conviennent dans l ’apoplexie féreufe , le
coriza , les catarrhes , l ’angine catarrhale, la
douleur de tête qui reconnoît la même eaufe ,
les engorgemens froids des glandes , la toux pi-
tuiteufe , Tafthme , l ’i&ère , les fièvres intermittentes
rebelles, les obftruétions anciennes du mêlent
ère , du fo ie , de la rate , la cachexie, l ’oedème
, le feorbut. A l ’extérieur, on doit les ranger
parmi les ftimulans , les rubéfians, les véfi-
catoires, les fternutatoires.
Les remèdes âcres ne conviennent point chez
les perfonnes maigres, bilieufes, extrêmement fen-
fibles ; dans les maladies accompagnées de chaleur,
de fièvre, de féchereffe , &c.
Il réfulte de cet extrait de la do&rine de Car-
theufer fur les médicamens âcres, i° . que la
nature de ces fubftances n’eft pas , à beaucoup
près, la même dans toutes celles qu’il range fous
cette dénomination ; z°. que le mot de remèdes
âcres ne dpit point défigner la nature particulière
d’une matière médicamenteufe quelconque ,
mais feulement une propriété générale, commune
a un grand nombre de médicamens ; 3 °. que les
vertus & les effets de ces matières âcres doivent
différer autant qu’elles ont réellement de propriétés
diverfes ; 40. & que pour les bien connoî-
tre il faut examiner chacun de ces âcres en particulier.
(M . DE F o ü r c r o y .)
A C R E T É S ou A C R IM O N I E S D E S
H U M E U R S . Pathologie. Les .humeurs du
corps humain expofées à un degré de chaleur au-
defîus de celui qui eft nécefïaire pour entretenir
la vie , ou mêlées à des miafmes étrangers & capables
d’y développer un mouvement qui les dénature
, font fufceptibles de s’altérer & de prendre
différens degrés à’âcrete' ou d’acrimonie. Rien
n’eft fi facile que de concevoir ce phénomène
confidéré en général, & rien cependant n’eftplus
embarraffant que de reconnoître en particulier les
divers genres d’acrimonies qui ont lieu dans les
différentes altérations morbifiques des humeurs.
Aufïi la plupart des auteurs qui ont traité cette
matière , & qui ont voulu faire des claffes chimiques
des différentes acrimonies , ont-ils plutôt
écrit d’après leur imagination que d’après la nature.
Boerrhaave , dont les ouvrages font bien
au-deffus de la critique qu’en ont faite plufieurs
modernes, n’a cependant pas évité une partie de
cette erreur , en admettant cinq efpèces principales
d’acrimonies dans fa théorie des maladies des humeurs.
L a première efpèce comprend l’acrimonie
mécanique , qu’il fuppofe confifter dans le fimple
changement des molécules des fluides devenus des
angles folides & aigus , leur nature reliant d’ailleurs
la même , ubi omnibus iifdem manentibus ,
fo la figura in angulos folidos, acutos , compo-
nitur. Mais en admettant, malgré les plus fortes
objections, ce changement de figure comme réel,
qui ne fent que cette altération dç forme feroit
néceffairement accompagnée d’un change ment de
nature ? La fécondé efpece d’acrimonie de Boer-
rhaave^ eft 1 acrimonie faline , qu’il foudivife en
muriatique, ammoniacale , acide , alkaline fixe &
volatile , fimple & compofée ; la trôifième eft
I huileufe, qu'il regarde comme le produit d’une
huile atténuée , brûlée , faline , & âcre ; la quatrième
acrimonie porte le nom de favonneufe, fem-
blable a la qualité desvenins animaux & végétaux ;
enfin il rapporte à la cinquième, l’acrimonie compofée
des quatre précédentes , & celle qui eft
produite par les âcres introduits dans le corps.
Quoique ce grand homme ait effayé de faire reconnaître
, à des fignes particuliers, plufieurs de ces
acrimonies , on ^ s’apperçoit, en lifant fes inftituts,
qu il a confacré ces détails plutôt à l ’ordre & à
la méthode de l ’inftruéüo.n , qu’à la defeription
exacte des altérations des humeûrs : & en effet,
1 obfervation, loin de confirmer fes idées fur les
acrimonies , n’a fait naître que plus de difficultés
pour les admettre.
Les médecins obfervateurs , & uniquement dévoués
au traitement des malades , ont adopté une
opinion entièrement oppofée à celle de Boerrhaave.
Ils reconnoiffent en général, d’après l ’infpeétion
des malades & le caractère des maladies , i°. que
les humeurs animales font toutes fufceptibles de
devenir âcres & même cauftiques ; z° . que chacune
d elles prend une âcreté qui lui eft particulière,
& qui diffère fuivant fa nature ; 30. que les caufes
de ces acrimonies font très-ràultipliées , & fouvent
fort différentes les unes des autres 5 4°. que leurs
effets font auffi variés que leurs caufes & leur nature
5 5°- que la manière de les corriger ou de
les guérir, prouve , auffi bien que leurs effets,
qu elles font réellement diftinétes les unes des
autres ; 6°. enfin que , malgré l ’obfervatiori la plus
exaéte , il eft impoffible d’établir des-claffes d’acrimonies
, d’après les caractères chimiques des
fluides qui les contractent.
C’eft en raifon de cette impoffibilité de diftin—
guer les acrimonies par des caradères chimiques,
que les praticiens les plus inftruits fe contentent
d’exprimer par la nature de la maladie qu’elles
occafionnent* ou qui les accompagne , les diverfes
efpèces d’acrimonies. Ils diftinguent en conféquence
- les acrimoniesfeorbutique, vénérienne , arthritique ,
herp'étique, pforique, cancéreufe , & c ., en remarquant
que , dans chaque maladie indiquée par ces
mots, tels que le feorbut, la vérole, la goutte ,
les dartres , la g a le , le cancer , &c. , les humeurs
ont une âcreté différente & comme fpé-
cifiqiie.
II eft vrai que l ’examen chimique des humeurs
n’a point encore été fait convenablement dans chacune
de ces affeétions ; ce n’eft que d’après des
vues théoriques qu’on a prétendu que le fang étoit
putride dans le feorbut, la lymphe acide dans la
vérole 3 peut-être doit-il être permis d’efpèrer que
les travaux des chiraiftes éclairciront quelque joui
ce point de théorie médicale , & jetteront quelque
lumière fur le traitement de ces affeétions. Mais
il ne faut point oublier que ces recherches ne
font point du tout commencées dans l ’état aéluel
de la Chimie médicinale ( février 1786 ) ; que toute
application des théories chimiques à l ’acrimonie
des humeurs feroit dans ce moment une fpécula-
tion plus nuifible qu’utile, & qu’il y a moins de
danger à refter dans le doute & dans l ’incertitude
à cet égard , qu’à écouter les preftiges de
l ’imagination.
Nous terminerons cet article par une obfervation
relative à l’état aéfcuel de la fcience de guérir.
La difficulté de déterminer la nature des humeurs
âcres a fait prefque abandonner aujourd’hui le mot
acrimonie ; on ne s’en fert prefque plus dans les
confultations , comme 'on le faifoit autrefois. On
lui a fubftitué le mot virus 5 à la vérité, cette expref-
fion eft également adoptée pour les âcretés contractées
du dehors , telles que l ’hydrophobie , &c.
Mais on a comparé, & avec raifon, ces dernières
âcretés à celles que contrarient les humeurs par
une caufè intérieure , & par une dégénérefcence
lente. Ainfi, le mot virus eft fouvent fynonyme
du mot âcreté ou acrimonie. ( M. DE F o u r -
C R O Y . )
A C R ID O P H A G E S. Hygiène. '
Partie I. Différence de Vhomme fa in , confidéré
comme fujet de l ’hygiène.
Seétion I. D eVhomme fain confidéré en fociété.
Ordre III. Rapport dans l ’uniformité du genre
de vie.
L ’hiftoire des acridophages ne feroit point indifférente
pour l ’hygiène , fi elle étoit avérée. Ces
peuples, que Drack prétend habiter les frontières
de 1 Æthiopie, fe nourriffent de fautérelles ramaffées
au printems , & falées pour être confervées tout le
refte de l ’anné^. Ils périnent, dit-on, à quarante ans,
d’une maladie dans laquelle i l s’engendre , dans
leur corps , une quantité d’infeéfes ailés. On a
prétendu que plufieurs peuples de l ’Afie fe nour-
riffoient auffi de ces infeétes. Les habitans des
côtes de Gambie , au rapport de M. Adanfon ,
mangent, avec une grande avidité, les fauterelles
q u i, dans-certains temps , paffent comme une
nuée fur leurs terres & en moiffonnent les productions.
Ils n’en éprouvent aucun accident. On dit
auffi que du ventre de cés animaux on exprime une
farce verte refultante de la quantité d’herbes qu’ils
ont dévorée , & que cette farce eft fupérieure , par
le goût & la délicateffe, à nos meilleurs épinars.
Voye\ S au t er e l le s . ( M . H a l l é . )
ACRIMONIE, f. f. (Hygiène.) Voyet A cr es.
( M. H ALLÉ.)
A cr imon ie des H umeur s. Pathologie. Voyex
A c r e t é s . (M . d e F o ü r c r o y . )
A c r i m o n i e . Les animaux font , comme
l’homme, fujets à l’acrimonie du fang ou des
autres humeurs.
Elle eft acide ou alkalefcente. Dans l ’un ou
l ’autre cas , fi l’aveu des malades nous eft ravi,
il eft plufieurs fymptômes propres à la faire reconnoître
, & d’après lefquels la nature indique
clairement quels font les fecours à employer.
Dans l ’acrimonie acide., qu’on appelle encore
aigres, aigreurs , acides des premières ou fécondés
voies, la langue eft blanche , l ’intérieur de la
bouche très-pâle, les dents font rudes au toucher,
l’odeur de l’haleine & celle des excr.émens eft
aigre il n’y a point de f o i f , les urines font
claires , l ’animal bâille ou fa i t les forces , i l tique
, & ce tic ne peut être comparé qu'au hoquet
dans l ’homme ; l ’appétit eft dépravé 5 le cheval
mange les longes de- fon licou ; il ronge le râtelier
, l ’auge ou le mur; il dédaigne le fourrage
vert. Le boeuf 8c la vache mangent de la terre ;
ils cherchent les plantes crucifères, &c. Une toux
fèche, l ’altération du flanc, la foibleffe de l ’animal
& fa maigreur annoncent une difpofitition a
plufieurs maladies, fi on ne détruit pas cette acidité
lurabondante.
Les caufes des aigres, dans les grands animaux,
font d’autant plus fréquentes qu’ils font conftam-
ment affujettis‘à une nourriture entièrement végétale
; & l ’on fait que l ’acidité eft toujours le premier
degré de la fermentation que fubiffent le s
végétaux dans l ’eftomac , lorfqu’ils y féjournent
trop long-temps : auffi ceux qui font nourris de
plantes vertes & acefcentes , comme les ofeilles,
les pampres de vignes , & c ., y font-ils très-füjets :
l ’ufage trop long-temps continué de l ’eau blanche
& des remèdes acidulés , en eft encore une des
caufes les plus communes ; on les voit auffi fuivre
les indigeftions, les mét-éorifations, &c.
Les remèdes à oppofer à Y acrimonie acide font,
dans les animaux comme dans l ’homme , tirés de
la dalle des abfotbans & des alkalins. Nous obferve-
ronsici qu’on doit être tiès-réfervé dans l ’emploi des
abforbans terreux pour les grands animaux. Leur
pofition horizontale , leur nourriture végétale ,
chargée habituellement d’une pouffière terreufe qui
féjourne & s’amoncèle dans les vaftes replis du
colon , les- rend "beaucoup plus difpofés aux bé-
foards ou aux pierres des.intefiins, que l’homme ;
& les abforbans terreux, qui ne fe difïolvent jamais
auffi parfaitement que les fels alkalins , ne peuvent
qu’augmenter cette difpofition : on retirera donc plus
d’avantage d’une légère leffive de cendres faite dans
l ’infufion des plantes amères , telles que l ’abfyn-
the, l ’aunée , &c. On peut encore mettre les animaux
à l ’ufage des crucifères, 'fur-tout des choux
& des navets cuits , & des eaux minérales ferru-
gineufes, fi on eft à portée des fburces.
Quant à Y acrimonie alkalefcente , comme elle
eft entièrement oppofée à la précédente, les