
§. IV .
Fertilité du sol ; productions.
Sous le rapport de la fertilité, le sol de la Nouvelle-Galles du Sud
présente de notables contrastes. Vu de la mer, sur-tout à la hauteur de
Port-Jackson, il se montre, jusqua une grande distance, sous l’aspect
d’une terre inerte et stérile : quelques broussailles et des arbres rabougris
végètent tristement sur un fonds sablonneux, entrecoupé de roches
schisteuses souvent tont-à-fait dépouillées. Ce n’est qu’en avançant assez
loin dans l’intérieur , qu’on aperçoit enfin des champs dont la riche
parure compense en quelque sorte ia nudité des plages voisines de la
côte. Là même encore il règne une extrême diversité dans la nature des
terrains productifs : on y trouve depuis le maigre sable de bruyère et
la froide argile jusqu’à la terre à blé ia plus substantielle, qui couvre
principalement d’une couche épaisse et féconde ies bords des rivières.
Ici la vue s’étend sur de vastes plaines, tapissées de pâturages naturels,
et est à peine interceptée par un petit nombre de grands végétaux : là
s’élèvent des forêts dont les arbres , tantôt enlacés dans les plis et replis
des lianes, composent des massifs impénétrables, tantôt, largement
espacés, observent entre eux une sorte d’ordre symétrique, et semblent
au premier abord avoir été plantés de ia main des hommes.
Après ce léger coup d’oeil jeté sur l’ensemble géonomique de la colonie,
passons à l’examen de ses parties qui ont été jusqu’à ce jour ie
plus soigneusement explorées. ( Voy. pl. 9 i .)
Cumberland. — A l’exception des districts d’Airds. d’Appin, et de la
portion de celui de Bringeily qui touche à la Nepean, où quelques élévations
se font entrevoir , ia surface de ce comté est une plaine continue.
Dans l’intérieur, les terres sont presque par-tout maigres et légères,
et reposent sur une argile alumineuse, alternativement rouge, jaune et
bleue, d’autant plus profonde qu’on s’éloigne davantage des bords de la
mer; ou bien eiles ont pour base un simple lit de schistes alumineux. Les
Anglais donnent à celles-ci le nom de terres de forêt. La fertilité est
plus grande sur les coteaux : les meilleures qualités de terrain appar-
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 687
tiennent aux districts d’Airds, Appin, Upper-Minto, Minto, Cooke, N . Galle s du b.
Bringeily et Cabramatta ; toutefois, il est médiocre dans le voisinage ’
de la ville de Liverpool.
Les dépôts formés par les débordemens, dans ie comté de Cumberland,
se distinguent par leur profondeur et leur étonnante fertilité ; ils gisent
principalement sur les rives de la Nepean et de l’Hawkesbury ; le plus
étendu est placé sur les bords de cette dernière rivière, entre la ville de
Windsor et la commune de Wilberforce. On en remarque aussi, près de
South-Creek, qui jouissent de la même fertilité et souffrent des mêmes
inondations que les districts voisins de l’Hawkesbury.
Au centre du Cumberland , et sur des roches de whinstone, une bande
de terre argileuse, rouge et profonde , renommée par sa fertilité, recouvre
le coteau de Prospect-Hill. Il reste encore, dans le district de Fieid-of-
Mars, quelques portions d’un sol vierge, mais dont la majeure partie, livrée
sans règle ni mesure à une culture mal entendue , est aujourd’hui entièrement
épuisée. Ces terres, ainsi que celies des rives de l’Hawkesbury,
présentent les seules exceptions saillantes au caractère général annoncé
plus haut pour le comté de Cumberland. Nous ferons observer aussi
que les districts de Castlereagh, Oxiey, Nelson et Broken-Bay, situés à
la bande septentrionale de ce même comté , ne sont point propres, pour
la plupart, à ia culture, et peuvent seulement fournir aux bestiaux une
chétive et précaire pâture. La contrée située au Sud de la rivière George ,
non compris les parcelles de terre qui prolongent ses bords, doit être
rangée dans ia même catégorie.
11 est à regretter que les environs de Sydney soient en général si
arides. Le contour de la rade et du port, lorsqu’on s’avance du côté de
i’entrée du havre, n’offre que des roches de grès souvent tout-à-fait
dépouillées, du sable, et en quelques endroits seulement de la terre de
bruyère, déjà presque réduite au dernier degré d’épuisement par des
productions immodérées. La végétation , quoique assez drue sur certains
points, a néanmoins dans son ensemble un air de langueur qu’on ne
sauroit définir ; les arbres s’élèvent à peine de quelques pieds au-dessus
du sol , et leurs troncs rabougris attestent, non moins que la maigreur
de leurs rameaux, l’état continuel de souffrance dans lequel ils vivent.
Ce sont cependant des eucalyptus, des casuarinas, des exocarpus, des
s s s s ’