
Hi
Description
des
îles Malouines.
Histoire.
12 78 VO YA G E AUTOUR DU MONDE.
Port-Egmont; ii y reparut de nouveau, avec les mêmes navires, en 1795-
1 8 1 1. — Pendant 4° ans ies Espagnols restèrent, sans contestation,
propriétaires de la colonie que leur avoit livrée Bougainville, et en firent
un lieu de déportation. Deux de ieurs vaisseaux conduisoient, chaque
année, des forçats de Montevideo au bourg Saint-Louis de la baie Française,
mais ils n’y amenèrent point de femmes (i). En 1 8 1 1 , époque de
la révolution de leurs colonies d’Amérique, ils évacuèrent tout à fait ies
Malouines, sans y laisser un seul individu.
I 8 1 4 - — Depuis iors ces îles n’ont plus été visitées que par ies pêcheurs
de phoques, qui viennent y faire des établissemens temporaires pour fondre
les graisses, sécher ou saler les peaux qu’iis y ont recueillies. Les stations
qu’ils préfèrent sont celles de l’île West-Point et de i’île Nouvelle, où ils
trouvent un abri plus complet.
Cette dernière est remarquable par ia résidence forcée qu’y fit, en
i8 i4 et 18 1 5 , un capitaine anglo-américain, dont le vaisseau fut enlevé
par l’équipage d’un navire anglais qui, venant de Port-Jackson, s’étoit
perdu sur la côte méridionale des Malouines. Cet officier, nommé Bar-
nard, s’occupoit spécialement de fa pêche des phoques à fourrure. Dans
une de ses excursions il rencontra, le long de la côte, l’équipage du vaisseau
naufragé, composé de trente personnes, tant marins que passagers, au
nombre desquels étoient piusieurs femmes, et ies conduisit avec empressement
sur son vaisseau. Là, ces infortunés reçurent l’hospitalité la plus
cordiale, et tous les soins qu’exige le malheur. Mais les deux nations
étoient en guerre, et, quoique le capitaine Barnard eût promis à ses hôtes
de les conduire fidèlement au Brésil, aussitôt qu’il auroit achevé sa pêche,
la crainte d’être faits prisonniers de guerre leur fit commettre l’acte le
plus révoltant de piraterie et de déloyauté qu’il soit possible d’imaginer.
Sans égard pour tout ce que le capitaine américain avoit fait pour eux,
les naufragés choisirent l’instant où cet officier avec une partie de son
équipage étoient absens du bord, pour s’emparer de son bâtiment et se
sauver à Rio de Janeiro, abandonnant ainsi leur bienfaiteur sur une île
déserte, sans provisions et sans autre ressource que son industrie personnelle.
Ce fut enfin, après deux ans de souffrances et de privations,
LIVRE VI. — D e P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . 12 79
qu’un baleinier le délivra, lui et ses compagnons, de ia triste situation De scnp tion
dans laquelle il se trouvoit. Il est vrai que, quelques mois auparavant, un ¡[g j M alouines.
navire de guerre anglais étoit parti de Rio de Janeiro pour venir chercher Histoire,
ces pauvres gens; mais, n’ayant pas abordé précisément sur le point de
l’île où ils se trouvoient, et ayant remis sous voiles trop précipitamment,
ils ne purent profiter de l’occasion qui sembloit leur être offerte de voir
cesser leurs maux.
-Notre corvette française l ’Uranie, naviguant I 020,- en découvertes,
après avoir frappé sur une roche sous-marine, fut obligée de se jeter à
la côte dans ia baie Française, pour sauver son équipage et les résultats
de l’expédition. Après trois mois de travaux et d’opérations pénibles, nous
partîmes, comme on l’a vu, sur un trois-mâts de Buenos-Ayres, que nous
achetâmes ensuite, et avec lequel nous continuâmes notre voyage.
Dans le cours de cette même année, la république de Buenos-Ayres
ayant mis en mer la frégate de guerre l'Heroind, le capitaine Jewitt, qui
ia commandoit, arriva à la baie Française ie 2 novembre, et prit possession
des Malouines au nom de son gouvernement. Les couleurs nationales
furent aussitôt arborées sur les ruines du bourg Saint-Louis, et
le salut d’usage, de 2 1 coups de canon, fut tiré pour compléter la céré-
monie. Le premier acte d’autorité du commandant, dit Weddell [op.
cit), fut de s’approprier les débris de l’Uranie, à l’entière exciusion de
divers navires étrangers qui, se trouvant là, eussent été bien aises sans
doute de prendre part àla curée, » Le capitaine Jewitt annonça l’intention
d’empêcher la destruction indiscrète des bestiaux marrons, qui vivent .sur
ces îles, afin de ies conserver, disoit-ii, pour les navires qui en auroient
réellement besoin. Avant de partir, il déclara publiquement que toutes les
choses nécessaires à un établissement colonial seroient prochainement envoyées
de Buenos-Ayres à la baie Française. Mais ii est à croire que la
république américaine a eu bien d’autres projets à exécuter que celui-là.
Quoi qu’il en soit, un affreux scorbut désoloit, à cette époque, l’équipage
de l’Heroind. Cette frégate n’étoit cependant partie de Rio de ia
Piata que depuis huit mois, et, pendant cette période, elle s’étoit même
procuré plusieurs fois des rafraichissemens aux îles du Cap-Vert. La
maladie se déclaroit d’abord aux genoux, d’où elle passoit rapidement
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