
Indigènes
actuels.
ne s’est jamais formée entre les deux peuples, quoique on rencontre pourtant
çà et là quelques mulâtres ; mais ils sont toujours dus à des liaisons
passagères d’Européens avec des femmes australiennes. On cite le seul cas
d’une union accidentelle, mais forcée, d’un indigène avec une fille blanche;
comme eile avoit été la conséquence d’un viol, ie coupable fut condamné
à être pendu et exécuté; on ajoute que cet homme avoit visité
l’Angleterre. Tous ceux de ses compatriotes qui assistèrent à l’exécution,
dit M™® Macquarie, qui me fournit ces détails, regardèrent cette punition
comme juste et méritée.
Les sauvages attachent beaucoup de prix à porter des noms anglais,
et beaucoup d’entre eux en prennent pour ies substituer aux leurs.
Souvent on en a vu arriver avec de jeunes enfans et même des nourrissons
dans les bras, pour demander aux colons de leur donner un nom
de leur choix et de le leur imposer eux-mêmes.
Langue créole australienne. — La plupart des indigènes nés au milieu
de la population coloniale parlent anglais avec facilité, tandis que les
adultes, auxquels cette langue est plus étrangère, éprouvent en général
une difficulté notable dans la prononciation de certaines lettres de notre
alphabet : c’est ce dont j’ai déjà fait ailleurs la remarque (i). Quelques-
uns mêlent à ce langage estropié divers mots de ieur idiome, ce qui constitue
alors une sorte de patois créole qui n’est pas sans agrément, et
dont les Anglois eux-mêmes se servent quelquefois lorsqu’ils parient à ces
sauvages. Je donne ici un exemple de ce langage, tiré de l’ouvrage cité
de Dawson, et appartenant aux indigènes des environs du Port-Stephens.
En dessous de chaque mot se trouve écrite sa traduction littérale, et, entre
parenthèses à côté du nom anglais, le même nom rectifié; quelques mots,
qui doivent être sous-entendus , ont été mis entre parenthèses dans ie
cours de la traduction.
K oen krammer hlack p d lo w [fe llow ) ivh en nangry ( 2 )
(Le) diable vo le (les) noirs compagnons (les noirs indigènes) quand (ils) dorment
( I ) Voyez cbap. X X X I , p. 7 5 7 de ce volume,
( 2 ) K o en , d iab le ; krammer, voler, dé robe r; et nangry, qui signifie à la fois n u it , dormir et
se reposer, sont les seuls mots vraiment indigènes de cette courte tirad e ; elle se rapporte en tiè
rem en t, comme on v o it , à un point remarquable de leur c ro y an c e , qui a été relaté plus
haut. ( Voyez chap. X X X I . )
Èiish; dat [ th a t ) murry (v e ry ) bad p e llow [ f e l lo w ) , massa [m as te r),
com p a gn o n , ma ître,
p e llo w [ f e llo w ) nebber [n e v e r) come
compagnons jamais viennent
dans (le s ) b o is ; ' celui-là tres-mauvais
d a t [that) go a il about, B la c k
qui va (rô d an t) de tout côté. (L e s ) noirs
back 'gain [a g a in ) dehhle-debhle [d evil) make dem [them]
en arrière de nouveau (jam ais ne r e v ie n n en t) ; ( le ) diable fa it eux
boy [d ie ); plenty hlack p e llow [ f e l lo w ) have tee [s e e ) him. D ey [they] go
mourir; quantité ( d e ) noirs compagnons ont vo ir (vu) lui. Ils vont
aw a y
au loin ( s’en vont ) ( en )
wh ite
(iis reviennent ) ( ic i ) blancs
E n g la t [E n g la n d ) ,
A n g le te r re ,
p e llow [ f e l lo w ) .
compagnons (des hommes b lan cs ).
Indigènes
actuels.
den [ then ) corne back
ensuite ( i l s ) viennent en arriéré
Services rendus par les indigènes. — Le général Darling a eu l’heureuse
pensée d’employer les indigènes à ia recherche des convicts déserteurs, et
d’organiser ainsi ce que les'colons nomment la police noire. Ces hommes de
couleur regardent l’office de constable qu’on leur confie à cet effet, comme
un des pius grands honneurs qu’on puisse leur faire; ils en sont fiers, et en "
rempiissent ies fonctions avec autant de fermeté que d’intelligence. On
a eu la sage précaution de ne pas trop multiplier ce genre d’officiers,
pour éviter de déprécier aux yeux des naturels de pareilles distinctions.
Une fois revêtus de ce titre, ils ne manquent jamais, quand ils paroissent
en public, d’avoir sous le bras le bâton caractéristique de leur
charge et de prendre, devant leurs compatriotes un air d’importance
assez curieux à voir. La seule récompense qu’on leur accorde c est d être
nourris et vêtus aux frais du gouvernement.
Nous observerons à ce propos que les naturels qui composent la police
noire sont tout à fait difterens de ceux qui sont autorisés à porter des
médailles en cuivre, ainsi que nous l’avons dit ailleurs. Cette dernière
marque distinctive appartient en effet aux aborigènes qui par leur intelligence
plus développée, et par l’influence qu’ils exercent sur leurs compatriotes,
peuvent rendre aux Anglais des services plus signalés. Le,gouvernement
colonial considère ces derniers comme des chefs de district,
et sur la plaque dont il les décore se trouve gravé leur nom particulier
et celui de la tribu à laquelle ils commandent.