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àPort-ijacksoii. ‘^1’’-**’'^ élégance plus simple à-la-fois et plus convenable que celle dont
,;iip. nous fûmes les témoins. La table, d’un bois indigène imitant l’acajou,
N ov em b re, ^voit une étendue immense; l’argenterie, les cristaux, tout enfin nous offrit
l’image d’une noble opulence, d’un ordre parfait, mais sur-tout d’une
urbanité capable d’honorer les maisons les plus distinguées de l’ancien
continent. La gaieté régna pendant le repas, et la fête se prolongea
jusqu’à minuit.
La veille, M. ie gouverneur Macquarie, accompagné du lieutenant
gouverneur et d’un nombreux état-major, étoit venu nous rendre , à bord
de l ’Uranie, la visite que nous lui avions faite à notre arrivée. Nous
profitâmes des offres de service qu’il voulut bien nous renouveler en
cette circonstance, pour obtenir de lui la permission d’envoyer au-delà
des Montagnes Bleues quelques-uns des observateurs de notre expédition
: cettte demande fut accueillie sans la moindre difficulté. Plusieurs
d’entre nous reçui-ent ensuite l’invitation cordiale d’aller le voir à Parramatta,
lieu de sa résidence habituelle; il eut même la bonté de nous
prévenir que le surlendemain des embarcations convenables seroient
mises à notre disposition, afin que nous pussions faire ie trajet par eau.
Au nombre des personnes qui me comblèrent ici des prévenances ies
pius gracieuses , je rangerai en première ligne M. Barron-Field , juge
de la cour suprême de la colonie. M. Langsdorff, consul général de
Russie à Rio de Janeiro, m’avoit donné des lettres pour ce magistrat,
et sa recommandation eût sans doute été d’un grand poids ; mais un
officier distingué c|ue je ne connoissois point encore, M. le lieutenant
Phillip-Parker King, dont ie père, ancien gouverneur de Port-Jackson,
reçut d’une manière si affable l’expédition de Baudin en 1802 et 18 0 3 ,
avoit, en quittant Sydney à bord du cutter de S. M. B. la Mermaid,
pour continuer sa belle mission géographique sur la côte Nord-Ouest de
la Nouvelle-Hollande, laissé clans cette ville une lettre à mon adresse :
il m’y témoignoit le regret de ne pouvoir se rencontrer avec moi, et
m’engageoit de la manière la plus pressante à me présenter chez son ami
M. Field, qui me recevroit, disoit-il, comme un autre lui-même. C ’est
sous ces auspices favorables que s’établit entre cet excellent M. Field
et moi la plus étroite intimité , dont la distance qui nous a séparés
LIVRE V .— D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 6 2 9
depuis n’a jamais relâché les liens. Son instruction variée, l’aménité de
son caractère, me firent goûter alors des jouissances non moins agréables
qu’utiles, au sein de sa société, dont l’aimabie compagne à laquelle il
est uni ne contribuoit pas peu à augmenter ie charme.
Il n’est point de satisfaction sans mélange! Dans la nuit du 23 au
24 novembre, je fus volé à terre de la totalité de mon argenterie, d’une
partie de mon linge de table, et de quelques effets de moindre importance.
Cet incident fâcheux n’eut point lieu de me surprendre, lorsque
j’eus réfléchi, mais trop tard , à ia composition de ia colonie pénitentiaire
de Port-Jackson, qui peut, à juste titre, être qualifiée de terre classique
de lafriponnerie. Je me hâtai de faire auprès des autorités compétentes
les démarches nécessaires pour parvenir à recouvrer ce qui m’avoit été
pris; M. Field me seconda de toute son influence : mais mon voleur
ue fut ni moins avisé, ni moins expéditif; il savoit que, d’après les lois
anglaises, un objet dérobé, vendu ensuite en plein marché, ne pouvoit
être restitué à son légitime propriétaire qu’après que i’identité en avoit
été légalement reconnue; or, mon argenterie ayant déjà passé au creuset,
et se trouvant par-là dénaturée, avoit été acquise par un orfèvre, et
même revendue une seconde fois par ce dernier. Le coupable cependant
fut découvert : il étoit, me dit-on, un des plus habiles et des plus subtils
escrocs du pays. Déjà convict pour ses hauts faits antérieurs, ii n’étoit
plus passible que d’une condamnation aux travaux forcés dans les mines
de charbon du port Hunter (pl. 9 2 ) ; mais, à cet effet, un jugement
étoit nécessaire; et, quelle qu’en fût l’issue, il me parut trop évident
qu’il n’en résulteroit pour moi rien d’utile. Quoi qu’il en soit, un constable
eut ordre de veiller à l’avenir sur notre observatoire, et de garantir
nos instrumens contre toute tentative de la même nature.
Cette diversion forcée ne nous avoit pas fait perdre de vue l’invitation
du gouverneur Macquarie; notre départ pour Parramatta avoit été arrêté
pour le 25 ; nous montâmes donc ce jour-là à midi dans un canot fort
joli et très-vaste qui avoit été mis à nos ordres : MM. Lamarche, de
Quélen, Gaimard et Raiiliard furent de la partie. A peine entrions-nous
dans ie bras de mer qui conduit de Sydney à Parramatta, que nous
aperçûmes une embarcation qui sembloit poursuivre la nôtre ; c’étoit
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N o v em b re .