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1 2 7 4 VO Y A G E A U TO U R DU MONDE.
Description de Falkland, où ii voulut s’engager, mais des récifs qu’il aperçut de
îles Malouines. i’avant lui firent changer de dessein.
H istoire. C ’est dans ia même année que Frézier, au retour de son expédition
dans le Grand-Océan, dressa la première carte que l’on ait eue des Malouines,
et leur imposa le nom d’îles Nouvelles, qui n’a pas prévalu. Au
reste, cet habile ingénieur n’avoit point personnellement aperçu les îles
qui nous occupent, et ne les traça que sur les mémoires des capitaines
malouins qui fréquentoient beaucoup alors ces parages.
1 7 2 1 .— En décembre 17 2 1 l’archipel malouin fut encore visité par
l'amital hollandais Jacob Roggewein, pendant son voyage autour du
monde. Ces îles étoient alors si mal connues et leur position géographique
si mal déterminée, que les différens noms qu’on feur avoit donnés,
comme les lieux où on ies piaçoit, formoient une confusion étrange. Roggewein,
en quittant le Brésil, se dirigea d’abord, ainsi qu’il l’annonce iui-
même, vers les îles Maidenland, sans pouvoir les rencontrer; changeant
alors de route, il gouverna vers les îles Nouvelles, qu’on nommoit aussi
îles Saint-Louis, sans être plus heureux. Enfin , après une violente tempête,
il crut faire la découverte d’une grande île, à laquelle il donna le nom de
Belgique australe, mais ce n’étoit réellement que ies Malouines, vainement
cherchées par lui sous d’autres noms et dans des situations erronées.
I 748. — Le capitaine Le Hen Brignon, en revenant du Chili, aperçut
encore une fois ces mêmes îles, mais ne s’y arrêta pas.
17 6 0 .— Lorsqu’après la guerre de sept ans la France fut obligée d’abandonner
le Canada à l’Angleterre, Bougainville, qui s’étoit distingué dans
cette guerre, chercha à indemniser sa patrie de la perte qu’elle venoit de
faire, en commençant à ses frais un établissement sur l’île Conti, la
plus orientaie des Malouines. Là il réunit plusieurs familles canadiennes
et acadiennes pour former ia base d’une colonie qu’on prévoyoit devoir
devenir très-favorable aux navires qui, trafiquant avec la côte occidentale
d’Amérique, auroient besoin d’une relâche.
J 764. — Ce projet ayant pris de la consistance et reçu l’approbation
de Louis X V , la petite expédition se mit en route, et, après avoir relâché
à Montevideo, où i’on embarqua beaucoup de chevaux et de hêtes à
cornes, elle vint atterrir sur ies îles Sébald de Weerdt, le 3 1 janvier i 764.
Ne trouvant pas sur fa côte N. O. et Nord des Maiouines les commodités Description
qu’il desiroit pour asseoir son premier établissement, Bougainville pro- ¡[gj M alouin es.
longea la terre jusqu’à ia grande haie Française sur la côte orientale, et Histoire,
y entra enfin le 3 février (1).
La même illusion qui avoit fait croire à Hawkins, à Woodes-Roger
et à quelques autres voyageurs, que ces îles étoient couvertes de bois,
se renouvela pour les compagnons de Bougainville : ils virent ensuite avec
surprise que ce qu’ils avoient pris pour des bois, en naviguant près de la
côte, n’étoient que des touffes de jojics ou des graminées gigantesques,
dont nous aurons bientôt occasion de nous occuper nous-mêmes d’une manière
plus particulière. Cette absence de bois contraria beaucoup le chef
de l’expédition , mais il trouva en abondance sur l’île Conti une excellente
tourbe qui pouvoit y suppléer, tant pour le chauffage que pour
la forge. Quant à fa subsistance des nouveaux colons, la nature ne leur
offrit que du poisson et du gibier de terre et d’eau.
Ce fut un spectacle curieux, à i’arrivée des Français, de voir tous les
animaux, qui jusqu’alors avoient été ies seuls habitans de l’île, s’approcher
d’eux sans crainte, ou ne faire d’autres mouvemens, en les apercevant,
que ceux que ia curiosité inspire à l’aspect d’un objet inconnu. C’est
ainsi que les oiseaux se laissoient prendre à la main, et que quelques-uns
venoient d’eux-mêmes se poser sur les personnes qui étoient arrêtées ; toutefois
cette confiance ne dura pas longtemps, et ces pauvres animaux
eurent bientôt appris, à leurs dépens, à se méfier de leur plus cruel
ennemi.
Le 17 mars l’einplacement de la nouvelle coionie fut fixé dans l’anse
Saint-Louis. Son personnel ne fut d’abord que de 27 personnes, parmi
lesquelles se trouvoient 5 femmes et 3 enfans canadiens, qui n’avoient
pas voulu rester sous ia domination anglaise. On s’occupa à leur bâtir
des cabanes, à construire un magasin, un fort,' et le 5 avril Bougainville
prit enfin solennellement possession de ces îles au nom du roi de
France. Trois jours après ii appareilla pour retournera Saint-Malo, laissant
M. de Nerville à la tête de la nouvelle colonie.
( i) C e s détails et les suivans, sur l’établissement des F rançais aux îles M a lo u in e s , sont
tirés du V o y a g e de B ou g ain v ille .