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Jl? s b aiu lw ich.
l ) e I’homme
en société.
Amusemens.
au commerce.Puisse cette re'volution, trop rapide peut-être, ne pas produire
des fruits amers, et procurer le bonheur et la paix à une population
intéressante, qui paroît desirer sincèrement de s’améliorer!
Quoique, pendant notre séjour à Owhyhi et à Mowi, nous ayons
assisté à plusieurs divertissemens sandwichiens, il nous semble que
l’amour du jeu y étoit moins répandu encore qu’à l’île "Wahou.
Jeux d’action.— Les habitans passent, autant qu’ils ie peuvent, le milieu
du jour à dormir ou à manger : ils se promènent peu; mais, pour faire de
l’exercice, ils se livrent à differens jeux d’action qui les retir-ent au moins
momentanément de leur indolence native. La balançoire est un de ceux
quils préfèrent, et des pius simples. A la cime inclinée et élevée d’un
cocotier 011 amare une longue corde, terminée , à sa partie inférieure , en
une ganse qui sert à fixer un morceau de bois aplati, sur lequel viennent
successivement s’asseoir les personnes de tout âge et de tout sexe, mais
sur-tout ies jeunes gens de Kayakakoua ; les enfans étoient tellement
passionnés pour ce passe-temps, qu’il étoit rare de ne pas voir quelque
marmot se balancer à quelque heure que ce fût de la journée.
Ils ont un autre amusement de la même nature; mais où , au lieu de
donner un mouvement d’oscillation à la corde, on lui en imprime un
de rotation. Dans celui-ci, l’extrémité supérieure de cette corde est assujettie
à la cime d’un fort poteau vertical, de trente à quarante pieds de
hauteur, solidement planté en terre.
La natation est aussi un de leurs plaisirs favoris; hommes, femmes
et enfans déploient dans cet exercice tant d’aisance et d’habiieté, qu’on
seroit tenté de les prendre pour de véritables amphibies : nous en avons
vu suivre et atteindre la corvette, lorsque nous filions de quatre à cinq
noeuds ; d’autres , bravant le choc impétueux des vagues, s’élancer du
rivage au milieu du ressac effroyable produit par un vent du large. Le
nageur se munit quelquefois d’une pièce de bois façonnée exprès, de six
ou sept pieds de long sur un de large, et bombée à l’une de ses faces
(voy. pi 8ô) : il la tient avec ies mains, et s’y couche à plat ventre, la
tête vei's la partie arrondie ; ou bien il se sert de ses mains en guise de
rames, et dirige des pieds cette espèce de scaphandre avec une adresse
et une promptitude étonnantes.
Étant à Raheina, nous aperçûmes une pirogue qui se dirigeoit sur la Jle s S andw ich,
côte pendant que le vent souffloit du large ; la lame déferloit avec vio- D®
lence sur ies récifs et sur la grève; tout nous faisoit trembler sur le sort
de cette embarcation ; cependant i’homme et la femme qui la montoient
ne laissoient paroître ni trouble ni inquiétude ; avec la rapidité de la
flèche, ils franchirent un trajet de plusieurs encablures, et abordèrent
pour ainsi dire à sec sur ie rivage. Certes, un de nos canots eût été
submergé ou fracassé en pareille circonstance.
Le jeu nommé horoua ressemble beaucoup, autant qu’il nous a été
possible d’en juger, à celui que nous connoissons en Europe sous le nom
de montagnes russes. Les courans nous ayant fait dériver jusque par le travers
de Karakakoua, nous remarquâmes une tranchée très-apparente pratiquée
sur le penchant d’une montagne. C ’étoit ià , nous dit notre pilote
Kéihé-Koukoui, que Taméhaméha aimoit beaucoup à aller glisser. Le lit
des rigoles de ce genre est soigneusement aligné; puis on y sème une
herbe menue qui, après avoir poussé, se dessèche à l’ardeur du soleil.
C’est alors que les amateurs peuvent y venir prendre leurs ébats. Le
joueur, si j’ai bien compris, est couché à plat ventre sur un traîneau,
et s’élance la tête ia première sur ia glissade. Si plusieurs personnes
prennent ensemble cette récréation, la victoire est à celle q u i, donnant
à son traîneau une plus forte impulsion, ou ie dirigeant avec plus
d’adresse, lui fait parcourir d’un seui jet un plus long intervalle. Taméhaméha
avoit plusieurs de ces jeux préparés en divers endroits des îles
Sandwich, et il prenoit plaisir à s’y rendre avec sa femme favorite.
On dit que la lutte, les courses à pied , le pugilat, font aussi partie de
la gymnastique des habitans; mais nous n’avons été témoins d’aucun de
ces exercices.
Les insulaires de "Wahou paroissent très-passionnés pour le jeu de
màita. Nous assistâmes à une partie à laquelle Boki, chef principal de
l’île, présidoit en personne, à la vue d’environ deux ou trois mille spectateurs
, rassemblés sur une plaine unie et assez vaste. II s’agissoit de
faire rouler à la plus grande distance possible un disque ou palet parfaitement
poli, ayant trois pouces environ de diamètre, un pouce d’épaisseur
à son bord, et au moins le double au centre. Le nombre des joueurs
Voyage de l ’Uranie. — Historique. T . II. H h h II