
C o lonie
de
Poi't-Jackson
Agriculture.
D é ta il
des cultures.
922 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
culture du pays, et que le système raisonné des engrais se trouve, du
moins sur le plus grand nombre de points, en harmonie avec les besoins.
Défrichemens. — On suit une méthode de défrichement qui est assez
simple, et qui consiste à abattre les arbres qui couvrent le soi et à ies
brûler sur place. A cet effet, on les coupe depuis huit pouces jusqua
deux pieds au-dessus du collet des racines et rarement pius haut; puis,
dès que le déboisement est terminé, on commence à rompre la terre
avec la charrue, ou avec ia houe, selon que la localité ou les ressources
du fermier le lui permettent.
Après avoir trié les arbres qui conviennent aux charpentes et aux clôtures,
on ies fait rouler hors de la forêt ou vers les fosses de scieurs de long,
pour être débitées, soit en planches, soit en solives; le reste se coupe
en tronçons d’une longueur convenable pour être mis facilement en tas
et brûlé ensuite. L’opération d’abattre les arbres est aisée et peu dispendieuse,
comparativement au travail immense de ies diviser en tronçons et
de les empiler. Les bois résineux brûlent sans beaucoup de peine; les
autres avec une plus grande difficulté, surtout dans leur état de .verdeur.
Pour éviter une partie des fatigues qui résultent de ces opérations,
quelques colons mettent tout simplement le feu aux arbres, mais cette
économie est mal entendue. Dans tous ies cas, ia destruction des chicots
et des racines est longue, laborieuse, et il peut même arriver que plusieurs
années s’écoulent avant qu’on soit parvenu à ies extirper tout à fait.
Ordinairement on attend qu’ils soient assez desséchés pour y mettre le
feu ; néanmoins les préparatifs de cette dernière opération sont considérables,
puisqu’il faut d’abord déchausser les pieds de ces chicots, et les
couvrir de gazon ensuite, à la façon des charbonniers, pour que ia
combustion s’en fasse plus promptement et d’une manière plus complète.
Les terrains vierges non boisés sont d’une exploitation bien
moins compliquée : ii suffit en effet d’y faire passer immédiatement la
charrue ou la pioche, en suivant les méthodes connues , qui ne doivent
pas nous occuper ici.
Quelques personnes des environs de Sydney, pour rendre fertiles
des localités entièrement privées de terre végétale, ont employé un
genre de défrichement nouveau et par conséquent intéressant. Aux en-
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 923
virons de Wooloo-Mooloo (pl. 94), une partie du sol, mélangé de roches
et de sable, se trouvant stérile, les propriétaires imaginèrent de le creuser
jusqu’à la profondeur de trois pieds, et d’y faire charrier ensuite de
la terre, qu’il falioit aller chercher à plusieurs milles de distance. Des
jardins furent plantés ensuite sur ces terrains factices, et i’on y bâtit aussi
de joiies maisons de plaisance ; il résSlte de là qu’au point où se voyoit
naguère une aridité désagréable, l’oeil se repose maintenant sur un paysage
enchanteur, où sont réunis à la fois des arbres de Chine, du Cap
de Bonne-Espérance, d’Europe et des îles du grand Océan.
Travaux et opérations de culture. — Quand les terres d’alluvion sont
douées d’une grande fertilité, ainsi qu’ii arrive ici au bord de certaines
rivières, à peine les cultivateurs les égratignent-ils avant d’y faire leurs
semailles ; jamais au reste on ne voit là rien qui ressemble à une période
d’assolement. Du froment toutes les années, pendant vingt campagnes
de suite, et quelquefois du froment et du maïs l’un après i’autre, dans
une même année, telles sont, d’après le docteur Lang, les seules méthodes
de culture qu’on y ait suivies, même jusqu’en i 834. Les opérations
agricoles dans les environs de la rivièj-e Himter sont conduites avec plus
d’habileté et de soin; aussi les graminées, qui y sont cultivées en grand,
ont-elles beaucoup de succès, Mais, dans ies terres hautes du voisinage,
la fortune des colons étant principalement établie sur ia multiplication des
moutons et des bêtes à cornes, on ne s’y occupe de ia cuiiure des terres
que pour satisfaire au service de l’exploitation. La longueur extrême des
chemins qui servent à communiquer avec ies cantons de l’intérieur tels
que Bathurst par exemple, oblige les colons de ces parties lointaines à négliger
Ja culture des terres pour ne se livrer qu’à l’éducation des bestiaux
Assolemens. — li est d’usage, dans les terres nouvellement défrichées
de commencer les cuitures par une récolte de maïs, grami/iée qui se
plante depuis septembre*jusqu'en décembre, et généralement après un
seul labour. On a vu des propriétaires pauvres ne pas même se donner
la peine d’ameublir Je terrain, et se borner à faire des trous, pour y
déposer leur graine ensuite. En générai Ils font succéder une récolte de
blé à une récolte de maïs, et continuent d’alterner ainsi tant que ia
fertilité de la terre peut y suffire. Quand les colons possèdent beau-
Agricnlture.