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D e l’homme
en société.
Agriculture.
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¿û8 VOYAGE AUTOUR DU MONDE,
il n’est point question ici de déployer la souplesse du jarret et de .bondir
en cadence ; les bras sont presque les seuls agens de leur chorégraphie :
qu’ii soit debout ou accroupi sur ses talons, c’est à gesticuler que le figurant
s’applique [voyez planche 88). II chante en exécutant sa pantomime,
et des musiciens joignent presque toujours leurs voix à la sienne,
en s’accompagnant eux-mêmes de divers instrumens, au nombre desquels
est un tambour pareil à ceux que nous avons vus entre ies mains des
Guébéens et des habitans de Timor. « Il n’est pas rare , dit M. Duperrey,
de voir les chanteurs s’accompagner avec deux bambous de différentes
longueurs dont ils tirent un son assez agréable, en ies frappant sur une
pierre dont la partie supérieure est recouverte d’étoffe. »
A leurs chants sont ordinairement adaptées des paroles dont le sujet,
suivant le cas, est tiré soit de traditions historiques ou religieuses, soit
de circonstances particulières et individuelles.
§. VI I I .
Industrie agricole.
La nourriture étant ici en grande partie tirée du règne végétai, et ces
iles ne fournissant pas naturellement tout ce qui est nécessaire pour
vivre, force a été aux habitans de recourir à l’industrie pour augmenter
la masse des produits du soi. Toutefois il s’en faut beaucoup que
ies bonnes terres aient toutes été mises en valeur; la difficulté des arrose-
mens, et la paresse innée des habitans, en sont, je crois, les principales causes.
Quoi qu’ii en soit, leurs cultures se font avec assez de soin et d’intelligence ;
nous avons vu même à Mowi et à Wahou de belles plantations qui ne iais-
soient rien à desirer; c’étoient principalement des taros , des patates douces
, des ignames, des cannes à sucre, des bananiers, des melons, des pastèques
, ainsi que les mûriers à papier destinés à la confection des étoffes.
On entoure presque par-tout les champs de petits murs (i) en pierres
sèches ou en terre ; cette dernière construction est sur-tout nécessaire pour
le taro, qui, prospérant avec plus de succès dans i’eau, a besoin qu’une
( i ) F h y « plus h au t , page 565.
Industrie
agricole.
LIVRE IV. — De G 0 a m a u x S a n d w i c h i n c l u s i v e m e n t . ¿ 0 9
sorte de digue empêche celie-ci de s’échapper. Laméthode de culture qu’on lie s Sandwich,
emploie est sensiblement la même que ceile qui est suivie aux Mariannes
pour la même plante, connue là sous le nom de sani : après avoir nettoyé
ie soi, on le tasse fortement avant d’y piquer ies oeilletons ; on laisse
ensuite la racine immergée pendant plusieurs mois , de manière toutefois
que ies feuilles soient au-dessus de i’eau. Cette culture est très-pénible
, en ce qu’elle oblige ceux qui s’y livrent à se mettre dans la vase
presque jusqu’à la ceinture, lorsqu’il s’agit d’enlever ies mauvaises herbes
et de faire la récolte des racines. Le taro de montagne, confié à un terrain
sec, est moins estimé et rapporte moins.
Les cannes à sucre forment parfois des champs distincts à portée des
arrosages ; d’autres fois on les place sur le taius des petites digues qui
entourent les taros. Les patates et les iggames s’accommodent d’un terrain
moins substantiel. •
La seule attention particulière qu’on donne au bananier et au mûrier
à papier, c’est de les mettre dans un sol humide ou à portée d’un courant
d’eau. Quant aux végétaux européens, ils doivent le succès de ieur
propagation aux soins et à l’intelligence deM. Marin.
Le seul instrument aratoire propre au pays est une espèce de grande
spatule [o//o] de six pieds de long, représentée planche 9 0 , fig. 6 : l’ouvrier
s’en sert comme d’une pioche, en se tenant accroupi sur ses talons.
A Wahou, on a généralement substitué à l’oho un outil en fer, emmanché
, qui se rapproche un peu du premier par sa forme et la manière
dont on le manoeuvre.
Les petits oiseaux à plumes brillantes étoient probablement jadis les
seuls animaux auxquels les Sandwichiens fissent ia chasse : nous ignorons
le procédé qu’ils y empioyoient; peut-être se servoient-ils de l’arc et de
la flèche. Les boeufs et les chèvres sauvages donneront lieu sans doute
un jour à des captures plus importantes.
La nature abrupte des rivages sandwichiens seroit généralement peu favorable
à la pêche au filet, si ies habitans n’avoient depuis long-temps
construit des pêcheries muitipiiées sur le rivage, qui, jointes aux lacs
naturels qui s’y rencontrent par intervalle, fournissent avec assez d’abondance
le poisson nécessaire à la consommation du pays.
Chasse.
P êche .