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CHAPITRE XXXII.
Esquisse historique des colonies anglaises aux Terres australes.
T r a c e r l’histoire des colonies anglaises aux Terres australes, c’est
parler du système de colonisation établi sur ces bords par celle des
nations européennes qui a le mieux connu les moyens d’étendre au loin
son empire, et de faire tourner ses acquisitions nouvelles au profit de
la mère-patrie. Nous nous proposons de presenter ici l’ensembl^ de
cette gigantesque entreprise, dont nous montrerons successivement la
naissance et les progrès. Puisse ce tableau succinct inspirer en France le
désir louable de créer, comme nos rivaux, des relations commerciales
^et politiques dans des contrées dont les productions et les besoins soient
propres à augmenter chez nous la richesse et le bien-être!
Sans doute il seroit difficile de concevoir une colonie composée d’élé-
mens plus corrompus que celle de Port-Jackson, et qui ait eu à lutter, dès
sa naissance, contre un plus grand nombre d’obstacles; mais il étoit réservé
au génie britannique de les vaincre tous, et de métamorphoser
une population vicieuse en colons industrieux, destinés à changer un
jour la face de ces régions.
Depuis 1 7 1 8 les Anglais, qui avoient adopté la déportation comme
moyen d’atténuer une législation sévère, choisirent d’abord l’Amérique
anglaise pour être le réceptacle de leurs criminels ; ce système prévalut
jusqu’en 17 7 5 . époque de ia mémorable guerre de l’indépendance
anglo-américaine, qui força de revenir aux maisons de correction. Mais
ce moyen étant bientôt devenu insuffisant, on se vit obligé de chercher
à la fois au loin un lieu propre à recevoir le rebut de la population,
et capable d’offrir des avantages commerciaux à la métropole. Les rivages
de l’Afrique furent examinés sous ce double rapport ; mais aucun lieu ne
s’étant montré convenable, les regards se portèrent enfin sur la côte
orientale de la Nouvelle-Hollande, récemment explorée parle capitaine
Cook.
Botany-Bay, dont ies brillantes descriptions étoient alors , dans tous
les esprits, fut désignée pour être le dépôt des criminels dont la sentence de
mort avoit été commuée, ainsi que celui des coupables directement condamnés
à la déportation.
Une expédition partit en conséquence d’Angleterre et arriva à Botany-
Bay le 20 janvier 17 8 8 , c’est-à-dire huit jours avant que l’infortuné
La Pérouse vînt y relâcher lui-même. Un convoi de plusieurs vaisseaux,
portant chacun iin certain nombre de condamnés ou convicts, ainsi que
nous les nommerons désormais, y mouilla aussi. La petite colonie,
placée sous les ordres du capitaine de vaisseau Arthur Phillip , se composoit
de 1 10 8 personnes, ies soldats compris, et, sur ce nombre total,
258 seulement se trouvoient libres. L’acte de prise de possession fixoit officiellement
ies limites du territoire qu’on alloit occuper, en latitude, depuis
ie cap York, à l’extrémité Nord du continent austral, jusqu’au cap Sud de
l’île Van-Diemen, c’est-à-dire depuis 10° 37', jusqu’à 43° 39' de latitude
méridionale; sa longitude, du côté de l’Ouest, étoit le 13 5 ® méridien
à l’Est de Greenwich [ 1 3 2 ° 4 °^ E. P.], et du côté opposé, les îles du
grand Océan, qui, entre les parallèles désignés, sont à l ’orient de la
Nouvelle-Hollande; délimitation qui, dans ce sens du moins, est, comme
on peut le voir, extrêmement vague, mais certainement d’une immense
étendue (i).
On ne tarda pas à s’apercevoir que Botany-Bay, remplie de hauts-
fonds et entourée de marécages, étoit loin d’offrir tous ies avantages
dont on s’étoit flatté : aussi le chef de l’entreprise se hâta-t-il de rechercher
si les havres voisins de Port-Jackson et de Broken-Bay ne pourroient
pas offrir plus de ressources et de convenances. Cook n’avoit parlé
du premier de ces enfoncemens que comme d’un refuge pour des embarcations
légères; quels ne durent donc pas être la joie et l’étonnement du
( 1 ) V o y e z l’ E nquê te sur la colonie de la N o u v e lle -G a lle s du S u d , publiée par ordre d e là
chambre des communes, en ï 8 i 2 . C ’est faute de documents suffisamment précis qu’un auteur
aussi savant que respe ctable, feu P éron, a cru que ia prise de possession de l’Angleterre en
■ cette circonstance s’étendoit à la N o u v e lle -H o llan d e tout entière. J ’ai longtemps moi-même
partagé cette o pinion, et par la même cause. (V o y e z le V o y a g e aux T e rre s australes, partie
liistorique. )
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