
I *
m i '
D e i’ homme
en société.
se rassemblent à diverses saisons de l’année, soit pour se consulter dans
les affaires de quelque importance, soit pour se réjouir à l’occasion de
certaines fêtes. Cependant, quoiqu’il y ait communauté d’intérêt dans
ces réunions, chaque famille est obligée d’avoir son feu à part et de pourvoir
à sa subsistance. Cette règle est générale, hormis le cas où l’on fait
la grande chasse aux kanguroos, à laquelle toute la tribu doit coopérer;
aussitôt que le gibier a été cerné et pris en suffisante quantité, on le
partage de bonne foi, et chacun s’en régale : telle est iaféte des kanguroos.
Les autres fêtes des naturels ont toutes pour objet de manger et de
danser ensemble , pendant plusieurs jours de suite. C ’est tantôt la fête
des huîtres, et aiors ils se réunissent sur un point où ils puissent se procurer
en abondance cet excellent coquillage; d’autres fois c’est la fête des
fougères ou celle des lis, et alors la racine du premier, ou la tige du second
de ces végétaux, fait les frais du festin.
11 seroit difficile, dans ces circonstances, de persuader à un naturel
de ne pas se joindre à ses compatriotes, ou même de se séparer d’eux
pendant l’assemblée, quel que fût d’ailleurs le motif qu’on voulût
faire valoir.
Une baleine échoue-t-elle sur la côte, tous les habitans d’alentour,
qui en sont bientôt informés, se pressent autour du monstre, puis
comme autant de loups affamés, ils s’acharnent sur la bête sans ia quitter,
tant qu’il en reste quelque débris : c’est ce qu’on nomme fête de la
baleine. En pareil cas, on a vu plusieurs tribus distinctes se grouper sur
ie même point; mais il n’est pas rare que de telies réjouissances soient
troublées par des altercations graves et même par des engagemens
meurtriers.
Danses.— Les autres fêtes dont nous avons parlé sont toujours plus pacifiques,
et soiennisées par des danses de nuit ou korroberis, pour lesquelles
les indigènes sont extrêmement passionnés. Jamais ils ne s’y rendent
sans se peindre le corps et la face de blanc et de rouge, ainsi que nous
l’avons exposé ailleurs. L’éclat d’un vaste brasier donne un effet pittoresque
à cette scène sauvage ; et la danse bientôt animant les acteurs,
les conduit graduellement à une sorte d’enthousiasme.
La coutume est de danser ainsi la nuit autour d’un feu, tontes ies
en société.
;■Î!
ru
LIVRE V .— D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 7 7 3
fois qu’ii survient un événement heureux ou remarquable. Cette danse est P o n - Ja ck so n .
très-curieuse et amusante à voir; le pas général consiste à ployer les D e l’ homme
genoux en tenant xtn peu les jambes écartées, puis à ies remuer avec
une sorte de tremblement ou de mouvement convulsif; le ployement
des jambes et le trémoussement du corps ressemblent beaucoup à la danse
de nos pantins. Les figurans rapprochent par momens leurs genoux
avec vivacité, et font claquer les unes contre les autres, d’une manière
assez forte, les parties internes et charnues de leurs cuisses et de leurs
mollets. Ils changent de temps en temps de place, avec une confusion
apparente; mais bientôt accouplés de deux en deux, on les voit ¿e
ranger avec promptitude, en une phalange régulière, sur cinq ou six personnes
de hauteur.
Pendant ces korroberis, les femmes chantent en battant la mesure
avec deux morceaux de bois. Une partie des danseurs fait entendre, par
intervalles, sur un ton grave et non interrompu, les mots détachésyiro«,
prou, prou, auxquels succède bientôt un grognement, qui imite ceiui du
kanguroo, peu différent de ceiui d’un porc. Pour l’ordinaire la danse
continue ainsi jusqu’à ce que la fatigue les oblige à s’arrêter ; ils se
retournent alors, sens devant derrière, et se séparent en poussant un grand
cri, terminé par de bruyans éclats de rire.
Les femmes , en de telles occasions , se tiennent toujours séparées
des hommes, et forment entre elles des danses à côté de leurs maris,
qui ont beaucoup d’analogie avec celle que nous venons de décrire.
Pendant la guerre, et avant d’en venir aux mains, les tribus ennemies
se divertissent encore les unes en présence des autres, mais sans se mêler;
au reste, dans leurs danses, dans leur manière d’annoncer qu’on est prêt
à commencer, et dans les chansons qui les accompagnent, il y a des
différences pins ou moins marquées, suivant les tribus.
Des korroberis ont encore iieu la veille du jour où un duel se prépare;
mais ici les champions qui doivent combattre prennent tous deux
part à la fête, et dorment ensuite l’un à côté de l’autre, comme si nulle
inimitié n’existoit entre eux.
Nous avons vu des danses tout-à-fait du même genre exécutées par les
sauvages de ia baie des Chiens-Marins (pl. 12 ) ; le capitaine P. P. King
T : J 4