
H in o ire son bien-être. En conséquence, les naturels furent invités à se réunir
P o r t-Ja c k so n . ¿ Parramatta, le 28 décembre 1814, pour y prendre connoissance du
1814. plan d’après lequel devoit être fondée la nouvelle école. Dès qu’ils
furent rassemblés, le gouverneur leur représenta combien il seroit avantageux
pour eux de changer de manière de vivre , et de se livrer aux arts
industriels de l’Europe. Cette conversation dura plus d’une heure; et
ies officiers anglais qui étoient présens parvinrent par leurs efforts à
inspirer assez de confiance à ces indigènes pour les faire consentir à
livrer trois de leurs eijfaiis à l’institution naissante. Ce succès obtenu,
on les fit tous asseoir ,en rond, et on leur distribua du roast-heef et de la
bière. D’abord on n’avoit pu réunir ainsi qu’une soixantaine d’hommes,
ceux destribus éloignées ayant eu des craintes sur i’objet de ia convocation,
qu’ils ne regardoient que comme une ruse pour s’emparer de leurs enfans,
de leurs femmes, et peut-être aussi de leurs personnes. L’après-midi,
néanmoins, le nombre des convives, attirés à ce qu’il semble par l’odeur
des mets, non moins que par ia curiosité, augmenta; un nouvel enfant
fut offert à l’institution, ce qui fit naître l’espoir de compléter bientôt le
nombre de douze fixé par ies règlemens.
M. Marsden, principal chapelain de la colonie, crut devoir établir,
de son côté, une Société pour la protection des insulaires du Grand-Océan ;
mais cette société n’eut pas une longue durée, et il ne paroît même pas
qu elle ait rien produit de bien utile.
1 8 1 5 . Ces premiers efforts du gouverneur furent suivis d’un nouvel acte de
sa sollicitude pour les indigènes. Seize familles, prises parmi eux,
eurent ordre de se fixer près de George-Head [i), dans un terrain favorable
à la culture, et d’exploiter les petites fermes disposées d’avance
pour les recevoir; on ieur fournit des vêtemens, des instrumens aratoires,
des semences , enfin tout ce qu’on jugea nécessaire à leurs besoins
et capable de les encourager. Bongaree, nommé chef de cette petite colonie,
reçut, en conséquence, du gouverneur, une plaque en cuivre sur laquelle
étoient graves les mots, Chef de la tribu de Broken-Bay, et qui
fut suspendue à son cou. Malheureusement tant de soins et d’attentions
( i ) C e c a p , avons-nous dit a illeu rs, est situé dans le district de Hun te r’s H i l l, à l’Ouest
de la pointe Su d d’ entrée du P o rt-Ja ckson . ( Voyei pl. 93. )
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h À P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 8 i i
généreuses restèrent stériles; les vieilles habitudes l’emportèrent, et l’on
s’aperçut enfin que les nouveaux colons n’étoient exacts qu’à recevoir les
rations en vivres qui leur étoient accordées.
Cependant on étoit loin de vivre en paix avec les tribus indigènes; le
gouverneur fut même bientôt obligé de réprimer par des actes de vigueur
et de sages dispositions, les hostilités qui se renouveioient à de trop fréquens
intervalles. On prescrivit aux naturels de ne jamais se présenter en
armes à moins d’un mille d’une viiie ou d’une ferme appartenant aux Anglais,
et de ne point paroître, même désarmés, à cette distance, au nombre
de plus de six réunis, sous peine d’être traités comme ennemis. On leur
défendit également de se rassembler, pour se livrer, conformément à ieurs
usages, des combats de punition, et cela non-seulement aux environs de
Sydney, mais encore présde toute autre ville ou établissement anglais;
la pratique de ces combats étant considérée comme barbare et contraire
aux lois anglaises. Quelques individus, ayant exprimé le désir de vivre tranquilles
sous ia protection du gouvernement colonial, reçurent des certificats
pour être a labri de toute inquiétude; enfin on offrit des terrains à
ceux qui auroient le goût de se livrer à l’agriculture, et liberté leur fut
laissée de s’y établir. Par une autre proclamation le gouverneur déclara
hors la loi dix des naturels les plus redoutables, et promit pour chacun
d’eux une récompense de lo livres-sterling [250*] à celui qui parvien-
droit à les arrêter ou à ies détruire.
Nous voici parvenus à une époque de haute importance pour la
colonie. Des travaux inouïs rendent enfin les Montagnes-Bleues praticables,
et bientôt l’esprit entreprenant des Anglais, débarrassé d’un tel
obstacle, voit se développer devant lui un immense horizon.
Longtemps ces montagnes fameuses furent regardées comme une barrière
insurmontable; des essais nombreux pour pénétrer au delà avoient
été successivement tentés par MM. Dawes, Tench, Hacking, Barrailler,
Bass et Caley; mais après d’énormes fatigues, de grandes preuves de courage
et des succès variés, tous également avoient été forcés de renoncer
à leur entreprise. Des fables absurdes sur les pays situés à fOuest circu-
loient et s’accréditoient parmi les colons, et à peine de temps à autre quelqu’un
osoit-il se risquer encore à ia recherche d’un passage tellement dan-
Histoire
tie
Port-Jackson.
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