
N . ( .a ile s du s. la petite montagne isolée qu’on a devant soi est toute composée d’une
G e o lo g ie roche qui m’a paru être de l’ophite presque noir. Elle se dirige à-peu-
et minéralogie. . xt r r 1 t> t
près Nord et Sud , et se trouve comme enclavée au milieu du grès ;
son sommet , divisé en pitons arrondis , forme de légères ondulations.
» Les circonstances ne nous ont pas permis de voir les localités qui
contiennent la houille exploitée pour l’usage de la colonie; seulement
nous avons remarqué, entre les couches des petites îles de la rade,
un schiste brun, légèrement bitumineux, en veines de deux pouces
d’épaisseur.
» Laissant la partie la plus déprimée du comté de Cumberland, on
arrive à cette longue muraille, pendant si long-temps impénétrable, que
forment du Nord au Sud les Montagnes-Bleues. Pour faciliter l’étude
des élémens qui les composent, nous les séparerons également en deux
parties distinctes ; celle du grès et celle du granit.
» On peut voir dans Pérou (i) les efforts infructueux que firent les
Anglais pour franchir ces montagnes, et l’espèce de merveilleux que
de telles difficultés sembloient avoir jeté sur le pays qui est au-delà. Les
obstacles subsistèrent tant qu’on ne trouva pas un point culminant auquel
vinssent aboutir des arêtes unissant entre elles quelques-unes de
ces masses rocheuses, que leur escarpement rendoit inaccessibles, quoiqu’elles
n’aient pas dans cette partie une élévation extrêmement considérable.
La pénurie d’eau dans ces régions agrestes et exposées aux
rayon d’un soleil ardent, n’étoit pas moins capable d’inspirer le découragement.
Eh bien ! aujourd’hui on peut traverser les Montagnes-Bleues
en voiture.
» Une heure après avoir laissé la Nepean, près de Régent-Ville, on
commence à entrer dans le grès, qu’on monte insensiblement. En générai
cette roche est rougeâtre, et parfois tellement chargée d’oxide de fer,
qu’elle en paroît noire. Dans ies environs de Spring-Wood, où l’on
traverse quelques petits ruisseaux, ia végétation est abondante et majestueuse.
» Quand on a passé ce poste militaire, les montagnes augmentent N .G a l l e s d u S .
de hauteur, en même temps qu’elles deviennent plus arides. Souvent la G é olo g ie
^ _ et minéralogie.
route est tracée sur ie roc à nu. Kings-Table-Land est aiors la meilleure
position pour bien prendre une idée du pays qu’on parcourt. De chaque
côté, le voyageur est entouré de vallées étroites et profondes, bordées
de rochers escarpés d’un grès rougeâtre, qui, dans l’éloignement, paroissent
comme façonnés en colonnes. Les plus remarquables de ces
vallées se dirigent du Nord au Sud en se contournant, et sont coupées
à angle droit par une arête étroite qui règne, pendant plusieurs milles,
à leur sommet le plus élevé. C ’étoit même cette sorte de petit plateau
de réunion qu’il falioit trouver pour parvenir à rendre ces montagnes
praticables.
» Lorsqu’elles ne s’écartent pas pour former des vallées, on les voit
se dessiner en nombreux pitons , écartés à leur sommet et réunis par
leur base. Ici les couches de grès, loin d’être constamment horizontales ,
sont inclinées plus ou moins fortement et en divers sens. La couche
végétale y est si peu épaisse, que les grands arbres sont susceptibles d’être
déracinés par ies vents.
» Malgré les précautions prises pour ne tracer la route que sur les
pentes les plus adoucies, on n’a pu éviter le passage de Cox, qui est
la paroi d’un grand bassin dans lequel on est obligé de descendre. Parmi
les rampes qu’il a fallu y ménager, l’une d’elles est excessivement roide.
C ’est dans ce lieu et la seule fois que nous ayons aperçu du calcaire
compacte blanc ou grisâtre, tantôt en feuillets excessivement minces,
affectant plusieurs directions, tantôt en couches horizontales de six à
huit pouces, qui présentent un entrecroisement de fissures parallélogra-
miques. Dans une hauteur de plusieurs centaines de pieds, des couches
de ce schiste alternent avec des couches de grès quartzeux; et, sur
quelques points, on remarque des brèches mélangées de ces deux roches.
La dureté de ce calcaire et la finesse de son grain permettent de s’en
servir pour affiler les rasoirs.
» Tout semble indiquer que la montagne dont il s’agit fut jadis une
côte battue par les flots. De gros quartiers de ro c , creusés à leur
base, comme ceux que ronge la mer, s’élevoient au-dessus de nos têtes.