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Industrie
commerciale.
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Que deviendra le commerce des Sandwich, lorsque le bois de sandal,
qui offre à l’avidité des spéculateurs un attrait si puissant, aura été épuisé ?
Déjà les difficultés sont grandes pour s’en procurer : chaque bûche doit
être portée à dos d’homme au travers des forêts et des précipices, où
aucun chemin n’a encore été tracé, et sous le ciel le pius ardent. Les
bois se détruisent, et il ne paroit pas qu’on doive s’occuper de longtemps
du soin de les repeupler.
Je ne connois point le produit de la pêche des perles; mais outre
qu’elles paroissent être de peu de valeur, n’est-ii pas probable que les
bancs où séjournent les huitres qui les fournissent et qui donnent aussi
ia nacre, finiront tôt ou tard par être dépeuplés?
Le sel est, au contraire, un objet d’exportation qui peut augmenter d’importance
par la suite. Les viandes et le poisson salés, connus des naturels
bien avant l’arrivée des Européens, et dont ils.ont déjà vendu de petites
quantités aux vaisseaux en passage, pourront peut-être devenir plus
tard, et lorsque les gros bestiaux se seront convenablement multipliés, la
source d’un négoce lucratif. Aujourd’hui la vente des rafraichissemens qui
sont fournis aux navires en relâche , doit être considérée comme d’un
bon rapport; mais ce sont les chefs de l’île qui s’en sont arrogé le monopole
, et iis mettent beaucoup d’insistance à ne recevoir que des piastres
en paiement.
§. X I .
Gouvernement.
Autant que nous avons pu le comprendre, non-seulement le pouvoir
du roi est ici absolu, mais la monarchie est héréditaire, et peut, dans
quelques cas, être dévolue aux femmes, qui, d’ailleurs, jouissent par-tout
de l’autorité que ieur donne ieur naissance.
Parmi les officiers qui entourent le roi, ie premier ministre est plus
particuiièrement chargé de tout ce qui a trait à ia politique, à la guerre
et à l’administration générale. Un trésorier s’occupe de la levée des
impôts et des taxes, qui se paient toujours en nature; un ministre qu’on
LIVRE IV. — D e G îû a m a u x S a n d w i c h i n c l u s i v e m e n t . ¿ 19
pourroit appeler des affaires domestiques, ou intendant de la maison du lie s S an dw ich.
roi, a dans son département tout ce qui intéresse la nourriture et l’en- Gouve rnement,
tretien des gens qui appartiennent au souverain.
Les îles principales, Owhyhi, Mowi, Wahou et Atouai, ont chacune
un gouverneur ou chef supérieur, auquel les îies voisines sont soumises.
La noblesse du premier et du second ordre est héréditaire; les fonctions
du sacerdoce ie sont aussi; cependant ie roi peut, lorsqu’il le Juge
à propos, conférer à un chef un rang plus élevé que celui où il est né.
La légisiation est simple, et fondée en grande partie sur le tabou ou
interdiction sacrée : la mort est le châtiment réservé au téméraire qui
oseroit transgresser ses redoutables statuts. II y a des tabous perpétuels,
d’autres qui sont accidentels et temporaires.
« Dans les derniers temps du règne de Taméhaméha, dit M. Guérin ,
la peine capitale pour les infractions du tabou, dans des cas de peu
d’importance, pouvoit être commuée en une simple amende. Ainsi une
jeune fiiie qui auroit été vue mangeant des cocos, des bananes, des tortues,
& c ., mets défendus pour elle, avoit l’espoir de conserver la vie en
donnant une ou plusieurs brasses d’étoffe, quelques nattes, &c. »
Un homme du peuple convaincu d’adultère avec ia femme d’un chef
est puni par l’extirpation d’un oeil, ou des deux yeux, selon le rang du
mari outragé : ia vindicte publique, à ce qu’il paroît, n’atteint point la
complice. On ne meurt pas de ce supplice horrible, dont il faut avoir
vu des victimes pour croire qu’on puisse y survivre.
Le meurtre, la révolte, le vol d’un objet appartenant au roi, & c.,
sont punis de ia peine capitale.
L ’exécution d’un condamné se fait de deux manières : tantôt on l’étrangle
en lui serrant le cou contre un arbre, avec une corde que deux
hommes tiennent et qu’ils tirent avec force, chacun par un bout, en
tournant dans un sens opposé autour du tronc; tantôt on lui écrase,
d’un coup de massue, ia tête sur une pierre.
Les fautes légères sont punies par des coups de pied ou des coups
de corde. On peut dire, au reste, que, si ies peines sont sévères, les
délits sont très-rares aussi.
Tous les chefs qui possèdent un fonds de terre, doivent un tribut au Finances.