
P on - Ja ck son . lui seroient nécessaires à l’époque de sa résurrection. Tout en s’occupant
^en sodétT' hommes gardoient un profond silence ; les femmes
et les enfans au contraire poussoient de lamentables cris. Le père de ce
malheureux, debout et immobile, paroissoit accablé par la douleur. Enfin
tout étant prêt, le cercueil fut posé sur la tête de deux naturels (pl. 10 3 ) ,
et la troupe s achemina vers 1e iieu de la sépulture, qne i’on choisit toujours,
autant quon peut, près de celui où ie défunt est né. Quelques-uns agitoient
en chemin des branches d’arbre et des touffes d’herbe, ainsi que
nous lavons expliqué plus haut, comme pour exorciser le malin esprit;
d autres brandissoient leurs sagaies et leurs womeras. Arrivés au terme de
cette route funèbre, les femmes, les enfans et la pius grande partie des
hommes s assirent près de la fosse ; et le père du mort lança deux sagaies
, mais toujours avec l’attention de ne blesser personne. On approcha
du corps, dans ce moment, un jeune enfant, frère du dgfiint; mais ceux
qui portoient le cercueil, tournant la tête de côté comme iis ^avoient déjà
fait quand on secouoit des touffes d’herbe, montrèrent qu’ils eussent
bien désiré d’éviter un tel voisinage.
Un naturel descendit dans la fosse, en égalisa la terre avec les pieds
et les mains, en couvrit le fond avec des herbes, et s’y coucha Iui-même
tout de son long; après quoi le cercueil y fut enseveli par les assistans. Ils
eurent soin de placer le mort sur le côté droit, la tête dans la direction
du Nord-Ouest, et de manière que ie soleii du matin pût darder ses
rayons sur sa face; à cet égard on poussa la prévoyance jusqu’à couper,
dans les environs même, les moindres broussailles qui auroient pu en intercepter
la lumière.
La terre ayant été relevée en dos d’âne au-dessus de la tombe, l’un
des assistans y plaça plusieurs branches d’arbre en demi-cercle, le long
du cote méridional ; il y mit aussi de l’herbe et des rameaux au sommet,
et recouvrit le tout d’une grosse pièce de bois, sur laquelle, après y avoir
jeté un peu d’herbe, il s’étendit lui-même pendant quelques minutes, la
face tournée vers le ciel. Cela fait, la troupe se retira, mais après avoir
intimé à celle des femmes qui, ainsi que nous i’avons dit, avoit reçu de
la mère du défunt une forte contusion à la tête, l’ordre de ne manger ni
poisson, ni aucune autre espèce de mets pendant la journée. L ’ami qui
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n in c l u s i v e m e n t . 769
étoit resté auprès du mort pour le veiller, ainsi qu’un autre naturel ayant
comme lui ie ventre, la poitrine et les épaules barbouillés de rouge et
de hlanc, durent également s’imposer une grande réserve pour leur
nourriture, jusqu’à l’instant où les couleurs dont iis étoient recouverts
l’un et l’autre seroient naturellement effacées.
Oxiey, pendant ses voyages dans l’intérieur de la Nouvelle-Hollande,
remarqua que ies sauvages enterrent leurs morts avec la tête du côté de
l’E st, pratique qui semble exister aussi chez les Africains et les Américains.
Quand un Boschiman meurt, ses compatriotes , selon Campbeii,
font une fosse pour l’enterrer, et ont soin que sa tête soit dirigée vers
le soleil levant; iis pensent que s’ils la mettoient dans le sens opposé ,
le soleil pourroit se lever plus tard le jour suivant (i).
« Nous arrivâmes, dit Caldcleugh, auprès de quelques huacas ou
» tombeaux indiens, consistant en grands monceaux de terre élevés en
» talus, de plusieurs pieds au-dessus du soi. Quelques-unes de ces sé-
» pultures ont été ouvertes sur différens points du pays, et l’on a trouvé
» que les corps qu’elles renfermoient étoient enveloppés dans des mor-
» ceaux de toile de coton de diverses couleurs; ils avoient été placés sur
» leur séant avec la face tournée du côté de l’Est (2). »
Brûlement des morts. — Collins nous donne le détail de cette cérémonie
qu’il vit exécuter à la mort de ia femme du célèbre Béneiong. Le bûcher
fut dressé dans une enceinte creusée en terre, à la profondeur de 3 ou 4
pouces ; d’abord on y entassa du petit bois et des hronssailles bien sèches,
et par-dessus de gros morceaux de bois sec aussi, mêlés avec des branches
de moindres dimensions jusqu’à la hauteur de trois pieds; puis on y jeta
quelques herbes, et l’on y mit ensuite le corps enveloppé, qui avoit été
apporté par des hommes, en le disposant de manière que la tête regardât
le Nord. A côté de la défunte on déposa un panier contenant divers instrumens
de pêche et autres menus objets qui lui avoient appartenu (3);
enfin son mari prit encore plusieurs grosses pièces de bois dont il lui couvrit
ie corps, et mit le feu au bûcher qui bientôt fut tout en flammes.
( 1 ) CampbeH’ s Travel in South Africa, t. IL
( 2 ) Ca ld cleiigh’ .s Travels in South America.
( 3 ) Voyei la note de la page suivante.
P ort-Jackson .
D e rhonime