
Histoire
de
P o n - Ja ck so n .
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reçu, et l’e-xpédition fut en conséquence uniquement composée d emi-
grans libres, circonstance essentiellement différente, comme on voit, de
tout ce qui avoit été fait jusque-là aux T erres australes. Le gouvernement
anglais n’avoit voulu se charger, sous aucun rapport, des dépenses de
cette nouvelle colonie; mais il s’étoit réservé d’accorder aux émigrans qui
voudroient s’y fixer, des concessions de terres, libres de toutes redevances,
en raison du capital qu’ils auroient le dessein d’y employer, et cela dans
la proportion de 4o acres pour 3 liv. sterling [4 fi‘- 64 c. par hectare].
Une société de capitalistes et d’agriculteurs, chargée du transport du
personnel, devoit aussi fournir le matériel de la nouvelle colonie et y envoyer
des laboureurs; enfin elle devoit encore expédier les bestiaux et
tous les objets nécessaires à une grande exploitation agrico^. Un seul
actionnaire, dit-on, avoit mis dans l’entreprise 50000 livres sterling
[ i 250 000 francs], et avoit emmené avec lui 300 ouvriers agriculteurs,
hommes, femmes et enfans. On estime que ies capitaux employés dans la
colonie, en semences seulement, outils, gros bétail, bêtes à laine et chevaux,
ne s’élevoient pas à moins de 200 000 liv. sterling [ 5 000 000 fr.].
Une opération où tout paroissoit si bien calculé donnoit beaucoup d’espérances
; cependant la plus grande partie de ces capitaux a péri, et
la colonie est promptement tombée dans une pénurie extrême. Le malheur
commun a été causé par la trop grande facilité avec laquelle ies
hommes destinés à être ouvriers ont pu se faire concéder des terres et
devenir eux-mêmes propriétaires; dès lors les bras ont manqué, et l’on
a vu des champs qui, après avoir été semés, n’ont pu être ensuite moissonnés,
par ia cause qu’on vient de dire. Bientôt ie désordre a été à
son comble ; chacun a eu la prétention d’être chef de culture, mais il est
arrivé, au lieu de cela, qu’une partie des colons se sont trouvés sans
capitaux et ies autres sans travailleurs.(i) ; enfin, pour ne pas mourir de
faim , quantité d’habitans ont été forcés de se sauver à l’établissement
prospère de l’île \'an-Diémen.
il
i ri
( i ) Quelques altercations sanglantes avec ies indigènes sont venues augmenter ces embarras;
en octobre 18 3 4 on fut obligé de faire marcher des troupes, et d’agir vigoureusement contre les
sauvages des bords de la rivière M urray (à la T e r r e d’É d e is ) , dans ie district de Perth. C e t
acte de sévérité paroît a v o ir rétabli l’ordre.
J liOi
Des laboureurs convicts n’eussent pas offert les mêmes difficultés;
on les eût évitées même avec des ouvriers libres, si l’on eût eu quelque
moyen de les forcer à tenir ies engagemens qu’ils avoient contractés
à leur départ d’Angleterre. Peut-être le fera-t-on un jour, et alors on
verra la colonie de la rivière des Cygnes, aujourd’hui si de'solée, briller
de quelque éclat, et se relever de ses ruines.
Cependant la ville de Freemantle avoit été bâtie à l’embouchure et
sur la rive gauche de la rivière des Cygnes; Perth, sur le bord opposé, à
9 milles plus haut, et Clarence, en face de i’île Buache (i), furent les
autres villes dont on jeta encore les fondations. Quelques familles furent
déposées au port Leschenauli, d’autres à la baie du Géographe et dans
le voisinage du cap Leuwin, &c. Enfin l’établissement fixé sur ce dernier
point à l’entrée de la petite rivière Blackwood reçut le nom à!Augusta.
A Port-Jackson. — Tandis qu’une opération aussi coûteuse s’exécutoit
sur ies côtes occidentales de la Nouvelle-Hollande, on profitoit,
à Port-Jackson , d’une sécheresse excessive , qui faisoit ie désespoir des
agriculteurs, pour perfectionner les connoissances géographiques sur
l’intérieur du pays. Jadis Oxiey avoit fait de vaines tentatives pour déterminer
les limites des grands marécages, où viennent se perdre les eaux
des rivières Macquarie et Lachlan. Plus tard un officier habile et entreprenant,
M. le capitaine Ch. Sturt, reçut du gouverneur l’ordre de
poursuivre les travaux d’Oxiey, et employa près de deux ans à remplir
cette mission. Parti de Sydney ie 10 novembre ¡828, il n’y fut de
retour que le 25 mai 1830.
Dans le même temps M. Bell découvrit une nouvelle route, plus septentrionale
et plus commode que celle connue jusque-là pour se rendre
de Parramatta à Bathurst ; ce service véritable, qu’il rendit à la colonie,
a été fort apprécié par ies colons, et ils ont cherché à éterniser leur reconnoissance
en donnant à cette route le nom de celui qui le premier
en-avoit parcouru et tracé les sinuosités.
Dans une première campagne, dirigée du côté du Nord, et qui ne
se termina qu’à la fin d’avril 1829, M. Sturt trouva que les marais où,
dans les temps ordinaires, viennent aboutir les eaux de la rivière Macqua-
( I ) L es A n g la is , sur leurs ca rte s, désignent déjà cette île sous le nom de Garden island.
-MiHmmm*
Histoire
de
Port-Jackson.
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