
Iles Sandwich.
D e l’homme
étoit déterminé d’avance; celui qui alloit le plus loin recevoit le prix
convenu. Les paris étoient nombreux. Des cris, des éclats de rire, faisoient
retentir l’air, lorsque l’un des concurrens , pius adroit ou pius
vigoureux, i’avoit emporté sur un autre qui se croyoit déjà vainqueur.
La distance à laquelle le disque arrivoit ordinairement, nous parut varier
entre trois cent cinquante et quatre cents pieds.
« Nous ne pouvions trop admirer, dit M. Quoy, l’efficacité du
moyen employé pour contenir cette multitude bruyante hors de l’enceinte
réservée aux joueurs : trois ou quatre lances plantées en terre suffisoient
pour en marquer les limites, qu’au moyen du terrible tabou nui n’eût
osé franchir. Quelle différence avec nos grandes réunions du même
genre, où, malgré toutes les ressources d’une poiice nombreuse,
on a tant de peine à maintenir l’ordre I Pendant les combats de coqs,
si fréquens à Goam , des coups de bâton généreusement distribués
maintenoient la populace, avide de spectacle, dans les bornes qui ne
devoient pas être franchies. »
Le maita se joue encore d’une autre manière, qui consiste à faire
passer ie disque entre deux lances fichées en terre à quelques pouces
seulement d’intervalle, et à cent pieds environ des joueurs.
D’autres fois, au lieu de disque, on emploie une espèce de javelot
nommé pahé (pl. 9 0 , fig. 4 ) ; ies conditions du jeu sont au reste les
mêmes que pour le maïta, et donnent lieu au même enthousiasme et
aux mêmes paris.
M. Guérin les a vus aussi dresser une rangée de demi-cerceaux fichés
en terre dans une direction rectiiigne, et sous laquelle les joueurs visent
à lancer ieur pahé : on compte autant de points que ie projectile a dépassé
de compartimens de cette espèce de berceau, et celui qui atteint le premier
au nombre de points convenu, gagne la partie.
Souvent ils s’amusent à sauter sur une grosse boule en pierre bien
polie, et ils y demeurent en équilibre le plus long-temps qu’ils peuvent.
Ces insulaires, les chefs sur-tout, aiment beaucoup saisir à la volée,
en évitant d’en être touchés, des javelots qu’on leur lance (i) : mais avant
( ! ) Les T imoriens ont précisément le même exercice. ( Voyez t. I , pag. 7 1 0 . )
LIVRE IV .— D e G û a m a u x S a n d w i c h i n c l u s i v e m e n t . ¿ 0 7
de devenir capables d’exécuter ce tour d’adresse périlleux, ils s’appliquent Iles Sandivich.,
long-temps à parer de la sorte ies coups moins meurtriers d’une canne à De 1 homme O X f A ^ A L société.
sucre. Cet exercice, purement militaire, na pourtant pas le même but
d’utilité depuis que les armes à feu se sont multipliées aux Sandwich.
Jeux de combinaison.— On nomme konané un jeu qui a quelque rapport
avec notre jeu de dames, et qui paroît soumis à des règles fort
compliquées. Le damier, comme le nôtre, est divisé en cases alternativement
blanches et noires, mais beaucoup plus nombreuses : les pions sont
des cailloux noirs et blancs aussi ; ils se placent sur les cases de la couleur
analogue, et il en reste seulement de celles-ci quelques-unes de
vides , où doivent se jouer les premiers coups. Les pions marchent dia-
gonaiement, et souvent ii arrive qu’on peut en prendre un grand nombre
à-la-fois. Au reste, nous n’avons pu donner à ce jeu assez d’attention
pour en saisir les combinaisons diverses.
Le bouhe'ne'he'ne' est une récréation équivalente à la pantoufle cachée de
nos enfans. On place par terre plusieurs pièces d’étoffe les unes à côté
des autres ; les joueurs et les parieurs forment un cercle tout autour, et
sont partagés en deux bandes. Un des premiers tient une petite pierre,
dans sa main droite; met son bras jusqu’au coude successivement entre
les plis de chacune des pièces d’étoffe, et dépose la pierre sous une
d’elles , en observant d’agir avec assez d’adresse pour n’être point découvert.
Ses partners ont les yeux fixés sur tous ses mouvemens , et doivent
désigner sans hésitation avec une baguette celle des pièces d’étoffe sous
laquelle la pierre a été cachée; celui qui rencontre juste a gagné.
Le boubénéhéné est par-tout fort en vogue, et il n’est même pas rare
de voir des personnes du peuple le jouer sur ie rivage : plusieurs tas de
sable de deux pieds à deux pieds et demi de long, sur un pied de large
et six à huit pouces de haut, remplacent en ce cas les pièces d’étoffe.
Nous avons vu à "Wahou des enfans lancer des cerfs-volans à une
hauteur prodigieuse ; mais nous ignorons si ce passe-temps ne leur est
pas venu des Européens.
Danse, musique. — Les Sandwichiens ont diverses sortes de danses,
et se livrent à cet "amusement avec beaucoup d’ardeur : les femmes,
dit-on, y remplissent ordinairement les principaux rôles. Mais en générai
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