
Iles S andw ich, mises en vogue par les Européens, de même que les petits miroirs en-
D e l’homme cadrés dans du bois poli que les élégantes portent au cou ou pendus à
mouchoir de poche (voyez page 524).
Le règne végétal leur offre encore, suivant ia saison , des plantes odorantes,
et des fleurs à couleurs vives, du pius bel effet.
« Ces parures naturelles, dit M. Gaudichaud, sont bien plus riches et
bien plus éclatantes que tout ce que l’art peut enfanter d’éblouissant pour
nos belles Européennes. Les hommes, moins passionnés pour ce genre
de décoration, se montrent aussi moins versatiles dans leurs choix. Ceux
qui me guidèrent dans les montagnes ne manquèrent jamais de m’offrir
une couronne faite des rameaux encore tendres et très-déliés de i’alyxia
olivaformis, après toutefois m’en avoir fait remarquer le parfum suave.
» A tous ces ornemens, je dois ajouter celui que les hommes retirent
encore du bananier. Iis détachent la moitié longitudinale d’une feuille,
lorsqu’elle commence à être un peu jaunie par l’action du soleil, en
ayant soin d’y laisser une légère partie de la côte principale, et fendait
le limbe en rubans de trois à six lignes de largeur. Ainsi disposée,
elle sert à former des couronnes, des ceintures, des jarretières et des
colliers; souvent, après lui avoir fait faire le tour du cou, ils la croisent
sur la poitrine, ia font passer sous ie bras, et en nouent les bouts derrière
le dos, ce q u i fo rm e une parure remarquable par sa grâce et son originalité.
» Ce qu’au premier abord j’avois pris pour un objet de pure coquetterie
, avoit un double but d’utilité. En effet, ces bandelettes de feuillage,
agitées par ie mouvement de celui qui les porte, ou par le vent, remplissent
à-Ia-fois l’oifice d’un émouchoir et d’un éventail. »
Chez les peuples qui vont à-peu-près nus , le tatouage est une parure
durable qu’il est facile de se procurer. Les Sandwichiens ne négligent pas
cet enjolivement; et quoique leurs dessins soient moins riches et souvent
moins réguliers que ceux des Carolinois, iis ne laissent pas d’être exécutés
parfois avec beaucoup d’art : aucune partie de leur corps n’en est
exempte; le nez, ies oreilles, ies paupières, le sommet de la tête,
ie bout de ia langue même dans quelques circonstances [voy. page 601 ),
en sont surchargés non moins que la poitrine, ie dos, ies jambes, les
bras et ia paume des mains. Ii y en a qui , pour paroître sans doute plus
D e l’homme
en famille.
H abitation
LIVRE IV. — De G ® am a u x S a n d w i c h i n c l u s i v e m e n t . 581
terribles, se font noircir toute une moitié du corps, ce qui produit un lie s S andw ich
effet non moins hideux que bizarre. Les dessins représentent pour l’ordinaire
des cercles, des damiers, des oiseaux, et plus rarement des lézards :
depuis qu’ils connoissent les chèvres , on voit la figure de ces quadrupèdes
se reproduire sur leur peau depuis les pieds jusqu’à la tête (pl. 86
et 88). A notre arrivée, beaucoup d’entre eux venoient de se faire imprimer
en anglais, sur le bras, l’époque du décès de Taméhaméha, et de
celui d’un jeune chef, nommé Pohé, favori du roi, qui avoit précédé de
trois jours son maître dans la tombe [voy. pl. 82).
Le tatouage s’exécute avec un os d’oiseau, terminé par trois pointes
aiguës, et fixé à un manche de quatre à cinq pouces de long, sur lequel
on frappe de petits coups avec une tringle de bois mince et longue de
deux pieds. On insère dans les piqûres un noir liquide qui se tire de la
noix de koukoui brûlée, et mêlée avec du suc de la canne à sucre, ce
qui en rend l’empreinte indélébile. A Mowi, nous vîmes tatouer une
femme ; l’opération ne paroissoit pas du tout douloureuse.
« Toutes les habitations des Sandwichiens sont en bois , garnies en
paille de p ir i, en tiges de canne à sucre, en feuilles de vacoua , de
goëmon, &c. Elles consistent en un seul étage. Les portes ont depuis
un pied et demi jusqu’à cinq pieds de hauteur : quelques-unes tournent
sur des gonds en fer, depuis l’arrivée des Européens ; mais un pius grand
nombre ne se fixent, haut et bas, qu’avec des morceaux de bois qui
s’emboîtent dans des trous pratiqués sur le cadre. La plupart de ces
portes n’ont leurs châssis garnis d’aucune espèce de fermeture; cependant
aujourd’hui les chefs mettent aux leurs des cadenas. Les plus
grandes maisons n’ont en générai que deux portes, une à chaque extrémité,
et une petite fenêtre sur le côté; les moyennes , une porte et une
fenetre ; et ies petites , une porte seulement : 'parmi les premières, il en
est qui ont cinquante et même soixante pieds de longueur, et jusqu’à
quinze de hauteur. Presque toutes ont pour base un rectangle. Les plus
petites, qui ne sont que de misérables huttes, ont depuis deux et demi
jusqu’à quatre pieds de haut, et l’on y pénètre par une ouverture d’un
et demi à trois pieds. Dans l’habitation qu’occupoit, à Kohaïhaï, la
reine Kamahamarou, les parois latérales, d’abord de six pieds d’éléva