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S I
Considérations
sur
ies bagnes, etc.
Amendemen
moraux.
des travaux forcés à vie. On a changé cette législation, et peut-être n’eston
pas à reconnoître qu’on a eu tort.
Je pense que ia peine de mort devroit être infligée, en outre, dans le
cas de meurtre et de rébeilion(i) ; la fustigation (2) seroit aussi un auxiliaire
cruel, sans doute, mais indispensable. On emploie encore ia double
chaîne, la chaîne unique, ou seulement la simple manille; mais le passage
dans une catégorie inférieure à ceile où se trouve le coupable, I obligation
de se livrer à des travaux plus pénibles, de tourner une roue à bras,
de marcher dans une roue à tambour, et enfin de travailler en silence ou
dans la solitude, seroient également des moyens à mettre en usage. M. De-
laville de Mirmont fait remarquer, au sujet de cette dernière punition,
que l’isolement des détenus vicieux leur fourniroit un moyen de nourrir
ieur funeste penchant; on a vu , en effet, des prisonniers se faire mettre
au cachot pour se livrer sans contrainte à ce vice solitaire ; mais les
moyens purement humains ne sauroient prévenir de tels désordres.
Le travail avec un chaperon sur les yeux [voy. §. 1.) a été employé
avec avantage. On peut proposer encore , comme punition diététique
le retranchement de vin, celui de viande, enfin la nourriture au pain
et à i’eau, pendant plus ou moins de temps. La dégradation de classe,
[voy. ci-dessus, page 1 179), pourroit être aussi un utile moyen de punition.
Réflexions sur les dépenses. — Une des plus grandes difficultés qu’ii y
auroit à vaincre, dans ia réforme judicieuse de nos établissemens pénitentiaires,
ce seroient les frais énormes qui en résiiiteroient. Ceux qui
ne savent apercevoir, dans la question de l’amendement des criminels,
qu’une question d’argent, trouveront sans doute que les changemens désirés
ne sont point assez productifs : je ie pense comme eux ; mais je crois
aussi que les maisons de détention, ies bagnes et les prisons de toute
(1) La rébellion des forçats dans le bagne a eu plus d’une fois pour cause l’injustice intolérable
d’un garde-chiourme qui, dans un moment d’ivresse ou d’humeur, s’abandonnoit aux
actes delà plus insigne brutalité ; on ne sauroit surveiller avec trop de soin et punir avec trop de
sévérité des abus d’autorité aussi lâches et aussi monstrueux,
(2) i c Dans les prisons d’Auburn, aux Etats -Unis anglo-américains, on a introduit les châtimens
corporels, et l’on a pensé que l’administration de ces prisons seroit impossible sans Xauxiliaire
du fouet. Ces châtimens ont reçu la sanction de l’autorité judiciaire et de l’opinion publique.
» (De Beaumont et de Tocqueville, D u système pénitentiaire.)
LIVRE V. — D e s S a n dw ic h X P o r t - J a c k so n in c l u s iv em e n t . 1 183
espèce doivent plutôt être considérés comme des étahlisscmens sanitaires
de morale publique, que comme des ateliers industriels. Personne, que je port-jackson
sache, n’a imaginé de s’enquérir des sommes que rapportent les hôpitaux : Considérations
ils sont une nécessité publique pour traiter les maux du corps, comme i,av/'es, etc
les établissemens de pénalité pour guérir la lèpre morale qui dévore notre
belle patrie. Ici, comme dans une foule d’autres circonstances, les vues
purement fiscales sont fausses et désastreuses, et l’on ne sauroit assez se
garder du culte trop exclusif de l’intérêt matériel.
Vilitis argmtum est aura, virtutibus aurum.
O cives, cives, quoerendapecunia primum est :
Virtus post nummos (i).
Au reste l’homme d’état ne devroit jamais perdre de vue cette pensée
si pleine de justesse du comte de Guibert : ^ En politique il n y a que les
» erreurs qui coûtent, et les dépenses utiles sont économie. »
L ’insuffisance des moyens employés pour amender ie caractère moral
des prisonniers est prouvée par le nombre toujours croissant des récidives ;
il faut donc bien reconnoître que la force capable de punir ies criminels
est presque toujours en défaut lorsqu’il s’agit de les corriger. Pour parvenir
à ce dernier but, des armes à la fois plus douces et plus persuasives
sont nécessaires.
M. Benoiston de Châteauneuf (2) pense qu’on peut réduire à deux,
les moyens de remédier au mal ; 1° ranimer dans ies coeurs les sentimens
religieux qui y sont éteints ; et 2° répandre dans toutes les classes une instruction
littéraire. Toutefois l’auteur se demande si les peuples sont toujours
d’autant plus vertueux qu’ils sont plus exacts à remplir les pratiques
de ieur religion. S’il s’agit seulement en effet de pratiques, on pourroit,
avec l’auteur, se permettre le doute, puisqu’aiors il n’y auroit de la religion
que l’écorce; mais si l’on veut parler des croyances et des vrais sentimens
religieux , la question proposée pourra paroître fort extraordinaire. Quant
à l’instruction littéraire elle a certainement son utilité, et je suis loin de ia
méconnoître; mais cette instruction toute seule ne sauroit suffire aux besoins
delà société. « Dans l’état de New-York, disent MM. de Beaumont et
Action
littéraire
et religieuse.
(1) Hor., epist. I.
(2) Voyez Mémoire sur la colonisation des condamnés.
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