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1 1 30 VOYAGE AUTOUR DU MONDE,
Colonie ie seroit un domestique libre ; toute la différence consiste en ce qu’il
Port-,)ac!ison. quitter à SOU gré le maître au service duquel il est placé.
Emploi L’inconduite des serviteurs de cette classe perverse, leur défaut total
des convicts. bonne volonté, les vices auxquels ils se livrent et l’insubordination
qu’ils affectent, sont autant de fléaux pour le colon. A l’instant
où ces condamnés ont fini la tâche à laquelle ils sont astreints, rien ne
sauroit ies retenir à l’ouvrage, si ieur maître ne consent à leur donner
une solde subsidiaire; mais ceux d’entre eux qui ne sont pas laborieux
aiment ordinairement mieux se disperserait loin pour se livrer à d’infâmes
débauches que d’employer utilement leurs loisirs. On en a vu, à l’instant
des moissons, se refuser obstinément à continuer l’ouvrage au delà de
l’heure prescrite, à moins que ie fermier ne leur allouât nn prix exorbitant;
la même chose se reproduit aux semailles, et expose fréquemment
les cultivateurs à un abandon fort préjudiciable (i).
Les convicts de la réserve du gouvernement, soumis à une discipline et
à une surveillance pius sévères, travaillent ordinairement un peu davantage.
D’ailleurs la faculté qu’a l’administration de faire un choix parmi
les prisonniers nouvellement arrivés la met naturellement en position
d’avoir les hommes les pius capables; il est vrai qu’eiie garde aussi dans
son lot ies convicts d’un caractère méchant, dont de simples colons ne
sauroient que difficilement se faire obéir.
Indépendamment des cultures de Grose-Farm , de Longbottom et du
jardin botanique, qui ieur sont dévolues, les convicts du gouvernement
exécutent encore tous les travaux de taille de pierre et de bâtisse nécessaires
à l’érection des hôpitaux, églises, cours de justice, casernes, magasins,
écoles, etc., etc., qui sont devenus une conséquence du développement
toujours croissant de la colonie. La scierie de planches de
Penant-Hill, les fabriques de chaux d’Iron-Cove, de Newcastle, etc., sont
pareillement exploitées par eux; il en est de même encore de l’arsenal
de la marine , où se construisent et se radoubent les navires. Les convicts
enchaînés ou forçats opèrent le chargement et le déchargement des vaisseaux;
la compagnie des charretiers, le transport des matériaux; ceile des
bateliers est chargée de l’armement spécial des canots de ronde, et géné-
(i) M.Si'csden, Adémoire sur l ’agriculture de la colonie de Port-Jackson. Manuscrit.
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n in c l u s i v e m e n t , i i 3 i
ralement de tout ce qui concerne le service par eau. Viennent ensuite
les ramasseurs de fourrage; et, dans les ateliers du Lumber-yard, la
nombreuse troupe d’ouvriers des diverses professions mécaniques dont il
a déjà été question ailleurs.
Pour utiliser ies convicts de la réserve du gouvernement non occupés,
le général Brisbane imagina, dans ies premiers temps de son administration,
d’établir des brigades de défricheurs. Chacune d’elles, sous la
conduite d’un surveillant, va stationner sur les terres où l’on désire
abattre ies arbres et les brûler sur place. Le tout s'exécute à tant par acre,
et souvent même l’on obtient de faire les payemens en blé, avantage qui
économise au moins le déboursé direct des capitaux.
Ces brigades de défrichement ont été placées sous la discipline supérieure
d’un surintendant à cheval, qui est en même temps inspecteur
des travaux. Les surveilians sous ses ordres répondent de l’exécution de
la tâche qu’on a imposée aux travailleurs.
Tout colon qui obtient une servante convicte est tenu de signer, devant
l’autorité compétente, un contrat par lequel il s’oblige, sous peine
de 20 livres sterling [500*^] d’amende, de la garder à son service pendant
trois ans, de lui fournir une subsistance suffisante et des vêtemens,
de la blanchir, de la loger et de ne l’abandonner sous aucun prétexte,
pendant ce laps de temps, à moins d’en avoir reçu l’autorisation ou l’ordre
d’un magistrat compétent : on excepte toutefois le cas d’inconduite prouvée.
Les femmes mariées restent avec leurs maris convicts ou libres sans
que ceux-ci soient obligés de remplir ces formalités.
Lorsque les convictes ne sont ni avec ieurs maris, ni au service de
quelque colon, elles sojit tenues de résider soit à la manufacture de Parramatta,
soit aux dépôts du même genre nouvellement établis à Bathurst et
près de la rivière Hunter. Le gouverneur Bourke, fondateur de ces deux
succursales, a eu pour objet de faciliter aux colons ia distribution des servantes
convictes. Dans ces dépôts elles sont employées à divers ouvrages
selon la classe à laquelle elles appartiennent, mais surtout à la fabrication
des étoffes de laine grossière dont nous avons plusieurs fois fait mention
dans cet ouvrage. « Quelques-unes de ces femmes, dit le convict Mellish ( i ),
Emploi
des convicts.
1 ravaii
des femmes.