
I '
<s|ii
i l i
sur
les bagnes, etc.
I I 88 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Colonie maîsons du même genre établies sur les autres points du royaume (i).
Port-J^kson nous eussious pu nous.dispenser d’aller chercher dans ces asiles,
Considérations peti connus du monde, des exemples qui s’offrent à nos yeux lors des
exécutions capitales. Ne voyons-nous pas, en effet, le noble dévouement
des ecclésiastiques chargés d’accompagner les patiens jusqu’au
lieu de l’exécution, produire sur la plupart de ces malheureux une impression
profonde et salutaire!
Je pense donc qu’il faudroit donnera ia religion plus d’action quelle
n’en a dans les établissemens pénitentiaires, en y procurant le bienfait
d’une instruction morale mieux entendue et plus suivie; multiplier
les aumôniers, et leur donner sur les condamnés une influence qu’ils
n’ont pas à un suffisant degré; il conviendroit aussi que les gardiens
chargés de surveiller les détenus eussent un autre but que de s’occuper
uniquement de ce qui peut troubler ou intéresser matériellement
l’ordre, et, à cet effet, qu’ils fussent des hommes attachés à un
ordre religieux spécial (2). La charité évangélique a été jusqu’à présent si
ingénieuse pour procurer à chaque genre de besoin et d infirmité les secours
particuliers qui lui étoient nécessaires ! C ’est à elie qu’est due la com-
(1) En 1835 il y avoit en France douze maisons de Notre-Dame de Charité, situées dans
les localités suivantes, savoir :
Caen. La Rochelle. Le Mans. Lyon.
Rennes. Tours. Toulouse. Versailles,
Saint-Brieuc. Nantes. Valence. Paris.
Et il etoit question d’en établir une 13"^ à Montauban.
(2) II y a cinquante ou soixante ans que des religieux é/e la Chanté étoient encore ies geôliers
des prisons de Bicêtre et de Charenton, et qu’on enfermoit au couvent de Saint-Lazare les
jeunes libertins qui par leurs désordres faisoient la honte de leurs familles. ( Voyez Mercier,
Tableau de Paris^ chap. 284.)
cc Tandis que nous dissertons à perte de vue, dit un journaliste, sur les moyens d’arriver à
l’amélioration des prisons, ia Belgique prend un sûr chemin pour y parvenir : elle en confie la
surveillance aux instituts religieux qui se vouent à cette oeuvre. Dans la séance (de la Chambre des
Représentans) du 21 janvier (1837), le ministre de la justice (belge) a dit, en parlant des perfectionnemens
introduits dans les prisons : qu’il avoit cru devoir placer dans celles des femmes
les Soeurs de la Charité, comme surveillantes, et qu’il en avoit obtenu les meilleurs effets. II a
manifesté le désir d’introduire une réforme analogue dans les prisons des hommes, ajoutant
qui/ en a llo h fa ire Vessai; qu’un quartier d’exception seroit construit à ce dessein à Gand, et
qu’il y placeroit des Frères de la Charité.» (Voyez Moniteur des villes et des campagnes,
mars i 8y j . ) En sera-t-on donc toujours à faire des essaisl et l’histoire nest-elle donc plus
rien pour les hommes d’état ü!
LIVRE v . — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 1 189
munaiité admirable des filies de Saint-Vincent de Paul, ainsi que d’autres
communautés hospitalières. Or ce qu’elle a fait pour les malades de Por t - Jackson.
nos hospices, elle pourroit le faire aussi pour les forçats de nos bagnes Considérat ions
et les prisonniers de nos maisons de détention ; ce seroit le seul moyen de (,agnL, etc.
rendre les peines infligées par les lois, utiles à la société ainsi qu’aux
condamnés eux-mêmes; et le seul aussi de guérir radicalement cette
lèpre morale qui nous fait tant de mal et qui en causera bien davantage
encore si l’on ne se hâte pas d’y porter remède.
Lorsqu’on jette à la fois un regard sur le passé et sur ce que nous
avons sous les yeux, ii est facile de se convaincre que la jalousie et
même la haine de quelques hommes d’état contre l’Église, surtout vers
la fin du dernier siècle, a porté ses fruits. Effrayé de la puissance que
donnoit au clergé l’action morale qu’il exerçoit sur les hommes, on s’efforça
de le supplanter, et de placer l’État lui-même à la tête des institutions
destinées à venir au secours de l’humanité. L’impiété fortifiant bientôt
cette tendance, on ia vit enfin écarter ia religion de toutes les entreprises
qui eussent dû avoir la charité pour mobile, et lui enlever jusque
dans les moindres circonstances la part essentielle quelle doit y avoir;
enfin on ne lui laissa, et seulement par une sorte de procédé, qu’un rôle
au fond insignifiant, et l’on peut même dire qu’il n’a fallu rien moins que
le haut respect accordé aux soeurs hospitalières, pour que ces filles admirables
aient obtenu de continuer leurs services auprès des malades.
Nous ie dirons ici avec toute fa puissance d’une âme profondément
convaincue, les établissemens à bonnes oeuvres, et ies établissemens pénitentiaires
en particulier, ne seront ce qu’iis doivent être, et ies malheureux
condamnés ne deviendront résignés, repentans, honnêtes, que lorsque
la religion pourra souffler sur eux à son gré l’esprit de foi, de patience,
d’héroïsme et de charité cpi la caractérise; jusque-là, c’est-à-dire tant
qu’on s’obstinera à remplacer ia charité par une sorte d’empirisme philanthropique,
et la religion chrétienne par ies calculs de l’économie politique
, ies maisons fondées pour recueillir ies hommes que ia société repousse
seront de véritables écoles de vice, propres seulement à rendre
ces êtres plus coupables et plus dangereux, et à attrister par conséquent,
et épouvanter même tous les amis de fa civilisation et de l’humanité 1
Voyage de l ’Uranie. — Historique. T . II. M l i t HT ITl HT ITl ITl